Par Pierre Farge.
En parallèle du Projet de loi pour la confiance dans l’institution judiciaire réduisant la peine des détenus faisant preuve de bonne conduite en détention, le garde des Sceaux entend maintenant leur donner les moyens d’assurer leur réinsertion. Cette ambition tient notamment à une réforme du travail en prison.
Une peine privative de liberté concilie plusieurs objectifs :
- la protection de la société,
- la sanction du condamné,
- la défense des intérêts de la victime,
- la réinsertion du détenu.
Ce dernier point apparaît avec la fameuse réforme de la politique pénale de 1945, dite « Réforme Amor ».
Son objectif : réadapter le détenu à la vie en société afin de prévenir la récidive.
Et cela peut notamment prendre deux formes : l’éducation ou la professionnalisation.
L’évolution du travail en prison
Malgré cela, le travail en prison n’a pas toujours été perçu comme un moyen de réinsertion.
D’abord parce que pendant longtemps, il était partie intégrante de la peine privative de liberté et donc obligatoire. La volonté de se réinsérer était donc, de fait, limitée…
Ce n’est qu’avec une loi 1987, relative au service public pénitentiaire, que ce paradigme évolue. Conformément à l’article 717-3 Code de procédure pénale, toute personne incarcérée doit en faire la demande.Â
En 2009, cette liberté est encore étendue : le détenu prouve ses efforts de réinsertion lorsqu’il
exerce au moins l’une des activités relevant de l’un des domaines suivants : travail, formation professionnelle insertion par l’activité économique, enseignement, activités éducatives, culturelles, socioculturelles, sportives et physiques (article R-57-9-1 du Code de procédure pénale).
Cette idée de travail est d’autant plus attractive que les détenus sont ensuite rémunérés, de 20 à 45 % du SMIC selon l’activité. Cela leur permet ainsi soit d’améliorer les conditions de vie en détention, soit de capitaliser en vue de leur sortie, par exemple pour se loger, se déplacer, se nourrir ou se vêtir, éloignant d’autant le risque de récidive.
Ces velléités politique et juridique ignoraient cependant la réalité carcérale, à savoir des offres très limitées, en raison notamment de la surpopulation.
À titre d’exemple :
- fin 2017, le nombre d’heures d’activités proposées dans les établissements pénitentiaires s’élevait en moyenne à 3 heures 46 par détenu et par jour ;
- les volontaires sont ainsi fréquemment placés sur liste d’attente pour accéder à un travail, à un enseignement ou à une formation professionnelle.
Une réforme du travail des détenus qui va dans le bon sens
Le garde des Sceaux tente donc aujourd’hui de rendre effectifs ces droits, et d’améliorer les conditions des détenus, notamment ceux condamnés à des moyennes et longues peines, où la routine est d’autant plus écrasante que l’espoir de réinsertion est mince.
La réforme proposée par monsieur Éric Dupond-Moretti vise donc à rapprocher le statut des travailleurs détenus à celui du droit commun par de nouvelles mesures.
Elle leur garantit non seulement un salaire minimum, mais également une meilleure régulation de la relation de travail et l’ouverture de droits sociaux, à savoir :
- l’extension des droits à l’assurance vieillesse,
- l’ouverture de droits à l’assurance-chômage,
- l’indemnisation en cas d’accidents, de maladies professionnelles et de congés maternité.
Mieux, cette rémunération promet également de ne pas servir qu’au détenu, puisqu’une partie pourrait être allouée aux victimes. Cela pourrait passer par le règlement des dommages intérêts dus par les condamnés, souvent insolvables. Ce qui allègerait d’autant le Service d’Aide au Recouvrement des Victimes d’Infractions (SARVI), à ce jour assumé par le contribuable et obligeant encore trop souvent les victimes dans des procédures chronophages.
Encore mieux, cette professionnalisation en détention permettrait de pallier la pénurie de main-d’œuvre sur le marché du travail, en particulier aux postes de techniciens ne nécessitant pas ou peu de diplômes (un tiers des PME tournent de ce fait au ralenti).
Ce serait une occasion pour les entreprises de retrouver la main-d’œuvre bon marché qui lui manque, et d’incarner cette idée de la deuxième chance, souvent utile aux valeurs de l’entreprise pour communiquer sur son image.
Outre garantir une meilleure réinsertion, le travail en prison promet donc au détenu d’améliorer l’indemnisation des victimes, et de dynamiser largement le tissu économique du pays.
C’est vrai qu’un boulot en entreprise payé au smic est beaucoup plus intéressant que l’idée de retourner, une fois dehors, dans la vente de drogue et se faire le même salaire…chaque semaine (sans forcer).
ne s’en sortiront que ceux qui ont la volonté de faire prendre à leur vie un autre chemin que celui de la prison….et ceux qui n’ont pas un poil dans la main qui leur sert de canne ….
L’auteur oublie les taxes. En plus des taxes habituelles, il y a des « participations », et l’auteur suggère une prélèvement sur salaire pour dommages et intérêts.
L’incitation au travail par l’appât du gain est encore plus faible. La réalité est que les prisonniers travaillent pour s’acheter PQ, savon et dentifrice.
Oui on leur fait bien comprendre que dealer rapporte plus.