Propriétaire immobilier : cette coûteuse passion française

OPINION : la crise des subprimes n’a pas refroidi les ardeurs des dirigeants français qui n’ont eu cesse depuis 2008 de soutenir un marché immobilier français.

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Propriétaire immobilier : cette coûteuse passion française

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 septembre 2021
- A +

Tout commence lors du débat qui s’est tenu le 28 août dernier entre Rafik Smati et Éric Zemmour.


L’économie ? « Ce n’est pas la priorité », affirmait Zemmour. En face, le président d’Objectif France est tout le contraire de son contradicteur sur ce sujet, à savoir l’un des rares hommes politiques français à avoir développé une véritable réflexion économique dans un monde de hauts fonctionnaires et philosophes, où les projets sur l’économie sont construits à la va-vite à la manière d’un grand bingo des choses censées répondre aux besoins des Français.

Et pourtant c’est bien ce même Smati qui a déclaré vers la fin de cet échange vouloir faire émerger une France « où chacun peut devenir propriétaire ». Le mot était lâché !

Voilà plus de quinze ans qu’on nous rabâche les oreilles avec cette idée. Déjà en 2007, Nicolas Sarkozy nous expliquait vouloir « une France de propriétaires ». Un peu comme Clinton et Bush quelques années plus tôt du côté américain, qui avaient au passage créé les conditions de l’une des plus grandes débâcles financières de l’histoire moderne.

Mais la crise des subprimes n’a pas pour autant arrêté les États-Unis, tout comme elle n’a pas refroidi les ardeurs des dirigeants français qui n’ont eu de cesse depuis 2008 de soutenir un marché immobilier français qui ne cesse pourtant de battre des records. Assouplissement des conditions d’emprunt par-ci, plan de défiscalisation par-là, tout a été fait pour permettre au plus grand nombre de ménages de devenir propriétaires, le rêve ultime en France.

Il n’y a pas de repas gratuit

Bizarrement, il n’y a jamais eu grand-monde pour s’inquiéter de l’impact de cette hyperinflation des prix de la pierre (notamment dans les grandes métropoles) sur la santé financière des ménages des classes moyennes et populaires.

À une époque où économistes et commentateurs de plateau (du plus politiquement correct au plus iconoclaste) sont unanimes pour nous expliquer que les craintes actuelles d’inflation sont exagérées, personne ne semble s’émouvoir de la perte de pouvoir d’achat que subit l’individu moyen depuis deux décennies, du fait de cette hausse excessive et totalement injustifiée de l’immobilier. Le fait de ne pas voir cela comme de l’inflation témoigne du fossé qui sépare les classes supérieures du reste de la population.

Pire, à l’instar de ses homologues étrangers, l’INSEE produit régulièrement un indice des prix à la consommation au sein duquel le poids des dépenses de logement ne dépasse pas 10 % du budget des ménages. Le jeune locataire parisien appréciera cette vision particulièrement peu réaliste. Et cela vaut aussi pour le primo-accédant, contraint désormais de s’endetter sur des durées allant de 20 à 25 ans pour des biens devenus ridiculement chers au regard de leur qualité.

Le fait que la qualité des logements sur le marché se dégrade au fil des années n’est d’ailleurs pas dû au hasard, car l’une des conséquences de prix d’achat anormalement élevés est que la part de budget consacrée aux travaux de rénovation ne cesse mécaniquement de diminuer. Après tout, une maison ou un appartement reste un bien qui se déprécie dans le temps, un peu comme votre voiture…

Le grand déclassement immobilier

Dans ce contexte, difficile de ne pas comprendre qu’une part croissante des Français a le sentiment d’une grande perte de pouvoir d’achat. Car à part certaines personnes âgées, la situation finit par peser sur le plan grand nombre d’entre eux.
Au-delà des ménages, cette bulle est aussi un énorme frein pour l’économie française. En effet, le prix du foncier impacte aussi les entrepreneurs qui doivent s’installer dans des zones touchées par la surchauffe immobilière. Comment faire pour être rentable lorsque vous commencez par payer un loyer astronomique ?

En outre, plus il y a d’épargne immobilisée dans la pierre, moins il y a d’argent disponible pour l’économie réelle. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que le verbe investir est dans le langage courant devenu synonyme d’acheter un logement. A contrario, investir dans une entreprise est depuis longtemps l’équivalent de jouer en bourse, ce qui pour autant est peut-être le cas actuellement !

Les préjugés ont la vie dure

Évidemment, il y aura beaucoup de gens pour vous expliquer que la hausse des prix des logements est tout à fait justifiée, et qu’il n’y a rien d’anormal à ce que les heureux propriétaires puissent avoir le bonheur de s’enrichir en dormant.
De toute manière, on nous raconte régulièrement qu’il n’y a pas de problème car l’immobilier n’aurait jamais été aussi attractif du fait des taux bas.

Un argument de poids pour un commercial, mais totalement faux d’un point de vue scientifique puisque le niveau de taux d’intérêt ne compense en rien des prix qui ne cessent de grimper si on les compare au revenu disponible. Ce que font en réalité les banques, c’est de solvabiliser des ménages qui n’ont plus les moyens d’acheter, en allongeant les durées de prêt et en diminuant les mensualités grâce à la magie de la Banque centrale européenne.

On vous dira aussi qu’il n’y a pas assez d’offre et que le marché ne fait que régler ce déséquilibre. Cet argument est des plus fallacieux. Contrairement aux idées reçues, la construction de nouveaux logements dépasse le nombre de nouveaux ménages chaque année – comme le montrent les chiffres du CGEDD – sachant en outre que le marché est en train de passer structurellement vendeur du vieillissement de la population.

Certes, quelques zones demeurent relativement tendues, mais l’idée générale d’une absence d’offre est un schéma circulaire, car c’est bien l’excès de demande sur le marché de l’achat-vente qui crée cette illusion de rareté de l’offre.
Pour résumer : tant que les ménages voudront acheter leur logement, les prix ne cesseront de monter, générant une peur de manquer chez les non-propriétaires et poussant encore davantage de monde à l’achat. Et comme le marché deviendra encore moins abordable, les politiques viendront inévitablement prendre des mesures pour aider les Français à concrétiser leur projet d’achat, poussant encore un peu plus les prix à la hausse, et ainsi de suite.

L’immobilier : une obsession française

Il faut dire que la pierre est bien plus qu’une passion, c’est un véritable objectif de vie pour un grand nombre de Français. Celui qui n’a pas acheté sa maison à cinquante ans a plus ou moins raté sa vie dans l’esprit de bon nombre de nos compatriotes. De manière assez étrange, nos voisins allemands ne partagent pas du tout cette vision des choses.

Le plus inquiétant est l’aveuglement d’une large partie de la classe politique sur ce sujet, tout comme d’un grand nombre d’économistes, d’intellectuels ou de journalistes. Et le constat vaut, quel que soit le bord politique. N’ayez aucun doute sur le sujet : le ou la prochaine présidente de la République proposera un nouveau plan de soutien à l’achat immobilier. C’est dans les gènes.

Il faut rendre à César ce qui est à César, mais Gilles Raveaud – économiste bien plus habitué des colonnes d’Alternatives Économiques que de celles de Contrepoints – est quasiment le seul à surnager dans cet océan de paresse intellectuelle. Lors de son passage chez Thinkerview il y a cinq mois, il expliquait très clairement que les prix de la pierre constituent la matrice des problèmes économiques français. Mais force est de constater que son constat a été peu relayé.

Le contrôle de la monnaie

Ne soyons pas trop durs avec Rafik Smati et Objectif France, ils ont au moins le mérite de mettre le doigt sur la problématique du poids de l’État dans les décisions et son impact sur une économie de plus en plus immobile. Mais des réformes de fond en la matière, aussi radicales soient-elles, seront insuffisantes pour recréer la confiance collective appelée de ses vœux en son temps par Alain Peyrefitte, tant que l’on ne s’attaquera pas à cette problématique de la manipulation de la monnaie.

Car fausser la valeur de l’argent c’est favoriser une spéculation ubuesque, avec des évolutions de prix absurdes donnant lieu à de profondes inégalités et à des distorsions qui freinent le potentiel économique de nombreux de pays occidentaux.
La richesse doit avant toute chose être le fruit de la production d’un pays, et non pas le résultat d’une politique monétaire visant à porter à bout de bras une bulle qui a cessé depuis fort longtemps d’être amarrée à la réalité économique. Comme l’a dit Charles Gave, la monnaie est une chose trop sérieuse pour ne pas être strictement régulée, car l’instabilité des prix est un coup bas porté aux particuliers et aux entrepreneurs de demain.

Et il faut le dire et le redire, l’histoire est malheureusement remplie d’expériences de planches à billets et autres politiques hasardeuses qui se sont terminées en drame humain.

La Suisse a compris depuis très longtemps que favoriser la stabilité des prix était une nécessité, et notamment dans un domaine aussi critique que le logement. Quoi que l’on pense du régime de Pékin, la Chine de Xi Jinping évolue de plus en plus dans cette direction, le pouvoir ayant manifestement compris que le rôle clé joué par l’hyperinflation immobilière à Hong Kong dans le mouvement de révolte en 2019.

On ne pourra pas répondre à ce sentiment de déclassement qui frappe la France depuis au moins deux décennies – et qui semble être le principal catalyseur de l’émergence des Gilets jaunes – tant que l’on ne s’attaquera pas au problème de la spéculation sur la pierre, et à la question sous-jacente qui est celle de la manipulation de l’argent.

Choix du passé contre choix de l’avenir

Évidemment, le problème n’est pas simple à résoudre, et tout éclatement de la bulle immobilière fragiliserait un grand nombre de ménages trop endettés ou trop attachés à la valeur virtuelle de leur patrimoine. Mais ne vous faites aucune illusion, ne rien faire consisterait à reculer pour mieux sauter, à savoir continuer d’écraser classes populaires et moyennes tout en créant les conditions d’une crise encore plus violente dans les prochaines années.

En résumé, mieux vaudrait enrayer volontairement la spéculation et tenter de piloter l’atterrissage du marché plus ou moins en douceur, plutôt que de continuer de nourrir la hausse et de subir une chute très violente qui finira tôt ou tard par arriver (ceux qui prétendent le contraire sont au mieux des ignorants au pire des menteurs).

Comme le préconisait Lee Yuan Kew, penseur du modèle singapourien, entre deux décisions, un chef d’État devrait toujours opter pour la plus difficile.

Là où la Chine semble s’orienter dans la première direction, cherchant à provoquer le dégonflement de ses bulles financières et immobilières, la France a clairement choisi la seconde en continuant de faire l’autruche.

Mais notre pays a-t-il seulement conscience de tout cela ?

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  • Contrairement à la Chine, tant qu’il y aura des étrangers qui veulent investir dans la Pierre des zones tendue, les prix monteront. En Allemagne, aucun étranger ne veut acheter de l’Immobilier ( sauf à Berlin où les prix commencent à exploser – tiens, comme en France, chercher l’erreur).
    De plus, entre acheter ou louer, le poste logement reste le 1 Ier poste de dépense des ménages.
    Il manque la prise en compte de cette dimension dans cet article.

    • Allez voir les chiffres des notaires pour l’immobilier parisien avant d’affirmer que le marché est tiré par les achats des étrangers. Ces derniers représentent moins de 10% des transactions. Et encore la très grande majorité d’entre eux sont des « résidents » c’est-à-dire des étrangers avec visa travaillant en France et souhaitant acheter un logement. Une infime minorité correspond à des personnes effectivement domiciliées hors du pays, mais dont l’impact sur les prix de la pierre à Paris reste limité à certains quartiers de luxe. Que ce soit moi ou mes proches, personne n’a jamais loué à un étranger à Paris !

    • Les etrangers en France c est tres limité comme impact. vou spensez que la hausse des prix dans le nord ou en lorraine c est les etrangers ?
      De meme en RFA, les prix maintenat flambent de partout et pas qu a berlin ! y aurait il une uree d etrangers sur la RFA ? ca serait pa splutot la politique de la BCE des taux quasi negatifs ?

  • D’accord sur votre point : le prix de l’immobilier élevé plombe le pouvoir d’achat . Maintenant sur le reste … Nous ne sommes pas les seuls avec ces prix élevés et ce gout pour la pierre : belgique , UK , vous citez la Suisse comme modèle , essayez donc d’acheter en Suisse … Par ailleurs tout n’est qu’une bulle car tous les prix sont faussés , alors investir sur son toit , même trop cher , c’est la garantie d’avoir quand même son toit quand la retraite (une bulle elle aussi) va exploser .

    • Idem au Luxembourg et il n’y a pas le choix car il n’y a pas même pas 5% de biens en location. Il y a un énorme problème d’offre et de demande et c’est structurel.

    • Pour commencer, mon article ne nie pas qu’il y a surchauffe ailleurs. Vous citez à juste titre le Royaume-Uni, et on peut aussi évoquer les Etats-Unis, l’Australie, le Canada, etc. D’ailleurs, la surchauffe n’est effectivement pas limitée à l’immobilier, mais concerne aussi les actions, les obligations, les cryptomonnaies, les NFT, etc. Simplement, le focus ici est sur la France, et son principal problème, à savoir les prix de la pierre.

      En outre, dire qu’un actif n’est pas cher parce que « tous les prix sont faussés » n’a pas de sens. Si je vous vends un baguette de pain à 100 € l’unité, en vous expliquant qu’elle n’est pas chère par rapport au prix de la brioche qui lui est de 200 €, allez vous avaler cette idée ? Pourtant vous auriez toujours quelque chose à manger au bout, ce qui veut dire que la baguette a toujours une utilité (même à 100 €). Il n’empêche, vous auriez du mal à accepter de la payer à ce prix-là.

      Ainsi, vous affirmez « qu’investir dans son toit » est toujours une bonne chose. C’est une croyance très répandue dans notre pays, mais qui ne repose sur rien. Acheter trop cher et avec beaucoup de levier (i.e. un fort taux d’endettement), c’est prendre un vrai risque. Certes, depuis vingt-cinq ans plus grand monde ne voit justement cela comme un risque, mais c’est justement là où est le danger car en économie les plus grandes crises arrivent lorsque les agents ont développé une perception faussée du « sans risque ».

      • Merci pour votre réponse . Je ne dis pas que ce n’est pas cher. Je dis que tous les prix sont tordus . Certains beaucoup trop chers et d’autres trop peu chers (nourriture , biens de conso ) . Mon point est de continuer de dire que le choix de la pierre ne repose pas sur rien : avoir son toit et l’habiter est quelque chose de tangible, je parle ici bien sûr de son logement principal. Vous ne parez nulle part du confort de l’usage d’habiter son bien propre, ce bien être est lui aussi tangible . Le risque est là , comme pour tout le reste , mais au moins , que ça crash ou pas , on a toujours logé dedans et il restera toujours quelque chose même bradé. Bien sûr il ne s’agit pas de tout miser sur l’immo, il faut diversifier . Disant cela nous faisons partie des petits veinards de queue de boomers qui ont acheté en 91 avant le crash , mais on a gardé , et on a bien fait , aujourd’hui ça nous fait un revenu complémentaire . Vous en connaissez beaucoup, vous des investissements sans risque qui font de bons revenus complémentaires ? moi pas . La pierre elle peut tomber, mais elle remonte .

        • Vous faites l’hypothèse que le marché repartira derrière, ce qui n’est pas garanti. Le marché japonais n’est jamais reparti très haut après l’éclatement de la bulle des années 1990. Tout cela est question de perspectives. Que se passera-t-il pour les ménages endettés si jamais le marché s’effondre et si jamais ils sont contraints de revendre ? Que vont devenir tous ces crédits immobiliers en cas de krach ?

  • Bizarre. Je regarde les annonces depuis bientôt 3 ans pour acheter et il n’y a pratiquement pas d’offre dans l’ancien comme le neuf. Alors, si le marché est vendeur pourquoi les prix montent et qu’il n’y a pas d’annonces supplémentaires ?

    Est ce qu’il n’y aurait pas un problème d’adéquation entre ce que veulent les français et ce qui est sur le marché?

    L’immobilier est le premier poste de dépense et c’est ce dont se plaignent le plus les français. C’est donc bien un sujet à part entière et qui impacte le mode de vie: transport, écologie, travail,… ​

    Mais effectivement il y a un problème à régler avec l’état et les collectivités locales. Ce sont eux qui faussent le marché en autorisant ou non les constructions, en accordant ou non des prêts à taux zéro, qui se prennent 10% à chaque transaction peu importe la valeur du bien, qui définissent ce qui peut être loué, les normes de constructions,…

    • À Paris, il y a toujours eu de l’offre sur le marché. Problème : elle est beaucoup trop chère pour une majorité de gens. Donc oui, il y a un problème d’adéquation entre ce que veulent les Français et ce qui est sur le marché, mais bien parce que les prix sont beaucoup trop élevés par rapport aux revenus des ménages et par rapport à la qualité réelle des biens.

      • sur le marché des Ferrari, il y a le même problème, elles sont trop chères pour une majorité de gens, donc oui, il y un problème d’adéquation entre ce que veulent les français (des Ferrari pas chères) et ce qui est sur le marché (des Ferrari chères).

        • Justement non !

          Les gens ne veulent pas de Ferrari chères. Ou alors, vous n’avez jamais suivi de cours de marketing.

          Le prix d’une Ferrari fait partie de sa valeur psychologique aux yeux des acheteurs. Si elle devient un objet du quotidien, alors elle perd immédiatement de son intérêt en tant qu’objet de luxe.

          Et toutes ces considérations ne justifient en rien le fait que les prix des logements (qui correspondent à un besoin essentiel dans un pays développé) doivent monter au ciel.

  • Pour un article remettant le logement en France en perspective, souvent différente de l’article, et comparant la situation dans les différents pays européens : https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Housing_statistics/fr&oldid=498779

    • Le calcul n’est pas détaillé. Le rapport prix sur revenu disponible montre clairement que l’immobilier français est trop cher. Je vous renvoie aux chiffres du CGEDD qui sont sans appel sur cette thématique.

      • Prix sur revenu ne veut rien dire tant que vous ne prenez pas en compte le coût de l’argent (en baisse massive), et la richesse que les ménages peuvent mobiliser en apport (en hausse).

        Sur le fait que personne ne fait rien, l’article tombe quand même assez mal avec l’actualité, la semaine même où le HCSF vient de rendre obligatoire ses normes sur l’emprunt, qui aboutissent à réduire la capacité d’emprunt des ménages pour cette même raison. Voir les détails ici.

        Soyons clairs, c’est le pompier pyromane, parce que ce sont les banques centrales qui créent le problème, que le réglementateur tente ensuite de régler, mal. J’ai donc très peu de sympathie pour tout cela, préférant un système libre de bout en bout à cette accumulation de rustines. Mais la réalité est un peu plus nuancée

        • Je ne suis pas d’accord avec vous. Le pouvoir d’achat immobilier se mesure en fonction de la capacité d’un ménage à acheter un logement. Le ratio prix sur revenu veut bien dire quelque chose car il mesure votre capacité à acheter un logement avec ce que vous gagnez. Le reste n’est qu’illusion monétaire.

          Car la baisse des taux ne rend pas l’immobilier moins cher, elle permet au mieux de solvabiliser sur le papier des ménages qui en réalité ne le sont pas.

          Quant à l’argument de l’apport en hausse, il ne tient pas la route. La très grande majorité des primo-accédants ont un levier extrêmement élevé et excessif, et sans la baisse des taux d’intérêt ils ne pourraient même pas envisager l’achat. Que se passerait-il si les taux remontaient ? Vous pensez vraiment que l’apport compenserait ?

          Si le marché était sain et pas cher, l’évolution des taux n’auraient qu’un impact limité sur les prix. Or ce n’est pas le cas.

          -1
          • « Le pouvoir d’achat immobilier se mesure en fonction de la capacité d’un ménage à acheter un logement. »

            Oui, et cette capacité est impactée par les taux d’emprunt. C’est massif la différence entre un prêt à taux quasi zéro et un taux à 5% ou 10%. J’ai posté les chiffres plus bas, cela peut faire passer du simple au double la capacité d’emprunt, et donc les prix…

            • Une dernière fois, malgré des taux historiquement bas, les indices de pouvoir d’achat immobilier calculés en France comme aux Etats-Unis n’ont jamais été aussi bas. Pourquoi selon vous ?

            • @alexis. selon vous la capacite d achat depend du taux d emprunt ?
              pourquoi on parle pas d une hausse de capacite pour acheter des voitures car le taux du credit auto a aussi baissé ?

              Les taux bas ont permit la flambee en solvabilisant des acheteurs (avant on achetait en empruntant sur 15 ans, maintenant c est 25). Mais au final le prix des logements ne peut pas croitre eternellement plus vite que les revenus des acheteurs (le credit va le masquer pendant un certain temps): vous pouvez pas avoir des gens qui vont faire un credit sur 120 ans !

  • Sans compter que cette obsession pour la propriété constitue un frein à la mobilité géographique alimentant ainsi le déséquilibre du marché de l’emploi : des chômeurs statiques ne prenant pas les emplois non pourvus hors zone géographique limitée…

    • @Phil ce qui met un frein à la mobilité , c’est l’état qui taxe le revenu des loyers reçus sur le taux d’imposition .

      • @val
        il n y a quand meme pas beaucoup de chomeurs pour qui la taxation des loyers percus est un probleme
        le cas classique c est la personne qui perd son emploi mais qui est scotche dans une zone deprimee economiquement car impossible de vendre la maison sans subir une grosse moins value. et meme si on vend il est impossible de se reloger dans une zone dynamique

        Prenez l ex d un personne travaillant aujourd hui a rodez chez bosch. Lusine va fermer (on vend plus de diesel). La personne retrouve de travail en region parisienne. Seul probleme il va devoir passer d une maison a un appart de 45 m2 pour loger sa famille. Il est donc rationnel pour lui de rester à rodez au chomage

    • @Phil j’ajouterai les taxes sur les plus values immo qui contraint de garder les résidences secondaires plus de 20 ans; ce qui est pudiquement appelé « frais de mutation » ; sans compter notre retraite pas répartition qui pénalise fortement les retraites non complètes et décourage la mobilité à l’international , c’est à se demander pourquoi les français bougent encore …

  • En fait, nous sommes bloqués sur la deuxième option (continuer la hausse et la spéculation jusqu’à l’explosion) à cause de l’état lui-même!
    L’état a absolument besoin de taux d’intérêts plancher pour éviter de couler, des taux zéro voire négatifs ça l’arrange, mais l’inconvénient c’est que cela vient nourrir des bulles comme on le voit sur l’immobilier, mais pour moi côté bourse ce n’est pas bien plus reluisant, il suffit de voir le CAC à 6600 points pour comprendre que dans le contexte économique actuelle, ces valorisations ne semblent pas très connectées à la réalité…

    • Il ne faut pas négliger le fait que les cours de bourse dépendent énormément des taux d’intérêts, utilisés pour actualiser les profits futurs. La baisse des taux a un impact immédiat sur les valorisations, ce qui explique aussi pourquoi les valorisations sont élevées mais pas totalement absurdes. Il y a un excès de liquidités qui se déversent sur les marchés, mais aussi des profits qui s’envolent et ce facteur actualisation.

      Comme dirait Bastiat, n’oublions pas ce qu’on ne voit pas…

      • Au risque de paraît relou, c’est encore faux.

        La fameuse formule de l’actualisation des flux de trésorerie n’est qu’une équation. Et cette équation est vraie SI ET SEULEMENT SI vous avez la certitude que vous recevrez les flux futurs que vous mettez dans votre équation (ce qui est rarement le cas pour un grand nombre d’actions), et deuxièmement si vous êtes en mesure de réinvestir après chaque période les flux générés à un taux constant et connu à l’avance (encore plus compliqué).

        L’impact de la baisse des taux sur les prix des actifs est en réalité principalement lié à un effet psychologique, c’est-à-dire l’interprétation qu’en font les acteurs de marché. A contrario, personnes ne veut de certaines actions, et leur valorisation reste donc relativement basse en dépit des taux zéros et du QE.

        Mais cette interprétation (en Anglais on parle de « narrative ») est susceptible de changer avec le temps (le plus souvent de manière brutale).

  • La volonté de voir le marché comme trop cher m’intrigue toujours énormément, qui plus est sur un journal libéral. Le marché répond à l’offre et à la demande et la demande est massivement augmentée par les politiques monétaires accommodantes des banques centrales.

    L’impact de la hausse de pouvoir d’achat permise par la baisse des taux est colossal. Entre un taux sur 20 ans à 1% et à 5%, la capacité d’emprunt varie de 35%. C’est colossal et, le Français aimant la pierre, cela se retrouve directement dans les prix.

    Dans les conditions de marché actuelles, avec de l’argent à gogo qui doit bien finir quelque part, la réaction des prix est somme toute très normale. Même à Paris, à partir d’une durée raisonnable de quelques années, acheter revient moins cher que louer.

    Et quand bien même les prix seraient « trop » élevés d’un point de vue rationnel, le marché n’a-t-il pas toujours raison ?

    Cela ne change rien au fait que l’argent des Français serait probablement plus productif une fois investi dans des actions cotées, dans des entreprises non cotées, etc., et qu’une sérieuse amélioration de l’éducation financière des Français est une condition indispensable pour nous sortir de l’ornière

    http://info-finances.com/5-questions-pour-decider-entre-louer-ou-acheter-sa-residence-principale/

    • Une économie a effectivement besoin de décentralisation et d’initiative privée pour se développer, mais un environnement monétaire et financier stable est aussi nécessaire.

      Les distorsions actuelles (qu’elles soient financières ou immobilières) sont en train de tuer un grand nombre d’économies occidentales, autant que le fait la désindustrialisation.

      Vouloir un marché libre ne signifie pas pour autant qu’il ne doit pas être régulé, car la spéculation (qui obéit à des structures narratives d’ordre intersubjectif) est un vrai problème sur le long terme. L’histoire nous l’a suffisamment prouvé et n libéral comme Charles Gave (qui connaît lui aussi très bien les marchés) vous dira exactement la même chose.

      En outre, où est « le marché libre » lorsque les autorités monétaires et politiques font absolument tout depuis vingt ans pour éviter de voir la valeur des actifs baisser ? A croire qu’un marché ne peut fonctionner normalement que si ses prix montent, quand bien même serait-ce à des niveaux absurdes. Et cela vaut pour les actions comme pour l’immobilier.

  • En quoi l’immobilier ne fait pas partie de l’économie réelle ???
    Comment quelqu’un peut-il s’enrichir quand il ne vend pas ??? (il habite tjrs le même logement malgré la hausse des prix).

    L’auteur se trompe comme beaucoup sur le principe de la rationalité humaine.

    Les buts humains n’ont pas à être rationnels (acheter une maison, une Ferrari, vivre comme un ermite, avoir 10 enfants), ils sont propres à chacun et font partie de l’altérité humaine, ce sont les moyens mis en œuvre pour les atteindre qui sont rationnels ou pas.

    « la pierre, matrice des problèmes économiques français »???? et non, c’est le socialisme réalisé qui est la matrice des problèmes français.

    Enfin, dire que il y a assez de construction en France car on construit autant qu’il y a de nouveaux ménages est absurde.

    Tous les nouveaux ménages n’achètent pas, comme le souligne l’auteur les biens immobiliers se détériorent, la population vieilli donc vend en ville pour acheter sur la cote, les départements ruraux se vident, il y a des tensions là où les gens veulent acheter et pas là ou tout le monde vend.

    Bref, quel gloubiboulga !!!

  • article: « En résumé, mieux vaudrait enrayer volontairement la spéculation et tenter de piloter l’atterrissage du marché »

    Les socialos-étatistes qui ont flingué l’économie et pourri absolument tout ce qu’ils touchaient devraient « piloter l’atterrissage du marché » et « limiter la spéculation » !? Autant confier la gestion des crèches à des pédophiles.
    Les prêts à taux zéro, ok, mais à part ça les politiques ont tout fait pour enrayer l’accès à la propriété et dépouiller les propriétaires à coup de fiscalité, normes et autres lois stupides. Les jeunes y ont très peu accès.
    .
    En réalité, la part de propriétaires en France est bien inférieure à la moyenne dans l’Union européenne où 70,9% de la population possède son logement et le problème n’a fait qu’empirer. La France se classe ainsi au 26ème rang sur 28 parmi les États membres de l’UE.

  • Quand on écrit ce genre d’articles, l’intérêt est de pouvoir mesurer le sentiment dominant sur une marché ou une thématique. Et on peut mesurer au vu des réactions le côté passionnel de ce marché immobilier français.

    En économie comportementale, on s’intéresse beaucoup à l’émotion provoqué par l’évolution du prix d’un actif. Dans le cas de l’immobilier, les Français voient l’achat avec une émotion majoritairement positive, principalement due au fait que ce marché est largement haussier depuis près de trois décennies. Ce qui fait que les distorsions économiques provoquées par l’hyperinflation de la pierre ne sont pas perçues comme un réel problème, alors même qu’une partie croissante de la population en souffre de plus en plus.

    Comme les prix sont largement déconnectés des fondamentaux économiques, le marché finira tôt ou tard par se déflater, et l’émotion dominante changera alors. Avec quelles conséquences pour l’économie française ?

    • l’hyperinflation de la pierre ne sont pas perçues comme un réel problème

      Mettez en face l’hyperinflation des matières premières utilisées dans le bâtiment, bois placo acier… Cela va arrêter de construire comme ces dernières années, l’immobilier devenant inaccessible à presque tous. Rien ne dit que les taux vont rester négatifs comme ils l’étaient : sera-ce le coup de grâce?

      • le gros du cout de la construction c est le foncier (aka le terrain). de memoire les materiaux c est meme pas 1/3 du cout. En plus la majorite des transaction sont de l ancien ou le cout de la matiere premiere n a aucun impact

  • J aurais attendu plus de reaction negatives car il y a beaucoup d adorateurs du parpaing.
    Il est clair que les prix ne sont plus corrélés aux revenus des acheteurs. Ceci est masque par le credit mais les taux sont à 0 et peuvent plus descendre et on peut difficilement allonger encore la duree des credit (on est deja a pres de 25 ans en moyenne)
    Donc l acheteur aujourd hui n a aucune chance de faire une plus value (surtout si on considere que le papy boom va engendrer un flux vendeur (deces+ vente pour payer l epad))

    Le probleme de la politique du logement cher initie par chirac (comme quoi c est pas nouveau), outre le fait que ca coute cher au contribuable, c est que c est nocif economiquement:
    – ca plombe les jeunes generation qui doivent surpayer
    – ca pousse les couts de main d oeuvre vers le haut et limite la mobilité (si vous devez payer 100 pour vous loger, vous allez pas travailler pour 50)
    – ca dirige l epargne vers le beton alors que l avenir c est plutot la techno ou l industrie
    – c est socialement destructeur (2 personne ayant le meme salaire vont vivre tres differement si l une habite dans la maison de pépé et l autre doit payer un loyer)

    Mais ca a quand meme des bons cotés
    – ca enrichit les vieux (un endette qui va devoir racheter plus grand car sa famille s agrandi ets perdant, par contre l operation inverse est gagnante). C est electoralement tres valable pour un LR/LREM qui courtise cet electorat
    – ca augmente les divorces et fait baisser la natalité (si vous vous serez dans un petit appart vous avez plus de chance de vous disputer et vous allez pas avoir d enfant).

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