La recherche n’attire plus : la compétitivité française en danger

Les données démontrent une attraction en baisse pour la recherche en France. Une situation qui risque d’accentuer le déclin du pays dans ce domaine face à des pays comme l’Allemagne ou les États-Unis.

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La recherche n’attire plus : la compétitivité française en danger

Publié le 22 juin 2021
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Par Alexandre Massaux.

Comme le rapporte une note du ministère de l’Enseignement supérieur sortie en juin 2021, le nombre d’inscrits au doctorat mais aussi au master est en baisse. Inversement le nombre d’inscrits en licence est en hausse, démontrant un attrait pour les études plus courtes.

Si les confinements répétés ont pu jouer un rôle dans des décrochages, cette situation s’inscrit sur la durée : la baisse du nombre de doctorants est continue depuis 2009. S’il est bienvenu que de nombreuses personnes choisissent d’entrer plus tôt sur le marché du travail plutôt que de s’ancrer à l’université, cette tendance peut aussi indiquer une baisse de l’attrait des métiers de la recherche en France.

La recherche attire de moins en moins

On se souvient des propos d’Emmanuelle Charpentier, prix Nobel de Chimie 2020, qui déplorait en France : « les structures en général, qui ne sont plus adaptées à la compétition, à la vitesse nécessaire pour mettre en place des projets, récolter des fonds, les réorienter ».

Les possibilités de financement sont plus élevées en Allemagne et outre-Atlantique.

Ce manque de débouchés et cette rigidité sont les principales causes de cette diminution du nombre de doctorants en France. En 2016, le pays était classé  douzième avec 67 600 doctorants. L’Allemagne se positionnait à la troisième place en comptant 197 000 doctorants et les Anglais à la sixième place avec 113 000. À population comparable, la France fait moins bien que ses voisins.

Compte tenu que 42 % des doctorants sont des étrangers, c’est la visibilité et la place de la France à l’international qui est en jeu. Si elle reste le troisième pays accueillant le plus de doctorants internationaux après les États-Unis et le Royaume-Uni, elle est dans une dynamique négative avec une baisse de 4 % entre 2013 et 2016, là où les Britanniques connaissent une hausse de 8 % et les Allemands de 22 %.

Bien sûr, quantité n’est pas synonyme de qualité. Néanmoins, être attractif permet d’attirer les meilleurs éléments.

Trop de rigidités : la nécessité de fluidifier le monde de la recherche

La France se démarque des autres pays par l’importance de certains de ses instituts de recherche (le CNRS est la plus grande structure au monde) démontrant une forte centralisation. Cette dernière n’aide pas la prise d’initiative et renforce la rigidité. Ces deux facteurs freinent la recherche et les perspectives d’emplois des doctorants.

Inversement, il serait préférable qu’existe une pluralité de structures afin d’impulser l’innovation.

Voir les commentaires (15)

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Créer un compte Tous les commentaires (15)
  • assez logique.
    1) Deja un doctorat en france n est pas porteur.
    Par ex un RFA, vous avez de meilleure perspective de carriere avec un doctorat qu avec un diplome d ingenieur.
    C est l opposé en France

    2) la France a choisit de sacrifier ses jeunes et sa recherche pour choyer les retraités. Qui a envie d etre paye a coup de lance pierre ?

    3) vu le perspective de carriere en France, un jeune a tout interet a faire autre chose. Et s il veut vraiment faire de la recherche a s expatrier (cf la derniere prix nobel « francaise » qui a fait toute sa carriere aux USA ou en RFA)

    A terme c est un declassement evident de la france. Mais je vois mal comment l eviter tant qu on aura 50 % de nos depenses engloutie par le social (pension+secu)
    Et tailler la dedans signifie un suicide electoral

    • Un ingénieur allemand n’est pas équivalent à un ingénieur français semble t il, ceci expliquant cela.

    • la France a choisi de sacrifier ses jeunes pour choyer les retraités !!! comme vous y allez !! essayez de vivre avec 600€ par mois !!! quant aux jeunes ils n’ont besoin de personne pour se sacrifier sur l’autel des loisirs , du travail minimum ou de l’assistanat !!! curieux commentaire sur un site libéral qui devrai vanter le courage et l’initiative individuelle !!!!

      • En France les chercheurs du CNRS ne trouvent rien, il va falloir embaucher des trouveurs, qui comme chacun sait trouvent sur ordre, non ?

      • En effet, un bon chercheur, c’est-à-dire plein de courage et d’initiative individuelle et d’acharnement à poursuivre et valoriser ses idées originales, devrait trouver de justes rémunérations pour ses efforts. S’il ne les reçoit pas, c’est d’abord que la recherche comme le reste est fonctionnarisée en France, et que les trouvailles n’ont aucune chance de rapporter à leurs auteurs les avancées salariales et hiérarchiques qu’un profil bas louangeur des chefs y permet.

    • « la France a choisit de sacrifier ses jeunes et sa recherche pour choyer les retraités. Qui a envie d etre paye a coup de lance pierre ? »
      Il n’y a aucun rapport !
      La recherche ne doit pas être d’état (du moins pas par « essence »). C’est ce fonctionnariat contractuel (post-doc par exemple) qui impose par sa non sélectivité et sa non productivité globale, qui pèse sur les rémunérations.

      La recherche privée (USA) est beaucoup plus performante que celle du CNRS. Elle donne beaucoup plus de moyens matériels aux chercheurs, dont une bien meilleure rémunération.
      La différence réside que ces moyens sont « contractuels » et de durée limitée: Vous avez les moyens pendant trois ans (par exemple) pour atteindre un résultat…après il faut vous « revendre » et c’est plus ou moins aisé selon les résultats obtenus antérieurement.
      Cela « booste » la motivation du chercheur.

      • Effectivement la phase que vous pointez, issue du premier commentaire, est d’une stupidité rare et n’a effectivement aucun rapport avec le sujet.

  • les politiques et les fonctionnaires aiment les mammouths !

  • Cet article appelle à plsrs commentaires.

    Tout d’abord le fait que le nombre d’inscrits augmente en Licence n’est pas forcément la conséquence d’un attrait pour des études courtes. L’université étant en grande partie devenue le réceptacle des échecs du placement post-bac (même si elle demeure un choix volontaire chez bcp d’étudiants), le nombre d’inscrit en 1ère et 2è année augmente obligatoirement.
    Cette augmentation des inscriptions allant de pair avec une augmentation des échecs, on a évidemment entendu des discours de politiques trouvant déplorable ce taux d’échecs, (conséquence pourtant logique d’un abaissement du niveau du Bac). La politique universitaire étatique a donc consisté à faire en sorte que de plus en plus d’étudiants valident au moins leur 1er cycle de 2 ans. En conséquences de quoi, il ne faut pas s’étonner que de plus en plus tentent la licence sans se rendre compte de leur niveau réel.

    Ensuite il serait intéressant, de connaitre la proportion des différentes matières des doctorants…
    La France ayant pléthore d’étudiants en sciences humaines et lettres (alors que l’Allemagne en limite le nombre connaissant le peu de débouché qu’offrent ces filières), si la France présente un nombre de doctorant en Lettres et Sciences Humaines supérieur aux autres pays, c’est que la situation est encore pire que le tableau brossé par cet article.

    Enfin, il serait intéressant de connaître l’évolution des doctorants de nationalité française dans les universités étrangères.
    Autour de moi, de plus en plus de jeunes vont directement faire leur post-bac à l’étranger. Dans la quasi-totalité des cas que je connais, ils font partie des 4-5 meilleurs de leur classe de Terminale. Ce sont autant d’étudiants performants et motivés en moins pour les universités et structures de recherche en France…

  • une anecdote: après son doctorat en biologie, mon fils a fait des petits boulots pendant près d’un an, notamment pour l’éducation nationale….Un de ses amis lui a communiqué l’adresse d’un labo pharmaceutique à Bâle. Rendez vous, entretien avec le DRH de la boîte dont le patron « par hasard » vient justement prendre un café, et retour en train vers Paris. Après 5 heures de voyage, à l’arrivée à la maison, le contrat d’embauche attendait sur l’imprimante de l’ordinateur. C’était il y a 20 ans, mais apparemment rien n’a changé…

    • La suisse, tout comme l’Allemagne, a gardé un tissu industriel, chimique, technique, très important qui nécessite encore des diplômés (avec d’ailleurs des filières d’ascension interne efficaces). La France se complet dans le fait de n’avoir de plus en plus que du tertiaire et des services…
      Un diplômé scientifique a beaucoup moins de débouchés potentiels en France…

  • L’une des raisons du décrochement, et sans doute pas la seule, vient du moment où les chercheurs du CNRS, qui étaient tous contractuels dans les années 60 sont devenus fonctionnaires.
    Actuellement, une p

  • Plus d’inscrits en Licence: c’est parce que le bac est donné (vraiment au sens littéral, il n’y avait plus d’épreuves je rappelle), les jeunes il faut bien en faire qqch, sinon ils seront au chômage…
    Donc ils vont dans les licences. Puis échouent, puis redoublent, puis triplent (rappel, il faut au minimum tripler pour perdre sa bourse). J’ai eu des étudiants qui quintulaient…
    Le doctorat, en France, ça ne sert qu’à une seule chose: prof de prépa ou d’université, et c’est tout. Pour tout le reste, il y a les écoles.
    L’attractivité: salaires faibles, enkystement (administration, statuts, mobilité), très peu de postes (forcément, on recrute pour 40 ans, c’est donc pas souvent…).
    Enfin manque de rentrées: les études sont « gratuites », la fac touche 60€ par étudiant (en moyennant avec les boursiers qui ne payent pas), ce qui pousse à faire des cours de merde car il n’y a aucun retour.
    Les solutions sont connues:
    Sélection des étudiants, études payantes, CDD pour les MCF/CR, mobilité obligatoire, évacuation de la politique, salaires basés sur la performance, etc…

    • Pour être prof en prépa, une agrégation est nécessaire il me semble.. Et pareil : être prof en université, c’est d’abord 2 ou 3 post-doc, 5 ans de maitre de conf (payé 2000 €/mois, nettement moins qu’en post-doc..), HDR, et si on a de la chance et qu’on colle aux politiques du moment, y’a peut être une micro chance d’obtenir un poste de prof..

  • Les commentaires sont fermés.

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