Un bac 2021, « aménagé » ou pas, oui mais après ?

En fin de scolarité secondaire, il est contreproductif d’être généreux sur l’obtention des diplômes. Une telle attitude peut conduire à une stigmatisation des élèves diplômés en 2020 voire en 2021.

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Un bac 2021, « aménagé » ou pas, oui mais après ?

Publié le 11 mai 2021
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Par Nelly Guet.

En 2021, le contrôle continu représentera 82 % de la note finale, l’épreuve écrite de philosophie et le grand oral les 18 % restants. Petit rappel : en 2020, seules les notes obtenues par le contrôle continu avaient été retenues, à l’exception de celles obtenues pendant le confinement.

Analyse de la session 2020 par l’OCDE

bac 2021

Les comparaisons de l’OCDE sont sur ce point très instructives : en fin de scolarité secondaire il est contreproductif d’être généreux sur l’obtention des diplômes. Certains pays, dont la France, comme l’indique le tableau ci-dessus, ont eu tendance à faire preuve de générosité, ce qui est préjudiciable car une telle attitude peut conduire à une stigmatisation des élèves diplômés en 2020 voire en 2021 (version anglaise disponible).

Autres constats de l’OCDE pendant la pandémie

La fermeture des établissements scolaires est très préjudiciable aux élèves issus des milieux défavorisés. Il s’agit donc de combler le retard accumulé pendant les semaines d’enseignement distanciel et hybride, et de consommation passive de lecture sur écran. Comment faire, quand on sait depuis longtemps que le redoublement est inutile ?

Le plus urgent et le plus important est de former les professeurs à l’intégration des outils numériques dans leur enseignement car de toute manière il sont devenus un complément indispensable pour l’exercice de leur profession dans le futur.

Réduire la durée de fermeture des établissements en exploitant les périodes de vacances scolaires est une bonne chose. L’alternance introduisant des jauges à 50 % est également une bonne chose si elle est organisée sur la journée et non à un rythme hebdomadaire ou mensuel. C’est ainsi qu’elle permet de préserver non seulement l’apprentissage mais aussi les relations sociales entre élèves, entre élèves et professeurs.

Certains pays comme l’Estonie n’avaient pas attendu cette crise pour transformer en profondeur leur système éducatif grâce au numérique. D’autres, l’Allemagne et la France notamment, étaient nettement moins préparés. Certains pays comme l’Espagne et le Portugal ont fait flèche de tout bois en utilisant tous les moyens disponibles, télévision, radio, téléphones portables… Les Pays-Bas ont fait appel aux industriels pour fournir des ordinateurs à tous leurs élèves. La France, pays centralisé s’il en est, a bien dû s’en remettre aux initiatives locales des chefs d’établissement.

Ce qui compte pour les futurs bacheliers de 2021, c’est non seulement d’avoir un diplôme reconnu mais d’avoir acquis les compétences indispensables à tous et celles plus spécifiques dont ils auront besoin dans leur itinéraire personnel, que ce soit pendant leurs études supérieures ou dans un premier emploi. Certains pays ont fait appel à des enseignants retraités (Japon), ont accordé des soutiens financiers (République tchèque), car le plus important consiste à organiser une remédiation basée sur des tests pour combler les lacunes.

À l’avenir, il faudra dépenser moins et obtenir plus. Une chose est claire : plus les décisions seront prises localement plus les résultats seront au rendez-vous.

Bac 2021 : quel impact pour le M.E.N. ?

Il semble permis de croire que l’expérience acquise pendant les mois de pandémie aura fait évoluer le métier d’enseignant en éclairant sa dimension sociale mais aussi à l’heure de l’intelligence artificielle, en rendant le transfert de connaissances par la voie digitale indispensable.

Le Grenelle de l’éducation, énième et espérons-le dernière consultation qui aurait probablement fait accoucher la montagne d’une souris, n’a toujours pas fait connaître ses conclusions, mais entretemps le travail des équipes sur le terrain – à des degrés divers, certes – a fait ses preuves.

Je ne reprendrai pas ici les propositions que j’ai déjà formulées, en juin 2014, dans un article sur le baccalauréat.

En sept ans, la durée exacte d’une scolarité de la sixième à la terminale, peu de choses ont changé : ici et là quelques innovations vont dans le bon sens mais l’architecture globale du système scolaire français, le carcan des programmes disciplinaires, la mise à l’écart de l’entreprise dans l’enseignement général, restent en l’état et produisent les résultats que nous connaissons : inégalités sociales, violence…mais aussi baisse du niveau dans les comparaisons internationales. La dévalorisation du baccalauréat apparaît dès lors comme un détail au milieu des échecs connus depuis des décennies qui exigent une remise à plat du fonctionnement actuel.

À cet effet, je rappelle que l’OCDE offre ses services aux pays qui le demandent, sous forme d’expertise et de recommandations spécifiques. Les pays suivants ont déjà profité de ces apports de haute qualité : Autriche, Norvège, Islande, Écosse, Estonie, Irlande…

À ma connaissance, la France n’en a jamais fait la demande. Rien d’étonnant puisque nos ministres rappellent à toute occasion combien nous sommes performants, voire les meilleurs !

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  • Qui peut encore prétendre parler du Bac depuis que des malades mentaux totalement niais ont publiés des note « Moyenne » obtenues par certains supérieurs a la note maximum !
    Le Bac avec 20.2 de Moyenne.
    Si ceux qui « Gèrent » les diplômes ont un niveau en math inferieur a celui nécessaire a l’entrée en sixième, que les taux de réussite sont de pratiquement 100 % , en quoi consiste le BAC ?
    En Rien ! seulement une attestation de passage du postérieur du candidat sur les bancs des établissement de garde.
    On peut nuancer et préciser un peu, le fait que ces jeunes aient subit par exemple un enseignement de l’Histoire, du français, de la philo en dehors de toutes notions de chronologie en fait at Vitam des handicapés mentaux a la compréhension de leur propre monde.

  • BAC : À peine la même valeur que le Certificat d’Études Primaires des années 50/60 ! Et, à cette époque les titulaires savaient écrire intelligiblement et pouvaient se relire sans problème (Ils pouvaient, également, faire une addition sans calculette).
    Pour avoir un emploi dans une Mairie seul, le diplôme du CEP était nécessaire… aujourd’hui pour le même boulot (et pas mieux fait) il faut BAC+5.
    Pourquoi faire toute une histoire pour un torchon offert à 95% de ceux qui ont accepté d’user trop longtemps leurs frocs dans les collèges et lycées ! Ne serait-ils pas plus intéressant pour le pays et tous de réformer les cycles et de créer des diplômes équivalent au BAC mais plus métier et surtout permettant d’occuper un emploi… … Et après quelques années de pratiques retourner dans un cycles de formations de 1, 2 ou 3 ans pour obtenir une qualification supérieure ou une réorientation avec une vraie valorisation en entreprise de la formation continue.
    Et que l’Éducation Nationale cesse d’essayer de former des directeurs qui n’ont aucune expérience de la vraie vie !

    • Le diplôme équivalent au BAC et permettant d’occuper un emploi existe déjà : c’est le bac professionnel.

  • Pour info, même la dernière épreuve écrite persistant dans le Bac 2021 càd la Philosophie n’a plus aucune valeur:
    1/ les lycéens auront le droit de garder tous leurs cours, notes et documentations pendant l’épreuve
    2/si leur note de contrôle continu est supérieure à celle obtenue à l’épreuve écrite, c’est la note du contrôle continu qui servira pour la note du bac

  • « quand on sait depuis longtemps que le redoublement est inutile ? »
    ??
    Une telle assertion globalisante est du même tonneau que les affirmations sur l’avantage « indiscutable » du collège « unique » par nos pédagogols.
    Le redoublement peut être une grande chance pour certains élèves s’il est réalisé dans le cadre d’un suivi avec objectifs et investissement de l’élève et de l’encadrement enseignant.
    Evidemment, s’il est présenté comme une sanction, c’est peu efficace.

    • Le redoublement doit être sûrement une grande chance en particulier dans le CP, les CE et le CM1 au-delà, cela peut-être plus discutable. Dans les classes citées sont acquises (ou devraient l’être) les notions fondamentales (lecture, écriture et calcul mental). Et au CP et au CE1 il serait peut-être bon de ressortir les pots à encre violette, porte-plumes et plumes gauloise ou sergent-major que les mômes s’appliquent à écrire proprement. Dans les CM apprentissage de l’utilisation du clavier des ordinateurs (dactylographie) et à se servir des aides orthographiques et grammaticales (pour certaines rédactions et dictées).

  • Curieux article qui fait l’impasse complète sur le niveau de l’enseignement et des connaissances à transmettre ainsi que sur les exigences de résultats et donc sur le niveau sélection validant la valeur du diplôme.
    Tout l’argumentation est tournée, une fois de plus, sur les moyens/méthodes de transmission et non sur le fond de ce qui est transmis et sur les exigences de validation.

    Les autres pays peuvent avoir eu plus ou moins de difficultés à organiser l’enseignement pdt cette période covid. Aucun ne l’a fait en bradant le niveau de leur diplôme (niveau déjà médiocre en France).

    Cela aura des conséquences en France en limitant l’accès aux études à l’étranger des étudiants français.
    Par exemple l’Ecole Polytechnique Lausanne (Suisse) a décidé de limiter cette année le recrutement de bacheliers français. Pourquoi? Leurs critères de recrutement étaient basés sur le dossier scolaire et surtout par la réussite au bac (mention « Très Bien » requise). Comme l’IPFL n’a plus de visibilité sur la valeur de ces critères, ils limitent le recrutement. Les étudiants des autres pays remercient la France…

  • A partir du moment où les niveaux de tous les examens sont inférieurs de 2 à 3 ans des niveaux antérieurs (bac, licence, master, même certains titres d’ingénieurs) comment s’étonner de la déconsidération? Et personne pour remettre en cause les programmes, les enseignants, les filières et donc bien entendu les décisions gouvernementales par l’intermédiaire des ministres et divers inspecteurs.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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