Par Jean-Philippe Feldman.
Mon dernier ouvrage, Exception française : Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron, entend démontrer que les Français n’ont jamais été libéraux, aussi loin que l’on remonte dans l’histoire. Et s’ils ne l’ont pas été, cela tient à un faisceau de facteurs que la dernière livraison du Canard Enchaîné (6 janvier 2021) permet en partie de vérifier.
Le journal satyrique, qui justifie souvent son appellation, appartient cependant à la galaxie des journaux de gauche. Un pléonasme en France, relèverait un mauvais esprit. Voilà déjà une explication de l’antilibéralisme français : l’absence d’offre intellectuelle pluraliste et une pensée trop souvent unique dans la presse tant écrite que parlée.
Clientélisme et subventions en Auvergne-Rhône-Alpes
Un article de cet hebdomadaire intitulé « Laurent Wauquiez aggrave l’effet de cerf », peut être ainsi résumé :
Dans la perspective des élections régionales, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes arrose de subventions les fédérations de chasse.
La présidente du groupe d’opposition écologiste s’insurge en pointant le clientélisme de la droite.
Le président des chasseurs de la région se défend en évoquant un rééquilibrage après le tombereau de subventions déversé sur les associations environnementales durant les deux mandats précédents du socialiste Jean-Jack Queyranne.
Contre les associations lucratives sans but
Comme souvent, nos hommes politiques embrouillent tout.
En effet, la question n’est pas de savoir quelles associations, qui pour la chasse, qui contre la chasse, vont se voir accorder des subventions, mais de cesser d’octroyer des subventions.
En effet, une association est ou plutôt devrait être un organisme de droit privé et comme tel recevoir des cotisations de membres privés et non pas des associations lucratives sans but recevant, selon une périphrase, de l’argent public. Nos amis de Contribuables associés entendent le démontrer à longueur d’année.
Pourquoi le libéralisme n’existe pas en France
On comprend aussi pour quelle raison les libéraux ont du mal à exister dans un pays perclus d’interventionnisme et de clientélisme. Le marché politique joue à plein car la sphère publique pompe la majorité des richesses produites. Les associations dignes de ce nom peuvent plus difficilement bénéficier de la générosité des individus dont les finances sont obérées par la lourdeur des prélèvements obligatoires.
Dès lors, beaucoup en ont tiré pour conséquence qu’il fallait trouver l’argent perdu là où il se trouvait, c’est-à -dire dans les poches de l’État, cette grande fiction à travers laquelle tout le monde vit aux dépens d’autrui. Frédéric Bastiat l’avait brillamment relevé il y a déjà plus d’un siècle et demi.
En France, tout est ou devient public, tout est citoyen car pollué par la sphère publique. Briser cette servitude volontaire relève de la gageure car chacun s’accroche à ses privilèges ou lambeaux de privilèges. On peut s’en lamenter, mais il faut reconnaître que cette attitude n’est pas dénuée de logique, tant en ce qui concerne certains responsables associatifs peu scrupuleux que certains hommes politiques démagogiques, au sein de l’État providence le plus développé au monde. Et faire comprendre à la grande masse des individus -argument utilitariste- qu’ils auraient davantage à gagner à vivre sous un régime de liberté et surtout -argument non utilitariste et autrement essentiel- qu’ils seraient plus dignes s’ils ne mendiaient pas de l’argent public qui est en réalité toujours d’origine privée, exige manifestement beaucoup de patience et de pédagogie.
Mais quel candidat de premier plan aux prochaines élections régionales osera dire :
« Je n’octroierai plus de subventions à quelque association que ce soit et l’argent ainsi économisé permettra soit de diminuer les impôts soit de baisser les dépenses publiques soit les deux » ?
Soyons un peu naïf en cette période difficile…
Jean-Philippe Feldman vient de faire paraître Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron, Odile Jacob, 2020.
D’accord, “sur l’album de la comtesse” a souvent une connotation sexuelle – de là à parler d’un journal satyrique …
+1: Vous m’avez pris de vitesse.
Faute d’orthographe, on écrit satirique.
Si une association est vraiment utile, elle doit pouvoir fonctionner uniquement par les cotisations de ses membres. C’est tellement simple que l’on a oublié cette vérité
Exemple au hasard,les syndicats…
Qui perçoivent 5 G€ de l’état en subventions proportionnellement à leur résultats aux élections professionnelles. Pourquoi s’emmerder à faire des adhésions?
Plus tout le personnel détaché des services à leur profit.
Le canard enchaîné l’est surtout aux subventions et à toutes les aides comme toute la presse donneuse de leçons,aurait-il la même ligne éditoriale sans ces aides?
D’après le Ministère de la Culture il semble que le Canard Enchaîné soit très loin d’être le plus subventionné des journaux : https://www.data.gouv.fr/en/datasets/aides-a-la-presse-classement-des-titres-de-presse-aides/
En résumé : je ne l’ai pas trouvé dans ces données.
Evidemment, il bénéficie d’aides indirectes (statut de ses journalistes, TVA réduite), qui s’appliquent à l’ensemble de la presse en France…
À titre personnel je profite de ces aides aux associations pour donner plus à celle qui édite Contrepoints. Après tout, je subventionne aussi à mon corps défendant des choses comme le PCF, un certain nombre de syndicats et d’organes de presse avec lesquels je suis en désaccord complet…
“ils seraient plus dignes s’ils ne mendiaient pas de l’argent public”
Vous prêchez ici parmi les convaincus, mais parmi les autres, “mendier de l’argent privé” est considéré comme un abaissement moral. Mieux vaut pour eux le blanc seing du “don public”.
ais comment peut-il en être autrement dans un pays où l’état se mêle de tout et tente d’influer nos décisions à coup de subventions cette fois en faveur du citoyen lambda et non d’une association ; genre prime pour la voiture électrique , prime pour la pompe à chaleur ou panneaux photovoltaïques sans oublier l’isolation ou le remplacement aidé de votre chaudière avant son interdiction !!! Une fois bien formaté à cette pratique stupide de se voir aidé par l’état c’est à dire avec notre propre argent les esprits admettent facilement que l’état soit leur nounou !!!!
Et la carte gold étatique n’a désormais plus de plafond. Et l’état va devoir/vouloir relancer l’économie, pile je te prête des sous, face tu crèves , et le blob étatique progresse.
Quand on sait,preuves à l’appui, que nombre de ces assocs. sont truffées de parasites français et étrangers qui utilisent nos impôts pour nous dénigrer, voire nous menacer. Ça suffit ! Ce parasitisme électoraliste largement utilisé par la gauche du “on rase gratis” doit cesser. Il faut un rapport annuel qui détaille les largesses à tous les échelons,national,régional et local. On sera effrayé !
Ce clientélisme est largement lié à la décentralisation.
oui d’un certain point de vue mais quand Macron se fait élire en affirmant que la taxe d’habitation est l’impôt le plus injuste ou quand Fabius tente de se faire élire en professant que la TVA est l’impôt le plus injuste il ne s’agit pas de décentralisation mais bien de promesses démagogiques puisque pour équilibrer les comptes on finit toujours par la même formule : ” il suffit de faire payer les riches “
Y a du pour et du contre bcp d’associations sont en fait un bras du maire pour animer sa ville, ce sont des fonctionnaires sans le statut et bénévoles pour les petites structures. En fait, ça doit coûter moins cher !
ouais !! pas si vrai que çà ; j’ai connu une association qui non seulement ne demandait pas de subvention mais prenait en charge le Noël des enfants de l’école primaire , subventionnait la création d’un club pour les anciens ainsi que la création d’un groupe de majorettes !!! mais je concède que cela relève de l’exception !!!! ( Pour info l’association évoquée est le petit train de Semur en Vallon dans la Sarthe ) !!!!
Très bonne conclusion et programme électoral, mais on peut rêver !
“la présidente du groupe d’opposition écologiste s’insurge en pointant le clientélisme de la droite” : les mêmes qui en fon à longueur de journée, bel exemple de deux poids deux mesures !
Jadis, quand on montait une association, on ne quémandait une subvention qu’exceptionnellement.
Aujourd’hui, c’est le contraire.
A titre personnel, je me suis battu au sein de mon association culturelle pour refuser la subvention municipale habituelle: le prêt à titre gracieux des locaux municipaux est déjà suffisant et les cotisations seules doivent pourvoir au bon fonctionnement.
Une association organisatrice de la Rave Covidique récente en Bretagne aurait touché 80 000 euros de subvention de Hidaldingo ! ?
comme le dit l’auteur, toute subvention..
c’est d’ailleurs un clientélisme bizarre..parce que quand vous avez déclaré qu’unmachin est d’interet public et que ce machin s’oppose à vous..
c’est bien simple en France on ne peut même pas aborder quelque problème que ce soit en imaginant sa libéralisation.. parce que toute modification ne revient en fait qu’à redessiner le réseau complexe de privilèges divers et variés..
en gr os comme tout le monde a l’IMPRESSION de bénéficier du bidule, si vous changez quoique ce soit, le lésé pourra assez légitimement demander pourquoi lui et pas les autres..
Tout est dit ou presque !!! En effet la perversité du système fait que des gens par ailleurs foncièrement honnêtes considèrent de bonne foi que l’argent qu’ils sollicitent auprès de l’état n’est finalement qu’une juste et maigre récupération montrant ainsi qu’ils ont définitivement abandonné le combat !!!!
Si l’on supprime ces subventions il restera plus d’argent dans les poches des cons-tribuables et ils auront alors la possibilité de faire des dons aux associations de leur choix.
Beaucoup, beaucoup plus sain et stop au clientélisme.