Le début d’un frémissement libéral chez LR ?

À droite, au sein de LR, quelques timides pistes libérales sont proposées. Dépasseront-elles le stade des suggestions ? Un billet d’OPINION.

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Le début d’un frémissement libéral chez LR ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 20 décembre 2020
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Par Claude Robert.

Il y a longtemps que la droite républicaine a cédé aux sirènes socialistes. Nombreux sont ses leaders qui ont adopté sa fièvre étatique et keynésienne. Cependant, une petite révolte se fait jour en son sein, non sans difficultés…

La contagion socialiste est tellement aboutie que plusieurs caciques de LR prennent régulièrement parti pour l’actuel président Macron. Un président dont le gouvernement est pourtant largement constitué d’anciens membres d’un PS re-badgé pour l’occasion. Un président dont la politique s’adonne sans limite à la dépense publique tout en accumulant les preuves d’un blocage cataleptique dès qu’il s’agit de réformes structurelles.

Il semble toutefois qu’un léger frémissement se fait jour, qui incite les leaders historiques de LR à sortir du bois. L’énergie que ceux-ci déploient en effet pour tenter de casser le candidat Bruno Retailleau est un signe qui ne trompe pas. Ce n’est d’ailleurs pas sa personne qui agace au plus haut point ses ennemis déclarés de l’intérieur, mais probablement le programme dont il dessine progressivement les contours.

N’est-il pas terriblement révélateur que les proches de Sarkozy appellent les uns après les autres à une alliance avec Macron (Estrosi, Muselier) ou remettent carrément en doute la carrure du candidat Retailleau (Coppé) ? On peut même lire çà et là, dans les articles consacrés à la famille LR, que Retailleau ne pourra jamais rassembler derrière lui car son programme souffre des pires tares : trop libéral en économie, trop conservateur sur le plan sociétal.

Il a même été dit et écrit que cela conduirait à reproduire à l’identique l’échec de la droite de 2017 ! Une telle farce frise bien évidemment l’indécence : on se doute très vite que la droite républicaine a d’autres objectifs derrière la tête pour laisser filtrer de telles aberrations…

LR, un parti a la mémoire sélective… de gauche

Considérer l’échec du candidat LR de la présidentielle de 2017 comme un rejet de son programme d’inspiration libérale confine au déni le plus absolu1. Sa victoire à la primaire (face à un Juppé qui s’était déjà préparé à séduire la gauche au second tour final) montre au contraire combien un programme pragmatique, construit pour lutter contre les blocages étatiques de la société française, a fait mouche.

Le non rejet des réformes libérales, qui est l’apanage des électeurs de LR, constitue donc un discriminant très fort vis-à-vis de l’électorat de la gauche, particulièrement réfractaire au libéralisme. Plus intéressant encore, ce non rejet fournit une fondation particulièrement solide sur laquelle la droite républicaine devrait construire sans difficulté son retour au pouvoir.

Or, il est particulièrement suspect qu’au 238 rue de Vaugirard, personne n’ait encore saisi à bras-le-corps cette martingale, à la fois gagnante pour le pays (qui suffoque sous les réglementations et les impôts) et pour LR, seul parti à ce jour capable de pouvoir envisager une dose de libéralisme sans se mettre à dos son électorat, bien au contraire !

Les commentaires négatifs vis-à-vis de Retailleau vont donc bien plus loin que le candidat lui-même, et viseraient probablement tout candidat arborant le même positionnement. Mais ce qui est dénoncé comme libéral à LR l’est-il vraiment ? Et sont-ils vraiment nombreux à y pourfendre l’étatisme et le planisme ?

LR, potentiellement le seul parti libéral ?

Lorsque l’on consulte le programme du sénateur de Vendée, parmi les nombreuses idées interventionnistes et souverainistes qu’il avance, on détecte tout de même quelques jolies pépites libérales.

Elles méritent d’être soulignées :

« pas de relocalisation sans reconquête de la compétitivité : c’est la baisse C3S (contribution sociale de solidarité des sociétés) et la suppression des charges au-delà de 1,6 fois le Smic » ; « Travailler un peu plus mais être mieux payé […] en augmentant à 1700 heures de travail dans une année –  car l’annualisation du temps de travail, c’est mieux que sur une semaine de 35 heures. Ça correspond à une centaine d’heures en plus. Ce qui fait à peu près 37 heures en moyenne par semaine […] dans la fonction publique, il faudra l’imposer » (Publicsenat.fr 16/06/20)…

À la lecture de propositions aussi iconoclastes2, qui osent enfin aborder les douloureux problèmes de compétitivité et de temps de travail, on se prend à rêver d’une réforme de l’État permettant de dégager des économies permettant à leur tour de libérer les forces vives hexagonales de leur enfer fiscal…

Ce n’est certes que le début du commencement du crédo libéral tant attendu. Mais c’est un quasi miracle dans un pays comme la France, étatisé jusqu’à l’asphyxie budgétaire et entrepreneuriale. Au fait, combien sont-ils à oser tenir de tels propos au sein de la droite républicaine ?

Dans un parti à l’intérieur duquel, récemment, un Aurélien Pradié déclare : « on n’évitera pas d’interroger le libéralisme, c’est une évidence », on accuse  « le dogme budgétaire » et on se dit favorable à l’idée de « planification » (sic), tandis qu’un Guillaume Peltier dénonce « quarante années d’échec du mondialisme financier » et « le malheur des peuples sacrifiés sur la seule logique des profits » (Le Figaro 8/04/20) on se demande en effet s’il y a la moindre différence entre LR et les socialistes du PS ou de LREM !

Cependant, d’autres voix se font entendre (dans ce même article du Figaro consacré aux libéraux de LR), dont celle de Nicolas Forissier, qui avoue ouvertement : « moi, je n’appartiens pas à un parti qui adopterait des thématiques très proches de ce que l’on entend parfois chez les gens de La France insoumise ». Ou celle d’un Guillaume Larrivé : « si LR devient un nouveau PS, ce sera sans les Français qui, comme moi, cherchent à bâtir sérieusement, à droite, un projet national et libéral ».

Tous les espoirs sont également permis du côté de David Lisnard, maire de Cannes, qui, outre ses propositions pragmatiques à l’attention du gouvernement concernant la gestion du Covid, exprime sans détour idéologique les fléaux qui accablent notre pays : «  On a eu un excès de ce qui était bureaucratique, c’est-à-dire les auto-attestations, les autorisations de sortie. On est le seul pays d’Europe, où tous les jours on passe notre temps à faire de la bureaucratie… » (RTL 23/11/20).

Sans oublier Éric Woerth et ses prises de positions rares mais parfaitement en phase avec le fardeau socialiste hexagonal : « La France est le pays qui a les transferts sociaux les plus importants. Et c’est le pays où, probablement, le mécontentement social est le plus important. On pourrait avoir l’un ou l’autre. Or, on a les deux. Il y a un moment donné où il faut répondre à ce type de paradoxe » (BFMTV 6/09/20).

Hélas, ces ténors à la sensibilité libérale3 le sont à titre individuel. Jamais la ligne du parti n’a jusqu’à présent ouvertement endossé leurs convictions. Bien sûr, LR est en reconstruction, mais la préparation des élections régionales ne peut justifier que de tels débats n’aient toujours pas été éclaircis.

Tout est donc possible, à savoir le pire, c’est-à-dire une ligne socialiste qui, actuellement majoritaire, réussisse à s’imposer officiellement. Ou le meilleur, avec enfin une ouverture du parti vers sa base électorale, qui elle, n’est pas du tout effarouchée par un programme proposant les réformes libérales dont le pays a tant besoin.

Sur le web

  1. L’élimination du candidat dès le premier tour est due à des causes parfaitement exogènes.
  2. N’oublions pas que nous sommes un pays parmi les plus étatisés du monde libre.
  3. Liste non exhaustive.
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  • Je crois que c’est trop tard. Le vrai libéralisme n’a en fait aucun représentant dans aucun parti, mais seulement des voix éparses sur internet (Charles Gave).Tous les partis sont pour l’interventionnisme et l’assistanat. Sinon le candidat quinquennal n’aurait aucune chance. Il faudra attendre l’écroulement subit du système (Faillite déclarée, éclatement de l’euro, etc).

    • Malheureusement oui. Les légers frémissements décrits dans l’article font plutôt penser à de petits signaux de com, histoire de se démarquer un peu au sein d’un parti atone.
      Pourtant, cette année fut féconde en occasions de monter aux créneaux pour un parti d’opposition… N’ayant pas de TV, je peux me tromper mais je n’ai rien entendu de significatif à droite.

    • La tare originelle de LR est d’avoir été anschlussé par les étatistes sociaux de l’UDF (Giscard) et trahis par Chirac. Rien à espérer de politiques qui se sont baptisés « Républicains » pour plaire aux socialistes et éviter de prononcer les gros mots de France et français. Sur le libéralisme proprement dit, proposer une réduction d’effectifs dans la classe politique n’a jamais été très porteur dans le microcosme politico-médiatique.

    • La pédagogie est le moyen d’y parvenir mais il faut de solides bases qui permettent une vraie repartie aux opposants dogmatiques

  • Espérons que ces mégots qui trainent de ci de là se transforment en gigantesque incendie…

    (C’est une métaphore …
    Ou est ce une périphrase ?)

  • LR, un parti socialo-libéral?
    A vouloir ratisser trop large on ne ramasse plus rien du tout.

  • « Tout est donc possible  »
    comment dire..en effet…
    tiens…

  • Il n’est jamais trop tard pour bien faire et il n’est jamais condamnable de changer d’avis si c’est pour prendre le bon chemin.
    Espérons que ce parti prenne conscience des attentes du peuple, sache les synthétiser et ouvrir une voie contournant la somme des erreurs cumulées depuis des années avec courage, audace et fermeté. Ainsi nous retrouverons un chef d’état et nous serons gouvernés.

    • Les « attentes du peuple » ne me rassurent pas exagérément, voyez-vous.

    • Comme si la direction à prendre allait venir du peuple Français qui depuis si longtemps s’est toujours trompé…

      • Dans une démocratie, la direction à prendre vient toujours du peuple, par définition.
        Et c’est lorsqu’ils l’oublient, cad dès qu’ils sont élus, que nos dirigeants commencent à se planter… Ce qui explique qu’ils ne soient jamais re-élus, en dehors de période de cohabitation.

  • Je ne suis pas sûr de comprendre : Macron est considéré comme socialiste ? Lui que tous les socialistes de gauche et d’extrême gauche considère comme un ex-banquier pantin du Capital ? Il doit se sentir bien mal-aimé…

  • Des libéraux à LR???
    Je croyais que Chirac les avaient tous éliminés avant même de rebaptiser le parti en RPR.
    On n’est jamais à l’abri d’un miracle.

  • Si LR devenait libéral ce serait formidable. Au lieu de n’avoir à choisir qu’entre des variantes de socialisme, les Français auraient enfin la possibilité de voter contre le socialisme. Une sacrée ouverture en effet.

  • 1. Lire que Fillon, le premier ministre de Sarkozy, oui, oui, le tandem qui a augmenté la dette du pays de 600 milliards, était un libéral me déclenche un léger sourire…
    Et s’il l’était, le candidat qui s’est enrichi grâce aux subsides de l’Assemblée nationale, donc de l’Etat, avait le libéralisme honteux. Devant la fronde face à sa proposition de réduire la Sécu à sa portion congrue, il l’avait vite retirée de son programme !

    2. Sinon, un volontaire pour expliquer à Retailleau que l’annualisation du temps de travail dans la fonction publique, ça existe déjà et depuis fort longtemps ?! Quand à la suppression des 35 h, même le Medef est passé à autre chose ! Ce n’est pas ce genre de combat d’arrière garde qui va faire de LR un parti à la pointe du programme libéral…

    3. J’ai l’impression que ce parti va nous ressortir les mêmes vieilles lunes qu’il y a 20 ou 30 ans. Quand je les entendrai enfin proposer la libéralisation de la consommation de drogues, la fin des contrôles d’identité (sauf flagrance évidemment), la diminution des effectifs de police (un des plus forts ratios de l’Union européenne), la fin de l’universalité des allocations familiales, un assouplissement de la législation sur les armes, la fin des tracasseries pour les automobilistes, etc, alors oui, je commencerai à croire au libéralisme de la droite française…

  • Je comprends votre interrogation, mais aujourd’hui il bouge et je pense que son aspiration est d’être gouverné sans passer par la case démagogie ou solution de facilité et qu’il est prêt à se relever si nous lui montrons un horizon, une perspective qui si nous l’atteignons en commun soulagera ses craintes.

  • J’ajouterai que l’objectif n’est pas de donner de l’espoir mais pour l’atteindre il suffit de lui tenir un langage de vérité.

  • Il est en effet difficile de trouver une ligne libérale conservatrice dans le personnel politique en général . Peut etre Marion Maréchal ? Mais elle n’est pas LR malheureusement! On peut quand meme aspérer de LR comme Julien Aubert, Rachida Dati, Eric Woerth

  • M. Fillon avait effectivement un programme pragmatique propre à redresser les dérives en France. En conséquence, il s’est fait lapider et on ne peut que le regretter.

    • C’est pourquoi un candidat vraiment libéral devra être irréprochable et maîtriser par ailleurs ses classiques libéraux comme écrit ci-dessus

  • s’il existe un candidat libéral, il lui faudra une sacré force pour s’imposer…

  • Libéralisme… Le mot fait peur aux français, et cette peur a été inscrite dans leurs gènes par 60 ans de mensonges politico-médiatique. Il faut revenir à la racine du Mot : Défense de la LIBERTÉ !!!
    « Il y a un moment donné où il faut répondre à ce type de paradoxe »
    Il n’y a aucun paradoxe. Seulement une incapacité d’analyse des politiciens :
    Ceux qui financent les prélèvements sociaux en ont plus que marre de payer !!! Donc ils sont mécontents !!!
    Ceux qui touchent les aides sociales voudraient en toucher encore plus (c’est tellement facile l’argent des autres). Donc ils sont mécontents !!!
    Plus on fera du « social » et plus les gens seront mécontents !!!

    • le problème est que les français voient surtout la partie financière du libéralisme qui a ravagée nos économies. On peut dire que c’est la faute des banques centrales, le fait que les acteurs habituellement considérés comme capitalistes, banques, riches…en ont profité créant des bulles spéculatives qui ont tuées l’économie réelle. Difficile de changer cette perception

    • Faire de la pédagogie et non de la démagogie

  •  »N’oublions pas que nous sommes un pays parmi les plus étatisés du monde libre ».
    C’est je crois ce que dénonce L. Wauquiez… Qui fustige également l’assistanat permanent sans contre-partie.

  • Les commentaires sont fermés.

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