Un type de personnalité : la tendance à se victimiser

Les personnes souffrant d’une « tendance à la victimisation interpersonnelle » se présentent comme faibles, offensées et vindicatives.

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Un type de personnalité : la tendance à se victimiser

Publié le 14 décembre 2020
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Par Robby Soave.
Un article de Reason

Un courant émergent « d’une culture de victimisation » incite les gens à se considérer comme faibles, victimes et offensés, selon plusieurs observateurs. Dans l’enseignement supérieur, cela a entraîné une augmentation des demandes d’aménagements spécifiques comme des messages d’avertissement (les trigger warnings, qui ne fonctionnent pas) et la protection contre les micro-agressions (ce qui est mal inspiré).

Mais que faire si cela n’est pas seulement une tendance mais bien un type de personnalité ? Un nouvel article paru dans une revue scientifique, Personality and Individual Differences, met en avant la tendance à la victimisation interpersonnelle (TVI), comme un type de personnalité caractérisé par plusieurs traits véritablement toxiques : un besoin maladif de reconnaissance, une difficulté à éprouver de l’empathie, un sentiment de supériorité morale et, point important, une soif de vengeance.

« Les résultats… suggèrent que la victimisation est une tendance stable et significative de la personnalité », écrivent les auteurs de l’étude, un quatuor de chercheurs rattachés aux universités de Tel Aviv, de Jérusalem et de Pennsylvanie.

Les chercheurs ont sollicité quelques centaines de participants pour une série d’expériences psychologiques visant à tester leurs hypothèses. En tant que tels, les résultats doivent être traités avec précaution – la recherche en psychologie sociale souffrant de problèmes de reproductibilité assez connus, car ce genre d’expériences ne peut pas toujours remplacer le genre de choses étudiées.

Dans l’une de ces expériences, par exemple, un ordinateur doit diviser une somme d’argent entre lui et un participant humain ; ce dernier étant amené à croire que l’ordinateur est également un participant humain. Parfois, le partage était inégal, et le participant humain avait la possibilité de se venger en réduisant le montant du pot de l’ordinateur sans enrichir le sien.

Les chercheurs ont remarqué que les participants ayant un score TVI plus élevé étaient « fortement associés à des comportements de vengeance » dans ce scénario.

La Tendance à la victimisation interpersonnelle était également « associée à la présence plus fréquente d’émotions négatives, et au fait de se donner le droit d’avoir un comportement immoral ».

L’étude opère une distinction entre la tendance à la victimisation et le narcissisme. Les individus narcissiques ressentent également une supériorité morale et des désirs de vengeance, mais ces sentiments ont tendance à provenir de la croyance que leur autorité, leur compétence ou leur grandeur est menacée. La tendance à la victimisation, en revanche, est associée à une faible estime de soi. Et tandis que les narcissiques ne veulent pas être des victimes, les individus à forte TVI, eux, s’insurgent lorsque leur statut de victime est remis en question.

« La représentation que les personnes TVI se font d’elles-mêmes est celle d’une pauvre victime, ayant été maltraitée et ayant donc besoin de protection », écrivent les auteurs. « Les menaces qui pèsent sur les personnes à haut risque concernent tout ce qui peut remettre en cause l’image de supériorité morale qu’elles ont d’elles-mêmes ; ou encore à tous les doutes extérieurs qui pourraient émerger quant à la réalité de cette agression, à son intensité ou à son exclusivité en tant que victime ».

Dans un article paru dans la revue Scientific American, le psychologue Scott Barry Kaufman note que « les chercheurs n’assimilent pas le fait d’avoir été victime d’un traumatisme avec le fait d’avoir un comportement victimaire. Ils soulignent qu’un état d’esprit victimaire peut se développer sans même avoir subi un traumatisme ou une persécution ».

Kaufman poursuit :

« Si les mécanismes de socialisation peuvent inculquer aux individus un état d’esprit de victime, alors ces mêmes processus peuvent sûrement inculquer aux gens une mentalité d’amélioration personnelle. Et si nous apprenions tous, dès notre plus jeune âge, que nos traumatismes n’ont pas à nous définir ? Qu’il est possible d’avoir vécu un traumatisme et que la victimisation ne constitue pas le cœur de notre identité ? Qu’il est même possible de grandir à la suite d’un traumatisme, de devenir une meilleure personne, de se servir de ses propres expériences pour donner de l’espoir et des perspectives à d’autres personnes ayant vécu une situation similaire ? Et si nous apprenions tous qu’il est possible de ressentir une fierté saine pour un groupe sans avoir de haine envers un autre groupe ? Que si vous espérez de la bienveillance de la part des autres, il vaut mieux être bienveillant soi-même ? Que nul ne peut prétendre à quoi que ce soit, mais que nous sommes tous dignes d’être considérés comme des êtres humains ? »

Inciter les gens à ne pas se laisser définir par leurs traumatismes – réels ou imaginaires – semble être un conseil judicieux. Ceci reste toutefois un défi face à celui qui se sent agressé dans son statut de victime et ressent le besoin de se venger.

Traduction par Brice Gloux de Self-Victimhood Is a Personality Type, Researchers Find

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  • il existe bien des victimes…il existe sans doute des victimes récurrentes..mais de plus en plus on voit des victimes de crimes indéfinis, désolé, ça me fait penser à ce qu’on qualifie de pensée complotiste..

    les gens ont renonce à un des principes élémentaire de bonne justice : quand on accuse on apporte des preuves pas des interpretations.

    le grand retour du procès d intention permanent.

  • La pleurnicherie et l’instrumentalisation des souffrances du passé sont des tendances lourdes, très présentes dans le paysage politico-médiatique. Il n’est pas surprenant que ça finisse par influer sur la personnalité des gens.

  • Type de personnalité ou comportement induit ? A force de considérer comme très positive la « conscientisation » des inégalités de classe, de sexe, de couleur, de réussite et « l’absolue nécessité » d’une impossible égalité ; de considérer comme vertueuses les dénonciations anonymes du net et d’encourager publiquement l’ « Indignez-vous » de Hessel, nous avons mis en place une société intolérante, frustrante et infantilisante.
    Difficile de croire que cette ambiance délétère ne joue pas sur le caractère des gens

    • Très bonne remarque.

      On ajoutera que, de plus, bien instrumentatlisé l’indignation conscientisée peut se monétiser. Raison de plus pour se trouver des traumatismes imaginés?

  • «Et si nous apprenions tous qu’il est possible de ressentir une fierté saine pour un groupe sans avoir de haine envers un autre groupe ?»

    En général, le rapport (réel ou imaginaire) des groupes n’est pas égal (c’est tout le problème), il y a souvent un dominant/dominé, qu’on pourrait caractériser par du narcissique/victimaire. Malgré les différences, il y en aura toujours c’est le principe des groupes, il faut se traiter d’égal à égal comme :

    «Que si vous espérez de la bienveillance de la part des autres, il vaut mieux être bienveillant soi-même ? Que nul ne peut prétendre à quoi que ce soit, mais que nous sommes tous dignes d’être considérés comme des êtres humains ? »

    C’est une évidence. Nous sommes différents mais je vous aime.

    Cela peut se traduire par la stratégie suivante :

    – coopérer dans un premier temps;
    – si l’adversaire a été honnête, continuer de coopérer; s’il a été agressif, l’agresser en retour;
    – pardonner et offrir à nouveau de coopérer.

    Dans la pratique cela signifie aussi ne pas laisser le pouvoir (y compris médiatique) aux éléments radicaux.

    • En partant du principe que mon groupe respecte tous les autres groupes et que mes actions n’impactent pas un autre groupe, j’attends de cet autre groupe de ne pas m’impacter… Et encore plus s’il a une opinion extrêmement différence à la mienne.
      Et au dessus de tout, des règles de bienveillance et de respects simples doivent être appliquées par tous !

  • « Et si nous apprenions tous, dès notre plus jeune âge, que nos traumatismes n’ont pas à nous définir  »

    Et si on apprenait la mécanique quantique à l’école maternelle !

    Désolé, je ne comprends pas bien l’article. Avant de comprendre pourquoi on devient ce que l’on est et de donner des conseils sur ce que l’on devrait être, il faudrait peut-être consolider ce que l’on sait en faisant l’abstraction de tout jugement moral.

    • En fait, la phrase que vous citez renvoit à l’article mis en lien juste avant (« la mentalité d’évolution personnelle »), où il est question de la théorie de la psychologue Carol Dweck.

  • « un besoin maladif de reconnaissance, une difficulté à éprouver de l’empathie, un sentiment de supériorité morale et, point important, une soif de vengeance »

    Pile poil le comportement de Dieu, depuis la nuit des Temps ! Ah ben, v’là aut’chose…

  • La tendance à la victimisation se retrouve fréquemment dans les discours des minorités. Nos responsables politiques et les médias exacerbent cette tendance en prenant le rôle de sauveurs face aux persécuteurs. Un beau triangle de Karpman à l’échelon national.

  • Je pense surtout que la victimisation est une stratégie. C’est sur que ces gens ont un besoin maladif de reconnaissance et un désir de vengeance. Mais de plus en plus c’est utilisé froidement comme un moyen de parvenir à ses fins et/ou d’obtenir uns chose à laquelle on n’a pas droit ou qu’on ne mérite pas. C’est aussi et surtout un prétexte pour cacher son agression. Je suis « victime » auto-proclamée, donc cela me donne tous les droits pour me venger. Ce trait est développé à l’extrême dans l’idéologie islamo-gauchiste

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