Livres interdits à la vente : et si le pays des Lumières touchait le fond ?

La France, pays des lumières, de la littérature reine, de la langue de Molière vient de réussir le prodige d’interdire à sa population d’acheter des livres.

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Livres interdits à la vente : et si le pays des Lumières touchait le fond ?

Publié le 6 novembre 2020
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Par Doriane de Lestrange.

Si l’on nous avait dit, à la sortie du premier confinement, que les gouvernants français n’avaient pas tiré de leur manche toutes les idées absurdes qu’ils avaient eues, nous ne l’aurions pas cru. Et pourtant…

On semble toucher le fond. La France, pays des Lumières, de la littérature reine, de la langue de Molière, vient de réussir le prodige d’interdire à sa population d’acheter des livres.

Alors qu’à l’heure du reconfinement, le gouvernement Castex a décidé de fermer tous les commerces jugés non essentiels, contrairement aux sacro-saints magasins de bricolage, les libraires ont été informés que les produits qu’ils vendent ne sont pas essentiels.

Et comme il aurait été trop intelligent de s’arrêter en si bon chemin, pourquoi ne pas décider de rendre inaccessibles les rayons culturels des grandes surfaces restées ouvertes ? Eh bien, c’est désormais chose faite.

L’année 2020 est donc celle qui aura vu sacrifiées les libertés fondamentales les plus primaires. Nous ne reviendrons pas ici sur celles d’aller et venir, se réunir, ou encore pratiquer sa religion, largement bafouées depuis désormais plus de six mois.

Mais la lecture… Qui aurait cru qu’un jour ceux qui doivent leurs postes à nos bulletins de vote nous la retireraient ?

Alors, bien entendu, on nous explique. On nous démontre, à nous peuple d’ignorants, que laisser les hypermarchés vendre des livres, c’est tuer les petits libraires au motif de la concurrence déloyale. Car, oui, la mort des librairies n’est évidemment pas le fait des politiques qui les obligent à fermer leurs portes, mais bien la responsabilité de la vile et sournoise grande distribution…

N’évoquons même pas Amazon, chef de file de tous les démons de la mondialisation d’ailleurs facilitée par ceux-là même dont nous parlons ici.

Alors oui, nous y sommes. Nous sommes dans cette époque où les concepts juridico-économiques prennent le pas sur le bon sens, sacrifié sur l’autel de la sottise et de la pleutrerie politicienne. Les décisions absurdes et gesticulations en tout genre d’une caste décidément déconnectée du réel et engoncée dans son mépris des petites gens.

Tant que l’on peut s’abrutir devant le poste de télévision, suivre les aventures de Koh-Lanta ou des candidats de The Voice en se gavant de malbouffe et en fumant allègrement du tabac dont la vente ne risque pas de se voir interdite pour raison sanitaire… Et pourtant, en 2017, les Français déclaraient lire environ 20 livres par an.

Et pendant ce temps-là, outre Quiévrain, nos voisins belges s’illustrent par la raison et l’intelligence en considérant que les librairies font bien partie des commerces essentiels. Christian Carpentier, porte-parole de David Clarinval, ministre des classes moyennes, des indépendants et des PME de préciser qu’il est nécessaire « d’aider les gens à tenir le coup en passant le temps de manière intelligente ».

Si Victor Hugo s’était exilé à Bruxelles pour écrire, peut-être les Français devront-ils s’y réfugier pour lire !

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  • Merci pour l’intelligence des Belges, mais il me semble qu’ils font fort aussi : on me dit qu’il y a obligation de télétravail ET fermeture des rayons informatiques des grands magasins…

  • puisque les librairies sont considérés comme des commerces non essentiels , qu’ils envoient donc leurs factures à l’état , et qu’ils cessent de payer leur charges sociales ; d’ailleurs , c’est ce que devrait faire tout les commerces et artisans  » non essentiels  » ;

  • Nos dirigeants préfèrent passer pour des pleutres et des incompétents plutôt qu’apparaître pour ce qu’ils sont en réalité: des traîtres.
    Une partie de la population s’en rend compte et ils n’arrêteront pas le vérité. D’où la réaction de Véran à l’Assemblée.

    • trahison à qui ou à quoi et pourquoi?
      et je présume que vous attaquez avec véhémence ceux qui disent que ce sont des crétins et des lâches car sinon vous devenez un traitre à vos convictions..

      quant à la trahison…pas joli joli, mais parfois souhaitable .oh voici un traitre au nazisme….à la mafia.. et même justement à la bureaucratie :l’auteur de « débordée »..un traitre…

  • Je vais digresser un peu car cela me semble quelque part utile..
     » en 2017, les Français déclaraient lire environ 20 livres par an. »
    et un contaminé en contamine deux virgule trois.

    et tiens comment on calcule ça? je ne lis presque plus de livres papier..
    sondage, déclaratif ou effectif? corroboré par les chiffres de vente de livres plus les emprunts aux bibliothèques? plus etc…
    un nombre ça fait sérieux…
    et un harlequin vaut un guerre et paix.

    et c’est une erreur de penser que lire est nécessairement utile à la formation d’un bon esprit, mélenchon doit être un grand lecteur.

    Sans compter que le nombre moyen de livres lus pour autant qu’il soit correct ne vous renseigne pas tant que cela.

    donc sur le plan de la liberté un livre vaut …n’ importe qu’oi d’autre qui est jugé « non essentiel »..

    • La télévision et les médias sont un commerce non essentiel, mais essentiel à la diffusion de la propagande, raison pour laquelle ces derniers peuvent continuer à exercer. Lire un livre, c’est potentiellement se plonger dans le monde de l’auteur, ou s’exposer à des idées qui sortent de ce que les médias mainstream promeuvent à longueur d’année, raison pour laquelle les livres ont et sont toujours considérés par les dictatures comme dangereux.

    • Sondage déclaratif, un des premiers exemples de How To Lie With Statistics (sauf qu’il s’agissait là de magazines).
      Lire n’est pas utile à la formation d’un grand esprit, mais les grands esprits se trouvent, dans leur quasi-totalité, aimer la lecture. Nous sommes donc comme tu le fais remarquer dans un cas où le sens du lien de causalité est pour le moins incertain en ce qui concerne la lecture et l’esprit. La preuve, il n’y a pas beaucoup de grands esprits…

      • pour être honnête…
        la notion même de grand esprit doit être précisée..
        le « drame » est que tu peux parier que la definition qu’on va donner va la relier presque mécaniquement au fait d’avoir lu des trucs..

  • Si on en est à devoir prendre la Belgique comme exemple de décisions rationnelles contre le Covid et de respect des libertés, c’est que ça va vraiment TRÈS mal…

    • Ce qui sauve la Belgique (comme la Suisse, le Canada, …) c’est que tout la population n’est pas francophone. Elle est donc un peu plus hermétique aux lumières de la Frraaance, ce phare qui guide le monde.

  • Ayant un ami libraire, c’est plus compliqué. Le syndicat concerné ne regroupe quasiment personne.

  • Je suis cependant étonné que les journaux restent « essentiels ». Pour réduire les risque de contamination, il faudrait réduire le nombre de journaux vendus. Le gouvernement pourrait faire une liste de ceux « essentiels » (ceux sans fake news par exemple).
    Puis vilipender la concurrence de la presse en ligne (il faudrait une bonne taxe et un certificat d’autorisation) car c’est une concurrence injuste comme tout le monde le sait.

  • Quant on n’écrit et ne lit que des textes de loi, des décrets, des arrêtés,, on comprend pourquoi nos bureaucrates interdises la vente de livres.
    Ils ont trop peur que leurs administrés, cette valetaille, se rendent compte que leur prose n’est ni faite, ni à faire!

  • Interdisent, pardon…

  • Si on touchait réellement le fond ils arrêteraient de creuser, on n’y est pas encore mais on se rapproche à grand coups de pelles.

  • Les commentaires sont fermés.

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