« Réindustrialiser, c’est possible ! » de Matthieu Courtecuisse

Relocaliser, ce n’est pas protéger nos gloires passées, mais investir dans notre futur. Tel est le message essentiel de ce tout petit livre.

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« Réindustrialiser, c’est possible ! » de Matthieu Courtecuisse

Publié le 13 septembre 2020
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Par Johan Rivalland.

À l’instar du constat de l’implacable recul de l’industrialisation française depuis quarante ans, régulièrement analysé par Claude Sicard ici, le patron de Sia Partners Matthieu Courtecuisse s’appuie sur l’état de sidération des Français à la suite de la crise pandémique pour dresser à son tour un diagnostic accablant de l’échec de l’État stratège et sur l’état de désorganisation incroyable de notre industrie. Une industrie qui ne représente plus que 10 % de notre PIB, contre le double en Allemagne et plus de 14 % en Italie.

Établir le bon diagnostic

Matthieu Courtecuisse analyse donc ce qui serait en mesure de sauver ou de permettre la relocalisation de nos industriels français, en essayant de limiter les destructions inéluctables à venir du fait de la crise.

Pour cela, il convient d’établir le bon diagnostic, écrit-il, puis de disposer d’une importante capacité d’adaptation et d’une véritable vision stratégique, d’innover. Et certainement pas en reconduisant les logiques du passé. Pas non plus en ayant des gouvernements qui pratiquent des politiques de stimulation de la demande, mais plutôt de l’offre.

Pas davantage en défendant un souverainisme aveugle, synonyme de repli sur soi et de normes inutiles, là où ce sont l’échange, les alliances, et l’esprit de conquête, qui doivent prévaloir.

Toutes les formes de protectionnisme, hélas à la mode, doivent être évitées. L’histoire montre qu’elles mènent à la paupérisation, la bureaucratie, l’étatisation. La mondialisation, au contraire, a profondément changé depuis vingt ans et il est vain notamment d’imaginer pouvoir composer sans les Chinois et leur maîtrise des terres rares.

Relocaliser, oui mais quoi ? Et surtout comment ?

Relocaliser certaines activités ne pourra se faire en se basant sur de bonnes intentions. Coopération, proximité et compétitivité sont indispensables pour réussir. Et il faudra bien sûr du temps, l’autonomie ne s’acquérant pas du jour au lendemain, surtout face aux risques de cybersécurité qu’il évoque et auxquels l’Europe est mal préparée. Sans oublier aussi les coûts engendrés et la baisse de pouvoir d’achat que cela peut induire.

Mais ce n’est évidemment pas tout. La fiscalité, la formation, les infrastructures, les charges sociales et le coût du travail, ainsi que le cadre légal du travail, nombreux sont les paramètres à prendre en compte.

La baisse des impôts de production (tout juste amorcée) est par exemple indispensable, dans la mesure où il s’agit d’un impôt sur le chiffre d’affaires (et non le résultat) et qu’elle grève donc les efforts d’investissement.

Les prélèvements sur les entreprises de manière générale et leur écart avec les autres pays (10 points de valeur ajoutée par rapport à l’Allemagne, par exemple) constitue un véritable handicap.

Il convient ensuite de bien réfléchir à ce qui est vraiment relocalisable. Pas des filières comme la sidérurgie, par exemple, où la concurrence féroce des producteurs à bas coûts entraînerait une hausse des prix insoutenable pour les filières consommatrices d’acier. Mais plutôt l’agroalimentaire et les filières d’excellence (luxe, aéronautique, automobile, énergie, construction, pharmaceutique), nous dit Matthieu Courtecuisse.

L’investissement dans les technologies, le numérique, l’automatisation, l’intelligence artificielle, le télétravail (avec quelques réserves et précautions), sont les passages obligés si on entend retrouver la compétitivité nécessaire au maintien ou au retour de certaines activités sur notre territoire, quoi qu’on en dise, souligne l’auteur. En effet, le monde évolue, se transforme, et c’est inéluctable.

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  • Vous oubliez la sécurité des biens et des personnes. 7 fois attaques dans mon magasin en France, jamais en 26 ans d’expatriation a Hong kong et en Chine. On peut prendre le metro, les transports en commun sans se faire importuner par … Jamais on vous rayera votre voiture par jalousie, jamais de feu de poubelle, de dégradations, les dealers de drogues sont executes… jamais je ne reviendrais en France.

    • Réindustrialiser ? au profit de qui ? d’un état ventripotent au paroxysme, d’une myriade d’élus couards, pour ne laisser que la portion congrue à ceux qui investissent leur argent (à fonds perdus), prennent des risques et leur temps largement au dessus de 30 à 35 heures ? Qui serait à ce point idiot pour plonger dans l’atmosphère délétère d’un pays à la botte des minorités qui veulent l’abattre ?

  • réindustrialiser la France , c’est bien ; permettre aux industries mais surtout aux petites entreprises déjà sur notre sol de garder la tête hors de l’eau au lieu de les emmerder jusqu’à la gauche ce serai formidable ;

  • « Pas des filières comme la sidérurgie, par exemple, où la concurrence féroce des producteurs à bas coûts entraînerait une hausse des prix insoutenable pour les filières consommatrices d’acier. »

    L’auteur ne fait que reprendre les idées reçues à la mode: on va réindustrialiser, mais dans l’alimentaire et dans le numérique….

    C’est l’industrie lourde qui est le socle de toute l’industrie, c’est elle qui irrigue la recherche sur les matériaux, qui sont la clé de presque toutes les innovations.
    Les nations développées qui ont gardé une industrie de base (Allemagne, Japon, Corée …) sont celles qui ont gardé une industrie tout court. Et qui de ce fait sont mieux placées pour innover dans les nouvelles activités.
    D’autant que la Sidérurgie, la Chimie ne sont plus des industries de main d’oeuvre, le coût du travail n’y est pas prépondérant.
    Notre réindustrialisation passe certes par une diminution des prélèvements sur les entreprises, mais surtout par un changement dans les états d’esprit, et l’arrêt de stratégies qui croient qu’on peut soutenir des industries de pointe au dessus du vide, sans les industries de base.
    Voir https://www.contrepoints.org/2020/05/20/371762-re-industrialisation-francaise-du-concret-pas-denvolees-lyriques

  • Comment ce fait il qu’après avoir lu le texte (pas le livre), je me dise :

    ‘Réindustrialiser, c’est impossible’ ?

    Puisque
    « pour cela, il convient d’établir le bon diagnostic, puis de disposer d’une importante capacité d’adaptation et d’une véritable vision stratégique, d’innover. »,
    et ce n’est pas dans l’Adn de ce pays, du GJ au président en passant par l’Ena…

  • Vous vous nourrissez de hamburgers et de cola et vous êtres diabétique ?

    Pas de problème, on va vous prescrire des vitamines …

  • L’industrie est fortement consommatrice de capitaux. Séduire et défendre les capitaux, au lieu de les agonir de taxes, de normes et d’insultes, est la condition nécessaire et suffisante pour développer l’industrie.

    Détaxer les capitaux et leurs revenus, puisqu’ils sont déjà taxés par ailleurs et qu’ils supportent un risque de long terme que les autres revenus ne supportent pas.

    La principale source de capitaux est la retraite par capitalisation, la seconde étant la présence sur le territoire de millionnaires et de milliardaires en grand nombre, notamment à travers le capitalisme familial.

    Les capitaux publics sont inaptes à développer l’industrie puisqu’ils sont financés par des taxes (ou de l’inflation) qui détruisent l’industrie par ailleurs. L’investissement public est au mieux une opération nulle, et plus souvent il est destructeur de ressources.

    Ce sont donc 45 ans de politiques publiques qu’il convient d’abroger dans ce pays. A défaut, il n’y aura pas de réindustrialisation.

    • Taxer les entreprises d’à aucun sens, les taxes devraient être uniquement prélevé sur les individus comme cela ceux ci se rendraient directement compte de l’infernal gabegie de nos gouvernants. Quand les gens verront qu’ils donnent 90% de le revenues en taxes ils ouvriront les yeux.

  • Tout les « groplan » sont voué à l’échec de toute façon ou des « victoires » obtenue à des prix insoutenables (TGV).
    Pour Innover il faut prendre des risques, hors le risque est devenu l’ennemie à abattre en France, 70 ans de socialisme on fait transformé les français en troupeau de mouton et de pleureuses incapable de faire face à la réalité. La réalité c’est que rien n’est jamais définitivement acquis, que la nature n’es pas bienveillante et généreuse, que l’effort et l’innovation seront toujours nécessaires.
    Le problème n’est pas bêtement technique, le mal est beaucoup plus profond. Tout comme la Russie ne s’est toujours pas remit de 70 ans de communiste, la France ne pourra pas s’en sortir sans sortir de la mentalité socialiste qui la ronge.

  • Pour sortir de 50 ans de socialisme, il faudra attendre notre Gorbatchev

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