Circuits courts, idées courtes ?

Les circuits courts ne sont pas une bonne idée pour le consommateur : ils restreignent le choix des produits et ils en augmentent le prix.

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Circuits courts, idées courtes ?

Publié le 14 avril 2022
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Par Pierre Allemand.

Demandez à un politique ce qu’il pense des « circuits courts » : il y a gros à parier qu’il n’en dira que du bien, et même, chose peu fréquente, qu’il en pense aussi le plus grand bien.

La mode, ça permet de choisir sans réfléchir

Constatons-le : les uns après les autres, tous les politiques sont tombés dans la marmite et se retrouvent écolos. Plus écolo qu’eux, tu meurs.

Tous les programmes politiques ont été repeints en vert et préconisent des attitudes nouvelles suggérées par quelques-uns, et censées résoudre simplement des problèmes qui souvent n’existent pas, mais qui sont décrits comme « à résoudre au plus vite » sous peine de voir notre monde s’écrouler soudainement sous nos pas.

Finalement, à cause de ce biais et si nous n’y prenons pas garde nous risquons de vivre grandeur planétaire l’histoire du joueur de flûte de Hamelin. Avec les politiques dans le rôle du joueur de flûte, et tout le monde dans celui des enfants.

Nous risquons de courir joyeusement vers la catastrophe, ensorcelés par des joueurs de flûte et emmenés vers des horizons d’où nous ne reviendrons pas. Obnubilés par des idées simples que chacun peut comprendre. Simples, mais fausses.

Et l’histoire du circuit court en est un exemple. Il est supposé améliorer la fabrication de certains biens, leur distribution et leur consommation, pour le plus grand bien des uns et des autres.

L’idée du circuit court est certes séduisante dans sa simplicité : elle consiste à rapprocher le fabricant ou producteur du consommateur, en ne conservant au maximum qu’un seul intermédiaire. À noter que dans la version anglaise de Wikipédia, le circuit court se limite aux produits agricoles et à leur consommation. À noter également que dans la définition du « circuit court » rapportée par Wikipédia en français, le producteur et le consommateur peuvent être situés à une distance quelconque l’un de l’autre.

Mais cette définition est fortement contraire à la pratique, du moins en France : pour le politique moyen et le consommateur lambda, circuit court signifie « la production locale de nourriture afin de réduire le plus possible les frais de transport entre le producteur et le consommateur, d’améliorer les contacts entre ces deux acteurs économiques pour favoriser les discussions créatrices, et de procurer localement du travail au maximum de personnes. » C’est sur cette définition que je resterai pour développer mon sujet.

Le fonctionnement des circuits courts

Les acteurs du circuit court sont donc schématiquement au nombre de trois : le producteur, l’intermédiaire et le consommateur. Afin d’analyser le fonctionnement du circuit court, on peut faire la liste et examiner les droits et devoirs de chacun de ces acteurs ; devoir étant pris dans son sens absolu : pas de possibilité de s’exonérer de son devoir.

Le producteur a le droit de choisir les produits qu’il vend à l’intermédiaire et d’en fixer les prix, mais ce dernier ne lui achètera que les produits demandés par le consommateur, au prix que ce dernier acceptera de payer. En pratique, ce droit est donc à peu près nul pour le producteur. Le producteur a le devoir de vendre ses produits exclusivement à l’intermédiaire.

L’intermédiaire a les mêmes droits et devoirs que le producteur, plus le devoir d’acheter au producteur et de vendre au consommateur, avec les mêmes limitations. L’intermédiaire a également le choix de comprimer sa marge afin que le consommateur puisse acheter ses produits.

Le consommateur a en théorie, tous les droits. En pratique, il n’a cependant que le droit de ne pas acheter le produit que lui propose l’intermédiaire. Le consommateur a le devoir d’acheter exclusivement à l’intermédiaire les produits que celui-ci lui propose.

À l’examen de ces droits et devoirs, on observe que le circuit court exclut de son cycle tous les produits que le producteur ne veut pas ou ne peut pas produire, sans possibilité pour le consommateur d’acheter hors du circuit court.

Dans un pays comme la France, le consommateur du circuit court ne pourrait pas bien sûr acheter les produits hors saison, puisque le producteur ne peut pas les produire, mais aussi les oranges, les bananes, les ananas, les arachides etc. inaccessibles également au producteur.

Le circuit court revient, en somme, à retrouver les contraintes qui existaient il y a un siècle.

La porte étant fermée à la concurrence des producteurs extérieurs1 bénéficiant d’un prix de revient inférieur obtenu par exemple par la répartition des frais généraux sur une production la plus large possible (très grandes fermes) ou encore par des salaires plus bas (SMIC plus faible), les prix au niveau du consommateur sont inexorablement plus élevés, sans possibilité de les faire descendre en faisant jouer la concurrence des producteurs extérieurs.

Nous voyons donc que le circuit court présente deux grands inconvénients : l’absence de variété dans les produits proposés au consommateur ainsi que des prix élevés, voire très élevés à cause de l’absence de concurrence.

Les avantages supposés des circuits courts

Du côté des avantages, nous voyons les frais de transport théoriquement réduits, encore que des études récentes montrent que les transports maritimes arrivent à des prix nettement inférieurs aux prix de transport par route des petits producteurs vers les marchés de proximité. La comparaison au niveau des émissions de CO2 arrive aux mêmes conclusions.

Les circuits courts créent de nombreux emplois. Et devinez qui paye ces emplois ? Le consommateur, bien sûr ! Il faut beaucoup se méfier de ce miracle de la création d’emplois : ils ne sont bien sûr viables que s’ils correspondent à la satisfaction d’un besoin non satisfait, ou satisfait à un coût plus élevé.

Et là, le circuit court a tout faux. En effet, plus le circuit court crée d’emplois, et plus le prix de revient final du produit est bien sûr élevé, puisqu’il finance les emplois créés.

Dans un pays comme la France où le chômage est indemnisé largement et longuement, il serait bon que l’on considère que la rémunération d’un travail quel qu’il soit est toujours une dépense plus rentable que la rémunération d’un chômeur ne produisant rien.

Et cette constatation devrait montrer l’ineptie économique que constitue la rémunération du chômage à grande échelle telle qu’on la pratique selon les désirs de syndicats non représentatifs. Dans un système économique optimisé, celle-ci devrait en effet être considérée comme un filet de sécurité temporaire et non comme un état durable.

Les circuits courts rétablissent le lien rompu entre les producteurs et les consommateurs. C’est un fait.

Mais c’est payer bien cher pour rétablir un lien qui pourrait l’être par des moyens bien moins onéreux. Le bio et le durable sont par exemple aujourd’hui, à la suite des recommandations des députés européens, enseignés « de la maternelle à l’enseignement supérieur », et la réputation des paysans est largement remontée dans l’esprit du public, à cause de ces directives, sans qu’il en coûte beaucoup aux finances publiques.

Par ailleurs, si les faiseurs d’opinion antiscience n’avaient pas réussi à semer la suspicion sur les pesticides, d’abord diabolisés, puis renvoyés sur le dos des paysans, la réputation de nos amis nourriciers serait encore meilleure.

Finalement, on le voit, les circuits courts sont davantage un mirage de plus diffusé par des politiciens avides de discours faciles et de concepts simples à exposer, qu’une nouvelle façon de consommer.

D’ailleurs, de tout temps on a cherché à améliorer un système de vente que l’on sentait confusément comme non optimum. Le circuit commercial allant du producteur jusqu’au consommateur est en effet aujourd’hui encombré de règles pointilleuses et de préférences ou d’interdictions qui faussent le message précieux chargé de l’optimisation qui s’appelle le prix fixé librement entre un vendeur et un acheteur.

Il en résulte cette impression floue que le système pourrait être amélioré. Et les pouvoirs publics ont toujours essayé d’améliorer le système de distribution.

Par exemple, en 1960 une campagne intitulée « suivez le bœuf » était sensée rétablir les prix de la viande de bœuf au niveau du producteur. L’« intermédiaire » était sévèrement jugé pour ses marges trop importantes, alors qu’en réalité, remonter le prix au niveau du producteur signifie le remonter également au niveau du consommateur, ce que les politiques, évidemment, ne voulaient pas considérer ; et surtout pas non plus que le consommateur le découvre.

En guise de conclusion

Lorsque Pascal Salin dans La vérité sur la monnaie décrit l’apparition de la monnaie comme un moyen d’échange entre différents Robinson vivant chacun sur leur île, il observe que la monnaie permet à ceux-ci de se spécialiser dans une activité où ils réussissent mieux que les autres : l’un cultive des tomates, l’autre du blé, un troisième des bananes etc.

Ces choix d’activité se font en fonction des ressources locales de l’île où ils vivent, des aptitudes personnelles de chacun, mais aussi en fonction de ses goûts. Et finalement, pourvu que l’un des Robinson, avec la complicité éventuelle de ses voisins ne prenne pas l’idée d’organiser les échanges par la force, en décidant par exemple d’imposer sa propre monnaie, les choses se passent le mieux possible, grâce à l’optimisation harmonieuse des échanges, bien établie par l’usage des prix librement fixés entre le vendeur et l’acheteur.

C’est en tous cas ce que l’on observe dans les pays ou règne le maximum possible de libéralisme2. Comme Monsieur Jourdain pour la prose, on peut penser que tous ces Robinson pratiquaient le libéralisme sans le savoir, mais pas le circuit court.

 

Un article publié initialement le 16 août 2020.

  1. Les producteurs extérieurs sont les producteurs non locaux.
  2. Le mot est lâché. La vision du système qui porte ce nom, fondé sur le respect de la propriété et de la liberté de chacun, attentif au respect des droits du plus petit a été complètement dénaturée en France, dans la bouche des faiseurs d’opinion, faisant du libéralisme un régime à écarter à tout prix.
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  • un peu comme le bio s’est imposé..
    ils utilisent la mauvaise image des grandes surfaces et des camions..voire de agriculture intensive..

    imaginez une très mauvaise année météo à un endroit et plusieurs cultures dévastées…et tu va illico racheter des patates des supermarché;.

    ceci dit cultiver son propre jardin est aussi un mauvais choix économique sauf si le jardin est un plaisir..ça devient alors le loisir le plus intéressant..

    • et ceci dit c’est foutu… comme pour le bio..

      « le local c’est bien »pour des tas de raisons..fausses..

    • au passage, le bio est maintenant un domaine largement investi par les grandes surfaces qui s’y sont mises… de manière intensive. Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des haricots verts contaminés à la datura. Bon, ça doit être bon pour la santé, c’est naturel !

      • Le Bio n’a de Bio que le nom. Le terme a ete re-approprie par les groupes industriels qui ont mis en place normes et procedures permettant de limiter l’arrivee de nouveaux entrants ainsi que la ventes des produits « Bio » que la majorite des gens ont a l’esprit quand ils pensent « Bio », a savoir le paysan du coin qui fait des legumes avec ses produits recycles non industriellement chimique. Ce dernier type de « Bio » qui est totalement interdit car non certifiable sur le marche de l’alimentaire.
        Ils ont recupere les chevres egarees, pour en refaire des moutons. Au final la connivence Prive/Publique a permis a certaines boites de remonter leurs marges en prenant la place des precedentes.
        C’est pas loin d’etre la loi du marche en se jouant des regles en place.

  • Le vrai sujet c’est le protectionnisme, et non les circuits courts !

    • oui…et non..si il s’agit de choix foireux de consommateurs ou d’interdictions et d’entraves..

    • Alors je vais le dire autrement :
      Le vrai sujet n’est pas de juger si les consommateurs font des choix foireux ou non, il est de ne pas interdir ni entraver dans un sens ou l’autre.

      • voui..on nous explique avec force que c’est « parfait »… et curieusement les consommateurs ne suivant pas tous en masse on va le rendre obligatoire..après l’avoir subventionné..

  • Pourquoi parler de circuits courts aujourd’hui alors que ceux ci ont toujours existes,les marchés, en parallèle avec les circuits longs sans que l’un ne gène l’autre, ils sont complémentaires.
    Et pour le producteur, comment pourrait il vivre de son travail si il ne bossait que pour le local, c’est impossible à la campagne, la ou l’on produit, pas assez de clients!

  • Les circuits courts signifient aussi la disparition des agriculteurs exportateurs de fruits et légumes, ce qui, pour un pays comme la France qui exporte environ 1/3 de sa production, est un non-sens.

    Si, par circuit court on entend  » du producteur au consommateur », la chute des ventes sera encore plus drastique.

    • C’est la disparition de la totalité des agriculteurs français.. Qui paraît il, ne font que survivre en vendant leur produits dans toute l’Europe et ailleurs.

      • Donc les consommateurs des autres pays sont capables de payer chers et méchants des produits made in France (+ les coûts logistiques), mais les Français n’en sont pas capable ? Etrange.

    • vous mélangez tout, c’est pour ça.
      On veut du circuit court chez nous, on veut certainement pas que les autres pays fassent pareil, ça n’aurait aucun sens (pour nous) !

  • Et si « circuits courts » était un autre mot pour « protectionnisme » et « nationalisme » ?

    • je vois plutôt ça comme la conclusion inévitable des proposition farfelues des verts sur l’agriculture..
      il fut un temps on entendait la solution c’est le bio..
      mais alors on faisait remarquer que nécessitant plus demain d’oeuvre la conséquence serait la perte de compétitivité des agriculteurs français.. il a fallu alors trouver des raisons de ne pas acheter à l’étranger, en fait, il n ‘y en a pas de valides..pus exactement il n’yen a pas d’objectives, pas plus émetteur de CO2 ou autre, le prix contient tout…

      alors il faut faire fondre le cerveau des gens par le matraquage,
      le local a toutes les qualités, même si en pratique on ne peut en démontrer aucune..

      le seul atout est l’emotion..comment si tu n’achètes pas local tu va faire perdre ses revenus à gérard qui est devant toi.. le type qui perdra ses revenus il est loin …

      assez bizarrement la logique est tout autre pour le commerce dit equitable..

      les verts sont des gens qui veulent des trucs…et il ne faut surtout pas leur demander pourquoi..

  • J’utilise un circuit court (locavor) et ça marche très bien… parce que je le mets en permanence en concurrence avec tous les autres circuits à ma disposition. L’important, c’est le choix concurrentiel, et l’ennemi absolu, c’est le monopole, quel qu’il soit.

    • ben pourquoi vous contenter de circuits courts? quelle est LA raison d’opter pour le court, plutôt que le simple bon vieux rapport qualité prix?

  • Consommer local ? Ils veulent la mort de Joséphine Baker ( et ses coquines bananes ) !

  • très bon article.

    Circuits courts? Encore un « plan com » des dictateurs verts destiné à enfumer les bobos ménaupausés des grandes villes, mais dont l’objectif réel est, en détruisant les circuits de distribution, de renforcer le pouvoir des politiques.

    Quand la législation imposera que le choux doit être vendu à quinze km du champ, il sera en pénurie/mauvais/cher, ou, stade ultime, interdit à la vente, car considéré comme un « luxe » contraire aux principes de la décroissance!

    Le sympathique Jo doit rire dans sa moustache…

  • Le circuit court revient, en somme, à retrouver les contraintes qui existaient il y a un siècle.
    Oui, c’est exact. Mais si certains font ce choix, c’est leur liberté.

    • ceux qui font ce choix veulent imposer aux autres, à commencer par les cantines scolaires.
      je me rappelle d’une réunion de parents d’élèves où les parents délégués étaient tout fier d’annoncer que la cantine allait faire 1 jour par semaine un repas végétarien, le plus possible de bio et de local.
      un parent s’est plaint de l’augmentation de 10 % du tarif cette année. j’ai fait le lien entre les deux faits, mais je ne suis même pas sûr que ça a percuté dans la tête de tous les parents…

  • « Et devinez qui paye ces emplois ? Le consommateur, bien sûr ! » => ouf, l’auteur a compris comment fonctionnait l’économie. Mais ça n’a pas l’air de le satisfaire, limite j’ai l’impression qu’il ne trouve pas ça normal.
    Perso, j’aime le circuit court quand c’est possible, quand ça a du sens. Pourquoi acheter des pommes de terre de Chypre, d’Espagne ou d’ISraël, quand je peux aller les acheter chez le fermier à 1km de chez moi ? Pareil pour courgettes, tomates, choux, brocolis, etc.. et hors saison, je peux en trouver en supermarché, c’est ma liberté.
    Un jour je cherchais des oignons. Des bêtes oignons. J’avais le choix en grande surface entre oignons du Pérou, d’Egypte et de Nouvelle-Zélande. Ce ne sont pas des ananas, des bananes, des mangues. Ce sont des oignons. Que j’ai trouvé dans le distributeur du fermier, à 1km de chez moi.
    Le prix ? Vous êtes sérieux ? Peut-être 0,3 euro/kg plus cher d’un côte OU de l’autre. Quand on peut trouver des patates à 0,4 euro le kg chez le fermier (contre 2 à 3 euro le kg en magasin pour certaines variétés), faut pas rigoler.
    Le circuit-court a parfois du sens, mais il ne faut pas que ça devienne une religion.
    Et dans le circuit-court : producteurs et intermédiaires se regroupent souvent en coopératives, en structure différente du traditionnel producteur / grossiste. Voire même le consommateur devient partie prenante, par exemple avec les légumes à récolter soi-même.

    • Vous avez tout dit ici :
      « Le circuit-court a parfois du sens, mais il ne faut pas que ça devienne une religion. »
      Que se passera-t-il à votre avis si nos très chers politiques (très très chers) s’emparent de cette idée…?

      • J’ai un commentaire avec +5… j’ai pas l’habitude.. stress..

        • C’est parce que vous n’avez pas dit une ânerie. Moi aussi ça m’étonne. On vous connait pour d’autres choses…
          En revanche, la peur de l’auteur est bien que ça devienne une religion avec son inquisition. Si le circuit court devient une obligation ou une activité subventionnée, ou de manière plus crédible qu’on taxe l’alternative « cicuit long » à outrance, bref, si crée un avantage compétitif massif pour le cicuit court, alors on créera un problème. Une ribambelle de problème en fait. Le problème arrive toujours avec la coercition.

        • Vous êtes comme l’horloge arrêtée : vous donnez l’heure juste 2x par jour :mrgreen:
          Allons y : +1.

    • Commentaire plein de bon sens « paysan », si je puis me permettre l’expression 🙂

      Habitant à Paris, je n’ai pas la possibilité d’aller chez le producteur. Par contre que ce soit en supermarché ou sur les marchés, je vais privilégier les produits français avec la même logique que vous concernant votre exemple sur les oignons, en faisant attention aux prix.

      Après, pour cette différence de prix, n’oublions pas que le producteur peut se permettre de mettre un prix inférieur à un supermarché car il n’a pas les coûts fixes, etc. et c’est pourquoi, quand je suis en vacances que je vois des producteurs affichés des prix équivalent voire plus chère que le supermarché, ça me dérange (et donc je n’achète pas).

  • Comme d’autres lecteurs je constate que l’auteur confond circuit court et URSS. Tous les modèles de distribution ont leur intérêt, parfois l’un est meilleur, parfois l’autre l’important reste d’avoir le choix.
    Exemples, je n’achète pas mon reblochon au supermarché quand je peux l’avoir 2x moins cher chez le producteur à côté de chez moi. Je préfère manger la viande bovine locale en creuse (de la bonne limousine), mais pas quand je suis en haute Savoie (vieille laitière réformée).
    Même dans le B2B, tout dépend de l’intérêt à avoir un intermédiaire, est ce qu’il apporte une valeur ajoutée, une prestation en plus du produit ?
    Le distributeur bateau genre Farnell ou Digikey (composants électroniques), ça va bien quand on cherche du générique, mais sinon je demande direct chez Texas Instruments ou chez Analog Devices.
    Au contraire d’autres distributeurs m’apportent une vraie aide dans le choix de mes composants, veillent les obsolescences et les nouveautés pour moi et là je fais appel à eux.
    Bref, tous les modèles de distribution ont leur intérêt.

    • Mon expérience d’achat directement chez le producteur c’est que ça n’est pas moins cher qu’au supermarché, reste la qualité et la contact humain mais financièrement ça n’a aucun intérêt.

      • C’est variable, mon reblochon passe de plus de 8€ au supermarché à 5€ chez le producteur.
        La viande de limousine est moins chère à Guéret en circuit court que la vieille carne réformée en supermarché…

        • Chez moi, en circuit court, à part les patates, tout est beaucoup plus cher en circuit court. Le porc fermier est vraiment goûteux mais ça reste du luxe vu ma situation. Finalement, quand j’opte pour cette solution (en mode entraînement au survivalisme, si les voies ordinaires d’approvisionnement venaient à être coupées), c’est surtout pour les pommes de terre : elles sont apparemment traitées, vu qu’elles se conservent plus longtemps que celles des grandes surfaces. ?

  • Certains poussent, en effet, le circuit court, jusqu’à une forme d’autarcie..CF Albanie ( avec l’aide des communistes chinois quand même!)
    D’autres encore : produire local, par des locaux, pour des locaux!
    Exclusion,sécession,nationalisme, etc.. C’est bien inquiétant.

  • Cet article traite du sujet sous un angle exclusivement économique, lequel est effectivement important : sur ce terrain, ne serait-ce que parce que mes connaissances en économie sont limitées, je n’ai pas d’observation à formuler.

    Par contre, en matière alimentaire, la provenance et le mode de transport ont aussi un impact gastronomique.

    Certains produits alimentaires voyagent globalement bien (ex : oignons, courgettes ou pommes de terre). Mais d’autre pas du tout ou très mal :
    – beaucoup de fruits sont cueillis avant d’être mûrs afin de pouvoir voyager, par exemple, entre l’Espagne ou le Maroc et nos points de vente ; en linéaire, ils resteront sans goût, verts et durs, même pas bons cuits : désolé, je laisse ces machins-là aux cochons et aux Néerlandais ;
    – de façon générale, les productions et distributions massives sont plus présentes dans les circuits longs : simplification et standardisation entraînent un considérable appauvrissement de l’offre et on retrouve ainsi les mêmes infâmes abricots filandreux ou les mêmes tristes « pommes en bois » dans le monde entier ; le plus souvent, seul un maraîcher vendant ses fruits et légumes au marché peut proposer des variétés inédites, souvent plus goûteuses : ce n’est pas en se gavant de diagrammes à longueur de journée que l’on sait cela, je sais de quoi je parle ;
    – le cas des tomates est le pire : une bonne tomate (= qui sent… la tomate, qui n’est pas farineuse ni constituée de jus fadasse) s’obtient à partir de variétés traditionnelles qui ne voyagent pas ou très mal parce que fragiles ; résultat : sauf exception, les tomates sont infectes ou, au mieux, médiocres, même sur les marchés ; et le pire est que les producteurs et distributeurs trompent le consommateur en attribuant à leurs tristes produits industriels des noms qu’ils ne méritent pas (cœur de bœuf, noire de Crimée, etc.) car les vraies variétés de tomates correspondant à ces noms sont différentes et bonnes… mais difficiles à transporter.

    Il ne s’agit évidemment pas d’interdire tel ou tel circuit de distribution ; mais on ne doit pas admettre des usurpations de nom (cf. supra pour les tomates) qui devraient être sanctionnées car il s’agit d’indications frauduleuses et de tromperie du consommateur. Les acteurs économiques qui veulent vendre des aliments industriels en recherchant uniquement le coût d’approvisionnement ont le droit de le faire : mais qu’ils assument et ne se cachent pas derrière des manœuvres frauduleuses afin d’avoir le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire en vendant ces aliments sous des appellations laissant croire qu’il s’agit de produits de qualité.

    Car, surtout en France, il ne faut pas oublier que l’alimentation ne se résume pas à de l’optimisation économique dont la grande distribution est souvent le premier – voire le seul – bénéficiaire contrairement aux producteurs ou aux consommateurs. Il s’agit de qualité de l’alimentation, de gastronomie : chacun achète et mange ce qu’il veut mais cela doit se passer sur la base d’une information honnête. Et puis, ce tout-économique en matière d’alimentation évoque la malbouffe industrielle triomphante des années 1970 et ce que l’on trouve dans des pays sans culture gastronomique à part une minorité de privilégiés, comme les États-Unis… ou les Pays-Bas (j’assume cette fixette : allez là-bas et comparez, par exemple, avec la Belgique !).

    Comme toujours, les âneries des escrologistes dénaturent la réflexion et rendent parfois odieuses les meilleures idées. Mais elles ne doivent pas faire perdre de vue l’enjeu gastronomique lié au mode d’acheminement et de distribution des produits alimentaires. Entre les escrologistes, esprits ignares et fanatiques, qui sacralisent et idéologisent tout (ici, le bio et les circuits courts) et les cyniques producteurs de malbouffe, il faut rechercher une troisième voie : elle peut passer par la proximité et les circuits courts.

  • Si les circuits courts sont si vertueux pourquoi ne pas viser le plus court des circuits court : produire soit même ce que l’on consomme. rien de tel qu’un bon raisonnement par l’absurde pour démonter une idée fausse. Tout ceux qui un jour on cultivé un jardin pour se nourrir savent que c’est une fausse bonne idée : c’est extrêmement dévoreur de temps et d’argent, si vous n’utilisez pas de pesticides vos récoltes sont dévorés par les insectes, sans engrais la production est largement aléatoire car vous ne maitrisé mal la culture et que la moindre erreur ou absence peut tout ruiner. Il faut posséder la matériel pour fabriquer ses propres conserve ou alors un très gros congélateur. Il faut posséder suffisamment de bonne terre, compter environ 2 à 3000 m² pour être a peut près autonome en fruits et légumes pour 4 personnes à condition d’être au minimum mécanisé sinon quiconque à essayé de bêcher à la main 1000 m² sait que ça n’est pas à porté de 99% des français moyen. Bref à part la satisfaction de produire soit même ce que l’on mange, c’est une pure perte de temps et d’argent.

    • @ Laurent
      Très judicieux, j’ai un ami qui possède pas mal de terre à la campagne et qui avait décidé de cultiver ses propres légumes. Il a abandonné au bout de 2 ans justement pour les raisons que vous évoquez. Les citadins et les ignares s’imaginent qu’il suffit de planter et d’arroser pour avoir de superbes récoltes. L’agriculture est un métier délicat ou le savoir et l’expérience sont primordiaux et qui nécessite énormément de travail… dur!

    • Un potager pour 4 personnes, c’est 500m2 pas plus. Pour les fruitiers la surface que vous voulez. Le temps de travail ? Infime si vous travaillez avec de la toile de paillage, pas de désherbage, pas besoin de retourner la terre. Je fais çà et mange mes légumes et produit mes graines et mes plans, plus 3 brebis qui tondent les 1 hectare de terrain. Je les emmène au bélier une fois par an. Tous les ans 3 agneaux au congélo. 4 poules pour les oeufs et la poule au pot. Chacun fait ce qu’il veut de sa vie, mais moi comme mes voisins, au moment du confinement, nous n’avons pas du tout été dans la merde. Mais en ville c’était différent avec les super-marchés en panne de produits et des rayons vides, là il y a risque dans le contexte actuel. Le circuit court çà ne fonctionne que dans les campagnes, en ville c’est impossible. Après une tomate sans goût, c’est une tomate sans goût, chacun se nourrit avec se qu’il veut. Laurent, évitez d’avoir un avis sur quelque chose que vous ne connaissez pas.

  • Il est ou le circuit court pour alimenter une ville comme Paris?

  • Malgré mon pseudo, je consomme peu de produits tropicaux ou exotiques sauf… du café et un peu de cacao. Il me semble qu’il faille peut-être lancer toute discussion sur les circuits courts avec un militant de la cause à partir de trois aliments : avez-vous renoncé au café /thé/chocolat quotidien ? On connaît la réponse. A partir de cette première phase de double* culpabilisation (pour une fois, inversons la tendance et utilisons l’arme des écolos), on pourra continuer : à partir de quand un circuit est-il court ? Une journée de transport à cheval ? De fil en aiguille, on évoquera la route de la Soie, l’origine de l’invention de la faïence et de la porcelaine de Limoges puis de Sèvres, enfin tout sujet qu’on maîtrise un peu et qui rappelle que l’homme voyage, découvre, s’intéresse, acclimate, échange, avec plus ou moins de succès et que c’est merveille.

    *double culpabilité vis-à-vis de son empreinte carbone (sic) et, a contrario, s’il cesse d’importer ces produits, vis-à-vis des producteurs ivoiriens, boliviens, indiens…

  • Depuis la fin du confinement, aux rayons fruits et légumes je boycotte tout ce qui n’est pas marqué origine France.
    Même si c’est plus cher.

    • C’est votre choix: Vous faites ce que vous voulez avec votre fric. Tant que vous n’obligez personne a faire comme vous personne ne vous jettera la pierre.

  • @Laurent: Vous avez MILLE fois raison.
    Seuls ceux qui n’ont pas vraiment pratiqué, ignorent ces cruelles vérités.
    Nourrir une famille avec ses propres produits, nécessite leur contribution à quasi plein temps. Le Circuit Très Court est un fantasme qui ne résiste pas à une minute de calcul ni à un après midi de binage ! CF les « volontaires » agri du Covid…..

  • Il y a un ensemble de paramètres qui est très fréquemment oublié en théorie des échanges, ce sont les coûts de transaction. Dans le cas du circuit court, comment éviter de gaspiller son temps libre dans des achats courants ?
    De ce fait, il faut passer par un intermédiaire capable de proposer une grande variété de solutions, lequel est actuellement la Grande Distribution. Imaginons que cette dernière soit limitée aux circuits courts, tout ce qui fait sa réussite disparaît, ainsi que les produits variés du quotidien, accessibles à prix compétitifs.

  • Quand même, acheter des oignons de Nouvelle Zélande en Corse pose question. Et n’oublions pas que l’agriculture industrielle montre ses limites avec l’appauvrissement des sols. On ne pourra maintenir ce modèle très longtemps ou du moins à ce niveau.

    -1
    • « agriculture industrielle montre ses limites avec l’appauvrissement des sols »
      affirmation extraordinaire qui demande des preuves extraordinaires.
      C’est un mensonge: un agriculteur a tout intérêt à garder son potentiel de production, donc préserver son outil de production.
      C’est une fable répétée à l’envi, qui devient une réalité pour certain.
      Renseignez vous (évitez de ne lire que les époux Bourguignons).
      Juste un truc: appauvrissement des sols signifierait que le sol apporterait les éléments fertilisants aux végétaux: tout faux, et heureusement.

    • Là vous répétez une ânerie, ou une falsification de plus, des escrologistes. L’agriculture industrielle n’appauvrit pas les sols. C’est votre ignorance scientifique qui vous pousse à dire cela. Sinon les pépés qui cultivent un potager verraient leur sol stérile au bout de quelques années. Or il produit durant des siècles!

    • Euh, comment cultivez vous des oignons en Corse, pays de montagne?
      De la châtaigne, certainement, mais l’oignon, il faut l’importer. Et l’importateur ne semble pas débile.

  • Quelle alternative proposez vous ds votre article ? Aucune. Ou plutôt si :
    Le statut quo c est à dire une situation où les distributeurs sont les rois du jeu producteur / intermédiaires / distributeurs ?
    Votre article est presque un article à charge et sans solution alternative : pour résumé le circuit court y apparait comme étant une hérésie bobo ecolo et non rentable.
    Mais si cela se developpe, c est juste du bon sens et sans obligation d acheter. Et puis la je vouq rejoins ce n est pas pour tous les produits c c’evident.
    Pour prendre un parallèle est ce qu il vous viendrait à l idee de faire 2000 km pour aller acheter une voiture d occasion a l autre bout de la France ? Non. On essaye de l acheter au plus près a un orix de marche local car si l on met bout a bout le temps passé, les frais de deplacement, faire 2000 km n a pas grand sens.
    Le circuit court est une alternative crédible pour certains produits.
    Enfin la remarque sur les pesticides est un non sens. Nombre d agriculteurs en sont morts consciemment ou non et l impact negatif sur la santé a fait l objet de nombreuses etudes. Est ce sérieux de presenter les pesticides ainsi ? L agriculture intensive et l usage des pesticides ont montré leurs limites, et cela il serait norlal de le dire. De citer les chiffres aussi dur les rendelents, Pas besoin d’être ecolo pour le constater.

    -1
    • Cessez de répéter les conneries et mensonges débités par les écolos. L’INSERM a réalisé une étude épidémiologique sur la santé des agriculteurs, (http://cancerspreventions.fr/wp-content/uploads/2014/12/AGRICAN.pdf). Idem au USA par le NIH, Agricultural health study (www. aghealth.nih.gov). Le résultat est qu’ils sont en meilleure santé et moins sujets à développer un cancer que les autres membres de la population. Donc vous mentez également en prétendant que de nombreuses études démontrent la mortalité par les pesticides! De soi-disant études inventées par les écolos, comme ils ont l’habitude.

    • @ Jef
      Là vous répétez une ânerie, ou une falsification de plus, des escrologistes. L’agriculture industrielle n’appauvrit pas les sols. C’est votre ignorance scientifique qui vous pousse à dire cela. Sinon les pépés qui cultivent un potager verraient leur sol stérile au bout de quelques années. Or il produit durant des siècles!

    • Euh, pardon, le garagiste va vous la chercher à 1000 km de distance si nécessaire. Il travaille en réseau. Pour le circuit-court, contentez vous d’un âne…
      En plus, c’est sympa 🙂

  • Le transport maritime est extrêmement peu couteux. Ramené au poids transporté, il consomme très peu donc coûts imbattables. Ce n’est pas par hasard que les cité se sont développées sur la côte ou près de fleuves.
    Alors, on sort l’argument « les cargos polluent plus que la flotte automobile » sans avancer des chiffres fiables.
    Il y a des produits qui se prêtent bien aux circuits courts, d’autres non.
    Le juge de paix, c’est le prix, qu’on le veuille ou non.
    La semaine passée, en GMS, j’entendais les gens s’offusquer du prix de melons « français » (7€ les 2).
    Les responsables des GMS le savent très bien.
    Un peu de circuit court pour la com’, le reste, c’est business as usual.

  • Comme pour toutes les fadaises modernes…. Si ça marchait vraiment (et créait de la valeur ou à tout le moins n’en détruisait pas trop) il n’y aurait pas besoin d’en parler tout le temps et de le promouvoir.
    Si on doit faire la pub et faire intervenir le gouvernement pour promouvoir ou imposer une décision donnée, il y a beaucoup à parier que cette décision est mauvaise. Ça marche pour le socialisme, le « féminisme », « l’écologie » etc.

  • Des études montrent que en matière de bilan carbone, les circuit court ne sont pas forcément les plus performants: https://www.terra.bzh/node/27242

    En fait le problème avec les écolos et la gauche, c’est qu’ils appliquent de manière manichéenne une idéologie au lieu d’examiner au cas par cas de manière scientifique chaque facettes d’un problème.

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Xavier Hollandts est professeur associé à la KEDGE Business School. Docteur et HDR en sciences de gestion, il enseigne l’entrepreneuriat et la stratégie. Spécialiste des questions agricoles, il intervient régulièrement sur ces sujets dans les médias. Ses travaux académiques ont notamment été publiés dans Corporate Governance, Journal of Institutional Economics, Managerial and Decision Economics, ou la Revue Économique.

 

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