Feu d’artifice du 14 juillet : entre arrogance, lâcheté et bêtise

Pourquoi maintenir, « malgré la crise sanitaire sans précédent qui frappe durement notre pays », le feu d’artifice du 14 juillet sans public pour le contempler ?

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Feu d’artifice du 14 juillet : entre arrogance, lâcheté et bêtise

Publié le 14 juillet 2020
- A +

Par Olivier Maurice.

L’État d’urgence sanitaire est officiellement terminé depuis le 10 juillet. Les mesures exceptionnelles, les restrictions de libertés et autres zèles réglementaires sont donc supposés être redevenus anticonstitutionnels car non votés et non conformes aux principes établis dans la constitution de 1958.

Ils sont donc censés disparaître.

Sauf… Sauf que depuis 1958, il y a eu la déclaration de Rio, la conférence de Stockholm, la loi Barnier, l’affaire du sang contaminé, la vache folle, les lasagnes à la viande de cheval et mille autres petites et grandes catastrophes médiatisées, mille petites et grandes fins du monde, mille raisons d’appliquer le principe de précaution, selon lequel « l’absence de certitudes… ne doit pas retarder l’adoption de mesures ».

Sauf que depuis 1958, la logique du monde s’est inversée : ce n’est plus ni la connaissance, ni la raison, ni la responsabilité qui dirigent le monde, mais l’arrogance, la lâcheté et la bêtise.

Arrogance

L’arrogance, c’est de pérorer fièrement, tel un yorkshire aboyant devant une meute de rottweilers, en décidant de maintenir le feu d’artifice du 14 juillet « malgré la crise sanitaire sans précédent qui frappe durement notre pays », c’est d’ériger un « symbole de la résilience de notre capitale et de notre Nation » pour rendre « hommage à tous les héros du quotidien qui ont œuvré pendant la durée de l’épidémie »…

L’arrogance, c’est dire être fier d’être Français, d’être Parisien et d’être un survivant de l’apocalypse, en éclipsant totalement les chiffres qui font de la France, de la région parisienne et de Paris un des épicentres de la pandémie, l’un des lieux au monde qui a été le plus touché, où le taux de mortalité a été parmi les plus élevés et où la politique publique peut se résumer en un seul mot : rien.

Ne rien faire, ne pas se soigner, ne pas se regrouper, ne pas sortir de chez soi, faire le dos rond et attendre que ça passe.

L’arrogance, c’est de fêter en fanfare un gigantesque fiasco sanitaire, économique et politique.

Lâcheté

La lâcheté, c’est de céder à la peur. Pire, c’est d’entretenir la peur, par commerce sans doute pour certains, mais surtout par précaution, pour se couvrir, pour éviter d’avoir un jour à s’expliquer, d’avoir à répondre aux questions, d’être forcé de montrer que l’on est capable de répondre, que l’on est response-able. Le terme est bien plus explicite en anglais.

La lâcheté, c’est d’interdire les rassemblements de plus de 5000 personnes quelle que soit la promiscuité de celles-ci, et donc par application stupide, de transformer en no man’s land tout le quartier du Champ-de-Mars, du Trocadéro, du Pont de l’Alma, de l’île aux Cygnes… Pas pour éviter quoi que ce soit, mais parce que l’on ne sait jamais : on ne sait jamais, si l’épidémie pouvait repartir.

Comme si les gens n’avaient pas compris ce qu’il se passait, ce qui s’était passé. Comme si les gens étaient incapables de prendre leurs responsabilités. Comme si les gens n’avaient pas compris qui la maladie frappait en premier, comment on pouvait réduire les risques, à quoi on devait s’attendre si on l’attrapait…

La lâcheté, c’est d’interdire dans l’unique but de pouvoir se couvrir si besoin, en incriminant l’incivilité et le non-respect des consignes, en reportant la faute sur les citoyens.

Bêtise

La bêtise, c’est de bloquer la moitié d’une ville, de dépenser une somme faramineuse, d’augmenter encore plus que d’habitude les embouteillages, pour un spectacle que personne n’aura le droit de regarder, que personne ne regardera et qui n’a comme unique objectif déclaré que celui de transformer en victoire un magnifique cafouillage, une flagrante impréparation et une gigantesque panique.

La bêtise, c’est de croire depuis des années des politiciens dont l’unique slogan est de proclamer tous en chœur comme un seul homme : « J’ai l’honneur de vous annoncer que pour enrichir le royaume je vais faire périr tous les nobles et prendre leurs biens ». De les croire et de constater les dégâts sans rien faire.

La bêtise, c’est d’être gouverné par le roi Ubu.

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  • Le roi Ubu serait ils ensemble le calife élyséen macron et le vizir castex et leur clique ?

  • Les mêmes qui interdisent au « peuple » de se rassembler pour voir le feu d’artifice s’embrassaient à qui mieux mieux le soir des élections, devant les caméras de télé complaisantes, n’est ce pas Mme Hidalgo?

  • Les aristos font la fête entre eux, il y aura quelques personnes pour voir ce feu d’artifice, même sans doute des gens du peuple… Et après grand banquet à….
    On fête quoi la 14 juillet?

  • Tristement vrai.
    Le pire étant qu’une majorité de la population a été rendue incapable de réfléchir, ou simplement de voir la réalité. Elle est donc perméable à toute la propagande qui déferle sur ce pays. Propagande qui ne vise qu’à un asservissement total.
    Et le pire du pire, c’est que ceux qui essaient de rester lucides et libres, ceux qui se rappellent comment s’instaurent les dictatures, se font agresser car, bien sûr, il faut « obéir aux ordres ». Comme en 42.

  • Il y a quelques années, je me suis trouvé par hasard à Copenhague le soir du 31 décembre. Les Danois ont l’habitude de fêter la nouvelle année avec des feux d’artifice que chacun achète et fait partir. Je me souviens de cette ville entière embrasée, pendant plusieurs heures, sans qu’un « grand chef » ne l’ordonne.
    En France, c’est l’Etat ou la Mairie de Paris qui décide « d’offrir » un feu d’artifice au peuple. C’est l’Etat qui decide quand, où, dans quelles conditions, si c’est prudent ou pas… jusqu’à ce concept délirant de feu d’artifice sans public.
    Regardons le résultat des pays véritablement libres face à l’épidémie, et comparons avec les nôtres. C’est édifiant…

  • ben les gens regarderont le feu d’artifice de leur maison , de leur balcons , ou enfermé dans leur bagnoles ….avec ou sans masques ; c’est bien ce que veut le gouvernement : cloîtrer les citoyens tout en dépensant bêtement leur argent ….

    • Ils regarderont le feu d’artifice sur leur smartphone dans leur bagnole cloîtrée dans leur garage …

      • Contre-ordre : pour réduire l’empreinte carbone des smartphones, ils écouteront le feu d’artifice à la radio dans leur bagnole cloîtrée dans leur garage.

  • Ce feu d’artifice, en pleine guerre, c’est comme si il avait été tiré à Paris pour en fêter la fin en 1941. Mais Pétain n’avait pas osé. Les temps changent or la France est toujours et de plus en plus grippée de partout.

    • Vous connaissez assez mal l’histoire de France .En 1941, il y a deux France. La France occupée sous autorité allemande et la France (provisoirement libre) sous l’autorité d’un gouvernement français dirigé par Pétain.
      Paris étant dans la zone allemande, le gouvernement de Pétain n’aurait eu aucune compétence à prendre des décrets concernant Paris.
      De toute façon Pétain n’aurait pas autorisé un feu d’artifice à Marseille ou à Toulouse, pour commémorer le 14 juillet car le régime pétainiste, sans être royaliste, bannissait la Révolution Française et ses origines maçonniques.

      • Merci pour la leçon, vous êtes très instruit. Je viens juste d’obtenir mon bac et ne peux tout savoir. Ainsi j’ai la tête en fête, c’est rigolo.

  • La France c’est génial. Pour assurer la sécurité, il faut réglementer pour empêcher les rassemblements. Mais pour faire plaisir aux petits copains, il ne faut pas interdire les spectacles et même les encourager. (Souvenez vous de Macron qui allait au théâtre en grandes pompes une semaine avant de cloîtrer tous les français).

    Les Enarques ont donc inventé les spectacles sans spectateurs. Après les avions à pédale, les voitures cloîtrées au garage, la normalisation administrative du nombre de cachet de paracétamol à prendre selon chaque maladie, la distance à respecter pour se protéger des sauts quantiques du virus, il leur fallait se surpasser.

    En attendant le nombre d’inspiration et d’expiration de CO2 autorisées par français et par jour … On a soviétisé l’administration, non pas au nom de la dictature du peuple mais de la dictature des élites. Et les Français en demandent encore plus ?!?

  • J’ai découvert qu’une commune proche de chez moi avait décidé de reporter en septembre le feu d’artifice du 14 juillet.
    C’est merveilleux, Pierre Dac aurait pu l’inventer, c’est le « monde d’après ».

  • Je suis quelque peu mitigé sur le maintien du feu d’artifice, certes, mais cela reste un symbole fort qui est bon pour le moral tout simplement. En gros, je suis à 80% pour et 20% contre.
    Sinon, l’auteur fait un paragraphe sur l’arrogance et ensuite il défend l’arrogance dans celui sur la lâcheté…
    Bref, cet article pour taper sur Hidalgo se contredit totalement.
    Et si l’auteur croit que personne ne va regarder le feu d’artifice (ses mots : un spectacle que personne n’aura le droit de regarder, que personne ne regardera), il devrait me montrer où il est écrit qu’il est interdit de regarder le feu, de sortir dans la rue pour le regarder, de se réunir en petits groupes, sur son balcon, dans les squares. Certes un périmètre existe, mais c’est tout.

    • Plus qu’aucun autre, le feu d’artifice symbolise une fraternisation et en tant que spectacle nécessite une proximité pour bénéficier de bons angles de vue et « ressentir » le tumulte.

      Outre le ridicule de la fraternisation au rabais et des grands moyens déployés pour peu de chose, le message de « continuation dans l’adversité » est contredit par le message des pastèques de refus de s’adapter aux circonstances quelles qu’en soient la gravité.

      • votre besoin personnel de promiscuité physique et de forte proximité avec le feu d’artifice n’engage que vous. D’autres personnes l’aiment autrement.
        Rapport pastèques avec la choucroute ? Aucun.

        • Où ai-je formulé un désir de proximité physique ? (Je déteste la foule).

          J’ai parlé de proximité avec le feu d’artifice. L’idée de proximité humaine est l’idée des pastèques, et ils ne veulent pas comprendre que c’est incompatible avec le virus.

          • J’ai cru le lire quand vous avez écrit « fraternisation ». Bon ben au moins on a un point en commun… horreur de la foule.
            Mais je pense que l’interprétation que vous faites de l’idée des pastèques est autant erronée que la mienne au sujet de votre fraternisation.

            • Je ne le crois pas ! Les rassemblements « festif », « fête de la musique », « Gay-pride », « vivre-ensemble », sont le credo d’une certaine « élite ». Un article récemment sur CP déplorait l’effet de la « distanciation » …

              Autant je suis d’accord sur le fond, autant je suis en pétard sur la forme que peut prendre le « progressisme » et sa collusion avec toutes les idées branchées, utopistes, socialo-bisounours, bobo-écolo, libero-négationistes ou les manipulations. Et dans le cas présent, les gens refusant de voir la réalité en face sont carrément dangereux.

              Je viens de consulter la courbe du CO2 à Mona-Loa où le CO2 anthropique a disparu (sa baisse est invisible), et le grand silence en la matière confirme mon impression de foutage de gueule des « scientifiques » climatologues.

              • Si certains critiquent un certain constructivisme social au travers de ces rassemblements festifs, d’autres y voient simplement un vivre ensemble, un partage de symboles sociétaux. Oui, parfois ça en est ridicule, exagéré. Mais perso, une commune ou une région ou un pays qui se bouge pour animer l’espace public en rassemblant les citoyens, je suis plutôt pour. C’est aussi partie du patrimoine, de la culture. C’est faire société (ce qui est une de mes critiques envers le libéralisme contrepointiste : l’incapacité de ce qui est proposé à faire société).
                Pour ce qui vous met en pétard, je ne suis pas sûr de comprendre exactement à quoi vous faites allusion.
                Pour le CO2 et le climat, je pense que vous connaissez ma position sur le sujet.

    • 80% pour et 20% contre : c’est un noui plutôt qu’un ouin …

  • Entre le défilé sans public et le feu d’artifice sans spectateur, 2020 restera comme l’année où on a inventé le 14 juillet sans peuple.
    Pour son bien, évidemment… Qui en douterait ?

  • Vous connaissez assez mal l’histoire de France .En 1941,il y a deux France.La France occupée sous autorité allemande et la France (provisoirement libre) sous l’autorité d’un gouvernement français dirigé par Pétain.
    Paris étant dans la zone allemande, le gouvernement de Pétain n’aurait eu aucune compétence à prendre des décrets concernant Paris.
    De toute façon Pétain n’aurait pas autorisé un feu d’artifice à Marseille ou à Toulouse, pour commémorer le 14 juillet car le régime pétainiste, sans être royaliste, bannissait la Révolution Française et ses origines maçonniques.

  • Une seule question : pourquoi 5000 et pas plus ou moins ? ? ? Nous sommes dans l’arbitraire le plus stupide et injustifiable par quelque moyen que ce soit ! Vive la bureaucratie auto-justifiée ! Un jour, il y aura une vrai révolution et pas seulement des bonnets rouges et des gilets jaunes….Il y a déjà le parti des « à quoi bon » qui s’abstiennent d’aller voter aux scrutins politiques ou sociaux (combien d’électeurs pour les représentations syndicales ?). Il y aura bien un jour la guillotine place de la concorde………

  • excellent article…à diffuser partout.

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