La « science », le mot magique des politiciens

« Suivre la science » : une incantation magique constamment invoquée par les politiciens pendant la crise du Covid-19.

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La « science », le mot magique des politiciens

Publié le 19 juin 2020
- A +

Par Michel Kelly-Gagnon et Alexandre Massaux.
Un article de l’Institut économique de Montréal

Au cours des derniers mois, nous avons entendu à de très nombreuses reprises les décideurs publics de tout acabit, un peu partout à travers le monde, justifier leurs actions sur la base du fait qu’ils ne faisaient que « suivre la science ».

Bien que cela ait été par ailleurs vrai dans certains cas, force est de constater que la science a eu le dos large dans toute cette crise.

En fait, comme l’explique Raymond J. de Souza  dans le quotidien canadien The National Post : les décideurs ne suivent pas la science, mais ils prennent plutôt connaissance de divers résultats scientifiques – lesquels peuvent ultimement se révéler valides ou non – pour prendre ensuite des décisions politiques.

Il s’agit là d’un processus normal que nous ne critiquons pas en soi, mais qui permet de relativiser la force probante de cet argument. De par leur nature, les résultats scientifiques décrivent ce qui se passe et ne prescrivent pas les actions qui doivent être posées en réaction à ceux-ci.

Dès lors, lorsqu’un politicien tente de justifier son action en laissant entendre qu’il ne fait que « suivre la science », c’est un non-sens car la science n’est assurément pas une religion avec des préceptes gravés dans le marbre, auxquels il faut obéir aveuglement ou docilement.

Comme le fait remarquer le président de la Royal Society Venki Ramakrishnan, la science est toujours en mouvement et la recherche évolue en fonction des résultats. Une théorie scientifique qui peut sembler juste ou largement consensuelle à un moment donné précis dans le temps peut se révéler fausse peu de temps après quand des démonstrations contraires apparaissent.

De plus, comme le mentionne le Dr. Didier Raoult, la méthode scientifique est impactée par la culture. À titre d’exemple, la méthodologie utilisée en Chine n’est pas identique à celle de l’Amérique du nord, pas plus que ne l’est la façon de communiquer les résultats des recherches ainsi effectuées.

Le Covid-19 a d’ailleurs bien montré qu’il n’existait pas de consensus scientifique sur les traitements pour lutter contre le virus mais aussi sur sa dangerosité. Et le peu de consensus qui pouvait exister a fluctué et continuer de fluctuer à travers le temps.

Dès lors, « suivre la science » revient, pour un politique, à se ranger derrière certains experts qui pourront être contredits par une autre partie de la communauté scientifique. La politique repose sur des débats entre des points de vue issus de valeurs opposées.

L’utilisation de la science par le personnel politique revient à camoufler, consciemment ou non, les valeurs et les choix politiques pour ensuite les imposer comme une vérité scientifique afin de faire l’économie des débats qui devraient normalement avoir cours.

Le danger de la politisation de la science

Une dérive de la politisation de la science est de manipuler les données pour les relier à des problématiques peu scientifiques. Le fait que plus de 1000 experts scientifiques soutiennent les manifestations BlackLiveMatter malgré le risque prétendu de propagation du Covid-19 démontre cette tendance à faire passer l’actualité politique avant la recherche.

Cette position est d’autant plus surprenante que cette même élite politico-médiatico-sanitaire a par ailleurs été extrêmement critique envers les relativement petites manifestations anti-confinement aux États-Unis. On peut comprendre que la population puisse être confuse face à tout cela.

De plus, cette politisation de la science suscite ultimement une méfiance envers le monde scientifique au sens large. Une situation qui favorise malheureusement le développement des théories du complot et de l’extrémisme et qui perturbe encore davantage le bon déroulement du débat public et de la recherche.

La science est essentielle pour trouver des solutions médicales au Covid-19 comme, par exemple, des traitements et un vaccin. L’instrumentalisation de la recherche par le politique peut, elle, avoir au contraire l’effet inverse. Il devient dès lors urgent que les politiques et les commentateurs médiatiques arrêtent d’invoquer la science, comme s’il s’agissait d’une incantation magique, pour justifier leurs choix politiques ou leurs préférences idéologiques.

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  •  » la science n’est assurément pas une religion avec des préceptes gravés dans le marbre, auxquels il faut obéir aveuglement ou docilement. »
    En ce qui concerne le climat, si.

    • Je ne vois pas bien le rapport entre les élucubrations de l’IPCC (GIEC) et la science.

      • L’idéologie à l’œuvre : beaucoup de libertatiens, qui sont par ailleurs très attachés aux consensus scientifiques dans de nombreux domaines, le rejettent pour la question du climat (qui n’arrangent pas leur idéologie). Au contraire, les écologistes, qui rejettent beaucoup des consensus scientifiques (non dangerosité des OGM, du nucléaire, etc.) les acceptent lorsqu’il s’agit du climat, ce qui arrange leur idéologie.

        • ?? Il n’y a aucun consensus scientifique concernant le climat justement sauf à dire qu’on ne connait pas grand chose et qu’on est véritablement incapable d’expliquer et de comprendre ses évolutions. On constate c’est tout.

          S’il y a un consensus sur le RCA, il est idéologique. Il se donne une couleur scientifique en utilisant certaines données scientifiques mais en refusant de prendre en compte d’autres éléments scientifiques. Ce n’est donc absolument pas un consensus « scientifique » sur le climat.

        • Croire que la sainte méthode scientifique est faillible, n’a rien d’anti-libéral, c’est plutôt une position saine.

          • Ces incantations pour des gens qui sont d’une nullité crasse pour la quasi totalité d’entre eux dans les domaines scientifiques et techniques ressemblent fort aux appels à la pluie des sorciers africains.

            • Oui on peut voir la chose de plusieurs manière différentes, aucun doute la dessus, mais la croyance pure et dure reste négative.

  • « Une théorie scientifique qui peut sembler juste ou largement consensuelle à un moment donné précis dans le temps peut se révéler fausse peu de temps après quand des démonstrations contraires apparaissent.

    De plus, comme le mentionne le Dr. Didier Raoult, la méthode scientifique est impactée par la culture. »

    – Je ne suis pas forcément en désaccord avec l’essence de cet article (bien que je me demande tout de même s’il ne combat pas un homme de paille). Seulement, je considère qu’aujourd’hui, le scientisme est un danger beaucoup moins grand que son adversaire, à savoir le relativisme socio-culturel des connaissances scientifiques.

    • Le problème est de savoir ce qu’on appelle « connaissance scientifique ».

      Si un article de « the lancet » devient une « connaissance scientifique », même s’il est écris par des chercheurs avides de reconnaissance et de financement à partir de données fournies par des escrocs, alors il ne faut s’étonner de rien. Ni du relativisme, ni du rejet pur et simple de la science : un article n’est ni « la science », ni même la science connue à un moment donné. On ne devrait même pas en parler en dehors du cercle des chercheurs.

      Et il serait hasardeux de croire à un cas isolé. On sait comment fonctionne le système de financement basé sur le nombre de publications. On sait l’inculture scientifique des politiques et la naïveté politique des scientifiques. (Comme le mathématicien Chasles qui avait acheté des lettres autographes de Cléopatre rédigées en français).

      • Même le grand Mendel manipulait des données truquées.
        La science est une activité humaine, trop humaine.

      • la science normalement est l’ensemble des connaissances..
        alors connaissance scientifique..
        dans le cas d’espèce l’imprecision sur le sens de science, qui désigne maintenant la communauté des chercheurs, les études publiées non vérifiées etc.. fait que suivre la science ne veut rien dire de précis..

        la science ne donne d’ailleurs pas de direction..mais établit la vérité..
        alors suivre la science il faudrait dire à la place de suivre les préconisations et l’expertise d’un groupe de chercheurs.. et les gens pourraient poser la question est ce que l’expertise d’un scientifique vaut plus que celle de monsieur toutlemonde..

        • « l’expertise d’un groupe de chercheurs »

          Comment pourrait-il y avoir une expertise dans le recherche ?

          Quand je cherche mes clés, c’est que je ne sais pas où elles sont et je ne prétends pas être un expert en clés égarés !

  • La. Science m’a dit est mieux que ma voyante m’a dit pour convaincre des crédules mais pas aussi idiots que ca. il va falloir trouver un autre mot en urgence le mot science remplace dorénavant le mot charlatan comme spécialistes experts docteurs et autres titres ne voulant plus rien dire.

  • Même le grand Mendel manipulait des données truquées.
    La science est une activité humaine, trop humaine.

  • Il est déjà apparu dans l’histoire que plus une idéologie se pare de scientificité, plus elle va loin dans la coercitin, voire dans la violence.
    Et la population, dans son ensemble, n’a pas (plus?) des réflexes scientifiques de base (raisonnement logique, charge de la preuve etc…)

  • Les scientifiques ne sont pas responsables puisqu’ils ne donnent que des conseils.

    Les politiciens ne sont pas responsables puisqu’ils ne font que suivre les conseils des scientifiques.

    L’Etat obèse : merveilleux royaume de l’irresponsabilité, partout, tout le temps.

  • Et encore, cet article ne mentionne pas l’une des dérives les plus graves: que « la science » soit prise en otage par des intérêts économiques n’ayant rien à voir avec l’intérêt public supposé être défendu par les politiciens.

  • Les commentaires sont fermés.

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