État français : toujours un train de retard

La crise du covid est pratique finalement : l'Etat français donne un signal clair de ce qu'il ne faut pas faire et de ce qui est fait trop tard.
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État français : toujours un train de retard

Publié le 15 juin 2020
- A +

par h16

La crise sanitaire mondiale donnera, on s’en doute, du grain à moudre aux futurs historiens. On se penchera sur les limitations, lacunes et errements plus ou moins consternants de certains États, à commencer par le français. Cependant, on peut déjà noter un motif récurrent.

Et à mesure que les informations se font plus précises, que les actions du gouvernement finissent par aboutir à des résultats qu’on peut évaluer concrètement, ce motif apparaît dans toute sa douteuse splendeur : décidément, l’État, c’est cette congrégation de carabiniers d’Offenbach qui tentent d’assurer la sécurité des foyers, mais par un malheureux hasard, au secours des particuliers, ils arrivent toujours trop tard.

C’est ainsi qu’on découvre, pas réellement surpris, que l’application StopCovid n’est pas tout à fait aussi performante qu’attendu… sauf, cela va de soi, en matière de cramage de pognon public : après un démarrage présenté comme formidable puisqu’un peu plus d’un million de personnes auraient installé l’application sur leur téléphone, l’application ne semble pas rencontrer plus d’intérêt que ça puisque seulement 350 000 utilisateurs l’utiliseraient activement.

Quant au coût global de l’application, à 100 000 euros par mois, il ne laisse pas d’étonner, notamment par les arguments stupéfiants soutenus par le gouvernement pour expliquer cette somme manifestement en décalage avec les besoins réels d’une telle application (qui seraient fortement inférieurs) : d’abord, « la santé n’a pas de prix », ce qui semble justifier qu’on ne regarde pas à la dépense. Ensuite, cette somme n’est qu’un « petit epsilon » dans les dépenses de l’État, après tout. Le contribuable appréciera. Dassault, le fournisseur, aussi.

Il n’en reste pas moins que cette application arrive à point nommé, c’est-à-dire au moment où l’épidémie est terminée…

Ce sens diabolique du timing doit aussi être apprécié à l’aune des truculentes aventures des masques sanitaires : parfaitement inutiles début mars et ce d’autant plus qu’il n’y en avait plus dans les réserves stratégiques et qu’une habile réquisition avait rendu impossibles leur production et leur acheminement sur tout le territoire, ces masques devinrent rapidement obligatoires une fois que leur surproduction devint inévitable : mi-juin, la France croule sous des masques que les industriels auront été pressés de produire par une élite résolument en retard d’une guerre.

Rassurez-vous, ce n’est pas tout : ce qui est vrai pour l’application et pour les masques l’est pour tout le reste, tests compris. La France dispose maintenant (enfin !) de tests rapides et fiables en quantité industrielle… Qui ne serviront qu’assez peu : le nombre de malades n’arrêtant pas de chuter, il va devenir difficile de trouver à les utiliser. Et alors que le matériel et les réactifs nécessaires auraient pu être commandés et distribués dès janvier (comme le fit l’Allemagne), la France aura choisi l’option étonnante de tout miser sur le mois de juin pour tester sa population plus ou moins massivement, c’est-à-dire au moment où l’impact est négligeable…

Avec la même perspicacité, on peut donc raisonnablement parier qu’un vaccin, s’il est même possible (ce qui reste très improbable), sera judicieusement disponible au moment où le virus aura suffisamment muté pour le rendre globalement inefficace.

Il faut se rendre à l’évidence : l’État indique assez bien, par ses actions et son micro-management ridicule, lorsqu’il est déjà trop tard et donne une bonne idée de ce qu’il ne faut surtout pas faire.

De ce point de vue, il permet de montrer, une fois encore, que les politiciens sont toujours en retard par rapport à la vie réelle, et, en bonnes mouches du coche, distribuent le plus souvent des conseils inutiles voire nuisibles.

Comme pour le reste, si l’Histoire nous enseigne quelque chose en France c’est que son État y a toujours consciencieusement préparé la guerre précédente. Il fournit toujours, après coup, des stratégies et des idées pour la guerre qui a déjà eu lieu, pour les combats qui sont déjà passés et ce qui ne se reproduira donc plus.

Dans ce contexte, on ne pourra qu’être particulièrement inquiet des dernières tendances gouvernementales : devant la véritable explosion de l’épargne des Français en ces temps de crise, et alors même qu’on sait maintenant que ce taux d’épargne a un effet significatif sur le bonheur individuel, on s’étonnera de trouver des appels renouvelés du gouvernement à relancer l’économie en utilisant aussi largement que possible cette épargne si copieusement accumulée.

Pour nos cadors du gouvernement, ceux-là même qui trouvaient les masques inutiles puis indispensables, qui n’ont pas jugé utile de tester, tester, tester mais qui poussent maintenant tous les laboratoires à le faire compulsivement, qui n’ont pas hésiter à sortir le chéquier étatique pour une application dont tout indique qu’elle coûte mais ne sert à peu près à rien, l’épargne semble maintenant un handicap pour le pays qu’il lui faut réduire vaille que vaille.

Ici encore, le gouvernement montre que le bonheur des Français lui importe peu : la relance de la consommation lui est indispensable s’il veut pouvoir continuer à subventionner le système actuel, ce monde d’après qui ressemble comme deux gouttes de fiel au monde d’avant dans lequel une petite coterie se gave au détriment de la masse et qui repose intégralement sur des distributions de prébendes et d’avantages bureaucratiquement distribués.

Dès lors, les messages qu’il émet actuellement, les incitations qu’il produit ne peuvent que provoquer la plus grande méfiance.


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  • C’est sur qu’à force de compter sur la SNCF… Et si on essayait la DB?

    • Je suis pas hyper satisfait de la DB… Je l’ai utilisée plusieurs fois et je trouve que c’est pas une panacée non plus. Je trouve que les trains anglais modernes sont mieux en terme de service. Mais bon ça reste subjectif…

  • Un train de retard.. Il ne faut pas oublier un truc très important, la France est dirigée par des intellectuels amoureux des arts et des artistes, avant de prendre une décision ils doivent réfléchir longtemps longtemps longtemps et finissent par dépit à faire le mauvais choix… Ça m’arrive tout le temps, très chiant.

  • la France a toujours un train de retard, sauf….quand il s’agit de ponctionner les contribuables ….rendons lui au moins cette justice …;

  • Puis-je me permettre de corriger le Titre en y ajoutant une petite parenthèse?

    Etat français: toujours un train de retard (sauf en matière des prélèvements, parce que là mon gars, ils sont toujours à la pointe, toujours rigoureux, toujours créatifs et innovants).

  • Ne sont-ce pas les français qui ont un train de retard ?

    Mais il ne faudrait surtout pas gâcher les vacances.

    Comme dit un homme d’affaire British qui fait faillite le vendredi soir : « qu’est-ce que je vais m’inquiéter lundi matin » …

  • Un train en retard, mais premier à créer une commission d’enquête. En cas de crise, il est en effet urgent d’identifier un lampiste à vouer aux gémonies pour détourner l’attention du train qui n’a pas eu de conducteur ( et, cette fois-ci, ce n’est pas la faute de la CGT )

  • Pour ma part je vais essayer de garder un train d’avance en restant « en même temps » un bon français et en devenant un mauvais français. Bon français en respectant les règles ce que j’ai fait pendant le confinement. Il m’a cependant fait réaliser que je n’avais besoin de rien de plus que ce que j’avais déjà et donc j’ai très peu dépensé. Mauvais français parce que je n’ai pas envie de me lancer dans une frénésie de dépenses inutiles pour sauver une situation déjà très fragile et en plus payer des impôts. Je vais tenter de sauver mon épargne tout en sachant que celle ci fera l’objet de la concupiscence de l’administration fiscale, soutenue par quelques économistes, pour qui l’épargne est à la source de tous les maux car ce n’est pas de l’argent circulant. Je trouverai bien une niche pour la préserver.
    Je ne vais quand même pas manger quatre fois par jour… très mauvais pour la santé…

  • « Avec la même perspicacité, on peut donc raisonnablement parier qu’un vaccin, s’il est même possible (ce qui reste très improbable) »
    Rassurez-vous, même improbable, même inefficace, on l’aura, notre vaccin, et obligatoire en plus. 6.5 milliards de doses à 2€ pièce, ça fait saliver…

  • Une seule solution réaliste : les régions qui ne veulent pas couler avec l’état central doivent s’engager dans la reprise de leur indépendance.
    Le site pour discuter de cela : https://libland.be

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