États-Unis : quand l’État entrave dangereusement le combat contre la pandémie

La Food and Drug Administration (FDA) a causé un délai impardonnable dans la réaction américaine contre la pandémie.

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États-Unis : quand l’État entrave dangereusement le combat contre la pandémie

Publié le 31 mars 2020
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Par Aurélien Chartier.

Alors que la pandémie du coronavirus frappe de plein fouet les États-Unis avec plus de 100 000 cas depuis vendredi dernier, on peut se poser la question de savoir si la réaction du gouvernement a été suffisamment rapide pour endiguer la progression du virus. Les premiers jours sont cruciaux pour ralentir le taux d’infection en mettant en place dès que possible des mesures visant à limiter les interactions entre personnes.

Le premier cas de coronavirus dans l’État de Washington ayant été détecté dès fin janvier, il semble étrange que les premières mesures de confinement ne soient apparues qu’en mars. Les entreprises du domaine informatique, très présentes à Seattle, ferment alors leurs bureaux, enjoignant leurs employés de travailler depuis chez eux. La réponse politique suit la semaine suivante : fermeture des écoles le 12 mars, des commerces non essentiels le 15 mars, puis stay at home order le 22 mars.

Le rôle de la FDA

Un article du New York Times aide à comprendre le délai entre ces événements, éclairant le rôle de la FDA, l’organisme fédéral américain en charge de la régulation des médicaments. Helen Chu, experte en maladies infectieuses à Seattle, était en charge d’un groupe de recherche sur la grippe. Le test développé par ce groupe pouvait être adapté pour détecter le nouveau coronavirus. Seul souci : le test était développé par un laboratoire de recherche, et non pas un laboratoire clinique, empêchant le test d’être validé par la FDA.

L’équipe de chercheurs entame alors une discussion avec l’État de Washington, la FDA et le CDC, l’agence fédérale américaine en charge de la protection de la santé publique. Scott Dowell, directeur adjoint de la Bill & Melinda Gates Foundation qui finance l’étude en question, contacte directement la CDC le 10 février pour parer à ce problème bureaucratique. Peu après, le docteur Lindquist, épidémiologiste en chef de l’État de Washington, contacte également le CDC, demandant à ce que le test puisse être utilisé pour contrôler l’avancée du coronavirus.

Le CDC donne une réponse négative à ces demandes. S’ensuit une discussion par email d’une semaine où le CDC explique ne pas pouvoir valider le test si la FDA ne donne pas son accord. Cette dernière refuse de le valider tant que le laboratoire de recherche n’est pas certifié par le CMS, une autre agence fédérale. Le journaliste précise que le processus de certification en question prend plusieurs mois.

Pendant ce temps, le CDC développait son propre test qui se trouvait déployé dans le pays, mais produisait de nombreux résultats invalides. Le CDC promet de déployer un nouveau test dans les prochains jours. Le déploiement aura finalement lieu deux semaines plus tard et seulement dans cinq États. Ceux de Washington et New York n’en faisaient pas partie.

Le 24 février, alors que les cas de coronavirus se multiplient aux États-Unis, les laboratoires de recherche adressent une lettre groupée au commissaire de la FDA, le suppliant de les laisser utiliser leurs tests. La réponse de la FDA arrive deux jours plus tard : les laboratoires sont libres de proposer leurs tests à la FDA pour une autorisation d’urgence, un processus coûteux que les laboratoires de recherche n’ont pas les moyens d’exécuter.

« Arrêtez de tester »

Le 25 février, l’équipe de chercheurs de Seattle décide d’ignorer les ordres de la FDA et commence à tester plusieurs échantillons. Un des cas positifs se trouve être un adolescent qui n’avait voyagé nulle part les mois précédents. Prévenu dans la foulée, son école ferme par mesure de précaution. L’équipe de recherche et les responsables de santé publique de Seattle ont alors une nouvelle réunion avec la CDC et la FDA pour les informer de leurs résultats. Réponse de ces derniers : « arrêtez de tester. »

Le lendemain, les agences fédérales s’assouplissent légèrement et autorisent les laboratoires à tester leurs échantillons, puis reporter les résultats à la FDA, mais pas aux responsables de santé locaux.

Le 2 mars, l’équipe de recherche de Seattle décide de désobéir aux règles de la FDA et de rendre public leurs résultats. La région comptait alors déjà 22 morts, la majorité dans une maison de retraite et son hôpital adjacent dans la banlieue de Kirkland.

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Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • Quand je pense à tous les médias US et français qui accusent Trump de manque de réactivité face à l’urgence , on voit bien que les administrations sont les vrais responsables aux USA comme en France.
    Il va falloir que les commissions d’enquête parlementaire fasse leur travail.
    Dans les pays anglo saxons où les parlements ont beaucoup de pouvoir ça risque de saigner , en France , tout sera étouffé!

  • Voilà de bonne condition pour une « class action » contre la FDA et le CDC.
    Il est curieux que ces blocages aient eu lieu uniquement dans l’état de Washington et celui de N.York (la liste de l’auteur n’est peut-être pas exhaustive) tandis que d’autres états ont pu utiliser ces tests. Cela voudrait que toutes les directions locales de la FDA n’ont peut-être pas été aussi obtuses ou que les gouvernements locaux sont passés outre.
    Les avocats doivent aiguiser leurs couteaux…

  • Belle confirmation de ce que sait déjà tout observateur sensé: la bureaucratie administrative constitue la principale menace contre l’espèce humaine.

  • L’État de Washington et celui de New York sont des états démocrates. Cela explique peut-être qu’il y a plus de bureaucratie .

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