La CGT, un négociateur social en perte de vitesse

Pourquoi la CGT, malgré les concessions très importantes consenties par le gouvernement, continue-t-elle dans sa guerre de tranchées en visant un seul objectif, le mettre à genoux ?

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Manifestation à Paris contre la "réforme" des retraites By: Jeanne Menjoulet - CC BY 2.0

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La CGT, un négociateur social en perte de vitesse

Publié le 11 janvier 2020
- A +

Par Michel Ghazal.

La crise provoquée par le projet de réforme des retraites du gouvernement ressemble à plein d’égards à une représentation théâtrale d’une pièce qui se déroule dans une arène à ciel ouvert à laquelle le spectateur/citoyen est contraint d’assister même s’il n’a pas acheté son billet.

Chacun des acteurs (syndicats, patronat, gouvernement, médias, élus…) y joue sa partition avec un rôle écrit à l’avance et parfaitement rodé. Les monologues et/ou dialogues révèlent progressivement les scènes, l’intrigue avec ses rebondissements, son nœud et son dénouement. En face, le public applaudit, se lamente ou compte les points au gré des scènes de la comédie/tragédie qui se joue et à laquelle il assiste impuissant.

Alors que, pour une fois ils avaient été impliqués (consultés) durant près de 18 mois par l’assistant metteur en scène Jean-Paul Delevoye, les syndicats ont vite fait d’endosser leurs rôles traditionnels dès que le gouvernement a dévoilé la pièce écrite supposée refléter leurs aspirations, desiratas et souhaits.

Le bug se trouve-t-il dans la formule de Sylvain Tesson pour désigner la France : « Un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer » ? Et/ou bien est-il aussi le résultat d’une idée reçue en négociation ?

Une idée reçue en négociation : il faut coller à l’image attendue de nous

Nous le constatons jour après jour, les syndicats qu’ils soient protestataires (CGT, SUD), revendicatifs (FO) ou réformateurs (CFDT, UNSA) sont chacun dans leur rôle. En attendant, ce sont les Français, particuliers, commerçants, étudiants et TPE qui trinquent et se sentent pris en otage par une grève qui dure. Mais eux aussi sont dans leur rôle puisque les instituts de sondage nous disent qu’ils sont une majorité à soutenir cette grève tout en étant encore plus nombreux à considérer que la réforme est nécessaire et justifiée.

Mais sommes-nous à une contradiction près ?

Je voudrais m’attarder sur le rôle joué par la CGT. Après s’être vue catégoriquement refuser de jouer les premiers rôles de représentant lors du mouvement des Gilets jaunes (comme d’ailleurs tous les corps intermédiaires), puis avoir perdu la première place au niveau national au profit de la CFDT, elle croit, dans la perspective des prochaines élections, qu’elle doit endosser les positions les plus radicales. Son but de toute évidence est de montrer à sa base qu’elle est le véritable défenseur des travailleurs et espérer ainsi retrouver la place perdue.

Rejeter tout d’un bloc, n’accepter que le retrait pur et simple de la réforme et viser la capitulation sans condition du gouvernement, semble pour la CGT le seul moyen pour redorer son blason. Elle se trouve plus que jamais enfermée dans cette idée reçue que, la seule manière de réussir et éviter d’être taxée de mollesse est de coller à l’image qui est attendue d’elle : hurler plus fort que les autres, être intransigeant, ne rien lâcher.

Du coup, forte du pouvoir de nuisance qu’elle détient en bloquant les transports à la SNCF et à la RATP, elle prétend de surcroît parler et agir au nom de tous les Français. Quitte à balayer d’un revers de main toutes les avancées en termes de justice sociale que cette réforme permet et surtout sauver le système d’une faillite que le Conseil d’Orientation des Retraites annonce à l’horizon 2027 avec 8 à 15 milliards de déficits, qui dit plus dans la surenchère au rejet du projet de réforme des retraites.

D’ailleurs, Laurent Brun, Secrétaire Général de la CGT-cheminots ne déclare-t-il pas : « Ce sera la guerre totale jusqu’à la fin. La SNCF sera par terre mais l’appareil sera debout ».

Une vision archaïque du conflit

Pour continuer à exister, la vision du conflit de la CGT et son mode de résolution sont donc malheureusement restés archaïques. Non seulement son séquentiel est problématique (Grève, Revendications, Négociation plutôt que Revendications, Négociation, Grève), mais, pour elle, le conflit doit forcément se solder par un vainqueur et un vaincu.

Or, la pratique le montre, plutôt que de jouer une partition connue et attendue, le négociateur efficace surprend ses interlocuteurs en faisant le contraire de ce qu’ils attendent. Mais il est vrai qu’il s’engage dans une négociation avec pour objectif non pas de les battre mais de les gagner à sa cause.

D’où ma question : pourquoi la CGT, malgré les concessions très importantes consenties par le gouvernement, continue-t-elle dans sa guerre de tranchées en visant un seul objectif, le mettre à genoux ? La CGT se sent-elle en danger de… paix sociale ?

Si elle est toujours incapable de faire enfin son aggiornamento au niveau de son identité profonde pour être plus en phase avec les évolutions de la société française, ma réponse est oui.

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  • La CGT est morte! elle le sait
    La base n’a plus confiance en ses apparatchiks.. la culture révolutionnaire en a un sacré coup dans les dents! les gréves ne servent plus a rien
    la gauche en général est a l’agonie , politiquement , numériquement..

    le probleme du gauchisme vient des médias! ils barattent la merde a longueur de journée
    appuyés sur des sondages pipeautés , et des chroniqueurs a la ramasse, pour faire du spectacle et vendre de la pub..

    Cette reforme , se fera, et la CGT sera enterrée dans les décombres du marxisme défunt..
    Les ponctionnaires continueront a exploiter le filon du contribuable, l’étatisme centralisateur en sera renforcé, et les prélèvements augmenteront mécaniquement..
    La SNCF est défunte,sans statuts,sans budget la concurrence va l’achever

  • macron aurait du proposer un référendum au sujet des propositions sur la retraite ; il le fait bien au sujet de la lutte contre le réchauffement climatique disant lui même que certaines propositions pourraient être soumis à référendum ; je serai curieuse de savoir ce qu’en penserait la CGT……

    • Ah le référendum,

      version macronienne des mains lavées de Ponce Pilate ? Vous voulez Jésus ou Barrabas ?

      La preuve s’il en fallait que cette histoire de climat n’est pas claire pour lui, alors ‘si vous en voulez je m’en lave les mains’ pense Macron…

      Pour la retraite au contraire, il est sur d’avoir raison, alors de référendum, point !

      • D’une façon générale le referendum est une mauvaise chose. Si c’est un sujet mineur pourquoi en arriver là et si c’est un sujet majeur pourquoi n’a t il pas été au cœur d’une élection précédente avec de vrais débats contradictoires (pas de la com monologue et des slogans) ? Et bien entendu un politicien honnête doit se mouiller, afficher ses propres choix (et ses priorités, sachant que quand tout est prioritaire rien ne l’est !) et se retirer quand il sent qu’il n’est plus en phase avec le pays.

    • Il a dit , peut être , fallait dire quelque chose aux 150 apôtres du climat autre que ,c’est moi qui décide bande de nazes

  • Qu’on arrête de financer cette mafia rouge!Comment FO peut garder son immeuble avenue du Maine sinon avec notre fric à l’insu de notre plein gré!

    • lorsque les syndicats ne seront plus payés que par les cotisations de leurs adhérents, ils changeront de comportement et tâcheront d’être utiles !!!

  • Il n’y a que les privilégiés a refuser cette réforme ,les autres ne savent pas de quelle façon ils vont être mangés mais ils seront mangés…cette réforme est pour faire des économies de prestations retraites…quand a Macron ….on est force de le supporter puisqu’il a supprimé toute concurrence ,il n’a pas a être aimé.

    • d’un autre coté est il supportable qu’un couple de fonctionnaires gagne 5000 euro/ mois a la retraite?

      • Ça ne me dérange pas du tout, ils ont dû travailler tellement dur…et puis ,cela ne fait que 2500 par tête de pipe, pas bezef en 2019 !

        • Ceux qui se sont vraiment acharnés sont borgnes : ils se sont affaissés sur leur crayon en s’endormant, l’œil en premier 😉 Pour ceusses un peu moins zélés, ils ont tellement appuyé le coude sur le bureau au’il attrapé le rond de cuir 😉

  • le probleme c’est que la situation actuelle est inique et fortement injuste en faveur des fonctionnaires et assimilés ,.. çà devra cesser

  • Pourquoi depuis plus d’un mois on a jamais vu le directeur de la PREFON sur les plateaux de BFM et consorts,il nous aurait expliqué et au gros moustachu la capitalisation défiscalisée réservée aux fonctionnaires…….

  • J’en ai raz-le-bol que mes impôts servent à subventionner des syndicats, servent à financer les déficits des salaires et servent à financer les déficits des retraites. Je ne comprends pas que des gouvernements continuent ces financements. Je préfèrerais que cette contribution soit utilisée à financer l’hôpital, la justice et l’éducation. Quand nos gouvernements cesseront-ils d’être mazos ?
    Les 60% des Français qui soutiendraient cette grève ne seraient-ils pas les 60% des Français qui ne paient pas d’impôts ?

  • faire tomber macron, à tout le moins le premier ministre est sans doute l’objectif non dit.

  • Il vaudrait mieux parler davantage des nombreux non-cegetistes qui contestent la réforme des retraites…

  • Qualifier la CGT de « négociateur », même social… il faut oser !

  • Les commentaires sont fermés.

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Rappelons tout d’abord les limites au droit de grève.

Elles sont au nombre de trois :

En cas d’atteinte à l’ordre public. En cas de nécessité absolue d’assurer le respect du service minimum. En cas de nécessité absolue d’assurer la sécurité.

La grève CGT qui bloque le pays n'en respecte aucune.

 

Atteinte à l’ordre public

La CGT est coutumière de blocages en tout genre afin de conserver ses privilèges ou dans le simple but de semer la zizanie dans le pays. Elle le fait en connaissance de cause.

En eff... Poursuivre la lecture

pascal salin
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Par Pascal Salin.

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C’est pourquoi on peut comprendre que le projet de réforme du système des retraites élaboré par le gouvernement français retienne considérablement l’attention de l’opinion publique et suscite même des grèves très importantes. Il serait certes fondamental que les réformes envisagées contribuent à une amélioration du système des retraites... Poursuivre la lecture

Avec un taux de syndicalisation de 10,8 % déclaré en 2022, et même si tous les syndicats sont d’accord, ces derniers ne pèsent objectivement pas bien lourd. C’est probablement sur ce constat que compte le gouvernement pour faire passer sa énième tentative de stabilisation financière du régime des retraites en France.

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