Par Gérard Maudrux.
Nous l’avons vu, le montant des retraites au Chili n’est pas à la hauteur du système mis en place et de la croissance qu’il a engendrée.
Une analyse éclairée de la situation et des critiques justifiées permettent d’en tirer trois leçons.
Supériorité de la capitalisation
La capitalisation sur une génération démontre sa supériorité incontestable sur la répartition, ce que j’ai montré dans le premier article, mais on vous dira le contraire si on n’étudie pas les chiffres correctement.
Un taux de remplacement de 35 % du dernier salaire en cotisant à 10 %, équivaut à un taux de remplacement de 98 % si on cotise à 28 %, taux français.
Oui, les retraites sont faibles, plus faibles que chez nous, oui les Chiliens ont raison de se plaindre, mais la raison ne tient pas dans la capitalisation, mais dans le taux de cotisation. Si vous ne cotisez pas ou peu en capitalisation, vous n’aurez pas de retraite !
Une tentative avait été faite il y a quelques années au Chili pour remonter ce taux à 14-15 %, et s’est heurtée au refus des syndicats.
Une cotisation partiellement obligatoire
Un certain niveau de cotisation doit être obligatoire, sinon les gens ne cotisent pas.
Dire « vous cotisez à 10 %, et si vous voulez plus de retraite, faites-en votre affaire, cotisez davantage », la responsabilité individuelle, c’est beau en théorie, en pratique cela ne fonctionne pas. Les Chiliens le démontrent.
Qu’ont fait les Chiliens des 18 % de disponible supplémentaires par rapport à nous ? Ont-ils mis un peu de côté pour leurs vieux jours ?
Apparemment non.
Ils avaient pourtant davantage de facilités que nous, pouvant augmenter leur cotisation jusqu’à 2000 dollars de plus par mois dans leurs fonds, déductibles en tant que charges sociales, et autant de plus non déductible.
Résultat : les cigales descendent dans la rue pour exiger ce que les fourmis ont mis de côté.
Le taux obligatoire au départ aurait dû être de 15 à 18 %.
Indispensable moralité politique
Vous pouvez réaliser techniquement toutes les bonnes réformes que vous voulez, rien ne fonctionne sans moralité politique.
Une gestion dispendieuse, avec corruption active et passive de tous les responsables qui servent d’abord leurs intérêts et non ceux des citoyens aboutit à des fonds aux bénéfices incroyables qui servent des retraites de misère.
Ils prélèvent leurs frais sur salaires, 11,5 % des cotisations (1,2 % à la Caisse de retraite des médecins).
En 2016, les 45 membres de direction d’un AFP percevaient 84 000 euros par an, soit 200 à 250 000 euros chez nous à niveau de vie égal.
Seuls 40 % des cotisations sont reversés aux épargnants dans ces fonds richissimes, aux résultats financiers par ailleurs exceptionnels, le reste profite aux grands groupes financiers du Chili. Cela profite à la croissance remarquable du pays (intérêt des retraites en capitalisation), mais ne profite qu’aux nobles.
Le problème des retraites au Chili n’est pas la capitalisation, qui a montré sa supériorité, mais une mauvaise gestion, une mauvaise redistribution, ainsi que la corruption.
Les Chiliens ont toutes les raisons de s’en plaindre, mais vous verrez que chez nous on mettra en cause la capitalisation, pas sa gestion à la française.
Vous avez raison de dire que, de toute façon, il faut cotiser. Mais vous avez tort d’évoquer une supériorité intrinsèque de la capitalisation sur la répartition.
Dans les deux cas on prélève de l’argent sur les actifs pour servir les pensions. Et ça ne suffit pas, il faut aussi trouver des hommes qui n’existent pas toujours en nombre suffisant, tant pour faire tourner les entreprises que pour soigner.
https://www.yvesmontenay.fr/2019/02/10/retraites-un-probleme-demographique-avant-detre-financier/
https://www.yvesmontenay.fr/2019/08/06/la-retraite-par-capitalisation-peut-elle-vraiment-saffranchir-de-la-demographie/
Les actifs peuvent être répartis en Europe, USA et reste du monde.
Et si vous n’avez plus d’entreprises en France, comment produisez vous quoi que ce soit pour pouvoir répartir ❓
La capitalisation a cet immense avantage qu’elle rend l’individu responsable s’il le désire, ce qui permet d’éviter le désastre à venir.
Non, vous n’avez pas lu mes articles. Le reste du monde est à court des même professions que nous. Seule exception massive : des aides-soignantes africaines à former.
Sinon, la capitalisation manquera de bras pour générer des intérêts ou dividendes, comme la répartition manquera des cotisants. Ce sont d’ailleurs en gros les mêmes individus.
Cela ne change pas le problème : sans entreprises qui tournent, pas de revenus à répartir. La taille du gâteau est devenue microscopique.
Et le peuple est à la merci des dirigeants.
Yve Montenay a écrit: « Le reste du monde est à court des même professions que nous. »
Non, la France se distingue encore: un faible proportion de la population est active et il travaillent peu d’heures et pendant la moitié de leur vie seulement (de 25 à 62 ans en moyenne)
De plus, un emploi sur trois est payé par l’impôt (5 millions de fonctionnaires+2 millions de PPP) ce qui fait que seulement 21 millions de gens paient pour faire vivre 67 millions.
Game over !
En Suisse la carrière productive commence beaucoup plus tôt, fini beaucoup plus tard, ils ont des horaires plus chargés et une plus grande proportion de la population est active (de mémoire 80% contre 70% en France) sans pour autant travailler dans une bureaucratie étatisée qui ne produit aucun richesse.
Désolé pour les fautes qui piquent… Fatigué, pas relu.
Ce serait intéressant de savoir si dans les pays où on pratique la retraite par capitalisation, les gens ne se formeraient pas aussi mieux aux besoins du marchés que dans les pays où la retraite se fait par répartition.
Comme vous le dites si bien, les Français ne travaillent déjà pas beaucoup mais en plus, malgré un fort taux de chômage, on aussi un problème d’adéquation des formations au monde du travail.
Votre raisonnement est entaché d’au moins un vice. Vous citez les emprunts russes pour justifier les emprunts français. Cela ne fait pas tilt ❓
L’intérêt d’un fond de pension, c’est qu’il peut varier ses actifs. On y mettra probablement des obligations émises par la France. Mais pas que, il y aura les autres pays européens, puis mondiaux. On y mettra aussi des actions françaises, européennes et mondiales. Jamais un fond bien géré ne mettra tous ses œufs dans le même panier, ce que ne permet pas votre répartition tant adorée. Pour autant, il faut que les gestionnaires soient responsables, donc bien payés, mais les plumes et le goudron en cas de faute. Qu’en est-il avec la répartition ❓
En Suisse, des gestionnaires indélicats ont été sanctionnés, des millions d’amendes à la clef.
la solution, c’est liberté ET responsabilité. Les dirigeants français ont-ils montré une once de responsabilité ❓
Vous avez raison de dire que la démographie intervient. Cependant la capitalisation reste supérieure à la répartition, en ce qu’elle responsabilise les gens, et en ce que l’État n’intervient pas dans une affaire qui au fond ne le regarde pas.
Dans les deux cas, on prélève de l’argent sur l’activité pour servir les pensions. La manière dont ces fonds sont prélevés n’est pas du tout indifférente, la répartition mange le blé en herbe ou en grains au hasard, comme ça se présente au moment où on en a besoin. La capitalisation gère soigneusement la culture dans l’espoir, parfois mais rarement déçu, de maximiser les récoltes.
Pourquoi les chiliens ont refusé de cotiser plus pour la retraite (10 % au lieu de 28 % chez nous) ?
Peut etre simplement car ils en ont pas les moyens. Car 18% de vos revenus en moins aujourd hui c est problematique si deja vous roulez pas sur l or (rappel c est une augmentation faible du ticket de Metro qui a mit le feu aux poudres)
Pour la corruption liee au fond de pensions, comment faire pour que ca n arrive pas ? comment faire pour que les fonds « n investissent » pas dans des entreprises « amies » juste car elles sont « amies » ?
Le chili est le pays le moins corrompu de toute l’Amérique latine. Relisez lentement le texte, les syndicats dans leur grande sagesse marxiste se sont opposés à l’augmentation des cotisations obligatoires. La Suède qui a mis 8 ans pour réformer son système de retraite c’est inspirer du système Chilien pour introduire une couche de capitalisation.
« Un certain niveau de cotisation doit être obligatoire, sinon les gens ne cotisent pas. »
C’est tout l’inverse, en effet :
1- dès lors qu’il existe une cotisation retraite obligatoire, les gens manifesteront pour exiger une retraite plus élevée. Caractère obligatoire >>> exigences du peuple, même si ces exigences sont démentielles – d’autant plus que ces exigences seront toujours encouragées par les politiciens et syndicalistes démagogues (nous en savons quelque chose en France…).
La solution est la suppression pure et simple de toute cotisation et caisse de retraite obligatoire, de sorte que chacun soit vraiment responsabilisé et n’ait d’autre choix que de placer la part de son épargne qu’il jugera prudent en vue d’assurer ses vieux jours.
Vous le dites vous-même : « Qu’ont fait les Chiliens des 18 % de disponible supplémentaires par rapport à nous ? Ont-ils mis un peu de côté pour leurs vieux jours ? »
ils n’ont pas fait ce qu’il fallait parce qu’ils espéraient que le gouvernement multiplierait, non les pains et les poissons, mais le montant des retraites auxquelles leurs faibles cotisations leur donnaient droit. C’est toujours pareil quand l’État se mêle de ce qui ne le regarde pas (les missions régaliennes) au prétexte de « justice sociale » : les gens exigent, exigent, exigent, croyant toujours que leur voisin est traité avec plus de justice que lui-même – enviant son voisin, en réalité, toujours le même vieux démon de la jalousie.
Ce n’est effectivement pas la capitalisation qui est en cause, c’est l’étatisme.
Dans la pratique l’article a raison. Aucun jeune (25-30 ans) ne larguera volontairement 15% d’un salaire pas très mirobolant pour une hypothétique vielliesse et quand le vent du boulet arrive vers 40 ans il ne reste plus que 20 ans pour corriger le problème.
Et dans la même réalité ces gens n’ayant pas cotisés ou pas assez émargeront de toute façon à l’aide sociale.
Une obligation de cotisation ne veut pas forcément dire une retraite étatisée. En suisse seul une petite base l’est, le reste est privé voir purement volontaire (3ème pilier).
Dès lors qu’il y a obligation – de par la loi donc l’État – on a un système étatisé, d’une certaine façon ; et de toute façon, atteinte aux libertés.
Je suis personnellement radicalement contre.
Quant à l’aide sociale, encore une invention étatique aux effets pervers car déresponsabilisante.
Le jeune largue bien plus pour être primo-accédant sans se poser de questions sur la pertinence et la rentabilité de son investissement…