Taux négatifs : les conséquences du pillage des épargnants

La classe des fonctionnaires et des hommes politiques est-elle bien placée pour investir au mieux l’épargne des citoyens ?

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Taux négatifs : les conséquences du pillage des épargnants

Publié le 17 octobre 2019
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Par Ferghane Azihari.
Un article de l’Iref-Europe

C’est historique. Quelques États européens parviennent à emprunter à des taux négatifs. Au début du mois de septembre, le magazine Capital rapportait que le Trésor français avait émis des obligations sur 15 ans en bénéficiant de taux invraisemblables (-0,03 %). « Athènes a annoncé mercredi avoir levé 487 millions d’euros lors l’émission d’une obligation à trois mois à un taux négatif », rapporte encore Capital.

Bien sûr, une telle situation n’est possible que parce que les banques centrales manipulent les taux d’intérêt. Certains nous enjoignent de nous réjouir de cette situation pour les finances publiques. Mais comme nous le rappelle l’économiste Frédéric Bastiat, il y a toujours ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas.

Les taux d’intérêt négatifs confortent indéniablement les intérêts de ceux, personnes et organisations, qui accumulent perpétuellement de la dette. Comme la plupart des États européens. C’est ce qu’on voit. Il n’est donc pas étonnant que veuillent profiter de la conjoncture en incitant la classe des législateurs et des bureaucrates à accaparer les capitaux des citoyens pour les investir à leur place.

Toutefois, cet enthousiasme occulte une question fondamentale : la classe des fonctionnaires et des hommes politiques est-elle bien placée pour investir au mieux l’épargne des citoyens ?

L’état des finances publiques tend à montrer l’inverse. Depuis plus de 40 ans, un État comme la République française accumule des dettes considérables (figure 1). Si les partisans de la dette publique rétorquent que cet endettement est le prix à payer pour des services publics, des investissements et des infrastructures de qualité, certains indicateurs mettent en doute la productivité des dépenses du personnel politique et bureaucratique (figure 2).

Dette au sens de Maastricht des administrations publiques françaises en points de PIB

Figure 1 (graphique tiré du site de l’INSEE)

Évolution du patrimoine des administrations publiques en points de PIB

Figure 2 (graphique tiré du rapport 2018 de l’Institut économique Molinari intitulé « Le jour où les États de l’Union européenne ont dépensé toutes leurs recettes annuelles »)

Cette situation est d’autant plus navrante que les taux d’intérêt négatifs ne s’obtiennent pas sans contreparties et sans une multitude d’effets indésirables. De fait, ces taux constituent un impôt supplémentaire sur les capitaux et les épargnants. Hélas, cela ne suffit pas pour émouvoir l’opinion publique qui semble éprouver une certaine aigreur contre la figure de l’épargnant.

De Malthus à Keynes en passant par Marx, l’épargnant a toujours symbolisé le vice de l’accumulation du capital, de l’avidité et de la rente improductive. Sans doute est-ce pourquoi beaucoup, comme Keynes, ont souhaité et souhaitent encore sa disparition.

En réprimant les épargnants, les banques centrales nuisent pourtant à l’une des vertus cardinales des sociétés bourgeoises : la tempérance. Cette même tempérance qui permet aux sociétés d’être toujours plus productives grâce à l’accumulation d’épargne et de capital. En punissant les fourmis, les taux d’intérêt négatifs dévorent l’avenir et se livrent aux cigales incapables de réformer le présent.

Il est enfin une autre manière par laquelle les taux d’intérêt négatifs pèsent sur la croissance de la productivité de l’économie. Chaque investissement suppose un arbitrage entre plusieurs entreprises. Les taux d’intérêt négatifs induisent une distorsion de concurrence en faveur des projets moins rentables, ceux qui créent moins d’utilité pour la société.

En 2018, un rapport de la banque des règlements internationaux s’inquiétait de l’émergence des « firmes zombies », ces entreprises faiblement productives qui drainent des capitaux au détriment de firmes plus performantes. Le rapport citait les taux d’intérêt négatifs comme l’une des principales causes qui permettent à ces entreprises de pulluler. Autant de facteurs qui ralentiront la croissance économique dans une zone euro déjà critiquée pour la stagnation qui la frappe depuis de nombreuses années.

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  • Les hauts fonctionnaires ne font pas l’expérience du compte en banque. L’Etat pourvoit aux besoins illimités de nos élus. Il paraît donc assez inconcevable qu’ils puissent nous imposer des impôts et des taxes. Les tx negatifs sont abstraits pour les mêmes raisons. De leur point de vue cela permet de dépenser plus d’argent. C’est donc positif. Il ne faut pas les rendre plus intelligents que cela. Ils se servent.

    • La vrai raison de ces taux négatifs n’est pas si abstraite : désormais les retraites sociales assurent le minimum, mais on encourage les salariés de tous les pays à placer des économies pour compléter leur retraite.
      Très bien, sauf qu’ils recherchent la stabilité plutôt que le risque, et l’économie réelle n’est pas en mesure d’absorber toute cette épargne avec des taux de croissance si bas (une croissance qui vient avant tout du progrès technique, c’est exogène à la manipulation des taux par les BCE). Donc leurs gestionnaires (les banques, qui ne sont pas à priori de dangereux bolchevics) préfèrent le placer dans les obligations états, qui à être taxé, ou dans des livret A… ce qui revient au même.

  • Les taux negatifs servent quand même a empecher la mise en faillite des pays , c’est mieux qu’un abandon de creance pour tout le monde…sans les taux negatifs la france ne pourrait plus emprunter vu la trajectoire tragi comique de nos finances..un pays sans industrie sans agriculture sans touristes juste quelques mangeurs de homards….

    • La mise en faillite est un élagage désagréable mais nécessaire. Comme la sélection dans le cursus de formation. Les taux négatifs ramènent dans le jeu toutes les mauvaises initiatives que leur absence de rentabilité aurait dû écarter au profit des bonnes.

      • Je suis d’accord. Par contre on estime à combien la partie réelle dans notre économie ? Pour savoir jusqu’où on tomberait ! Si l’on a des taux négatifs c’est qu’ils ont épuisé le présent et le futur aussi. Donc ils fabriquent du vent pour faire illusion d’une croissance. Enlevez le vent et l’hélicoptère va se fracasser comme une merde au sol.

    • Non, ils servent à rester au pouvoir. C’est pour cela que les poly-tocards en raflent.
      Ainsi, la clique ne claque pas, elle prospère… Homard à la clef 🙁

    • Il y a un autre moyen d’empêcher la faillite des pays : dépenser moins en faveur des clientèles électorales « cigales » ce qui conduira à ne plus être en déficit, mais en excédent, exactement comme dans un ménage.
      Les taux négatifs, c’est du vol pur et simple des fourmis au profit des cigales, c’est donc immoral au plus haut point.

    • Les taux d’intérêt reflètent un prix de marché. Trop d’épargne, pas assez de déboucher pour la placer. Donc le prix de l’épargne (l’intérêt) ne vaut plus rien. On pourrait mettre des taux super positifs, ça ne changerait rien, il y aura encore plus d’épargne et toujours aussi peu de débouchés.

      • Ben voyons, et les banques centrales se contenteraient d’aider le marché libre des capitaux à fonctionner, et personne n’aurait le courage ni le discernement pour trouver des usages rentables de ces fonds…
        La seule explication serait que tout bénéfice serait immédiatement confisqué. Oh wait !

  • Tout à fait, la haine de l’épargnant dans ce pays est comparable à l’attitude de la cigale enviant la fourmi de la fable.

    Toutes ces manœuvres marxo-keynésiennes ne sont jamais qu’une forme déguisée de VOL en bande organisée par la classe politique, à son propre profit ainsi qu’à celui de sa clientèle de cigales.

    PS : je me pose toujours la même question : qui peut être assez fou pour acheter des obligations d’État à taux négatif, ce qui revient à payer pour prêter de l’argent qu’on ne reverra sans doute jamais (les exemples de gouvernements endettés ayant annulé d’un trait de plume leur dette étant quand même nombreux au cours de l’Histoire) ?

  • Les taux négatifs alimentés par les QE (pas de taux négatif possible sans QE) permettent de faire moins bien pour plus cher, en toute décontraction. Exemple caricatural : remplacer les centrales nucléaires par des éoliennes.

    Cycle économique normal :
    épargne > investissement > compétitivité > plus-value > épargne, etc.

    Cycle économique sous régime de T0 et QE :
    planche à billet > subventions > mauvais investissement > perte de compétitivité > moins-value > dettes > planche à billet, etc.

    Pour s’enrichir, plus besoin de dégager des plus-values, plus besoin de rendre service à autrui. Il suffit de savoir se placer sous le robinet d’argent gratuit en vendant non plus des biens et services tangibles mais seulement des promesses farfelues. Comme il faut bien que quelqu’un paye le prix de l’opération, le système durera jusqu’à ce que ceux qui payent n’acceptent plus d’être spoliés. Alors, il ne restera que les montagnes de dettes impayables dans une économie ayant perdu sa compétitivité, dettes qu’il faudra quand même rembourser d’une manière ou d’une autre.

    • Merci Cavaignac d’avoir indirectement répondu à ma question.
      La définition du Quantitative Easing donnée par Wikipédia indique bien qu’il s’agit de faire tourner la planche à billets (cf « Le quantitative easing se traduit par un gonflement du bilan de la banque centrale – son actif augmentant avec les titres achetés, la monnaie utilisée pour le faire – qu’elle crée ex nihilo – se rajoutant à son passif »), ce qui ne peut effectivement conduire qu’à des résultats désastreux, non sans avoir au passage spolié les épargnants et autres « fourmis », autrement dit les gens RESPONSABLES.
      Comment qualifier cela sinon de vol en bande organisée ?

    • Non on ne remboursera pas. Par contre les montagnes d’argent auront disparues dans d’autres circuits et canalisations attendant patiemment de racheter des trésors pour pas grand chose. Non ?

      • On ne remboursera pas ❓

        C’est faux, cela se paye d’une manière ou d’une autre, et certains en font déjà le prix, via les retraites et logements. Rien n’est jamais gratuit, tout se paye un jour ou l’autre.
        Ce seront les plus faibles qui en feront le plus les frais, comme en Grèce.

        • Oui niveau souffrance je suis d’accord. On paiera le prix fort. N’empêche qu’il est mathématiquement impossible de rembourser de l’argent qui n’existe pas. C’est logique ! Toutefois comme je l’ai écrit cet argent à quand même été utilisé pour un enrichissement. Ce qui relève du miracle j’en conviens. Et c’est là que les médias parlent de turbo-néo-libéralisme. Que Macron ne pense qu’aux très riches. Cela devient pénible à la fin. L’on embrouille les choses alors que c’est très simple.

          • De l’argent qui n’existe pas ?
            S’agissant d’argent issu de la planche à billet (QE) peut-être, mais ce n’est pas la plus grande partie de la dette française, qui a été achetée en bonne et due forme par des investisseurs variés, dont… les épargnants français, via les livrets A par exemple.
            cf https://www.francetransactions.com/le-saviez-vous/surendettement-des-etats-qui-detient-la-dette-de-la-france.html
            Bien sûr qu’on peut rembourser tous ces prêteurs, à condition de le vouloir…
            Ce qui est plus inquiétant dans le contexte actuel est que des opérateurs acceptent d’acheter des obligations à taux négatif, plutôt que de placer cet argent dans l’économie privée, ce qui montre à quel point la confiance des investisseurs en l’économie réelle est nulle !

            • Merci, c’est lu. Bien que cela ne nous avance pas plus d’une solution.

              • La solution est connue, c’est la même que dans un ménage ou une entreprise : cesser de faire du déficit (= dépenser plus qu’on a de rentrées), et faire du bénéfice.
                C’est uniquement une question de volonté, cette qualité dont sont remarquablement dépourvus nos politiciens, quand il s’agit d’agir pour le bien commun des citoyens les ayant pourtant élus pour ça.

          • Enrichissement, non. Vol OUI.
            VOL AU DÉTRIMENT DES FOURMIS.

            • Oui. Je déteste comme vous cette situation. Reste que c’est légal et organisé. Que si vous portez plainte cela ne changera rien. L’approche positive suivant votre camp (riche ou pauvre) va donc être différente. Le riche a t’il intérêt à refuser de raser gratis ? Le pauvre a t’il intérêt à continuer à se faire tondre ? Comme dans la grosse crise en Allemagne ou en Urss des familles trouvent la force de partir ou de s’arranger comme il faut. D’autres se pendent. D’autres deviennent fous. Il y a autant d’approches que d’individus mais l’on ne PEUT PAS luter contre le vol légal si l’on reste à sa merci. Rien n’arrête cette machine folle. La fuite interne ou externe est obligatoire.

          • « impossible de rembourser de l’argent qui n’existe pas. »
            La valeur de cet argent est alimenté par la perte de valeur des biens et patrimoines de ceux qui utilisent cet argent et qui en sont captifs pour leurs échanges.

        • Donc pour résumer la situation: certains très riches vont devenir encore plus riche. Les pauvres et moyens pauvres vont perdre plus que leurs dents. A la fin l’on va accuser le libéralisme et le capitalisme pour « redonner » le pouvoir aux pauvres. Ce qui se traduit par plus d’Etat, comme à chaque fois. Comme les Etats ont besoins des riches et des entreprises pour faire travailler les pauvres (pour qu’ils payent des taxes) ils y aura des arrangements en moins de deux. Et les choses pourront continuer comme avant. J’ai bon Michel ?

          • Euh, la clique capable d’arrangements ❓
            Non, le taux passera de -1 à -2. Et ainsi de suite. Comme des Euroïnomanes 🙁

            • CG les nome les gens de Davos. On pourrait dire juste les capitalistes de connivences. Comme Mr Niel ou d’autres en France. Mais peut-on on devenir riche en France et le rester sans tisser des liens avec l’Etat ? Non. Il faut le blanc seing Etatique sinon l’on a des batons dans les roues. Cela est peut-être désagréable à entendre mais le vol est nécessaire et organisé. Les pauvres sont également une nécessité à ce système. Pourquoi ? Simplement car les pauvres sont acculés de credits, d’impôts et de taxes. Que le seul moyen de s’en sortir est de travailler. Ainsi l’Etat taxe l’entreprise, le salaire, l’individu, sa voiture, sa maison, son chien, et sa putain de Tv. C’est un cercle qui est organisé et qui fonctionne très bien. L’Etat conserve ainsi son pouvoir et peut continuer à vendre du rêve. On dira plutôt du vent tant le service équivalent au vol est devenu ridicule. Bref, rien à faire, cpef.

      • Si, nous rembourserons tout, jusqu’au dernier centime, que ce soit par l’impôt ou que ce soit par la dévaluation du pouvoir d’achat de la monnaie. Ceux qui se seront enrichi par le miracle des subventions dégageront un bilan positif dans l’opération. La mesure de salubrité publique consistera à reprendre les subventions perçues, rétroactivement.

  • Conséquences?Très simple grève de la consommation en France et pour les vacances? à l’étranger ,même pas très loin c’est beaucoup moins cher!Marre de payer 2 fois comme disait Faizant à propos de Renault « je n’en n’achète pas car je la paierai 2 fois ,1 fois en impôt et l’autre sur la facture »
    Quant aux fonctionnaires élus ou élus fonctionnaires on ne sait plus,vu le nombre de mandats de certains,ils sont en représentation en permanence aux frais de la princesse leurs émoluments leur servent à se constituer un beau patrimoine ou à cotiser à la Préfon….

  • « Tout va bien se passer »

    • Mais ouiiiii, pas de problème my friend. Notre Macro va mettre une pancarte sur sa porte: grand sorcier vaudou. Je peux résoudre vos problèmes d’erection et d’argent. Ressouder les os et effacer les brulures.

  • Si encore les élus investissaient cet argent, je pourrai dire bon c’est pas terrible mais ils ont essayé de bien faire… Non l’argent emprunté n’est pas investi, il est juste là pour boucher le découvert de la fin du mois. Imaginez un peu, plus de 1000€ de déficit par francais, si c’était de l’investissement beaucoup de choses pourraient être faites.
    Ce n’est même pas que le politique n’est pas bon pour investir, c’est juste qu’il ne le fait pas, c’est un simple flambeur.

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