Écosystèmes numériques : le Big bang

La révolution technologique est en train de bouleverser les systèmes informationnels.

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Clavier d'ordinateur (Crédits : Amancay Maahs, licence Creative Commons)

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Écosystèmes numériques : le Big bang

Publié le 20 septembre 2019
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Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre

« Avec la montée en puissance de l’internet des objets et l’explosion de la connectivité, les technologies deviennent accessibles et intégrables dans tous les domaines du grand public ou des entreprises. Au cœur de cette évolution, de nouveaux écosystèmes numériques intersectoriels traitent des données d’origines multiples et donnent naissance à de nouveaux services, de nouveaux usages ». À partir des contributions de plusieurs disciplines, Serge Agostinelli, professeur d’informatique et Nicole Koulayan, professeur en sciences du langage, questionnent les écosystèmes informationnels, à la lumière des évolutions technologiques et sociétales qui les bouleversent.

Les écosystèmes numériques : le Big Bang, aux sources des logiques de l’information en réseau

« Le développement exponentiel des technologies numériques et de leurs usages a imposé une évolution paradigmatique fondamentale : une des caractéristiques de nos sociétés contemporaines en matière d’organisation et de transmission informationnelle est de faire cohabiter deux logiques : de type hiérarchique et de type réticulé, assurément contradictoires ». Mais il n’y a d’innovation que s’il y a adhésion au changement, ce qui nécessite une évolution des mentalités.

Quelles sont les logiques fondamentales qui président au fonctionnement humain en réseau ? L’écosystème se définit comme l’ensemble dynamique composé d’éléments matériels, sites web, réseaux sociaux, plateformes, logiciels, réunissant plusieurs types d’acteurs. Tous ces éléments, en interdépendance les uns avec les autres, contribuent à la complexité et à la richesse du collectif, générant des interactions aux équilibres subtils, parfois éphémères et en constante évolution, caractéristiques de l’écologie numérique.

E-enseignement : les écosystèmes pédagogiques numériques : analyse compréhensive de l’apprentissage situé

Dans son étude compréhensive de l’apprentissage, le professeur Didier Paquelin propose d’identifier l’écosystème pédagogique numérique en se focalisant sur les spécificités de ce dernier, vis-à-vis d’un environnement classique. La notion d’apprentissage, envisagée dans la pluralité des configurations spatiales et temporelles induites par les équipements et les infrastructures numériques, offre un nouveau cadre : de nouveaux lieux accessibles au sein de l’établissement, mais aussi à l’extérieur de ce dernier.

L’écosystème regroupe ainsi des composantes matérielles et immatérielles, spatiales et a-spatiales, qui réunissent les conditions propices pour que les étudiants réalisent leurs activités d’apprentissage. Pour Didier Paquelin, « enseignants, conseillers pédagogiques, sont invités à concevoir des environnements capacitants, dont l’actualisation par les apprenants, définit l’écosystème pédagogique dans lesquels ils vont agir pour réaliser leurs activités d’apprentissage ». 

Usage et innovation : conditions et contraintes de l’usage de jeux sérieux en classe. Enquête sur le déploiement d’une plateforme dans 30 collèges français

Caroline Ladage, maître de conférence et Jean Ravestein, professeur des universités, ont accompagné et observé le déploiement d’une plateforme de jeux sérieux dans 30 collèges de la région PACA. Des obstacles et des résistances se sont heurtés à la diffusion de ces projets : des difficultés d’ordre techniques, avec des débits insuffisants au sein des établissements, mais aussi le manque de formation des professeurs.

Des difficultés d’ordre pédagogiques furent également relevées : alors que l’on pouvait s’attendre à plus d’autonomie de la part d’élèves rompus à l’usage des jeux vidéo, les professeurs se sont déclarés davantage sollicités sur les outils que sur le contenu même de l’exercice ou de la matière concernée.

Une troisième source de difficultés repose sur l’aspect didactique : elle est liée au contenu disciplinaire. Dans le cadre de ces projets, une majorité de professeurs a une opinion favorable de la finalité des serious games dans l’apprentissage (près de 70 %), suivie de quasiment peu de sceptiques et presqu’aucun réfractaire aux projets. Par conséquent, sans pouvoir rivaliser avec les géants du jeu sur ordinateur, « les jeux sérieux institutionnels devront axer leur valeur ajoutée sur les aspects « plateforme collaborative », sur la conformité garantie au socle de compétences de l’éducation nationale, avalisée par des professeurs partie prenante de la conception des contenus ». 

Démocratie et nouvelles gouvernances : la jeunesse éco-citoyenne à l’heure du numérique

« Malgré l’ancrage progressif de ces idées relatives au développement durable dans les mentalités, la société n’a pas encore pleinement intégré la jeunesse dans les processus décisionnels environnementaux pour autant. Pourtant, le droit de l’environnement permet aux citoyens adultes de concourir à la prise de ce genre de décisions ». 

Depuis quelques années, la démocratie participative, et plus particulièrement la participation du citoyen dans les sujets d’urbanisme et d’écologie est étroitement liée à l’utilisation des technologies numériques laissant une zone de flottement : celle du statut juridique du citoyen mineur mobilisé dans les questions liées au développement durable. « L’essor des TIC et plus particulièrement d’Internet a ravivé un grand nombre de libertés fondamentales telles que la liberté d’opinion, d’expression, d’association et de réunion. L’ensemble de ces droits répond à l’impératif de participation qui anime désormais la prise de décisions publiques », précise Julien Vieira, ATER à l’Université de Bordeaux.

En 2002, la direction générale de l’environnement de la Commission européenne constate que les enfants ne doivent pas apparaître uniquement comme des victimes de l’urgence écologique, mais aussi comme des acteurs du changement, préconisant le développement d’outils participatifs, afin de prendre en compte leurs besoins.

En 2015, dans le cadre de l’année européenne de l’environnement, l’Union européenne a lancé une participation encourageant les jeunes citoyens à formuler des propositions innovantes en faveur du développement durable. Du partage de connaissance en passant par la formation, ou la participation citoyenne, l’ensemble de ces contributions mettent en lumière l’efficience des collectifs, la question de l’adéquation entre usages et pratiques, entre les compétences, les motivations et les besoins de chaque écosystème.

Pour aller plus loin :

–       « La confiance : facteur de succès des nations digitales », lesechos.fr

–       « Le guide des écosystèmes numériques mondiaux : rapport final de la mission ‘digital disruption’ », medef.com

Sur le web

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  • Écosystèmes, écocitoyens, écologie, voilà tout le numérique lui aussi repeint en vert, il manque encore le développement durable et le commerce équitable.

  • Le numérique est un outil qui peut être utilisé pour des finalités défendables, ou pas.
    La manipulation des enfants pour qu’ils deviennent des « acteurs » (incritiquables) d’un « changement » que l’on veut imposer est typique ees régimes totalitaires.
    Un système vraiment libéral reconnaît les différences entre les individus et leur relative autonomie. Il n’embrigade pas les uns pour asservir les autres. Et encore moins des enfants que l’on doit respecter en tant qu’enfants au lieu de projeter sur eux des culpabilités et des fantasmes d’adultes.

    • Bien sûr que le numérique est porteur d’avenir, je ne perçois pas d’ailleurs d’opposition à ce sujet entre les jeunes et les anciens dont je fais partie. Ce qui me préoccupe le plus c’est l’approche de plus en plus centrée sur cette forme d’écologie la plus totalitaire et bien sûr une manipulation de la jeunesse à l’échelon mondiale qui n’est pas sans rappeler avec terreur les jeunesses communistes ou nazistes.

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