Par Alexandre Massaux.
Un article d’IREF Europe
L’Union européenne est parvenue à s’entendre pour la création d’une zone de libre-échange avec les pays du Mercosur. Le traité l’instituant doit être ratifié par les États membres de l’UE et du Mercosur.
Toutefois, les discussions au sein de l’Union européenne précédant cet accord révèlent des divergences de positions sur le libre-échange. En effet, deux blocs se sont formés.
Le premier composé des dirigeants de la France, de l’Irlande, de la Belgique et de la Pologne, s’est montré réticent à la signature du traité.
À l’opposé, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, la République tchèque, le Portugal, la Lettonie et la Suède l’ont largement soutenu.
Cette division expose les États avec une politique commerciale libérale et les protectionnistes.
On peut remarquer une certaine concordance entre le rejet du libre-échange avec le Mercosur et les subventions de la politique agricole commune.
Rappelons que la PAC se divise en deux structures principales :
- Le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) avec des subventions directes aux agriculteurs
- Le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) avec des subventions aux États et aux régions pour des projets ruraux
Dans le cadre du budget 2014-2020, la France est le pays de l’UE qui reçoit le plus de subventions de la PAC avec 9 milliards d’euros par an. L’Irlande ne reçoit « que » 1,5 milliard mais cela représente 80 % des aides que lui apporte l’UE. Quant à la Pologne, elle est le pays de l’UE qui reçoit le plus de subventions du FEADER avec 1,5 milliard par an (la France la talonnant avec 1,4 milliard).
Ainsi sur les quatre États les plus opposés à l’accord du libre-échange avec le Mercosur, — dont les principales exportations sont les produits agricoles (20 %), les produits végétaux (16,3 %) et les produits issus des animaux (6,1 %) — trois sont fortement dépendants de la PAC.
Corollaire des subventions agricoles, les pays européens qui en bénéficient le plus sont les plus protectionnistes, leur économie étant devenue dépendante de l’argent public plutôt que des lois du marché. Cette situation est d’autant plus problématique qu’elle bloque les projets de libre-échange de tout un continent. L’accord avec le Mercosur où le président Macron conditionne la ratification de ce traité à la mise en œuvre de réglementations, principalement environnementales, par les pays signataires d’Amérique du Sud, en est l’exemple.
En obligeant les partenaires à s’aligner sur une réglementation européenne pour ne pas dire française, la France met des obstacles politiques visant à réduire les potentiels atouts concurrentiels des pays du Mercosur.
Une division révélatrice du système économique des États
Si les subventions sont un obstacle majeur au libre-échange, elles n’expliquent pas entièrement ces choix politiques : l’Allemagne est la seconde bénéficiaire de la PAC et a soutenu le traité, contrairement à la Belgique qui reçoit peu de subventions, mais est opposée à l’accord.
En étudiant l’index de liberté économique de l’Heritage Foundation on constate que ce sont les pays avec une forte liberté économique qui se sont montrés favorables. Sur les sept États ayant affirmé leur soutien, cinq sont classés « principalement libres » (de 7e à la 35e place du classement) économiquement : l’Allemagne, les Pays-Bas, la République tchèque, la Lettonie et la Suède. Au contraire, les opposants au traité sont classés « moyennement libres » (36e à 94e place du classement) à l’exception de l’Irlande, classée libre : le cas irlandais s’expliquant par l’importance des subventions.
Ainsi, les discussions autour du traité de libre-échange avec le Mercosur révèlent les faiblesses de l’Union européenne : l’exiistence de subventions qui bloquent le développement d’une concurrence sans entrave, mais aussi une disparité des systèmes économiques qui font que les pays de l’UE n’ont pas la même vision dans les affaires économiques.
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Comment signer des traités de libre echange et conserver des subventions qui ne sont que du protectionisme ?
Sans doute que ces traites sont egalement du protectionisme déguisé ,on avantage pierre et on tue jacques
Ne faut-il pas analyser aussi la part des exportations agricoles de chaque pays, et pas seumement les subventions?