5 raisons pour lesquelles il faut conserver l’ENA et l’accès direct aux grands corps

Plaidoyer pour conserver nos établissements d’excellence au moment où la concurrence mondiale se fait plus rude. OPINION

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polytechnique université paris saclay(CC BY-SA 2.0)

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5 raisons pour lesquelles il faut conserver l’ENA et l’accès direct aux grands corps

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 21 juin 2019
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Par Thierry Berthier.

Inspiré par la crise des Gilets jaunes et le grand débat, le gouvernement s’apprête à supprimer l’ENA et l’accès direct aux grands corps de l’État, des structures qui depuis plusieurs siècles pour certaines d’entre elles ont fait leur preuve d’efficacité dans la sélection des élites mises au service de la nation. Leur suppression constituerait l’un des plus beaux exemples de tir contre son camp exécuté dans un contexte mondial ultra concurrentiel de « Guerre des intelligences ». Voici cinq raisons objectives opposables à leur suppression. Le lecteur notera que ces cinq oppositions ne relèvent que du champ stratégique, de la théorie des jeux ou de l’approche systémique mais jamais de l’argumentaire politique.

Opposition 1 : priver l’État de ses meilleurs esprits dans une Guerre des intelligences qui nous oppose à la Chine, aux États-Unis, à la Russie et au reste du monde.  

Prenons l’exemple des grands corps techniques : Ponts, Mines, Armement, Insee… qui recrutent principalement dans le peloton de tête des Polytechniciens et chez les Normaliens. Supprimer l’accès direct ou différer les prises de postes à responsabilité à l’issue des trois années de formation des corps techniques, c’est faire le choix délibéré d’offrir les têtes de promotions de l’École Polytechnique aux GAFA-MIPD, (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, IBM, Palantir, DARPA), et autres BATX chinois qui connaissent parfaitement la valeur de ces jeunes scientifiques.

Notons qu’il n’est pas si simple pour les DRH des corps techniques d’attirer et de retenir aujourd’hui les majors de promotion de l’X ou de l’ENS sur le seul critère de la promesse de postes intéressants (sous-entendu à responsabilité) dès leur sortie tout en faisant accepter un salaire très inférieur aux propositions du secteur privé et aux offres décuplées des sociétés étrangères. Dans les faits, il s’agit d’une question d’arbitrage entre l’offre et la demande de talents scientifiques à hauts potentiels.

La compétition mondiale dans le domaine des mathématiques appliquées, des data sciences, de l’électronique et de l’Intelligence Artificielle produit des opportunités de carrières fulgurantes dirigées vers les meilleurs jeunes scientifiques diplômés français. Attirer ces diplômés à haut potentiel vers des carrières publiques souvent mal payées en supprimant la perspective d’une prise de poste à responsabilité relève du mirage idéologique.

Différer cette perspective reviendrait à supprimer la seule attractivité du poste en corps techniques et à offrir sur un plateau ces profils prometteurs aux sociétés étrangères dès leur sortie de formation. Stratégiquement, il s’agit d’une aberration, d’un tir contre son camp doublé d’une gabegie financière si l’on prend en compte le cout de formation. Dans L’Art de la Guerre de Sun Tsu, cela revient à offrir ses meilleures unités à l’ennemi sans le combattre…

Opposition 2 : supprimer le seul mode de sélection rationnel, équitable, offrant une égalité des chances à chaque candidat.

L’accès aux grands corps s’effectue aujourd’hui sur le classement de sortie de l’ENA, et sur celui de Polytechnique pour les corps techniques. Ces classements sont construits à partir des notes obtenues par les élèves tout au long de leur scolarité, stages et projets. Refuser le classement revient à rejeter la seule méthode d’évaluation objective, rationnelle, équitable signifiante pour toute organisation hiérarchisée ou concurrentielle. Par quoi remplacer le classement issu de la notation ? Une cooptation à la tête du client, aux capacités d’influence établie sur des critères sociaux, économiques, culturels, religieux, politiques, aléatoires ? Qu’advient-il alors de l’égalité républicaine garantie par le format d’un concours anonymisé ?

Par souci de cohérence et d’équité, il faudrait ensuite refuser le classement dans toutes les autres formations techniques, scientifiques, sélectives, ce qui conduirait vite à des situations de blocage : en chirurgie par exemple, allons-nous accepter facilement de nous faire opérer par un jeune chirurgien diplômé sur unique critère aléatoire, social, économique ou religieux ?  Allons-nous accepter de prendre un avion piloté par un jeune diplômé sur critère d’influence, aléatoire, social ou religieux ?

Dans les compétitions sportives, allons-nous accepter de sélectionner l’équipe de France de football sur des critères autres que ceux de l’excellence sportive, de la notation et de l’évaluation objective ? La réponse est non. Alors pourquoi faudrait-il accepter pour la haute fonction publique ce que nous ne sommes pas prêts à accepter pour la médecine, l’aviation ou la compétition sportive ?  Ainsi la sélection des meilleurs candidats selon une grille de notation objective anonymisée suivie d’un classement loyal constitue la seule garantie contre l’arbitraire, le copinage, la promotion idéologique, religieuse ou la promotion canapé.

Opposition 3 : affirmer une défiance de l’État face aux capacités des jeunes élites en tant que futures forces vives de la nation.

L’un des motifs sous-jacents de la suppression de l’accès direct aux grands corps est qu’il ne serait plus raisonnable ou admissible de confier des responsabilités trop tôt dans la carrière d’un jeune haut fonctionnaire débutant. Il ne serait plus acceptable de lui maintenir la garantie à vie de postes réservés, distribués par son corps de rattachement. Cette défiance met en lumière des arrières-pensées très politiques : la situation difficile que connait la France, la persistance du chômage, la désindustrialisation des régions, la crise des Gilets jaunes ne seraient finalement que les résultantes systémiques des mauvaises actions ou de l’absence d’action de hauts fonctionnaires français gavés de privilèges et de carrières toutes tracées dès la sortie de l’école.

Qu’en est-il alors de la responsabilité de la classe politique trompée et abusée par ses hauts fonctionnaires ? Celles et ceux qui s’aventurent sans retenue dans ce type de discours aux accents clairement populistes ne sont-ils pas tous issus de la même matrice sélective qu’ils souhaitent détruire aujourd’hui ? Il existe certainement une interprétation psychanalytique au fait de vouloir brûler l’échelle que l’on vient d’emprunter, une fois que l’on se trouve sur le toit…

Dans tous les cas, ce signal envoyé aux meilleurs talents formés dans les filières d’excellence de la République ne les incite guère à l’engagement au service de l’État, au patriotisme ni à la redistribution de leurs savoirs sur le territoire national.

Opposition 4 : faire le pari hasardeux que cette suppression puisse satisfaire la partie de la population la plus « antisystème » qui fut présente sur les ronds-points.

Là encore, il s’agit d’une hypothèse idéologique formulée à très court terme qui ignore complètement le contexte de compétition mondiale et de course à l’innovation dans l’ensemble des grands secteurs d’activités humaines. Se priver des meilleurs talents en les envoyant à la concurrence, c’est à moyens termes affaiblir notre économie, notre défense, nos institutions et notre service public déployé dans les territoires. Selon une approche systémique, c’est affaiblir un peu plus les catégories les moins armées pour affronter les mutations sociétales. Alors qu’il faudrait au contraire réinventer en urgence une France des grands projets industriels et scientifiques, nous choisissons de niveler par le bas et de casser la forge qui produit les premiers de cordées.

Opposition 5 : aller à rebours des orientations stratégiques de plus en plus sélectives chinoises, américaines, et russes.

« Nous voulons les meilleurs pour servir l’État et l’armée américaine, afin de contrer les ambitions chinoises ». Ce slogan rédhibitoire est répété dans tous les grands rapports stratégiques du Département de la Défense américain. La Chine vient d’ouvrir des Instituts spécialisés en mathématiques et en Intelligence Artificielle dédiés à l’innovation civile et militaire, afin de sélectionner dès le plus jeune âge et de former des élites techno-scientifiques qui feront d’elle la première nation technologique mondiale.

Dans les deux cas, le modèle français des filières d’excellence (ENA, grandes écoles civiles et militaires) a inspiré les modèles hyper-sélectifs actifs aujourd’hui en Chine, en Russie et sous une forme différente aux États-Unis. Pourquoi abandonner brusquement un modèle adopté, validé et amplifié par les géants chinois et américain ? Quel signal envoie la France à ses concurrents économiques si ce n’est celui d’une forme de capitulation face à la dureté de la compétition mondiale ?

En attendant les conclusions du comité mis en place, chacun doit espérer que la mission dirigée par Frédéric Thiriez, travaillant sur la suppression de l’ENA et de l’accès direct aux grands corps, réalise une introspection stratégique, rationnelle, débarrassée de tout condiment idéologique ou populiste. Une destruction pure et simple de la filière d’excellence des grands corps risque de nous coûter très cher et de nous affaiblir durablement. Il en va de notre maintien dans la compétition mondiale.

 

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  • Oui, il faut conserver les grands corps.
    Mais il faut rétablir la méritocratie dite républicaine pour permettre aux enfants défavorisés mais ayant le QI adéquat d’y accéder.
    La tache en revient aux enseignants de base de s’y atteler.
    Mais il ne faut pas non plus de quota type Sciences Po qui crée des diplômés au rabais.
    Quant à l’ENA, le problème est plus le moule Sciences Po favorisé par le concours, donc, ouverture aux autres grandes écoles ou même aux universitaires….
    Enfin, l’ENA doit inculquer à ses élèves le service du public et non l’inverse et beaucoup de modesties.

    • En apparence, oui, mais non, même pas. Le concours d’entrée sélectionne les forts QI, à condition de ne pas trop lui adjoindre d’épreuves annexes (l’exemple des TIPE, qui mesurent plus des aptitudes sociales que le pur génie, ne me paraît pas à suivre) et de rétablir les bourses au mérite pour la préparation. Mais la place au classement de sortie, celle qui permet d’intégrer un corps prestigieux, n’a plus rien à voir avec le génie. Elle mesure la capacité de l’élève à se couler dans le moule des complaisances et des apparences qui apporte la promotion dans les administrations, à très mal utiliser son QI dans le plus parfait mépris des applications qui, elles, seraient profitables et innovantes.

      • Il y a un concours externe…

        • Oui… Bien sûr, il ne faut pas généraliser, mais si on prend le corps des Mines, il y a cette année un seul admis au concours externe, un X-ENS « prodige du quantique ». Les corpsard(e)s sont des individus remarquables, je le sais pour en avoir connu et aimé, mais ça ne change rien à ce que je dis plus haut.

  • La question est plutôt de savoir si, lorsque l’usage d’un outil est nuisible, il faut supprimer l’outil ou en modifier l’usage : la logique française est de supprimer l’outil et tant pis s’il vient à manquer. Mais ça ne changera rien tant qu’une formation, quelle qu’elle soit, sera considérée comme valable à vie dans un monde qui, lui, est en mutation constante ( les « anciens » de la promotion Voltaire ont été une belle démonstration par l’absurde d’un des grands maux français )

    • Si l’on veut limiter l’Etat et donc l’administration centrale en France, alors il serait préférable de supprimer la fabrique à fonctionnaires le plus vite possible. Ce sont les gens qui prennent le moins de risque personnel pour le plus de bénéfice personnel.
      En revanche, ils jouent l’argent des autres et le perdent avec une excellence rarement démentie.

  • Mais en quoi l’ena est elle une filière d’excellence ?
    Segolene royal , hollande , sont des preuves vivantes de la non excellence de cette ecole.sans doute qu’on devrait piocher dans des ecoles etrangeres nos futures elites …..mais il semblerait que le cas francas soit le cas dans toutes ces écoles ,ceux choissisant la politique …sont les pires , pas un pour relever l’autre !
    Il fait se rendre a l’evidence ,l’etat n’attire pas la creme d’un pays , il faut don’c lui retirer tout pouvoir de nuissance !

    • Il est vrai que certains et certaines ne sont pas des cadors (la reine du Poitou, par ex.) !
      Mais certains, et le plus grand nombre (je l’espère) font leur boulot très consciencieusement.
      Faut-il rendre cette école en fonctionnement « Formation contnue » et non pas à la suite directe de Sciences-Po ou autre formation initiale ? Accès après 10 ans d’activité dont plus de la moitié dans la vraie vie, ???

  • Conserver l’ENA, mais limiter la présence de ces personnes dans les postes de ministre, et de responsable de commissions’, etc.
    Et surtout limiter le nombre d’élus de la fonction publique… En fait arrêter que les fonctionnaires soient à la fois juges et parties !

    • Pour moi il est evident qu’un fonctionnaire ne devrait pas avoir de droit de vote et etre inelligible.la haute fonction publique ne devrait pas etre occupe par ..des fonctionnaires sous statut

      • «un fonctionnaire ne devrait pas avoir de droit de vote et etre inelligible» ???? Et surtout les femmes fonctionnaires ????
        Il ne faut peut être pas exagérer cela signifie qu’être fonctionnaire c’est être déchu des droits (et devoirs?) de citoyen e le seul cadeau c’est d’avoir l’immense plaisir de se faire traiter de tous les maux (et maladies cochonnes?) quand on passe au guichet !
        Limiter leur nombre dans les espaces de décisions, OUI, mais quand même…
        Ne pas supprimer le Sénat mais réduire le nombre de sénateurs élus et dans cette assemblée y ajouter le Conseil Économique et Social dans le quel les branches de métiers sont représentées (et aussi les syndicats)… La présence les branches pro permettrait peut-être de faire du chômage chez les hobbyistes (limitant les tentatives de corruptions? … c’est un peu bisounours mais…)

    • 1/4 des actifs dans la fonction publique et assimilée mais les 2/3 des députés appartenant au fonctionnariat ou assimilé. Avec la possibilité pour nos élus fonctionnaires de reprendre leur poste s’il ne sont pas réélus…
      Bref, des élus majoritairement juges et partis en faveur de l’Etat, qui auront tendance à toujours favoriser ce dernier et à n’avoir que l’Etat comme critère principal de référence.
      Le plus simple serait d’obliger tout candidat à un mandat de député ou sénateur à démissionner DEFINITIVEMENT de la fonction publique ou assimilée sans aucune possibilité d’y retourner…
      En faisant ainsi, il y aurait une majoité de députés issu de la (vraie) vie civile et bcp moins de députés issus de la fonction publique. De plus, ceux qui franchiront le pas de quitter le fonctionnariat, seront à priori les plus dynamiques et volontaires.

  • Une partie du problème est que le système des Grands Corps d’origine a été pollué par l’intrusion de l’ENA qui n’a absolument pas le niveau, hors quelques rares cas individuels.
    Bref, ici on mélange les torchons et les serviettes.

  • L’ENA n’a rien d’une grande école « comme les autres », les enarques ne sont en rien des scientifiques ou des ingénieurs, aucune entreprise ne recrute des enarques pour leur qualités intrinsèques et d’ailleurs très peu d’entreprise du privé recrutent des enarques à leur sortie d’école . L’ENA ne forme pas du tout « l’elite » de la France ceci est totalement faux, elle forme des fonctionnaires , des privilégiés qui ont une garantie absolue de revenus tout en long de leurs vies. L’ENA n’interesse les entreprises que pour la relation que certaines d’entre elles ont besoin d’établir avec l’etat un point c’est tout. C’est le capitalisme de connivence spécifiquement Français qui recrute des énarques en France.
    Il faut supprimer l’ENA et supprimer l’accès à des postes de la haute fonction publique à des débutants de 22 ans !
    De meme il faut supprimer l’Ecole Nationale de la Magistrature qui permet à des gamins de 22 ans d’émettre des jugements. Juger quelqu’un à 22 ans , de qui se moque t’on ?. Rappelons nous l’affaire d’Outreau, quand les Français, stupéfaits, ont découvert que le juge n’était qu’un minable petit lapin de 6 semaines.

  • Conserver l’accès direct aux grands corps pour priver les GAFA de ces talents ! Là, j’ai failli décrocher le lustre en bondissant de ma chaise…
    D’abord, il me semble que le meilleur moyen de couler les GAFA serait justement de leur envoyer quelques uns de ces corpsards imbus d’eux-mêmes, étatiques et hors-sol. Ensuite, ça n’est peut-être pas évident sur le moment, mais quand on compare l’épanouissement personnel de ceux qui ont choisi le privé et de ceux qui ont choisi le public, quelques années plus tard, il y a de quoi fustiger les donneurs de conseils qui auront favorisé l’émergence de monstres administratifs. Sans compter que mes idées libérales n’aiment guère le concept de pousser, même subtilement, les jeunes vers des carrières qu’ils n’auraient probablement pas choisies d’eux-mêmes en pleine connaissance de cause et en pleine liberté.
    Si l’administration veut les meilleurs, c’est simple, qu’elle attende qu’ils soient mûrs et qu’elle les séduise sur le marché. Elle pourrait même s’en payer des chers, vu le nombre de boulets très bien rémunérés qu’elle ne recruterait plus via les corps du système actuel !

  • Ce n’est pas l’ENA qu’il faut supprimer, mais le statut des énarques ! Mise en disponibilité, progression automatique quels que soient les résultats, une forme d’impunité, voilà le vrai problème.

  • L’ENA a été créé après guerre justement pour remplacer les concours antérieurs d’accès aux postes de la haute fonction publique qui existaient dans chaque ministère et qui masquaient une réelle cooptation des élites de l’aristocratie et de la grande bourgeoisie parisienne.
    Cà c’est l’histoire mais plus personne ne s’intéresse à l’histoire, l’immédiateté nous précipite dans la réitération des erreurs du passé.

  • Mais comment font donc tous ces autres pays qui n’ont pas la « chance  » d’avoir une ENA pour former leurs hauts fonctionnaires. Ils sont en déliquescence, en faillite? Leur pays part à vau l’eau?
    Pas vraiment. Ce serait même l’inverse quant on compare la France à ses voisins.
    Donc une structure comme l’ENA n’est en rien un élément indispensable au bon fonctionnement d’un pays.
    Au vue des piètres performances de notre administration obèse et envahissante, autant supprimer l’ENA et recruter dans le privé les hauts fonctionnaire dont l’Etat a malgré tout besoin et selon les même mécanismes qu’un recrutement classique.
    Qui plus est, la suppression de l’emploi à vie garantirait une certaine efficacité des recrutés, les moins performants étant rapidement remplacés.

    • Vous ne savez pas? Le monde entier admire et envie notre système mais curieusement personne ne l’imite, allez savoir pourquoi…

  • le probleme c’est que « l’excellence française » a des résultats calamiteux..ce que personne n’est en mesure de contester..

    aussi on pourrait peut etre imaginer le « pragmatisme » français
    qui consisterait a recruter les décideurs chez ceux qui ayant exercé des compétences managériales dans le monde libre de jouer un rôle?
    finissons en avec le statut a vie de la ponctions publique et tout va s’éclaircir comme par enchantement, les meilleurs iront là ou ils seront les mieux considérés .. ainsi on évitera le phénomène qui consiste a dire que si bill gâtes était né en france il pantouflerait chez EDF

  • Le problème n’est pas l’ENA, mais les énarques et leur politisation.
    Il est classique d’attribuer de mauvaises causes à un problème et ainsi, d’aggraver la situation.
    Il faut exiger que tout élu démissionne de la fonction publique.

  • Je suis en profond désaccord avec la position de l’article.
    En schématisant on peut dire qu’en France les plus intelligents d’une classe d’âge sont captés par la bureaucratie, alors qu’en Allemagne, les plus doués vont vers les Technische Hochschule et l’industrie.
    Pas étonnant que nous ayons pléthore de hauts fonctionnaires et que l’Allemagne ait des usines performantes. Les uns produisent des richesses, les autres les consomment. Et ces derniers voudraient que ceux qui bossent payent pour ceux qui administrent….

    • Vous confondez savoir et intelligence. Pour étudier il faut une bonne mémoire, pas l’intelligence qui consiste à analyser et réfléchir, ce qui est totalement différent.

      • Oh, mais analyser et réfléchir, ils savent. Simplement, ils ne mettent pas cette analyse et cette réflexion au service des mêmes objectifs, notamment parce que les moyens et les critères de réussite sont bien différents. « Que connaissez-vous, comment en tirerez-vous parti ? » est le déterminant partout, sauf en France où c’est « Qui connaissez-vous, comment en tirerez-vous parti ? ». Les corps de l’Etat servent donc à se constituer un réseau, pas à prouver des compétences.

  • Et pourquoi pas doubler le nombre de ces parasites par Promos, L’agonie de la France s’en trouverait abrégée.
    Que du bonheur !

    • Excellente proposition. Il faut renforcer l’ENA. ses lauréats sclérosent la vie économique, ne voient qu’à travers la réglementation étouffante, s’indignent que l’activité ne progresse pas comme les vertueuses incitations fiscales devraient l’y inciter et rajoutent une nouvelle taxe pour insuffler du dynamisme. Gavés d’avantages, ils défendent farouchement leur pré carré et ne céderont devant aucune réforme: il faut donc leur donner une indigestion de France administrative, jusqu’à la nausée. Sans doute mourrons-nous aussi, mais le processus étant déjà entamé, ça ne peut pas être plus grave.

  • L’auteur de cette tribune est simplement communiste.
    L’ENA est une école qui trouve des « équivalents » tout à fait semblables dans les autres pays : tous les hauts fonctionnaires américaines ont fait le master d’administration publique à la Kennedy School, tous les hauts fonctionnaires des finances britanniques font leur formation au Trinity College, les allemands le font à Mannheim etc… Donc l’ENA est finalement une école de formation publique comme une autre, présentant en plus un concours interne qui compte pour 3/8 des places et un troisième concours qui compte pour 1/8 des places, ce qui diversifie le profil des admis : une moitié passe par le concours externe, 3/8 part le concours interne et 1/8 viennent du privé avec une grande expérience, en plus des 2 ou 3 docteurs admis spécialement chaque année. Cette école a finalement un processus de sélection assez large.

    L’école polytechnique c’est tout l’inverse, cette organisation proto-communiste n’a jamais été copiée par aucun pays simplement parce qu’elle est la raison même de la décrépitude de l’industrie et de l’université française. Qui peut défendre un procédé qui fixe des carrières dans la haute fonction publique automatiquement dès que l’on passe un concours à 20 ans ? Je rappelle qu’on n’a pas le droit de passer le concours de l’école polytechnique après 22 ans alors qu’on peut passer le concours de l’ENA à 40 ans.
    Ensuite, l’auteur délire complètement en disant que « les meilleurs polytechniciens se dirigent vers l’INSEE ou le corps des armées », c’est n’importe quoi, le dernier admis au corps de l’INSEE est classé souvent 200è, pour le corps des armées c’est encore plus bas. Certes le corps des Mines et des Ponts sont réservés aux 40 premiers, mais étant donné le grand laxisme scolaire qui règne pendant les 2 premières années (60% d’absentéisme alors qu’ils sont payés pour étudier !) la notion de « meilleurs des polytechniciens » est à prendre avec des pincettes.

    Il n’y a aucun pays dans le monde qui fixe les carrières dans la fonction publique à 20 ans, où dans les grandes industries via le capitalisme de connivence. Il n’y a que la France. La vraie réforme pour l’école polytechnique, c’est la suppression pure et simple de l’accès direct aux corps, la suppression de la rémunération des étudiants. Concours d’accès à la fonction publique A+ pour tout le monde, pas de passe-droit spécial. Si les entreprises privées veulent en embaucher, et bien qu’elles le fassent. L’auteur de l’article montre également son grand mépris de tous les autres ingénieurs des écoles Centrales, des Mines, des Ponts… qui eux n’ont pas de passe-droit dans la haute fonction publique et qui pourtant travaillent dans le privé, il n’a pas l’air de s’intéresser à la façon dont ces éléments pourraient « intégrer les corps de l’Etat », évidemment car ils sont réservés à l’école polytechnique.

    • Vous avez échoué au concours de l’X?

      • Oui, j’ai eu 5 à l’épreuve d’anglais. Mes parents ne pouvaient pas m’envoyer aux UK / USA un mois par an. Et c’est 3/4 du coeff d’une épreuve de maths. Voilà la vérité.
        Heureusement que j’ai pu aller à l’Ecole Centrale de Paris.

        Ensuite, que j’ai échoué ou pas ne change rien à mon propos : lorsque je passais le concours je ne savais même pas que des postes de la haute fonction publique étaient garantis pour ces élèves, environ le même nombre qu’à la sortie de l’ENA. A 20 ans. Sans possibilité de concours interne ou de 3è concours.
        Il n’y a rien de plus anti-méritocratique et anti-démocratique que d’offrir des postes dans la haute fonction publique à 20 ans.

        Encore une « exception française » que « le monde nous envie » mais que personne ne copie.

    • J’ai eu l’occasion de voire à l’œuvre des polytechnicien dans le privé et bien c’est pas beau à voire, le mythe en prend un coup…

      • Je les ai vus dans le public c’est encore pire puisque ce sont les culs de promo.

      • Ceci n’est pas logique, ce sont des problèmes de personnes. La filière étant la même pour tous, et ne présentant pas qu’un seul concours, pourquoi les cons se retrouveraient a L’X et les gens bien a Centrale ???

        • Donc c’est l’éducation qu’on reçoit une fois dans l’école qui joue.

        • Tout ce que ça veut dire c’est qu’aucune formation scolaire ne permet de garantir ce que vaudra une personne dans la vie réelle…Le système scolaire est une escroquerie qui vend du rêve rien de plus…

  • Surtout pas! C’est le problème de la France qui crée une nouvelle aristocratie avec pour conséquence le mépris du peuple, bien constaté chez Macron!

  • « leur preuve d’efficacité dans la sélection des élites mises au service de la nation »
    LOL!!!

  • L’expérience du Plan Calcul français est significative. Ayant mis tous ses œufs dans le même panier, incapable d’aller aussi vite que les start-up américaines, le fonctionnarisme ralentissant considérablement les décisions, ce fut un lamentable échec. Apple, Microsoft, etc… distançaient largement ce que les français concevaient, obsolète avant même d’être mis en œuvre. La liste des échecs lamentables et coûteux est longue, que Olivier Maurice détaille dans Contrepoint.
    1960 : destiné à traverser l’Atlantique en un temps record de 5 jours, le paquebot France fut inauguré en grande pompe après 3 ans de chantier. Dommage, cela faisait déjà deux ans que les Boeing 707 de la Pan-Am relient Paris à New York en 8 heures.
    1963 : bien décidés à montrer aux entreprises aéronautiques privées en plein boom la suprématie de la puissance publique, les États français et britanniques font la course avec l’URSS pour la fabrication d’une aile volante supersonique. Le hic ? Un Concorde consommait 6 fois plus de kérosène par passager qu’un Boeing 747.
    1966 : Plan Calcul de 300 millions de Francs de l’époque chaque année, finalement abandonné en 1974.
    1978 : Le plus drôle, les avions renifleurs, suprême grotesque de nos politiciens.
    1980 : Conçu pour réduire la gigantesque consommation de papier des annuaires téléphoniques, le Minitel est vite devenu rose. On s’interrogeait quand même à l’époque pour comprendre pourquoi son système 100 % fermé et n’offrant aucune confidentialité ne recueillait aucun enthousiasme à l’étranger.
    1985 : Le Nanoréseau, fer de lance du plan informatique pour tous destiné à faire entrer les écoliers dans l’ère numérique, le temps que ce réseau pédagogique à base de calculettes Thomson connectées soit mis en place, 3Com avait développé le réseau Ethernet, Arpanet devenait Internet, Apple lançait Macintosh et Microsoft Windows.
    1990 : Pas plus que le D2 Mac Paquet, censé nous offrir la haute définition télévisuelle, que la France a réussi à imposer à l’Europe (mêmes énarques), qui a nécessité le lancement de plusieurs satellites dédiés ainsi que des premiers réseaux câblés. Abandonné en 2000, les Américains ayant inventé le numérique entre temps…
    On remarque que l’État génial du peuple le plus intelligent de la planète se fait systématiquement devancer par les start-up privées américaines !
    On pourrait allonger la liste déjà peu reluisante de ces fleurons de la mauvaise foi patriotique à nombre de pseudo-réussites technologiques autoproclamées et aux entreprises qui ont depuis sombré à cause de l’État stratège : Bull, Thomson-CSF, Usinor, Alsthom, etc…
    De nos jours il s’est lancé tête baissé dans les énergies renouvelables à coup d’éoliennes et de panneaux solaires, démantelant un secteur où la France était parmi les leaders incontestés, au plus grand profit des Chinois qui les fabriquent. Et ce sera un gigantesque fiasco supplémentaire dans lequel des centaines de milliards auront été gaspillés, et le nombre de pauvres augmenté, lesquels n’auront pas les moyens de se payer cette énergie hors de prix !

    • «Plan Calcul … abandonné en 1974.» et «1978, les avions renifleurs,»
      Deux actions du même quidam !
      Le plan calcul, destiné a créer une informatique européenne, l’abandonné fut une surement une erreur actuellement nous sommes pieds et points liés soumis aux décisions aléatoires d’un Trump.

  • quelques certitudes :
    le système actuel va à la ruine.
    il y a confusion entre recrutement, sélection, formation…
    les autres pays ne font pas comme nous…

    le problème ne serait pas aussi prégnant si l’Etat n’était pas aussi gros : cela fausse également le diagnostique.

  • Les meilleurs talents doivent d’abord travailler à la création de richesses, les médiocres et les mauvais peuvent devenir fonctionnaires puisque de toute manière leurs talents seront gâchés.

  • L’opposition 1 me laisse quelque peu perplexe. Les élèves des grandes écoles recevant une formation gratuite (pour eux) et une rémunération doivent fournir un certain nombre d’années au service de l’État, ou rembourser les frais de leur formation.
    Pour l’Ena (j’ai la flemme de chercher pour les autres): https://www.ena.fr/Formation-initiale/Recrutement-en-formation-initiale/statut-eleve
    Il est possible que certaines grandes entreprises prennent à leur charge le remboursement des frais de formation pour les gens qu’elles recrutent. Mais cela peut faire une grosse somme en regard de l’expérience professionnelle (faible) de la personne embauchée.

    • Le remboursement, à l’X, pouvait être remplacé avant la réforme de 2015 par l’obtention d’un diplôme supplémentaire. Nombre d’entreprises offraient une bourse pour ce cursus en échange d’un engagement de quelques années. Depuis 2015, on doit rembourser 21000€ (corpsards) ou 31000 (les autres), moins 10% par année effectuée au service de l’Etat. Montants peu effrayants pour une entreprise qui recrute.

  • Je ne sais pas avec qui ont travaillé au cours de leur vie, ou actuellement les commentateurs de ces sites, mais personnellement ma vie professionnelle m’a fait haïr les énarques, gravement incompétents dans tous les domaines techniques et scientifiques qui sont pourtant au coeur de nos sociétés modernes, incompétents également en économie et en finances, vu comment ils ne savent pas compter et jettent l’argent public, prétentieux et fumeux, usant de « jargons » qui impose une traduction préalable à tous leurs écrits, pédants et inutiles.
    A contrario, j’ai beaucoup travaillé avec des ingénieurs issus soit des grandes écoles techniques, BTP, Mines, Télécom, voir X, et là, IMMENSE RESPECT, des gens clairs, cohérents, qui savent appréhender un problème, qui surtout savent évaluer la faisabilité et le coût d’un projet, que ce soit de construction ou de communication.
    Et ils sont clairs dans leurs propos (pas de jargon obscur), terre à terre, mais malheureusement, ils n’interviennent que comme conseillers techniques, et souvent juste le temps d’un projet, n’ayant en général pas de pouvoir décisionnaire.
    Et leurs avis techniques et scientifiques sont le plus souvent balayés d’une main par ceux qui ont déjà décidé et ne prennent des avis que par obligation.
    Combien de fois ont-ils pu me dire comment pouvez vous travailler avec une haute hiérarchie pareille ?
    Le pouvoir décisionnaire appartient aux frapadingues de l’ENA et ce pays en crève.

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