Préparez-vous à une augmentation des dépenses d’éducation

Peut-être faudra-t-il que, très tôt, vous financiez des cours particuliers pour pallier les carences de l’Éducation nationale.

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Préparez-vous à une augmentation des dépenses d’éducation

Publié le 9 juin 2019
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Par Patrick Coquart.

Notre pays se distingue généralement par sa mauvaise place dans les classements internationaux. Le dernier classement PISA (Program for International Student Assessment), publié par l’OCDE, qui date de 2016 (le prochain est prévu cette année), classe la France en 26ème position (une place de moins qu’en 2012).

Le classement a été établi à partir de résultats obtenus auprès de 540 000 élèves de 15 ans répartis dans 72 pays. Il mesure les performances des systèmes éducatifs en s’attardant sur trois domaines : sciences, compréhension de l’écrit et mathématiques.

Le tableau ci-dessous donne les résultats des 40 premiers pays :

On remarque que si la France n’est que 26ème, les États-Unis ne font guère mieux en obtenant la 25ème place. Nos proches voisins que sont l’Allemagne et le Royaume-Uni se classent à la 15ème place ; la Suisse est 18ème ; la Belgique 20ème. En revanche, Espagne (28ème) et Italie (34ème) font moins bien que nous.

Les dépenses publiques pour l’enseignement n’améliorent pas le classement PISA

Prenons maintenant en considération une autre étude de l’OCDE, publiée chaque année : Regards sur l’éducation, un pavé de près de 500 pages qui compile toutes les données possibles sur les systèmes éducatifs des pays membres.

Attardons-nous sur les dépenses d’éducation : du primaire au supérieur, les pays dépensent en moyenne 10 500 dollars par an pour financer l’instruction de chaque élève/étudiant. Bien évidemment, ces dépenses peuvent varier considérablement d’un pays à l’autre comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous :

Il est frappant de constater que les deux tableaux sont pratiquement inversés. Même si le deuxième tableau contient moins de pays (faute de données disponibles), il est tout de même possible de faire des comparaisons.

Les pays qui ont le plus de dépenses d’éducation par élève/étudiant ne sont pas ceux qui sont en tête du classement PISA. Le Luxembourg qui dépense 22 430 dollars/tête est 33ème du classement PISA ; les États-Unis qui dépensent 16 500 dollars/tête sont classés 25ème ; la Norvège avec 15 700 dollars/tête est 24ème ; l’Autriche (15 000 dollars/tête) est 26ème, etc.

À l’inverse, les pays en haut du classement PISA ne sont pas ceux qui dépensent le plus : le Japon, deuxième du classement ne dépense que 12 120 dollars/tête ; l’Estonie, troisième avec 8 100 dollars/tête ; la Finlande, cinquième avec 11 500 dollars/tête ; la Corée, 11ème avec 11 100 dollars/tête.

La France est juste au-dessus de la moyenne avec un peu plus de 11 000 dollars dépensés par élève/étudiant.

Il est donc logique de s’effrayer devant les demandes d’augmentation des dépenses étatiques en faveur de l’enseignement. Elles ne servent pas à grand-chose.

Les dépenses d’éducation privées semblent avoir un meilleur rendement

Il est frappant de rapprocher les études de l’OCDE avec celle de la banque HSBC intitulée The Value of Education, et plus précisément avec un indicateur qui porte sur les efforts supplémentaires que font les parents pour l’éducation de leurs enfants. Selon HSBC, plus des deux tiers des parents paient pour des cours particuliers ou l’ont déjà fait dans le passé.

On remarquera que les pays asiatiques sont nombreux dans le haut du tableau, et l’on fera un rapprochement avec le classement PISA qui place parmi les pays les mieux classés Singapour, Taiwan et la Chine. Des pays où les dépenses supplémentaires des ménages pour l’enseignement sont très répandues.

Quelles conclusions tirer de tous ces chiffres ? Ces études, malheureusement, ne portent pas toutes sur les mêmes pays et les comparaisons que nous pouvons faire ne sont pas optimales.

La course aux diplômes et aux dépenses

Comme nous l’avons vu, les pays qui dépensent le plus pour l’enseignement ne sont pas ceux qui ont le meilleur classement PISA. C’est même souvent l’inverse qui est vrai.

Augmenter les dépenses publiques en faveur de l’enseignement revient donc à jeter l’argent par les fenêtres.

Nous avons également remarqué que certains des pays les mieux placés dans le classement PISA sont aussi ceux dans lesquels les parents offrent à leurs enfants des cours particuliers.

La France occupe une place moyenne – pour ne pas dire médiocre – dans chacun des trois tableaux.

Mais cette course aux diplômes – et aux dépenses – a-t-elle un sens ? Bryan Caplan, un économiste à George Mason University, montre dans son dernier livre que l’argent public en matière d’éducation est gaspillé. Dans The Case Against Education, Caplan explique que la détention d’un diplôme est avant tout un signal pour de futurs recruteurs. Ceux-ci savent alors que l’individu diplômé est intelligent, travailleur, résistant au stress, etc.

Mais si tout le monde se met à être diplômé, le signal ne fonctionne plus, écrit Caplan. C’est d’ailleurs ce qui se passe en France avec le baccalauréat. En décrétant que tout le monde serait bachelier, les responsables politiques ont dévalorisé le diplôme. Aujourd’hui, il est nécessaire d’obtenir la mention « très bien » pour avoir quelque crédit.

Pour attirer l’attention, il faut donc toujours être plus diplômé. Par exemple, en allant suivre un cursus à l’étranger et si possible dans un établissement prestigieux… et donc coûteux.

Les études s’allongent, coûtent cher et, pendant ce temps-là, nombre d’emplois manuels, pourtant correctement rémunérés, ne sont pas pourvus.

Et vous, que voulez-vous pour vos enfants ? Prenez le temps de réfléchir à la question. Si vous pensez que seul le diplôme pourra les aider dans leur vie professionnelle, préparez-vous à faire face à des dépenses importantes, et en augmentation continue. Peut-être faudra-t-il que, très tôt, vous financiez des cours particuliers pour pallier les carences de l’Éducation nationale.

Pour plus d’informations, c’est ici.

Voir les commentaires (35)

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  • Pisa ou pizza ,cette etude est bidon comme le montre ses classements sans liens apparents avec les criteres choisis…c’est une etude pizza chacun y mais ce qu’il veut

    • -3 a 9h58 , ce n’est pas assez alors j’ajoute que la reussite des eleves n’est pas liee a l’enseignant ou l’enseignement ou l’argent mais a la culture ancestrale du pays …

      • @réac je vous suis sur ce socle ancestral, mais une éducation mal menée est aussi capable de le saborder. A l’inverse une éducation efficace peut pallier le manque de socle.

      • La France était réputée pour son enseignement lors de la période des hussards de la République! Mais les gauchistes ont tout foutu en l’air! Les enseignants ont un rôle primordial car un mauvais dégoûte les élèves!

        • Virgile, qui sont les gauchistes ? Depuis 1958, la France n’a connu que 17 ans de présidents de gauche et 20 ans de gouvernement de gauche (ces deux nombres ne sont pas cumulables). La droite de gouvernement a nettement eu plus de temps pour établir ses politiques éducatives ! Il faut peut-être voir un peu plus loin que la couleur politique !

      • Le carnet d’adresses de papa/maman aide bien aussi

    • Pisa c’est bidon, parce que ça ne prend pas en compte la sociologie des publics. 80% de l’éducation se fait dans la sphère familiale. Évidemment quand les gosses passent 3h par jour devant la télé ou ont des parents absents ou qui parlent pas le français, alors quelque soit le système éducatif, il ne fera pas de miracles

    • Cela vous dérange qu’on puisse dire qu’on est mauvais et ce n’est pas nouveau. Les enseignants sont plus préoccupés par leurs vacances que par leur travail. D’un autre côté le réflexe travail dans l’enseignement en France ne peut être acquis avec des vacances toutes les 6 ou 7 semaines.

  • Bof bientôt les mooc ..
    qui va régler les problèmes d’enseignement et mettre toute l’EN a la poubelle de l’histoire

  • il est ou le temps béni ou l’on avait du boulot même sans diplômes car les employeurs se basaient sur votre savoir faire …..

  • Difficile de considérer les dépenses d’enseignement par étudiant sans les corriger en parité de pouvoir d’achat ou en les rapportant au PIB.

    • c’est vrai… mais pourtant compte tenu que c’est pour « fabriquer » des cerveaux…en concurrence pourrait on dire ..ça n’est pas si pertinent.. un pays à pib élevé doit aussi avoir a priori à des « outils » plus performants..

  • Constatons que chaque fois que l’État se réserve un monopole (enseignement, assurance maladie, retraite, etc.), il faut rajouter des sous à nos impôts si on veut un minimum de qualité… En résumé, payer deux fois.

  • Je pense que, pour notre pays, la réalité en termes de capacité à mener une vie d’adulte indépendant, est encore pire. Il y a des choses difficiles à mesurer, la faculté de penser de façon autonome par exemple.

  • Quand on se penche sur le tableau, on ne peut que constater le désastre:

    – des hauts fonctionnaires complètement hors sol et idéologues
    -des parents d’ élèves qui n’ y bitent rien, quand ils ne sont pas d’ anciens cancres.
    -des profs à l’ abandon qui pour la plupart, n’ ont jamais rien connu d’ autre que l’ école et dont le taux d’ absentéisme n’ est plus à démontrer. Aucun partage d’ intérêt, aucune expérience forte, et encéphalogramme apparenté au clapotis du lac Majeur.
    -des syndicats qui se soucient de tout sauf de l’ instruction des élèves.
    -des réformes permanentes jamais évaluées ( pour certaines tant mieux)
    -et puis un sujet qui me tient à coeur car mon dos s’ en souvient, des cartables qui s’ apparentent plus à un bât, et qui au fil de l’ année scolaire, voit son poids augmenter car ces bons profs ne trouvent rien de mieux que d’ exiger des cahiers, non pas pour écrire, mais pour y coller des imprimés. La forêt de Notre Dame y passe tous les jours avec eux.

    • Bonjour Stéphane, il faut faire attention au péremptoire :
      – les carrières des enseignants sont justement de plus en plus hétérogènes, si la majorité demeure dans un parcours classique, de plus en plus d’enseignants, notamment dans les langues, les sciences et l’enseignement technique, sont en seconde carrière. Mais cela peut toucher aussi les disciplines littéraires.
      – Par ailleurs, le taux d’absentéisme est justement à démontrer puisque l’essentiel des sources montre que les enseignants ont des absences globalement conformes à la moyenne de leurs pairs (entendez des cadres privés et publics). Et quand je dis conforme, c’est que c’est même parfois inférieur à la moyenne.
      Je passerai l’ignoble stupidité du dernier point qui relève plus de la crasse malveillance que d’une quelconque réalité globale.

  • Il faut rétablir l’autorité des professeurs : on ne peut pas apprendre dans le bruit alors que de nombreuses classes sont bordélisées

    • @frank on est bien d’accord mais eux le sont-ils ? Autorité est un gros mot pour beaucoup d’entre eux, alors quant à la mettre en oeuvre ….

      • Les conditions de travails des enseignants se sont dégradés considérablement d’abord et avant tout parce que de nombreux parents ne s’occupent plus de l’éducation de base (savoir vivre en société). Ce qui est entre parenthèses est lié au fait que l’éducation soit « gratuite », si les parents payaient ils voudraient un retour maximal sur leur investissement et feraient en sorte que leurs enfants soit attentifs, personne n’aime jeter l’argent par les fenêtres (tragédie des biens communs, même sujet que pour la propreté dans les lieux publics, etc.)

        Maintenant, puisque la situation est ce que l’est, si on est pragmatique le fait de « faire la police » doit être intégré dans la formation des profs et être considéré comme un des éléments les plus importants, avant leur savoir spécialisé. Car jamais un élève n’apprendra quoi que ce soit quand la classe est une véritable cour de récréation, voire pire.

        • @louis oui mais le discours favori et répété à l’envi par les enseignant est « on n’est pas payés pour faire la police » par ailleurs les formateurs d’enseignant sont encore plus décérébrés que la moyenne, ajoutons que les plus nuisibles d’entre eux sont ceux qui prennent les décisions au ministère… bref les chances d’une telle orientation de formation sont ….. nulles

        • même s’ils payaient, je ne suis pas sûr que les parents élèveraient mieux leurs enfants… (enfant roi depuis mai 1968).

  • Ce contrepoint est surtout un contrepied ou un croche-pied d’un « penseur » qui a oublié que l’on ne peut penser juste si l’on a pas de connaissance, que l’on ne peut penser si l’on ne cherche pas à critiquer sa propre opinion. On a le droit d’être libéral, voire ultralibéral et penser que les dépenses privées améliorent le bien commun, il faut quand même avoir un peu de discipline scientifique.
    Comme l’explique l’ancien recteur PY Duwoye dans son excellent blog, la particularité des dépenses publiques françaises tient dans :
    – une dépense très forte dans la logistique et la gestion administrative de l’éducation nationale (publique ET privée).
    – un subventionnement plus qu’important de l’éducation privée (ignore-t-il que les enseignants du privé sous contrat,grande majorité en France sont payés par l’Etat ?)
    – et, donc, finalement, une dépense relativement peu élevée consacrée à l’éducation en tant que telle (matériel pédagogique et traitement des enseignants).
    Pour donner une idée de comparaison, le rapport est complètement inversé en Allemagne. L’explication tient dans le maillage territorial complexe, notamment dans le premier degré et le manque de rationalité des tailles des établissements scolaires. Personnellement, en tant que professionnel de l’éducation, j’estime qu’il serait criminel de supprimer des petites entités simplement par mesure d’économies, surtout qu’elle signifierait l’augmentation sensible de temps de déplacement pour beaucoup d’enfants. Mais c’est une réelle explication. Avec en plus le poids important des administrations centrales et déconcentrées dont il y a beaucoup à redire dans la pertinence de leurs missions.

    Quant au fait que les dépenses privées sont plus efficaces que les dépenses publiques dans l’éducation… Dans un paradigme où la compétence est clé, où l’intégration dans une entreprise et un système d’aliénation, sans doute est-ce vrai. Mais s’il s’agit d’éducation, je me permets de douter sur cette analyse, peu fine.

  • L’article confirme la dérive d’un système depuis 68. Un corps enseignant peu soigné donnant une image déplorable
    Toujours à la recherche d’une grève pour en faire le moins possible
    Sachant mettre leurs enfants dans des classes CAMIF avec les meilleurs professeurs
    Peu préoccupés de l’ascension sociale des plus défavorisés

  • on aussi un facteur dans notre pays..une désillusion vis à vis des études..EN PLUS…des tas de parents pensent que les études c’est pas si utiles..et ils n’ont pas tort en france, compte tenu de la réalité socioéconomique, des diplômes..

    il se forme une fracture ceux qui ont confiance en les vertus de l’éducation et les autres..

    c’est foutu, sclérosé….vous parlez à un prof..qui défend bec et ongle l’ed nat…mais qui est insatisfait, qui critique..la bureaucratie , l’absence d’autonomie, la non reconnaissance du travail, la non motivation des parents qui ne payent pas… il ne veut pas faire le lien…

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