La Tunisie face à son destin (2)

Le gouvernement de la Tunisie donnera-t-il la mesure de la hauteur de sa vision des choses du monde et du pays pour un nouvel ordre rompant avec le désordre actuel ?

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La Tunisie face à son destin (2)

Publié le 27 mai 2019
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Par Farhat Othman.

La Tunisie gouvernée officieusement par les islamistes de Rached Ghannouchi peine à trouver sa voie vers un véritable État de droit. C’est surtout du fait de la simulation et dissimulation élevées en art par un parti religieux intégriste qui ne convainc que ceux qui veulent croire en Occident qu’il s’agit d’une démocratie islamique.

C’est un tel jeu malsain qui retarde l’épiphanie en Tunisie d’un véritable État de droit où s’épanouit un vivre-ensemble serein et paisible en conformité avec l’âme hédoniste, libertaire et altruiste du peuple dans sa majorité. C’est que les élites déconnectées de leurs racines populaires, intégristes religieuses que sont les islamistes, mais aussi profanes : les occidentalocentristes, que je nomme salafistes profanes, font tout pour faire prévaloir leurs querelles mesquines et les intérêts égoïstes de leurs partis sur ceux de la patrie.

Impératif catégorique de la réconciliation

Pour sûr, le coup du peuple a entraîné l’arrivée de quelques responsables moins soucieux de l’intérêt suprême de la patrie que de la réparation du préjudice subi sous la dictature. Il n’en demeure pas moins que cela n’a pu ni ne devrait occulter les honnêtes compétences. Les uns ayant toujours eu pour vocation, même sous l’ordre de la dictature, le service public le plus large au profit de tous, malgré les difficultés et les risques encourus ; les autres continuant à agir pour la réussite de la transition démocratique au sein de ce qui a fait la force de pays, une administration bien structurée.

Or, si cela nécessite déjà d’oser dépasser les avanies du passé, y compris en termes de réparations matérielles du pretium doloris, pour ceux qui sont au pouvoir pour le moins, cela impose surtout un esprit avéré de réconciliation sans lequel rien ne saurait se faire. Ce qui suppose un effort sincère de tous où ne doit primer que l’intérêt le moins égoïste, celui du peuple qui demeure pauvre, gens de peu ou zawalis comme on dit populairement.

Il est vrai, la société est tiraillée par des dogmatismes et des intégrismes qui poussent à la confrontation ; ils n’animent néanmoins que des groupes bien minoritaires dans le tissu social, et ne font donc illusion que par leur complicité objective à s’exclure mutuellement, empêchant toute avancée concrète. En effet, la majorité du peuple reste à la fois paisible et ouverte à de réelles avancées dans la qualité de sa vie en termes de droits et de libertés.

Aussi, les plus sages des milieux proches de ces minorités antagoniques devraient-ils non seulement cesser d’encourager les dérives intégristes dans leurs rangs, mais agir activement aussi à les retenir, en faire cesser les manifestations dans l’intérêt bien compris du pays qui ne saurait être servi que grâce à l’action concertée de tous les siens s’acceptant tels qu’ils sont : différents, mais se complétant, agissant activement et sans arrière-pensée pour le salut du pays, un salut commun et solidaire.

Foi en l’avenir d’une foi fair pray

En ce moment historique, la devise de tout Tunisien doit être l’éthique ; ce qui signifie d’être responsable, avoir ce courage de la vérité qui est une justesse de voie et de voix. Cela impose beaucoup d’humilité, de l’humilitude même qui serait l’art d’être humble ; or, plus on est compétent, plus l’on se doit d’être humble. Tout se passe comme avec la science et le savoir étendus qui, autant on avance dans la découverte des choses de la vie, renseignent sur l’immensité de l’ignorance, le savant n’étant que l’ignorant qui n’arrête d’apprendre, y compris auprès du plus ignorant des mortels, la sagesse populaire, celle de l’école de la rue, pouvant se révéler être de meilleur enseignement dans la vie.

C’est ce qui fait une part du génie du Tunisien qui arrive, du fait d’une telle sagesse populaire, à avoir toujours la ruse de vivre pour s’adapter à toutes les circonstances, y compris et surtout l’environnement de contraintes légales et immorales dans lequel il est contraint de vivre.

Aussi, en ce pays en pleine réforme sur tous les plans, une rénovation mentale, une renaissance en quelque sorte, la moralité du politique au service de ce peuple — pour être au diapason de son génie populaire — doit se manifester par sa conviction que nul n’est indispensable comme nul n’y est irremplaçable ; et aussi que tout un chacun est responsable, du plus simple citoyen au plus élevé dans la hiérarchie sociale et politique. Être responsable, éthiquement responsable bien entendu, devrait être le label de la Tunisie Nouvelle République enracinée dynamiquement dans sa culture ancestrale tout autant que dans la civilisation humaine et humaniste d’aujourd’hui. Au demeurant, c’est l’esprit du temps qui commande une telle éthique fondant une pratique politique transfigurée par l’esprit du sacerdoce, une morale du service.

D’ailleurs, il en a été question au 48e Forum économique mondial de Davos où, sur fond de tensions géopolitiques et économiques de plus en plus grandes et du ralentissement spectaculaire de l’économie mondiale, l’on a bien osé parler de l’impératif de la confiance et de la nécessaire solidarité. Car dans l’environnement complexe et explosif de notre mondialisation 4.0, il ne suffit pas de s’interroger sur la manière la plus efficace de réussir à dépasser l’insurmontable difficulté de la stagnation dans les pays pauvres, mobiliser surtout les bailleurs de fonds, les investisseurs, pour soutenir les efforts avérés allant dans le bon sens, tels ceux fournis en Tunisie sans la sortir encore de la crise. Comme on l’a fait cette année, il importe aussi de savoir, s’agissant des leaders arabes surtout, comment ils pourront ouvrir les horizons devant les jeunes et déverrouiller l’avenir avec toutes les potentialités existantes.

Or c’est bien l’espoir et la confiance en l’avenir à rendre aux jeunes qu’on a estimé nécessaires, comme étant les principales aspirations de la jeunesse arabe avant la création d’emplois, la promotion des investissements et autres concepts classiques. Outre la liberté et le droit de vivre librement leur vie privée, la première demande des jeunes Arabes est la mobilité, sans obligation de visa, ce qui rejoint aussi une revendication pressante des opérateurs économiques. Partant, si l’on convient que le secteur privé peut être le salut du monde arabe, non ses gouvernants, cela suppose bien l’abolition de toutes les entraves actuelles aux droits et libertés privatives, dont celles à la libre circulation. N’est-ce pas l’esprit bien compris de libéralisme ?

Certes, ainsi que l’a dit le chef du gouvernement tunisien à Davos, les questions de la sécurité et de la stabilité demeurent impératives, la sécurité de chacun étant un préalable à la croissance ; ce qui nécessite, au préalable, la stabilité des institutions politiques, économiques et sociales. Toutefois, cela reste fonction de la confiance qui manque entre les gouvernants et les citoyens, ce qui renvoie à la question des droits et des libertés, socle de tout vivre-ensemble serein et paisible. Ce qui signifie également pour les pays d’islam une nouvelle exégèse de la religion en vue de retrouvailles avec la foi des Lumières, une sorte de fair-pray que manifeste le courant soufi, assez fort dans les milieux populaires quoiqu’altéré par les avanies du temps et les excès des mouvements intégristes adverses.

Notre conviction est que cela ne se fera que dans un cadre d’espace méditerranéen apaisé ; ce que M. Chahed a noté d’ailleurs dans un panel ad hoc à Davos, affirmant que la préoccupation de la sécurité et de la stabilité, du fait notamment de l’ampleur des menaces terroristes et leur impact certain sur le développement, doit être partagée par les pays du voisinage immédiat, mais aussi par l’ensemble de la région. Cela veut dire que tout est à réviser, pas seulement le système éducatif obsolète ou la formation professionnelle ; ceux aussi de l’information, de la pratique politique et surtout de l’appréhension du fait religieux devant être sorti du domaine public pour être ramené à celui de l’intime dans ce rapport direct et exclusif entre le fidèle et son créateur qui est le propre de la religion musulmane.

Par conséquent, c’est bien d’un défi de la qualité qu’il s’agit de relever à tous les niveaux, dans tous les secteurs, et en premier celui de l’environnement légal, car la loi actuelle peut être illégale ; et elle l’est, de fait, dans nombre de cas. Or, comment en appeler au respect de la loi, ce qui est la première devise d’un État de droit, quand la loi y est non seulement illégitime, mais illégale aussi ? Ce qui rend farfelu et vicieux le souci de l’organisation des élections en Tunisie avant l’installation de la Cour constitutionnelle.

Comme, d’un autre côté, il s’agit de permettre à l’entreprise de disposer des ressources humaines qualifiées indispensables à la création de la valeur, cela implique l’enlèvement de toutes les barrières faisant obstacle à une intégration véritable et qui soit tout autant économique que politique en un monde plus que jamais globalisé où le facteur géographique ne compte plus face aux intérêts géostratégiques diffractés en tous domaines, impliquant tout et tous, comme le sont les choses en notre monde digitalisé de l’information. Ce qui impose un sursaut général salutaire dont les linéaments peuvent prendre forme en cette mer commune qu’est la Méditerranée redevenant un lac de paix à la faveur de la création en son sein d’un espace commun, une aire de civilisation, autour des pays démocratiques ou en cours de démocratisation.

La croissance est l’innovation

Au moment où la croissance en Tunisie pose problème, sa vision renouvelée pour notre époque selon les vues du prix Nobel d’économie en 2006, Edmund Phelps, chercheur à Columbia, est intéressante à connaître ; elle a fait l’objet de son ouvrage : La prospérité de masse. Selon cette thèse, si la croissance est au cœur de la prospérité des nations, elle ne tient plus dans le progrès matériel et l’avancée économique qui ont fait la prospérité des pays développés. Aujourd’hui, elle est surtout dans le dynamisme du pays tout entier, ce qu’on appelle élites, mais aussi le commun des mortels, par une ouverture à l’innovation et une capacité de l’accepter, en faisant des élites en puissance ; car les élites se renouvellent sinon c’est la sclérose et la négation de tout dynamisme et donc de la moindre croissance.

C’est le degré d’un tel dynamisme porté au plus haut point qui fait la force de l’économie de nos jours. Or ce dynamisme est permis par l’aptitude à l’innovation qui est un désir de changer les choses bien plus et avant la volonté de le faire ; c’est alors ce qui permet de finir par avoir forcément le talent nécessaire et la capacité effective pour innover. Cela a lieu surtout au niveau mental et déjà légal au préalable, fondant cet inconscient incontournable et la réceptivité à (et de) l’innovation ainsi que l’action pour vouloir la nouveauté.

Il se trouve qu’en Tunisie ce trait essentiel de la croissance est refusé par l’habitude conservatrice chez les décideurs à refuser tout ce qui viendrait chahuter l’ordre avec ses privilèges acquis au point de diaboliser toute nouveauté comme porteuse de risques et d’inconnu, dans cet attachement maladif à ce qui est connu, éculé, ayant surtout abouti à un ordre satisfaisant pour les intérêts établis. De plus, c’est connu, on préfère le confort à la prise de risque qui est pourtant inhérente à la croissance et à toute activité innovante. Un tel courage à oser prendre des risques est l’anticipation, moteur de toute réussite ; c’est l’esprit de conquête des capitaines d’industrie et des défricheurs des voies nouvelles.

L’économie nationale n’est plus comme avant en charge du système de l’innovation. Car avant la mondialisation, l’État national devait s’occuper lui-même du développement des nouveautés et de leur adoption par le public. Désormais, les économies nationales développées mais surtout aussi sous-développées devant s’ouvrir à des développements exogènes, l’innovation n’est pas nécessairement nationale. Faut-il être en mesure de la capter et d’en profiter ; ce qui nécessite suffisamment d’ouverture à l’étranger et la capacité de profiter de ses avancées pour en faire des atouts propres au service de la croissance nationale.

Aussi, le taux de croissance économique du pays ne peut plus constituer une unité fiable pour mesurer le dynamisme de son économie. C’est qu’en économie mondialisée, une économie à dynamisme faible ou même nul peut bénéficier du même taux de croissance en termes de productivité, de salaires et de tous les autres indicateurs que ceux du pays moderne étant, dans cette économie mondialisée, entraînée par une ou plusieurs des économies à fort dynamisme parmi les leaders économiques.

Pour ce qui est de la Tunisie, c’est parce que son économie ne commerce pas ou pas assez avec les pays à fort potentiel, certes, mais surtout parce qu’elle manifeste peu de vibrance et d’adaptation pour imiter l’adoption de concepts et produits originaux, mais dénigrés comme tels, des pays modernes. C’est ici que se situe le manque de dynamisme et qui est la cause véritable de l’absence de croissance et forcément du sous-développement.

Voici un autre exemple, celui de l’Italie, proche et si ressemblant voisin de la Tunisie ; c’est Phelps qui le donne au reste. Entre 1890 et 1913, la production par heure ouvrée y progressait au même rythme qu’aux États-Unis. Pourtant, aucun historien de l’économie n’osait ni n’ose affirmer que ce pays manifestait alors un certain dynamisme, et encore moins le comparer à celui des États-Unis. Ce qui prouve bien qu’une économie à dynamisme faible peut pendant un certain temps présenter un taux de croissance plus rapide qu’une économie dotée d’un dynamisme fort. C’est que le dynamisme d’une économie n’est pas un terme pour désigner la croissance de la productivité. On ne peut plus continuer à penser l’économie moderne selon les concepts classiques dépassés comme le font nos économistes. Une de ces théories est celle de Schumpeter relative à l’équilibre ponctué, soit une économie générant un savoir économique grâce à ses propres compétences, à son intelligence du lien entre commerce et innovation.

La Tunisie, les droits et les libertés

Décideurs et économistes tunisiens continuent à se référer à une telle obsolescence économique en commettant l’erreur de ne pas savoir distinguer entre économies modernes, moins modernes et non modernes. Leur péché mignon qui ne leur est pas propre puisqu’on le retrouve encore partout dans le monde est de considérer les économies nationales, y compris celles qui sont des modèles de modernité, comme des machines à produire de manière plus ou moins efficace, avec juste cette différence que certaines présentent des handicaps naturels alors que d’autres se trompent de politiques en usant de fausses recettes sinon de néfastes solutions. On voit cela, à titre d’exemple, dans l’avant-dernier rapport du FMI sur la Tunisie.

On est ainsi incapable de se rendre compte d’une évidence qui crève pourtant les yeux, à savoir que l’économie n’est plus moderne que du fait des idées nouvelles qui sont l’essence de leur modernité. Les idées du passé, comme celle des biens et services, à la base des données relatives au revenu national brut, n’ont plus cours. La modernité est ailleurs ; elle est dans les activités permettant et visant l’innovation. Donc de nouvelles idées.

Aussi, pour que l’économie tunisienne ait une chance de sortir du sous-développement qui est d’abord mental elle doit cultiver comme faculté indispensable l’imagination au pouvoir et dans sa législation ; ce qui suppose des libertés et des droits à agir, innover, surprendre et étonner. Cela impose aux décideurs, tant politiques qu’économiques, d’avoir le discernement nécessaire de pressentir, sinon encourager, les désirs et besoins populaires de ce qui n’existe pas encore ou ce dont on ne veut pas ou qu’on n’ose pas pour une cause ou une autre, idéologique surtout.

C’est cela la vision stratégique qu’il faut aux dirigeants tunisiens et qui consisterait en cette forme d’intuition faisant le charisme chez le politicien et l’économiste bien implanté en son milieu au point d’anticiper les besoins des siens. C’est en quelque sorte l’intellectuel organique dont parlait Gramsci. À l’échelle d’un pays comme la Tunisie, cela impose de lever toutes les entraves juridiques et morales à la créativité populaire, d’où la nécessité qu’il y ait une capacité libre à la curiosité poussant à explorer les nouveaux sentiers, quitte à ce qu’ils soient au début des chemins qui ne mènent nulle part ou des sentiers de traverse. Car ce sont eux qui permettent d’innover. C’est cet élan imaginatif, qu’on nomme imaginarium, qu’il faut encourager afin que l’on soit motivé à innover et permettre donc la croissance en son pays. D’où est encore plus cruelle l’absence de droits et de libertés, en tous domaines, aujourd’hui dans la législation tunisienne.

La situation explosive et complexe à la fois du pays suppose des mesures immédiates qui seraient d’autant plus efficaces qu’elles auront une portée symbolique, leur valeur n’étant pas en soi, mais en tant que signe d’une intention ; ce qui agira sur l’imaginaire et l’inconscient, soit ce qui bloque le mental, constituant le terreau du refus du vivre-ensemble, multipliant les obstacles à la transition démocratique.

C’est donc la bataille de la loi juste qui est à engager, puisqu’il est inadmissible que huit ans après le 14 janvier 2011 l’on soit encore soumis à la législation de la dictature avec des jugements iniques rendus sur la base de lois scélérates. Cette bataille concerne bien évidemment l’abolition des lois les plus liberticides sans attendre l’installation de la Cour constitutionnelle. Des assises urgentes du parlement sont à appeler solennellement dans une adresse au peuple situant la guerre contre la législation illégale au même niveau que celle engagée contre la corruption, puisqu’elles s’alimentent mutuellement. Un tel appel aura encore plus d’effet en étant l’occasion de l’annonce d’instructions données aux ministres concernés pour un moratoire à l’application des lois les plus en flagrance d’infraction avec les droits et les libertés consacrés par la Constitution, comme la loi homophobe. De plus, sera annoncée à cette occasion l’annulation immédiate de l’ensemble des circulaires liberticides, dont l’Association tunisienne de Défense des Libertés Individuelles (ADLI) a fait récemment l’inventaire, un infra-droit incompatible avec une saine notion d’État de droit.

Cette bataille juridique aura assurément d’immenses retombées politiques bénéfiques, situant le gouvernement sur un terrain originel hautement porteur, tant sur le plan national qu’international, renouant avec l’ambition première de la révolution qui fut et reste la mise sur pied d’un modèle tunisien sui generis, manifestant l’exception avérée du pays. L’intérêt d’un tel challenge serait magnifié encore, surtout auprès des jeunes, par l’annonce de l’intention de la Tunisie à militer pour le droit à la libre circulation comme acquis majeur traduisant la maturité du Tunisien et pour ancrer sa transition démocratique. Comme déjà dit, cette annonce serait à faire, par exemple, dans le cadre des négociations pour l’accord ALECA appelé à intégrer la libre circulation humaine en étant débaptisé en ALECCA, et ce aussi bien pour des raisons éthiques et juridiques nationales et internationales, l’énorme concession de la levée des empreintes digitales méritant une concession de même poids et la libre circulation des marchandises ne pouvant occulter celle des humains, créateurs des richesses. Et ce d’autant mieux que l’outil adéquat existe, étant respectueux des réquisits sécuritaires et des droits humains qu’est le visa biométrique de circulation délivrable gratuitement et pour une durée minimale d’un an à tous les Tunisiens.

Il serait aussi possible pour le gouvernement tunisien de faire état de la nécessité d’en appeler à l’instauration d’un espace de démocratie méditerranéen en veillant à l’intégrer aux négociations sur ALECCA afin de ne pas risquer d’interférer avec les compétences diplomatiques du président de la République. La question du visa biométrique de circulation devrait ainsi devenir la norme de circulation entre les États en Méditerranée constituant l’aspect majeur de l’appel à l’espace méditerranéen de démocratie. Au reste, la Tunisie qui organise le sommet du cinquantenaire de la francophonie en 2020 pourrait également appeler pour cette échéance à un visa francophone de libre circulation.

L’appel à un espace méditerranéen de démocratie pourrait aussi être présenté comme s’insérant dans le cadre d’une exhortation à une aire de démocratie entre l’Orient, dont la Tunisie est l’Occident, et l’Occident européen ; ce qui permettrait d’envisager d’un côté la normalisation des rapports avec Israël, et de l’autre, le dépôt par la Tunisie de sa candidature d’adhésion à l’Union européenne. En effet, sur cette dernière question, il est vain d’envisager un salut durable du pays sans l’articuler au système européen dont il dépend quasiment structurellement déjà, mais de manière informelle. Aussi, il importe de songer à transformer cette dépendance de son état actuel informel en l’état formel avec la qualité d’État membre à part entière. Au demeurant, au vu de l’impéritie actuelle de la diplomatie tunisienne et en ma qualité de diplomate, j’ai osé parler au nom de mon pays et déposer sa candidature à l’adhésion à l’U.E. auprès de son ambassadeur en Tunisie, le 17 avril 2017.

De plus, comme personne ne nie désormais plus aujourd’hui l’intérêt de la diplomatie publique, notamment les relations soutenues de la Tunisie avec l’OTAN dont le 25e anniversaire du dialogue méditerranéen vient d’être célébré, il serait judicieux, dans le cadre de la parole de vérité, d’envisager une coopération encore plus poussée avec cette organisation n’excluant pas l’intégration à l’OTAN moyennant par exemple  l’extension de la technique du visa biométrique aux États membres de l’OTAN.

Ainsi, par des actes concrets osés et de haute politique stratégique, le gouvernement de Tunisie donnera-t-il la mesure de la hauteur de sa vision des choses du monde et du pays pour un nouvel ordre rompant avec le désordre actuel. Cela mettra aussi à son crédit la rupture tant souhaitée par les larges masses avec la langue de bois, ce qui ira dans le sens de la tradition d’ouverture du Tunisien qui est loin d’être conservateur comme on se permet de le soutenir bien à tort.

En effet, l’ouverture ontologique du Tunisien le fait prêt à toute innovation qui est de nature à lui ouvrir le vaste univers, le Tunisien se sentant dans son inconscient un citoyen du monde, ce qui lui permet d’être toujours ouvert aux nouveautés ; tout à fait prêt d’accepter, par exemple, une adhésion formelle à l’OTAN ou encore la reconnaissance d’Israël, du moment que les retombées de pareilles initiatives courageuses sont bénéfiques, pour lui concrètement et pour sa chère patrie. D’autant plus, s’agissant de normalisation, que les Palestiniens, premiers concernés, l’ont déjà fait ; or, pour un légaliste dans l’âme tel qu’il l’est, cela n’est pas à négliger dans sa vision des choses du monde et de la vie, la sienne notamment, très pragmatique.

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