Le marché peut-il être un rempart contre le populisme ?

Plus l’indicateur de liberté économique est élevé dans un pays, moins le message populiste a d’impact l’année suivante.

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Le marché peut-il être un rempart contre le populisme ?

Publié le 22 mai 2019
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Un article de l’Iref-Europe

La relation entre le populisme et l’économie de marché n’est pas simple. On entend souvent dire que les dirigeants populistes défendent les intérêts du petit peuple contre les élites, jouent avec les peurs et emballements des gens et se soucient peu des effets de leur politique sur le pays.

D’où la tension entre des politiques fondées sur l’existence d’un marché sain et l’instabilité de politiques économiques démagogiques, redistributives à outrance, faisant fi des conséquences en termes d’inflation, de dette publique ou de croissance. Lorsqu’un parti populiste est au pouvoir, on peut donc logiquement s’attendre à ce qu’il ne fasse pas bon ménage avec le marché.

D’un point de vue théorique, cependant, l’effet pourrait être inverse. Difficile pour un parti populiste de s’attaquer à des pays fortement pro-marché. Il est hautement probable que son message s’y heurterait à l’hostilité des citoyens, élites comprises, qui ne renonceraient certainement pas à tous les avantages d’un marché libre : forte croissance, protection de la propriété privée, rôle limité du secteur public.

Populisme et économie

Mon étude sur les liens entre populisme et économie s’appuie sur deux ensembles de données. J’ai utilisé le récent « Global Populism Database » du Guardian, qui analyse les propos populistes des présidents et Premiers ministres de 40 pays, démocratiques ou non, entre 2000 et 2018. J’ai en outre relevé, dans l’Index of Economic Freedom publié par Heritage Foundation et le Wall Street Journal, le degré de liberté économique dans le monde pour l’année 2012.

Avec ces outils, j’étais donc en mesure de comparer le degré de liberté économique dans un pays donné en 2012 avec le degré de rhétorique populiste utilisée par le gouvernement l’année suivante.

La fig. 3 confirme nos attentes : plus l’indicateur de liberté économique est élevé dans un pays, moins le message populiste a d’impact l’année suivante. Et inversement. Cela reste valable pour des catégories regroupant plusieurs pays, par exemple, « les démocraties ».

Cette corrélation antinomique entre rhétorique populiste et liberté économique ressort plus fortement que la corruption des politiques, autre source d’inspiration du populisme. Comme le montre le tableau de la figure 3, le niveau de corruption politique en 2012 est perçu comme corrélé négativement à la rhétorique populiste de l’année suivante. Mais moins négativement que le lien entre la rhétorique populiste et la liberté économique.

En bref, bien que la presse populaire (et pas seulement elle…) prétende que ce qu’elle nomme des politiques néolibérales entraîne le populisme, ces résultats suggèrent quelque chose de différent : des politiques plus ou moins pro-marché pourraient constituer le meilleur rempart contre la diffusion du message et de la rhétorique populistes dans un pays donné. Alors que la néolibéralisation n’a jamais été aussi décriée qu’aujourd’hui au sein des partis et du public. C’est un (triste) paradoxe.

Luigi Curini

 

Cet article est un résumé traduit de l’article en anglais

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  • Ouais, et on en fait quoi de toutes ces indormations tirees du chapeau d’un magicien ?

  • “des politiques plus ou moins pro-marché pourraient constituer le meilleur rempart contre la diffusion du message et de la rhétorique populistes dans un pays donné”

    Il paraît que l’ail marche aussi 🙂

  • une corrélation de 0,44 n’est jamais vraiment convaincante. il aurait mieux valu ne pas écrire l’article.

  • la sécurité d’un pays , ou l’on ne se sent pas continuellement en danger , peut-il être un rempart contre le populisme ?

  • Il me semble alors que les États Unis sont un cas à part, mêlant une solide liberté économique, tout en abritant des mouvements populistes assez puissant (coucou Sanders, les SJW et Occupy Wall Street).

  • Le marché relève du domaine économique et ce qu’on nomme populisme du domaine politique.
    Le lien que l’on peut faire est effet que la création de richesses et l’élévation du niveau de vie portent moins à contester les institutions.
    Il n’en deleure pas moins que, dans une sociétê, tout ne relève pas de l’économie.

  • “J’ai utilisé le récent « Global Populism Database » du Guardian,”

    Soit un point de vue très orienté…

  • Le populisme doit pouvoir être un rempart contre tout danger quel qu’il soit , d’où qu’il vienne !

  • Vous avez vu à ce jour un pays populiste dont les marchés fonctionnent bien.?La Chine? La Russie? et ou Le Vénézuela.! N’oublions pas que pour acheter du pétrole il faut payer en $ US et le troc essayé par la zone Euro est à faire rire même les ânes.!!

  • En terme de liberté économique, La France se classe 35e pays européen sur 44 et à la 71ème place mondiale. La France est également 23ème dans le classement de la corruption à l’échelle mondiale, derrière les EAU ce qu n’est pas rien. La France est également 31ème pour les libertés personnelles, mais est championne du monde en matière de distribution de dividendes aux actionnaires. Pas besoin de chercher très loin.

  • “Le populisme est le symptôme de la volonté du peuple de retrouver son droit a la parole”.
    Marché et populisme non rien a voir.
    Si les équilibres du marché permettent au peuple de vivre libre et bien, ça ira tout seul. Quand le pouvoir sodomise le peuple, qu’il soit socialo ou Liberal, ça va aller très mal.
    Le reste est verbiage.

  • Même pas besoin de critiquer l’article :-), les autres contributeurs le font très bien :-). Et on ne voit pas les libéraux “durs”, étrange. Ils doivent vouloir se faire oublier sur ce coup (ahahahaha).

  • “Je fais passer un cube dans un cercle si je force un peu, ça prouve que le cube est proche de la sphère”
    Pourquoi avoir pris l’année suivante ? L’année même ne permettait pas d’établir votre indiscutable corrélation ? Et quand bien même, corrélation, causalité, finalement le sens des mots c’est très surfait…

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