Après Notre-Dame, la responsabilité sociale des jeux vidéo

Ubisoft prend ses responsabilités face au drame de Notre-Dame. Peut être est-il temps d’arrêter de considérer les jeux vidéo comme un loisir pour mômes.

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Après Notre-Dame, la responsabilité sociale des jeux vidéo

Publié le 25 avril 2019
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Par Dern.

Les jeux vidéo ont très longtemps été relégués en deux catégories : les idioties pour jeunes, et le Grand Satan responsable de la violence, des mauvaises notes de vos enfants et des retards de bus dans le 12e arrondissement.

Aujourd’hui, le malheur de Notre-Dame nous prouve de manière éclatante que les entreprises vidéoludiques ne sont pas simplement un ramassis de geeks mal aimables codant pour des jeunes en perdition, mais bien des acteurs à part entière de la société civile.

Ubisoft s’engage

Le terrible drame de Notre-Dame du 15 avril dernier venait à peine de se produire que la course aux dons fut lancée. Le choc des images a donné naissance à des élans de générosité de la société civile et d’acteurs importants de la vie française et internationale. Un de ces acteurs n’est rien de moins que le célébrissime studio Ubisoft, producteur de jeux vidéo français qui nous a donné Far Cry, Anno, Assassin’s Creed… Et sa contribution la plus importante n’est même pas la jolie enveloppe d’un demi-million qu’il vient de délivrer à la cagnotte collective.

Ubisoft est le créateur de la licence Assassin’s Creed ; vous y incarnez un homme revivant les expériences de ses ancêtres à l’aide d’une matrice virtuelle.

Aussi, le scénario du jeu se déroule dans le passé : la Grèce antique, l’époque des templiers, l’Égypte ancienne, la Révolution… C’est dans ce dernier setting que réside toute la valeur ajoutée du jeu concernant Notre-Dame. En effet, le souci du détail du studio de production Ubisoft pourrait bien sauver la cathédrale des ignominies que l’on veut lui infliger.

Afin de rendre le réalisme historique au maximum, Ubisoft a en effet travaillé pendant deux ans en collaboration avec des architectes et des historiens pour rendre une version 3D jouable de la cathédrale Notre-Dame. En somme, des plans précis à la pierre de taille près de Notre-Dame telle qu’elle était avant l’incendie. Ces plans sont d’une immense valeur pour la reconstruction du bâtiment à l’identique, et pourraient faire gagner deux années complètes au chantier de réhabilitation de l’édifice.

Par cet acte, le jeu vidéo s’ancre d’un pas de plus comme acteur incontournable de la vie sociale de la France. Après tout, ce n’est pas comme s’il était déjà la première industrie d’entertainment du pays.

Meuporg

Mais de cela, les médias traditionnels ne semblent guère se soucier. Quoi de plus amusant que de se moquer des joueurs ou du e-sport après les avoir soupçonnés d’être à l’origine de violences comme les tueries de masse ?

Nathanaël de Rincquesen, alias Meurporg 1er, s’était illustré dans le domaine avec une interprétation libre (et une légère commotion labiale) lorsqu’il avait tenté d’expliquer à Télématin ce qu’est un MMORPG, alias jeu de rôles massivement multijoueurs. Le « journaliste » avait certifié que MMORPG se prononçait Meuporg, s’écrivait MMMPORPG et que les jeunes qui s’en goinfrent deviennent accros. Si ce n’est pour la plaisanterie, ce manque total de préparation dénote le cruel manque de connaissance et de considération de la part des médias traditionnels. Il fut l’objet de croustillants détournements et un épisode entier de la série Wakfu lui fut même consacré.

Plus Belle la vie avait récidivé en août 2010 avec son tout aussi créatif « morpeug ».

Je vois des joueurs partout…

Comme autre exemple plus confidentiel mais non moins stupide, on retrouve un Antoine de Caunes, déclamant avec une bonhomie un rien arrogante (ou plutôt une arrogance assez peu bonhomme) les matches de e-sport commentés sur Twitch en ces termes :

« – Mathilde Serrell (chroniqueuse) : On connaissait l’addiction aux jeux vidéo, maintenant il y a l’addiction aux vidéos de gens qui jouent aux jeux vidéo. (… ) C’est presque un sous-genre comique. (…)

– Antoine de Caunes : Il y a donc des gens qui regardent d’autres gens en train de jouer… Faut vraiment avoir rien d’autre à foutre de sa vie.

– Voilà. Ou avoir envie de passer des niveaux à Pokémon.

– C’est une désolation totale ce que vous me racontez Mathilde.

– C’est le monde en 2014.

– Je n’en veux pas de ce monde ! »

Ne vous en faites pas, nous n’insistons pas pour que vous veniez dans notre monde non plus, si ça peut aider. Nous sommes polis, nous autres comiques.

Responsabilisons-nous !

Cette déconsidération provient du média lui-même. On a en effet du mal à considérer ce qui vient d’un écran comme aussi respectable que ce qui vient du papier. Chaque support médiatique devient respectable a posteriori : les journaux plus que la radio, la radio plus que la télé, la télé plus que l’ordinateur…

Les jeux vidéo, et en particulier ceux sur PC (désolé, les Mac ne sont pas faits pour jouer), cumulent aux yeux des médias la tare du support et du mot jeu.

Peut-être avons-nous un élément de réponse à la raison pour laquelle les spécialistes de l’indignation y trouvent un motif d’offense chaque matin. Alors lisez bien ceci : les jeux vidéo, comme les livres ou les émissions TV, ne sont pas à mettre entre toutes les mains/yeux/tentacules. Il faut se renseigner avant de jouer à Red Dead Redemption, là où les suffragettes ne sont pas appréciées. Il faut un bon cardio pour tenter Resident Evil, un des jeux les plus effrayants au monde. De la même manière que l’on parcourt la quatrième d’un livre avant de l’offrir à son neveu de trois ans, il est de bon ton de choisir son expérience de jeu au préalable. Les jeux vidéo ne sont pas tous des remake de My Little Pony où l’on doit faire des bisous à son voisin et fabriquer des tartes arc-en-ciel.

Certains jeux, comme produits culturels et acteurs majeurs de l’industrie, prennent toute leur place et leurs responsabilités dans l’espace public, comme on le voit avec le cas Notre-Dame. Faisons de même dans notre rapport aux jeux. Le jeu, c’est sérieux.

Sur le web

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  • en tant que gamer, je trouve cela plutôt sain de jouer, c’est vouloir s’évader du monde moderne qui part en sucette de tous les côtés.., jouer c’est révélateur d’une certaine santé mentale à mon avis.

    • Oui je suis d’accord avec vous, jouer est sain, c’est de la détente, quelque soit le jeu (Scrabble, chevaux, bataille navale, etc. ET jeux vidéos). Je ne suis pas fana des jeux vidéo, sauf tetris et Candy Crush lol ! Comme quoi, il y a de tout dans les jeux vidéo. Mais s’ils n’ont pas bonne presse, c’est uniquement, comme le dit l’auteur, parce qu’ils sont associés à écrans, donc à isolement et obésité. Mon fils est un haricot vert et à des amis réels et virtuels, et quand je l’entends rire avec les uns comme les autres, j’ai des envies de coup de gueule contre les bien-pensants…. Mdrrr

  • Le monde réel captive avec tout ce qu’il comporte de vivant, il donne trop d’idées de projets à réaliser et il est une telle source de satisfactions qu’il rend le monde virtuel des jeux sans grand intérêt.

    Par contre, savoir que des techniques permettent de reproduire avec un maximum de détail des merveilles comme Notre Dame ou les peintures de Lascaux ou la Grotte Chauvet est très réconfortant. Mais c’est un travail de documentation qui n’est pas un jeu.

    De même, certaines oeuvres d’art hyperréalistes donnent sur le réel un regard d’aigle qui se voudrait l’égal des dieux tellement il serait pénétrant, mais là encore, ce n’est pas un jeu.

    Ou alors, ce serait jouer à être un dieu hyper voyant, hyper entendant, hyper comprenant, hyper puissant. Pourquoi pas? Ce serait tentant. Sauf que s’immerger dans le monde réel est toujours plus gratifiant.

    Le but du jeu virtuel est-il de nous donner l’illusion d’une vie que nous serions dispensés de vivre en réalité? Ce qui aurait le mérite de réduire drastiquement notre empreinte écologique.
    Ou la largeur de vue que ces jeux nous permettent d’avoir nous rendent-ils capables de réaliser des projets de plus grande envergure? Ce qui aurait l’effet inverse en ce qui concerne notre empreinte écologique.

    Que favorisent les jeux virtuels? Une surpuissance dévastatrice de l’écosystème ou une impuissance destructrice de nous-mêmes?

    Je préfère me colleter à la réalité du monde vivant qui modère mes rêves de surpuissance sans me vouer pour autant à l’impuissance.

    En fait mon esprit se refuse aux jeux virtuels comme à la drogue, et avec le même type d’instinct viscéral, son terrain de jeu, c’est le réel et le monde du vivant.

    Mais c’est bien d’avoir tenté de l’intéresser à ce type de divertissement, ne serait-ce que pour le renforcer dans sa conviction qu’il y a mieux à faire. Merci à l’auteur.

    • Que favorisent les jeux virtuels : les réflexes, la coordination et.. l’esprit d’équipe, entre autres. Mais vous ne pouvez pas comprendre, vous n’y connaissez rien et êtes trop sectaire pour tenter une approche. J’adore les gens qui critiquent en ramenant le monde entier à leur petit univers.
      Nous avons fait en famille des escapes games dans la vraie vie, mais également un en réalité virtuelle, dans une pyramide, et nous avons appris beaucoup de choses sur celle-ci. Bien sûr, on peut ouvrir une encyclopédie, mais je pense que nous avons davantage retenus en « vivant » virtuellement la chose.
      Sans parler de la NASA qui a créé un jeu vidéo pour intéresser les jeunes à la science.
      Mais je pense que vous préférez la réglette en fer des années 50 qui tapait sur les doigts des gamins qui osaient ne pas apprendre comme les autres.
      Ah au fait, l’armée de l’air danoise recrute des joueurs d’e-sport….
      Bonne continuation entre vos œillères.

      • Non monsieur je préfère travailler la terre et vivre une vraie vie avec des personnes réelles qui rendent bien fades vos joujoux et vous rendent bien sectaires. CQFD

        • PS Monsieur, Madame, Mademoiselle ou Mondamoiseau, peu importe, j’ai gardé l’habitude qu’en Français le masculin nous sert de neutre.

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