Par Richard Guédon.
Au lendemain de l’incendie de Notre-Dame de Paris les mots manquent pour dire la profondeur de l’émotion et la tristesse ressentie par tous, Parisiens, Français, amoureux de Paris du monde entier, chrétiens ou non.
Pour vous aider à faire le deuil, provisoire sans doute, mais qui pourrait durer, de votre cathédrale aimée, je vous invite à venir à Saint-Denis, à quelques stations de métro du centre de Paris où vous retrouverez ce que vous alliez chercher à Notre-Dame, ce sentiment unique de se trouver dans un lieu où souffle l’esprit, celui des Hommes, celui de la foi, celui des siècles. Successeurs des millions de pèlerins venus à Saint-Denis depuis la nuit des temps, vous pourrez méditer et prier devant et à l’intérieur de la sœur aînée de Notre-Dame, la basilique cathédrale de Saint-Denis.
Sœur aînée
Sœur aînée parce que le chevet de la basilique Saint-Denis commencé vers 1135 et achevé en 1144, ajouté à l’ancienne église carolingienne, a été la première expression de l’art gothique, appelé alors « art français ». C’est lui qui a donné le ton de la symphonie de cathédrales construites du milieu du XIIe siècle jusqu’à la Renaissance en France et en Europe.
Notre-Dame de Paris, on le sait, est mise en chantier en 1163 alors que sortent déjà de terre, après Saint-Denis, Sens, Noyon, Rouen, Cambrai et Laon.
Basilique cathédrale est le nom officiel du monument : basilique, en grec bâtiment royal y est utilisé depuis qu’on prie à Saint-Denis soit depuis près de 18 siècles ; cathédrale, au sens propre c’est l’église où prêche l’évêque, utilisé ici depuis 1966 et la création des diocèses de la banlieue parisienne dans la foulée des nouveaux départements franciliens.
Même émotion
La similitude de l’émotion qui vous saisit à Saint-Denis et à Notre-Dame ne doit rien au hasard.
Saint-Denis et Notre-Dame sont des fleurons de l’architecture gothique dite primitive, celle-là comme prototype, celle-ci comme forme déjà achevée. Très vite après la consécration de Saint-Denis, dans les cités du nord de la France les évêques et les bourgeoisies naissantes ont rivalisé d’audace architecturale et financière pour construite plus beau, plus grand et surtout plus haut que la cité voisine, avec la bénédiction des Capétiens en pleine ascension, et peut-être, mais en est-on si sûr, l’enthousiasme de l’immense foule des sans voix.
Aux XIIe et XIIIe siècle l’innovation n’est pas seulement architecturale, elle est agricole, artisanale, sociale, religieuse, politique, financière. La population augmente, on défriche, les paysans produisent plus et mieux, s’enrichissent, s’émancipent du servage. La demande en produits manufacturés augmente, ce qui conduit au développement d’une bourgeoisie urbaine avec laquelle les Capétiens vont s’allier pour se défaire de leurs grands vassaux. Un certain superflu apparaît, capté par les uns ou les autres, petits, grands, clergé, roi, suivant les rapports de forces des lieux et des moments.
Les rois de France deviennent aussi bon an mal an les alliés d’une Église fortifiée et rajeunie par les réformes clunisienne et grégorienne.
D’anciens hommes nouveaux
À temps nouveaux, hommes nouveaux. Suger, abbé de Saint-Denis, initiateur de la nouvelle basilique et Maurice de Sully, évêque de Paris qui lance le chantier de Notre-Dame, sont d’origine très modeste, paysanne pour le premier, fils de bûcheron pour le second. Repérés et formés par les abbayes bénédictines, ces grands ecclésiastiques sont aussi des intellectuels et des politiques : Suger est conseiller du roi Louis VI et du jeune Louis VII dont il gère le royaume pendant la deuxième croisade, Maurice de Sully est l’un des principaux conseillers du même Louis VII quelques décades plus tard.
Distants de moins de 10 kilomètres, les 2 grands temples sont les 2 faces d’un culte bicéphale aux évêques de Paris et aux Capétiens qui, alors, fixent définitivement leur capitale à Paris.
La tête dans les mains
Notre-Dame d’un côté confirme la puissance de l’évêque de Paris, Saint-Denis témoigne de son ancienneté, Denis n’est autre en effet que le premier évêque de Paris dans les années 250, sous les empereurs romains ! On connaît mal son histoire, mais bien sa légende : Grec d’origine, Dyonisos, envoyé par Rome pour évangéliser la Gaule du Nord, décapité sur la colline de Montmartre (mont du martyr), aurait marché quelques kilomètres au nord en portant sa tête pour finalement s’écrouler au pied d’une fidèle croyante, Catullia, qui aurait pieusement enterré là les 2 morceaux du saint homme.
Ce qui en revanche n’est pas légendaire est l’incroyable succès du pèlerinage sur le tombeau du saint au long des siècles, la puissance de l’abbaye érigée sur sa tombe et l’intelligence de ses abbés, puisqu’elle est devenue le cimetière de famille des rois de France, au plus près du corps du saint.
Notre-Dame protège les rois vivants, Saint-Denis les accueille pour l’éternité, depuis Arégonde, belle-fille de Clovis et Reine des Francs vers 575 après JC jusqu’à Louis XVIII au XIXe siècle.
Rois et grosses légumes
En vous agenouillant là vous prierez parmi les tombes de plus de 150 rois, reines, princes et princesses royaux et aussi quelques grands serviteurs dont Suger lui-même. Difficile, même pour le plus solide des rationalistes républicains, de ne pas frissonner devant ce spectacle unique.
Un dernier conseil : venez à la basilique un dimanche, jour du marché de Saint-Denis, héritier des foires médiévales du Landy, dont les échoppes viennent moutonner jusqu’au parvis, et vous ressentirez un peu de l’atmosphère populaire qui a toujours entouré nos cathédrales. Profitez-en pour revenir au présent et faire vos courses car on y trouve depuis toujours les meilleurs produits pour toutes les bourses et surtout les plus plates.
En attendant la résurrection de Notre-Dame, amis parisiens, venez prier dans notre basilique, vous y êtes aussi chez vous.
a st denis? c’est pas une mosquée maintenant?
Il y a une forte communauté africaine à St Denis, mais une partie est chrétienne.
On le remarque dans l’assemblée et c’est plutôt vivifiant.
Est-il possible de s’y rendre sans risque pour soi-même et/ou son véhicule?
ben non..
Bonjour,
Vous n’iriez pas jusqu’à dire que l’on risque de sortir décapité, la tête sous le bras ? Il est déjà représenté sur la façade de Notre Dame de Paris.
pour ceux qui connaissent Saint Denis, on voit que ce journaliste ne connait pas cette ville et encore moins son marché qui n’a plus rien de français depuis longtemps.
exactement , il a du voir un reportage a la télé.. ST denis ?
çà fait longtemps qu’on y parle plus le français
Peut être que l’auteur de cet article, qui n’est pas journaliste, voudrait que les Français voient d’eux mêmes et « dans la réalité » ce que certains (du camp du « mal ») appellent, brocardés par les autres (du camp du « bien ») « le grand remplacement » en route en France depuis le premier choc pétrolier de 1973 ?
On a ete un peu plus futé que les égyptiens en contruisant des monuments vivants pour enterrer nos rois et reines au lieu de bestiales pyramides vouees aux profanateurs de tombes et aux sables du desert ….enfin ,on attendra encore quelques siecles pour etre sûr d’avoir fait le bon choix , un accident est si vite arrivé
M’en veuillez pas je deteste les vieilles pierres surtout lorsqu’elles ne sont pas mises en valeur ,un ravallement ne suffit pas l’interieur compte aussi ..et elles sont laides ,cette laideur ne correspond pas du tout à leurs années de gloire !
Il y a juste la recherche, par la méthode des essais et des erreurs, du poids de pierre minimum à mettre sur les cadavres de nos souverains pour éviter qu’ils ne ressortent du tombeau. Les Egyptiens étaient excessivement prudents…
On y enterrait les Rois de France et c’est la raison pour laquelle il y eu de grands pillages à la Révolution mais maintenant à quand une grande mosquée.?
Il a raison l’auteur de l’article, et vous avez raison auteur de ce commentaire. Ce que les « fous de dieu », bien connus pour être des ardents adeptes de la paix et de l’amour, cherchent en commettant ces déprédations et autres atteintes au biens publics (puisque c’en est un comme l’est l’Arc de Triomphe mis à mal par des prétendus gilets jaunes), c’est d’exercer une pression psychologique sur les Français encore attachés à leur patrimoine historique, culturelle et religieux pour les faire les abandonner. Ils (les « fous de dieu ») pourraient ainsi plus facilement les récupérer et leur réserver le même sort que celui subi par la Basilique Sainte-Sophie en Turquie.
ah mais si ce ln’est pas a PARIS tout le monde s’enfout