Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre
« Quel avenir pour les Silver Technologies ? Suscitant autant d’ambitions, d’espoirs que de questions et de craintes, l’offre de technologies pour la santé et l’autonomie des personnes âgées à domicile continue à chercher son marché. Quelles méthodes choisir pour créer de la valeur, évaluer et s’assurer que les Silver Tech apportent effectivement un service aux personnes âgées ? ».
Dans leur ouvrage collectif, Hervé Michel, docteur en science politique, Hélène-Prévôt-Huille, socio-anthropologue et Robert Picard, ingénieur des Mines, explorent, à la lumière de contributions issues des meilleurs Living Lab français et européens, les apports, la valeur ajoutée, mais aussi les limites des Silver Tech ou gérontechnologies. Des technologies qui doivent être appréhendées en situation réelle, au fil des usages qui offrent une meilleure compréhension des besoins, de la demande et du potentiel d’innovation.
Technocare : un enfer pavé de bonnes intentions
Gérard Dubey, professeur de sociologie à  l’Institut Mines Télécom de Paris, questionne les Silver Tech comme analyseur social. Mais au-delà des arguments en trompe l’œil qui justifient le développement du secteur, notre imaginaire social s’enracine dans les notions de simplicité, de transparence, d’autonomie et de contrôle.
Un contrôle du vieillissement le plus souvent pensé sur le mode fonctionnel et déficitaire. Mais notre rapport à l’autre questionne également nos relations aux robots, avec le confort de la certitude en la fiabilité qu’ils offrent. Un des arguments les plus utilisés pour la promotion du technocare est d’ordre économique et gestionnaire : il s’appuie sur la rationalisation des moyens en réduisant les coûts d’hospitalisation et de transfert de personnes d’un établissement de soins à un autre.
C’est ce même argument qui plaide en faveur de la télésanté. Un deuxième argument relève de la demande sociale : « Les personnes âgées expriment le souhait de rester le plus longtemps possible à leur domicile pour échapper à l’univers déshumanisant et fonctionnel de l’hôpital, un synonyme de sécurité, mais aussi de perte d’autonomie et d’enfermement », rappelle Gérard Dubey.
Les gérontechnologies portent un certain nombre de promesses et d’espoirs mais aussi des contradictions, à commencer par le paradoxe d’une « sécurité sans l’homme ». Car à mesure que nous nous habituons à l’efficacité binaire et sans nuances de nos machines, celle-ci nous devient naturelle, et inversement, la faiblesse humaine nous est davantage insupportable et étrangère.
Les aides à l’autonomie et la question du contrôle
Pour les personnes âgées, les innovations techniques concernent surtout l’autonomie physique et la sécurité, afin qu’un tiers puisse intervenir en cas de chute ou de malaise par exemple. La plupart de ces moyens techniques dits intelligents possèdent des composés électroniques qui effectuent des tâches cognitives et manipulent l’information. Même un simple bracelet détecteur de chutes est en ce sens intelligent.
Ces innovations posent également le problème du contrôle. Comme le rappelle Bernard Baertschi, maître d’enseignement à l’Institut d’éthique biomédicale de l’université de Genève, « ces aides ne sont pas passives et sont conçues pour avoir une certaine marge d’initiative ». À titre d’exemple, on développe actuellement des robots révolutionnaires qui agissent en interaction serrée avec l’environnement et sans intervention humaine, si bien qu’ils sont capables de raisonner, de planifier des actions et d’apprendre.
Des usages à l’organisation de la domo-médecine : l’exemple de la chromo-chimiothérapie à domicile
Alexandre Duclos, docteur en sociologie et Hélène Prévôt-Huille se sont intéressés au développement d’une plateforme de domo-médecine, à travers les usages d’un dispositif de chrono-chimiothérapie à domicile. Quatre patients ont ainsi pu témoigner de leurs parcours thérapeutiques, de leurs motivations et de leur utilisation du dispositif.
Une étude de cas qui a permis d’informer sur plusieurs aspects : l’inclusion, la circulation des patients dans l’écosystème de soins, mais aussi la sécurisation de la collecte, de la transmission et du traitement des données du patient. « Porté par Altran, ce projet est financé dans le cadre des Investissements d’avenir. L’un des volets de la plateforme concerne la chrono-chimiothérapie mise au point et expérimentée par le Professeur L. dans un hôpital parisien. Une expérimentation de chrono-chimiothérapie à domicile, reposant sur une chrono-pompe, un monitoring du poids, de l’actimétrie et un questionnaire quotidien à compléter en ligne par les patients dans le cadre du projet Incasa ».Â
Les items d’évaluation d’usage de la plateforme montrent comment les facteurs humains, sociaux et environnementaux, que l’on peut aussi comprendre comme la manière dont les personnes et les groupes accueillent les technologies, créent les conditions de possibilité d’un déploiement optimal et efficace de l’offre de soins.
Apports et valeur ajoutée des Silver Tech
L’ensemble des tests et des bancs d’essai en condition réelle fait émerger de nouveaux protocoles, permettant l’anticipation de standards à venir pour les Silver Tech. Les « Living Lab » dédiés à la santé et à l’autonomie contribueront utilement à la mise en place de nouvelles normes. L’ensemble des expériences menées dans le cadre de l’accompagnement du vieillissement garantira la reproductibilité des résultats et des solutions fixées par les comportements et les usages, dans un environnement contrôlé et ergonomique, au service de tous les patients.
Pour aller plus loin :
–       « Qu’est-ce que la gérontechnologie » ? silvereco.fr
–       « Peut-on recevoir des soins de qualité à domicile » ? lefigaro.fr
–       « Bonnes pratiques : création d’un Living Lab santé et autonomie », solidarites-sante.gouv.fr
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J’eusse aimé que l’auteur définisse silver tec. Apparemment l’article concerne le 3*age, mais ce 3 âgé est à la peine avec toute cette technologie
Concernant la mort à domicile,elle était plus réelle quand le médecin gardait le plus longtemps possible les malades chez eux