Taxe carbone flottante : l’usine à gaz

Pour que cette taxe supplémentaire soit moins douloureuse, il existe une voie : baisser la fiscalité dans son ensemble.

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Taxe carbone flottante : l’usine à gaz

Publié le 9 mars 2019
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Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre

Il y a deux semaines, Emmanuel Macron fermait la porte à toute augmentation de la fiscalité. Mais comme avec la « pause fiscale » de François Hollande, la déclaration n’a pas été suivie d’effet : ses ministres ont poursuivi leur concours d’idées d’impôts nouveaux ; lui-même a dit réfléchir à une taxe carbone « flottante ». Ce projet, critiqué par Bruno Le Maire, écarterait toute augmentation systématique de la taxe écologique pour lui préférer une évolution « qui varie en fonction des cours mondiaux » : quand le prix du pétrole monte, la taxe reste stable ou baisse (comme la TIPP flottante du gouvernement Jospin).

Comment imaginer projet plus parfaitement technocratique que celui-ci ? On y retrouve tous les ingrédients de la bureaucratie, rationnels sur le papier, irréalistes en pratique.

D’abord, la complexité. Le mécanisme même du projet rend sa lisibilité peu aisée pour les citoyens ou le Parlement, qui doit le contrôler : aucun ne pourra savoir à l’avance dans quelle mesure la fiscalité évoluera réellement.

Ensuite, l’absence de principe de réalité. Les expériences passées devraient enseigner qu’il sera politiquement aisé de faire évoluer la taxe à la baisse, mais que la tâche sera autrement plus ardue à assumer quand la tendance sera à la hausse. À ce titre, il ne serait pas surprenant que l’administration envisage un mécanisme d’ajustement automatique, répondant à ses rêves de gestion froide du monde et d’effacement du politique.

Pour que cette taxe supplémentaire soit moins douloureuse, il existe une voie : baisser la fiscalité dans son ensemble. Cela suppose beaucoup de courage, de détermination et d’imagination

Justice fiscale

Autre tare : l’illusion de justice fiscale. Le Président l’a relevé à raison : la fiscalité sur l’essence n’affecte pas de la même façon les citoyens selon leur lieu de résidence ou leur pouvoir d’achat. Qu’à cela ne tienne, Terra Nova a une solution : créer une « prime de transition écologique » pour les plus modestes. En clair, une subvention pour que les citoyens paient leurs impôts…

Voilà qui renvoie à un cinquième défaut du débat écologique : l’illusion de l’argent magique. Brune Poirson, secrétaire d’État, l’a promis : « On ne va pas financer la transition énergétique avec l’argent du contribuable ». Mais alors, avec lequel ? S’il ne s’agit pas de recettes publiques, c’est que le privé devra mettre la main à la poche. Au final, c’est toujours le consommateur qui paie. Le politique doit assumer que la transformation écologique, qui est un investissement majeur, a un coût.

Enfin et surtout, le projet illustre un manque de courage politique. Contrairement à ce que semble indiquer François de Rugy qui s’inquiète qu’on « abandonne tout ce qui y est recette », l’ambition de la fiscalité écologique n’est pas d’abonder le budget de l’État : elle est, particulièrement dans le cas de la taxe carbone, de décourager les comportements considérés comme nocifs. Dès lors, il faut souhaiter qu’elle ait un impact clair sur la consommation et ne pas chercher à l’atténuer.

Pour que cette taxe supplémentaire soit moins douloureuse, il existe une voie : baisser la fiscalité dans son ensemble. Cela suppose beaucoup de courage, de détermination et d’imagination. C’est ce qui visiblement fait défaut aujourd’hui. Si prompt à expliquer aux entreprises comment elles doivent se comporter, le gouvernement semble bien à la peine quand il s’agit de faire baisser la fiscalité et de rationaliser la dépense publique. La créativité débridée de ses ministres et de la majorité devrait plutôt se porter sur ces sujets !

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  • ne votez plus pour les gens qui taxent,point

  • la créativité débridée de ses ministres ne fonctionnent que dans un sens : trouver les moyens de taxer toujours plus ….dans l’autre sens , il y a blocage automatique de ce qui leur sert de cervelle ;

  • sans rapport avec le sujet,j’ai entendu hier au journal A2 que les differents organismes de l’état sont condamnés à payer une amende pour défaut de parité h/f par exemple 1,3 millions d’euros pour le ministére des finances. c’est quoi ça ?

  • Ils sont maboules ,ils veulent diminuer la consommation d’un produit qui rapporte énormément d’argent a l’état.un fois le but atteint d’un vente a zéro , ils feront quoi ( grâce aux pays limitrophes plus sages par exemple)
    Idem pour les clopes et tous les produits aux taxes faramineuses.

  • Le politique doit assumer que la transformation écologique, qui est un investissement majeur.
    “Majeur” en quel sens? Le montant? L’utilité?
    Cette dernière reste à prouver, du moins en ce qui concerne la chasse au CO2.
    Rappelons que les constructeurs d’automobiles n’avaient pas attendu le GIEC pour simplement diminuer la consommation de carburant, les économies d’utilisation étant un excellent argument de vente.
    Les politiciens ont tendance à oublier que le marché s’adapte naturellement aux évolutions concernant les ressources, les avancées technologiques et les besoins/demandes des populations. Evidemment, diminuer leur pouvoir est un gros problème…

  • l’idée en arrière plan est que seul l’etat est un bon investisseur… …parce que c’est ce qui este extraordinaire plus les gens sont écolos moins ils semblent investir ou se comporter de façon écologique…sans argent que l’etat prend aux autres en tous les cas..

  • Taxer le carbone est une ânerie, point.
    Pour la bone raison que l’effet de serre dû au CO2 est déjà saturé depuis longtemps et que toute augmentation de la teneur en CO2 n’augmentera pas la température de la planète du moindre pouillème de degré.
    C’est donc la pire arnaque de tous les temps.

  • Cette nouvelle usine à gaz, bien que politiquement acceptable pour sortir de la crise des Gilets jaunes, ne résistera pas à quelques années d’exercice. Le cours du pétrole est appelé à rester de plus en plus haut dans les années à venir. Dès lors, la taxe devrait se maintenir à un niveau bas, voire nul. Ce qui ne fera pas les affaires du gouvernement, pour qui cela doit avant tout représenter un surcroit de recettes.

    Par ailleurs, mettre en place une taxe carbone, dont l’objectif affiché est de maintenir des prix hauts pour 1. dissuader de consommer du pétrole et 2. financer la transition énergétique, avec pour principe de s’annuler au moment où son besoin se fait le plus sentir pour le point 2. me paraît singulièrement paradoxal.

    Il y a fort à craindre que le propos présidentiel ne soit qu’une nième entourloupe de l’Etat pour faire rentrer par la fenêtre un truc éjecté par la porte !

    J’en veux pour preuve certaines infos parues dans la presse spécialisée selon lesquelles des projets provisoirement enterrés (péages urbains, bridage des avertisseurs de radars, écotaxe poids lourds…) refont timidement mais sournoisement surface dans le débat politique parlementaire…

    Ceux qui pronostiquent un essouflement du mouvement des Gilets jaunes ne devraient pas trop compter là-dessus.

  • macron une vrai usine a gaz pour les taxes et les impots ; quelle limande ,une telle incapacité a faire quoi,que ce soit de positif est rarissime nous pouvons nous vanter d’avoir pour president non pas un boulet mais une vrai enclume.combien d’arriérés mentaux vont encore voter pour lui et ses copains socialos qui nous plument depuis des années et traînent tellement de casseroles qu’ils en deviennent pitoyables et des tdc pareils donnent encore des leçons de morale et de gestion !

  • Pour que cette taxe supplémentaire soit moins douloureuse, il suffit de reconnaître qu’il faut y renoncer. Si la transition énergétique est justifiée, ce que je conteste mais c’est un avis personnel, elle se fera d’elle-même et à son rythme sans intervention de l’état.

  • Je ne comprends pas la taxe flottante ça existe déjà: La TIPP, ça reste stable quand le pétrole monte, et ça monte quand le pétrole baisse. Et les impots flottants aussi! Ca reste constant quand il y a de la grogne, et quand les gilets jaunes s’essouflent, ça monte…

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