17 novembre, le jour des Malcontents

Le mouvement du 17 novembre a d’ores et déjà gagné la bataille de la perturbation du système politique : le chant de sa flûte entraîne les opposants vers les rives dangereuses d’un populisme décomplexé.

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17 novembre, le jour des Malcontents

Publié le 16 novembre 2018
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Par Claude Patriat.
Un article de The Conversation

« Sainte Élisabeth nous montre quel bonhomme hiver sera » (dicton populaire pour le 17 novembre).

La vox populi accroche au 17 novembre une vertu prédictive : le temps du jour augure du climat de l’hiver. S’appliquera-t-elle cette année à la météorologie politique ? L’atmosphère de ce samedi jaune signalera-t-elle un refroidissement durable des relations entre le peuple et ses élus ? Le pronostic sur le résultat effectif des manifestations est parfaitement aléatoire – la démarche suivie pour la mobilisation, tant dans sa forme que son intensité, étant en elle-même une innovation.

En quelques jours, les réseaux sociaux ont été inondés de messages appelant à la « manifestation ». Des comités fleurissent, des manifestes circulent. Une vidéo postée par une Morbihannaise dépasse les cinq millions de vues en deux semaines ; une autre, émanant d’un membre notable de la « patriosphère » souverainiste, atteint les quatre millions. En une semaine, une pétition contre la hausse des prix de l’énergie recueille plus de 800 000 signatures. Des cartes se dessinent sur le net, figurant plus de 800 points de rassemblement. Par dizaines, des comités locaux s’organisent. Voici le web inondé, débordant d’une colère radicale. Pour Paris, 50 000 personnes se déclarent prêtes à participer au blocage de la capitale, 300 000 autres se disent intéressées.

 

La taille de cet écart entre les impliqués et les intéressés invite à la prudence : il peut ne pas y avoir correspondance entre le ras-le-bol virtuel et le raz-de-marée réel. D’ailleurs la formule choisie d’une manifestation motorisée rend moins primordial le nombre des personnes à mobiliser pour être visible et audible : la voix de la route résonne plus fort que la voix de la rue, une poignée de véhicules suffisant à paralyser un point sensible.

Dies irae, dies illa

Mais sans préjuger du niveau qu’atteindront les mobilisations, le 17 novembre devra être marqué d’une pierre blanche. Qualitativement, avant d’être jaugé quantitativement. La perturbation que cette manifestation introduit dans toute la classe politique, l’incertitude qu’elle fait planer sur les mécanismes de régulation traditionnels de la vie politique, inquiètent.

Sans corps institué, sans tête identifiée, sans vertèbres idéologiques, ce mouvement insaisissable s’infiltre dans les fondations fissurées de notre vieille démocratie représentative. Avec cette véritable ubérisation de la contestation politique, voilà que l’on franchit un nouveau palier dans l’érosion des mécanismes traditionnels de la démocratie. Les Gilets jaunes entendent incarner la colère du peuple, dont ils prétendent être la voix, n’hésitant pas à se placer délibérément aux limites de la légalité républicaine.

Certes, le droit de manifester est fondamental, mais il est encadré strictement : les organisateurs doivent préciser le nom des responsables, le trajet de leur cortège et sa durée. Or, tout dans la structure et dans l’ambition du mouvement des Gilets jaunes est rebelle à ces réglementations : la stratégie de « guérilla circulatoire » que les animateurs se sont fixée suppose mobilité et effet de surprise. Face à cette transgression annoncée, le contrôle étatique ne pourra guère faire autre chose que protéger des lieux sensibles.

Ce refus des règles du jeu en matière d’ordre public n’est finalement que le prolongement d’un rejet plus fondamental : celui de toute instance de médiation entre le pouvoir et les citoyens. Car ce ne sont plus seulement les gouvernants et les forces au pouvoir qui sont visés : les syndicats se voient écartés, ainsi que les partis politiques. Dans un tract publié sur Internet signé par #LaFranceEnColère, on peut lire :

Cette mobilisation n’est en aucun cas le fruit d’un parti politique ou syndicat, mais uniquement la voix du peuple. Controns la récupération politique !

Au-delà d’une précaution de façade, on trouve plus clairement exprimée cette revendication d’autonomie sous la signature de Priscilla. En marge de la pétition qu’elle lance contre l’augmentation des taxes, celle-ci écrit :

Je pense pouvoir parler au nom de toutes les personnes qui n’en peuvent plus de payer pour les erreurs des dirigeants et qui ne souhaitent pas toujours tout payer et à n’importe quel prix.

Cette déclaration de révolte contre le pouvoir et ses errements donne la vraie mesure du mouvement.

Le populisme à l’état gazeux

On voit se dessiner les contours de la fronde : un sentiment mélangé de désespérance, de lassitude, de peur de l’avenir, d’injustice entretenue, d’incompréhension, voire d’abandon et de trahison forme un cocktail explosif. On est bien au-delà de la seule résistance à la hausse des taxes sur les carburants, bien qu’elle ait tenu lieu de détonateur à la protestation.

Il y a certes, ici et là sur Internet, sous forme de cahiers de doléances, un ensemble de revendications dont la liste s’allonge, allant de la baisse des taxes à la suppression de la hausse de la CSG en passant par la gratuité des transports et la hausse du smic. Mais le fil conducteur est ailleurs : il est dans l’exigence radicale d’une reprise en main par les citoyens de leur destin.

En complément de la pétition www.blocage17novembre.com, on trouve un sondage révélateur : sous une photo du président de la République, une seule question : « Êtes-vous satisfait de l’élection d’Emmanuel Macron ? », à laquelle on doit répondre par oui ou par non ! Réunis à Orange (l’endroit n’est pas neutre), 300 animateurs des Gilets jaunes ont lancé une exigence plus radicale : « Nous demandons au Président de dissoudre l’Assemblée nationale et le Sénat ! » Et l’orateur d’en appeler à la constitution d’« assemblées citoyennes » destinées à envoyer au Parlement des élus qui feront résonner « la vraie voix des Français ».

Sans surprise, le cortège des mécontentements grossit rapidement de l’afflux des vaincus de 2017, qui voient dans cette étrange mobilisation l’occasion de perturber les règles établies du jeu politique et de réussir ce rassemblement de masse qui leur a échappé jusque-là. L’année écoulée a vu échouer toute les tentatives organisées par les syndicats et les partis d’opposition : faible mobilisation sociale du 1er mai, échec du « Stop à Macron », de la « Marée populaire », de « La fête à Macron »…

La coagulation autour du mouvement des Gilets jaunes fait apparaître au grand jour ce qu’on pourrait nommer un populisme gazeux, charriant avec lui un mélange hétérogène de revendications légitimes et outrancières. Dans le florilège des expressions, on trouve par exemple celle-ci, en réponse à un article du Monde :

Pendant que les hauts fonctionnaires se gobergent, que les « élites » et les riches se satisfont des largesses qu’on leur octroie, les pauvres, les retraités, les fonctionnaires paient et voient leur pouvoir d’achat régulièrement rogné par les décisions qui les visent systématiquement.

Les apprentis sorciers

Parce qu’il vient de loin et des profondeurs, le mouvement du 17 novembre déborde des seuls mouvements d’opposition. Mais précisément par ce que l’exaspération fait fond sur des terres que ceux-ci ont ardemment labourées, elle peut les menacer en même temps qu’elle paraît les servir. D’où, au-delà des yeux de Chimène, une attitude prudente pour ne pas insulter l’avenir : seul Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan opte pour une franche récupération, au seul prix d’une précaution de langage : « Nous ne sommes pas à l’initiative du mouvement, dit Sébastien Chenu, nous le soutenons. » Marine Le Pen prône pour ses troupes une franche collaboration, tout en se mettant personnellement en retrait.

 

Attitude plus ambiguë chez d’autres mouvements, où la position des leaders ne fait pas l’unanimité : à LR (Les Républicains), où le soutien inconditionnel de Laurent Wauquiez suscite des réactions. Même situation chez les Insoumis, où Jean‑Luc Mélenchon semble refaire le coup du deuxième tour de l’élection présidentielle, en se déclarant fier de ceux qui participeront autant que fier de ceux qui ne participeront pas. Mettant un paroxysme à son désarroi, le PS soutient sans vergogne les manifestants. Et François Hollande en profite pour poser la cerise sur le gâteau, voyant dans le Gilet jaune le signal de son retour en politique !

Le mouvement du 17 novembre a d’ores et déjà gagné la bataille de la perturbation du système politique : le chant de sa flûte entraîne les opposants vers les rives dangereuses d’un populisme décomplexé. Au risque de se perdre dans ce qui ressemble à une subversion de l’ordre établi.

La boîte de Pandore

Il faut dire que depuis dix-huit mois les oppositions, relayées en continu par les médias et amplifiées par les réseaux sociaux, ont largement préparé la voie à ce surgissement protestataire : à force d’attaques systématiques sur toutes les mesures, sur tous les propos présidentiels, ils ont complètement essarté la végétation de surface protectrice du fonctionnement institutionnel, livrant nu le sol démocratique à l’éruption populiste.

Qu’ils aient pu être aidés dans leur travail par certaines attitudes ou décisions du pouvoir, la chose est patente. Emmanuel Macron a peut-être un peu trop oublié qui l’avait fait roi : une part de sa victoire emprunte au populisme, par ce « dégagisme » implicite qu’impliquait sa volonté affirmée de rompre avec les partis de gouvernement et par sa promesse d’écouter les citoyens en répondant directement à leurs attentes exprimées.

Sans doute contraint par les circonstances à une forte verticalité du pouvoir, l’exécutif n’a pas su donner les mesures compensatoires pour rétablir l’équilibre. À cela s’ajoute, pesant lourdement dans la balance, le déficit du « en même temps ». La rationalité économique l’a entraîné à prendre d’abord des mesures favorables aux plus fortunés : dissociées dans le temps des dispositions en faveur des autres, les premières ont pu être ressenties comme discriminatoires, dessinant une image de « Président des riches » difficile voire impossible à corriger.

Quoi qu’il en soit du jeu des responsabilités, l’éruption promise constitue un révélateur d’une situation inquiétante par ses réminiscences historiques. Il y a comme l’odeur pénétrante du 6 février 1934 dans l’atmosphère du moment. On se rappelle que, ce jour-là, les anciens combattants, renforcés par les ligues, tentèrent de marcher sur le Palais Bourbon pour renverser le Parlement.

 

Depuis, le centre de gravité du pouvoir s’est déplacé sur la rive droite, et c’est vers l’Élysée que certains prétendent rouler le 17 novembre. En cela, point n’est besoin de tenter l’ornithomancie pour prédire si, ce samedi, la bulle va exploser ou se dégonfler. Peu importe : elle fait d’ores et déjà peser un nuage sombre sur notre avenir politique.

La légende veut que, une fois les forces du mal échappées de la boîte de Pandore, seule l’espérance était restée au fond. Le moment est venu de la faire surgir à son tour.

Claude Patriat, Professeur émérite de Science politique, Université de Bourgogne

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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  • « Il faut dire que depuis dix-huit mois les oppositions, relayées en continu par les médias et amplifiées par les réseaux sociaux…  »
    Non, les médias – hors internet – n’ont pas relayé les oppositions (ou fort peu). D’où sans doute une amplifiçation du sentiment que le poyvoir est aveugle et sourd. Avoir les médias à sa botte et censurer les opposants conduit tout droit aux révoltes violentes. On ne peut mentir tout le temps à tour le monde impunément.

    • Non ! Les médias ne sont pas a la botte du pouvoir en place.
      Mais l’opposition est tellement ridicule : Benoît Hamon et son revenu universel, LFI et ses idées venezueliennes, LR qui gratte sur l’extrême-droite, et le RN qui a montré toute son incompétence dans le débat de l’entre 2 tours..
      Je serais pigiste, c’est pas chez ces guignols que je chercherais mes sujets du jour..

      • les média sont payés par le pouvoir en place !

        • Non, les médias sont payés par l’État, pas par le pouvoir politique en place. Comprenez : ça ne date pas d’aujourd’hui.
          Quand on voit comment Macron et son gouvernement sont traités dans les journaux, on se dit que les journaleux ne les supportent pas plus que ça.

          • « Non, les médias sont payés par l’État, pas par le pouvoir politique en place ».
            Bravo l’analyse. Et qui décide chaque année du montant des aides à la presse sinon le pouvoir politique? Et qui a fait élire Macron par une campagne de presse et de médias sans précédent, sinon l’aréopage des patrons de presse?

          • Les journaleux ont découvert récemment que leurs lecteurs, tant qu’ils se contentaient de chanter les louanges de Macron, ne les supportaient pas plus que ça…

      • Superbe démonstration par l’absurde !
        Donc, les journalistes sont bien payés par le pouvoir en place pour ne mettre en avant que les plus ridicules des opposants, c’est de ce que vous dites que l’évidence jaillit…

  • Vu que l auteur est professeur de science politique, n est il pas a la fois juge et partie ?

    Si le mouvement des gilets jaunes se defie des syndicats et parti politique n est ce pas un rejet d organisations qui ne font qu oeuvrer pour elle meme ou pour l ambition de leurs dirigeants (cf le train de vie des dirigeants de FO, les trahisons repetes de promesses electorales du PS ou des LR)

    On peut regretter qu il ny ait pas de corps intermediaires entre l Etat et le citoyen ou que les gilets jaunes ne proposent pas une alternative mais restent dans la contestation mais c est pas en cassant le thermometre qu on stoppe la fievre.

    A force de mentir aux gens pour etre elu et de les mepriser plus ou moins ouvertement (cf la phrase de Griveau sur les clopes et le diesel qu il a ete oblige de renier apres que ca fasse des vagues) il faut pas s etonner de la reaction

    PS: la comparaison avec fevrier 1934 est ridicule. les gilets jaunes n ont jamais pretendu renverser la republique

    • il y a beaucoup plus simple mais beaucoup plus meurtrier:
      la journée sans achat
      si les français n’achetaient rien pendant une journée que va constater bercy?
      ben oui qu’ils sont dans une merde noire
      une journée/ semaine sans achat , super pendant les semaines de noel
      ah c’est sur les sponsors de « en marche » risquent fort de faire la gueule..

      • Tu parles, Charles ! Ça leur fait une belle jambe au gouvernement que t’ailles pas faire tes courses de Noël.
        Au pire, on tue le PIB, et puis ? Leurs salaires seront les mêmes, et nous on devra payer nos pots cassés par le biais d’autres taxes pour compenser le manque à gagner.. la belle affaire.

        A mon humble avis, il n’y a… aucune solution. Le 17novembre ne sera qu’un coup d’épée dans l’eau. Tant que les gens ne mettent pas à feu et à sang le pays, l’Etat ne fera aucune action concrète.

        • C’est possible, mais si Macron en reste à ce qui a été annoncé, il est plombé jusqu’à la fin du quinquennat, c’est un nouveau Hollande, et ça il le craint plus que tout.

          • Mouais.. je crois surtout qu’il va finir son quinquennat dans la douleur, mais qu’importe, tout ce beau monde aura mangé dans la gamelle en or, en se rinçant bien le gosier. Au mieux, il fera ses 2-3 cadeaux fiscaux en 2021, pour trouver des voix en vue de sa réélection, comme ils l’ont tous fait. Macron, c’est une baudruche : ça fait beaucoup de bruit, mais y’a qu’de l’air d’dans !! Et tout le monde est tombé dans le panneau.
            Parfois, j’en regretterais presque Fillon. Mais je me rappelle le montant évalué de la corruption de ce monsieur.

            • Ce que vous appelez corruption n’est que la petite compensation que s’octroie la majorité des élus, sinon pour quelle raison devraient ils faire de la politique ?
              Pour venir en aide aux veaux électeurs qui de toute façon vont juste vouloir du pognon sans lever le cul de la chaise ?
              Jamais leurs petites affaires ne nous coûteront le centième de ce que nous coûtent leurs mensonges.
              Quand Ségo claque un milliard de notre argent au nom de la ripoublique, c’est légal, mais se faire offrir deux costards par un faux-ami, c’est pire qu’être membre du cartel de Medellín !
              Et ce ne sont pas les moines-soldats de la REM, figés dans leurs certitudes de joueurs de SIM-city, qui nous prennent pour des pixels, qui vont débloquer les rouages grippés.
              Je pense sincèrement que la graisse qui sert à graisser certaines pattes peut, à petite dose, aider à faire tourner la machine.
              « La politique, c’est comme l’andouillette,ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop »
              Et pour finir, mon couplet habituel :
               » Fillon, au moins, il aime la bagnole »

              • Oui, mais pas la famille. Jamais je n’aurais voté pour quelqu’un assez culotté pour exiger de ses enfants le remboursement de leurs noces. Ça aime trop le fric pour être honnête, ça, madame.

      • Une journée, voire une semaine sans achat ? mais comment fait-on alors pour bouffer ? cela ne ferait que reporter et augmenter les achats le jour ou la semaine suivante ! et si on l’anticipe, le jour ou la semaine précédente ! je ne comprends pas ce raisonnement et une explication s’impose.

        • On parle pas de ne rien acheter pour manger, mais d’arrêter d’acheter des conneries (acheter l’essentiel).
          En soi, c’est surtout les produits importés qui vont être impactés, pas une si mauvaise chose en fait. ?

          • @ Swap10
            D’abord, comme déjà signalé plusieurs fois à claude henry de chasne, la journée mondiale sans achat existe déjà et aura lieu le 24/11/2018. C’est peut-être une occasion pour chacun de réfléchir à sa façon de consommer dans un monde où on peut penser acheter trop et mal: à chacun de voir, mais c’est le but, sans grand rapport avec le commerce extérieur.

          • Chacun achète ce qui lui plaît, ceux qui voudraient qu’on ne vive que de l’essentiel et qu’on se prive du reste, qu’ils aillent dans des monastères et des ermitages et qu’ils nous laissent, nous, trouver quelques joies dans l’existence en sus du nécessaire !

    • D’accord avec vous, la comparaison avec 1934 ne tient pas debout. De plus, on croirait entendre Macron…

  • Si nos « zélites » n’ont rien de mieux à nous proposer, on n’est pas sorti de l’auberge. On a l’impression de lire une analyse de l’électorat FN des années 80… Les mécontents seraient les oubliés de la mondialisation, les pauvres des zones désertiques, peu éduqués, habités comme le dit l’auteur par « un sentiment mélangé de désespérance, de lassitude, de peur de l’avenir, d’injustice entretenue, d’incompréhension, voire d’abandon et de trahison… » Elle vous a l’air d’avoir peur de l’avenir, Jacline Mouraud ? – je la cite juste comme exemple emblématique, pas par admiration – Elle vous a l’air désespérée ? elle vous a l’air abandonnée ? C’est une laissée pour compte de la mondialisation ? Elle a internet, et sait mieux se servir de facebook que vous (tu nous en fais un, Manu – ou Bibi, je ne sais plus comment vous appeler, Majesté – un tweet lu par 4 millions de Français ?). Elle n’a pas eu accès à l’éducation ? Elle s’exprime dans un français qui vaut largement celui de nos ministres… Nos « zélites » ne connaissent même plus le « peuple », si tant est que ce mot ait encore un sens. J’ai des liens familiaux dans plusieurs régions de la « France profonde » : nulle part, les gens ne sont des bœufs arriérés, manipulés par les journaux – par contre, ils aimeraient bien eux aussi avoir les mêmes abattements fiscaux que les journalistes -, partout les gens sont informés, cultivés, et ils bougent ! Blablacar, ouibus, les énergies renouvelables, nos « zélites » les promeuvent, mais les « vraies gens » les utilisent déjà. Même au fin fond de la Lozère où je suis né, il y a des concerts, des représentations théâtrales, des maisons basses consommation et des gens qui reviennent de Berlin, d’Athènes ou de NY, qui vivent du RMI ou qui payent l’IFI (et c’est parfois les mêmes !). Je vous rassure, il y a des cons, aussi : d’après mes statistiques personnelles, autant qu’à Paris où je vis la plupart du temps aujourd’hui, et les discussions dans les soirées ne sont pas moins intéressantes qu’ici. Il n’y a plus de France d’en bas et de France d’en haut : zélites, oubliez vos vieux clichés, SVP, le monde a changé et vous qui prétendez être à la tête de ce changement, vous ne le voyez même pas ! Alors, lâchez-nous le coude avant qu’on vous pète les bras : on ne demande pas à être aidés par l’un ou l’autre de vos petits chèques de bienfaisance (la preuve : la plupart des aides ne sont pas réclamées par ceux à qui elles sont destinées, ça ne vous titille pas un peu ?), on vous demande juste de nous prendre un peu moins du fric qu’on gagne, et d’arrêter de grignoter nos libertés. Vos 80 km/h, franchement, ça a été la goutte d’eau, le signal que Paris reprenait nos libertés en mains : la grande ligne droite qui traverse le causse entre Saint-Martin et la Vaquerie (les noms ont été changé ;-), même avec ma 2CV, pouvoir monter jusqu’à 110 à l’heure dessus, c’est un grand pied de mon existence, et rassurez-vous, j’en connais les dangers mieux que vous, à commencer par les sangliers, leurs laies et leurs marcassins : dans le virage du Bosc, faut ouvrir l’œil, y’en a pas mal qui gitent dans le bois du Poux… Ouvrir l’œil pour eux, je veux bien, mais par peur d’un radar, merde ! Ça et la suppression de la taxe d’habitation, un des rares impôts justifiés où je pouvais en plus aller directement gueuler auprès de mon maire : quand vous l’avez supprimé – alors que personne ne vous le demandait – perso, j’ai tout de suite compris que vous siffliez la fin de la récréation en présentant ça comme un cadeau, en plus ! Demain, je n’irai pas manifester avec un gilet jaune, je dois bosser pour payer mes charges, parce que je suis un sale patron capitaliste qui exploite ses employés – rassurez-vous, je n’emploie et n’exploite que moi-même – et vos réductions de charges sur les sociétés, je n’en ai pas encore vu la couleur, par contre vos augmentations, je les ai bien reçues. Et la couleur de ma colère, elle commence salement à virer au rouge. PS : pour info, je viens de fêter ma 1000° facture émise en 15 ans d’activité à mon compte à ce jour. Et, toutes taxes, impôts et autres joyeusetés confondues, vous m’avez déjà piqué plus de 60% des sommes gagnées durant ces années. Sans doute pour me remercier d’avoir collecté gratuitement pour vous durant le même temps près de 200 000 € de TVA ?

    • Respire un coup l’ami. ?

    • D’accord, mais comme dit précédemment, pourquoi n’allez-vous jamais à la ligne ?

      • Parce que la dernière fois que je suis allé à la pêche à la ligne, je me suis pris une amende pour stationnement dangereux…
        C’était juste, après le bois du Poux, quand vous tournez vers la Rouvière, pour atteindre les berges de la Malou : en moyenne, 3 voitures qui passent par jour…
        Pas de chance ce jour-là, sur les 3 voitures, 1 était une voiture de flic.
        Et sur les 2 voitures garées au même endroit – la mienne et celle de Jaco, qui est du coin – seule la mienne était immatriculée 75. Et seule la mienne a eu une amende !
        C’est ça aussi, les charmes de la province : à force de payer pour Paris, faut bien faire payer Paris.
        Ça vous va, les retours à la ligne ?:-)

  • Le raccourci avec 1934 procède d’une erreur de méthode classique chez ceux qui portent les dogmes de la gauche : ils projettent leurs peurs et préparent les esprits à la nécessité de les maintenir au pouvoir…

  • C »est par les urnes et le bulletin de vote qu’on change ce qui contrarie. Tout le reste et particulier l’agitation n’est que du « Bolobo ».

    • On s’en fout de changer ceux qui nous contrarient, on voudrait qu’ils restent dans les urnes et les remplacer par des qui ne nous contrarieraient pas.

    • Intéressante, cette contraction, volontaire ou pas, entre ‘Bololo’ et ‘Bonobo’…

      • Si j’avais employé le mot « Bonobo » ç’aurait été pour désigner tout le Gouvernement actuel! Mais j’aurai aussi insulté le Bonobo car c’est un singe qui lui est très intelligent

        • En tout cas, le sens des mots n’est plus le même pour la jeune génération. Dans la mienne, le bololo était un attribut recherché chez la gent féminine…

  • L’auteur de l’article oublie un point essentiel. L’élection de Macron est non seulement une élection entachée de manipulations médiatiques et judiciaires, mais elle repose également sur une abstention majoritaire. On ne fonde pas un pouvoir sur une élection volée et dénuée de légitimité, parce qu’il ne suffit pas de suivre les règles pour devenir légitime.

    Quoi que fasse Macron, il sera désavoué par la population pour une raison ou une autre. Quelles que soient les décisions de Macron, elles seront ressenties comme une insulte parce qu’il n’a strictement aucune légitimité. Macron est enfermé dans une impasse politique totale. Il se trompe lourdement s’il croit avoir encore un peu plus de 3 ans devant lui.

    Le passage à tabac fiscal de la population par l’Etat obèse vient s’ajouter au sentiment de mépris pour le pays, qualifié par le mal-élu de pays de râleurs sans culture. Par ailleurs, les Français ne sont plus dupes de l’escroquerie écologiste qui tente péniblement de justifier les nouvelles taxes, pour prendre le relai de l’argument du financement de services publics soi-disant de qualité dont plus personne n’ignore l’état de délabrement avancé.

    Le mensonge éhonté quotidien des édiles est une autre forme d’insulte contre l’intelligence des gens. Il ne manquait plus que le mépris et l’insulte pour venir compléter l’acharnement réglementaire et fiscal de l’Etat obèse. Non seulement les Français sont maltraités comme des délinquants dès qu’ils mettent le nez dehors, mais encore ils sont insultés par ceux qui se prétendent leurs représentants.

    Raz-le-bol fiscal, raz-le-bol tout court, raz-le-bol de tout.

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