Par Olivier Maurice.
Une décision personnelle. C’est ainsi que la presse a qualifié de façon quasi unanime la démission du second personnage du gouvernement. Quoi de plus crédible que l’égoïsme des puissants : saleté de riche, saleté de politicien… Cette pirouette populiste évite surtout de se pencher sur les causes réelles du divorce sans consentement mutuel entre le chef de l’État et celui qui a sans doute été le principal artisan de son succès lors de l’élection présidentielle.
Maire de Lyon depuis 17 ans, Gérard Collomb est longtemps resté loin de la politique nationale et surtout loin de ces luttes fratricides qui ont agité le parti socialiste et l’ont mené à sa totale implosion. Social-démocrate plus que socialiste, Il n’a cependant jamais quitté le parti qu’il a rejoint dès le début de sa carrière politique dans les années 1960, lors de la refondation du celui-ci.
Il n’a jamais quitté non plus la région lyonnaise dont il fut député, sénateur puis maire de la seconde ville de France, succédant ainsi à Raymond Barre dont il partage à la fois la discrète bonhommie et l’optimisme un peu naïf de réussir à réunir dans un même effort hommes et femmes de bonne volonté. Un farouche partisan de ce « en même temps » centriste qu’a tant répété le candidat Macron lors de sa campagne.
Fidèle… mais pas jusqu’au bout
Emmanuel Macron lui doit beaucoup : du ralliement de l’aile sociale-démocrate du parti socialiste à l’attraction du centre, en passant par la caution de sérieux et de séniorité qui manquait cruellement au jeune loup dans sa course pour le pouvoir.
Un homme fidèle dans ces choix. Un homme de compromis, de synthèse. Gérard Collomb, c’est l’inverse de ces tribuns hauts en couleur qui haranguent les foules à coups de slogans à l’emporte-pièce. Les discours enflammés et les coups de gueule, ce n’est pas son style. C’est un homme calme, un politique habile qui s’efforce d’entourer son point de vue de suffisamment de précautions pour se tenir le plus loin possible des effets mélodramatiques et des petites phrases dont la presse raffole.
On est donc encore plus surpris du discours crépusculaire qu’il a prononcé lors de la passation de pouvoir avec un Premier ministre bombardé de toute urgence volontaire intérimaire désigné d’office. Discours clairement destiné à Emmanuel Macron en prenant la France comme témoin. Discours testament d’un ministre qui de toute évidence en avait gros sur le cœur de ne pas avoir réussi à se faire entendre depuis qu’il occupe ses fonctions. Discours apocalyptique sur l’état de la France, sur l’État qui gouverne la France, sur l’action et les choix politiques actuels, ou plutôt sur l’inaction et l’absence de choix.
Apocalypse Now
Discours qui en dit surtout bien long sur le divorce qui oppose Gérard Collomb avec son ancien poulain, et sur la façon dont Emmanuel Macron s’est coupé du monde et se retrouve de plus en plus isolé dans sa tour d’ivoire, sourd à ce qu’on peut bien lui dire :
La situation du pays est au bord de l’explosion, et le gouvernement ne prend absolument pas la mesure du problème. C’est en substance ce qu’a dit Gérard Collomb à côté d’un Édouard Philippe qui se tortillait de frustration de ne pouvoir l’arrêter de parler.
Sur la « révolte » qui grondait au sein de la police quand il est arrivé, sur les réformes dont il reste « bien d’autres à pouvoir réaliser », sur l’indigence des moyens et sur les conditions de travail « indignes », Gérard Collomb ne s’éternise pas trop au début de son discours. Ce ne sont que des amuse-gueules destinées à ouvrir le bal.
L’État perd le contrôle du régalien
Car le gros morceau, ce sont les banlieues, où la situation est « très préoccupante ». Des parties entières du pays sont devenus des « ghettos » où « règne la loi du plus fort », celle des « narcotrafiquants et des islamistes radicaux ».
C’est aussi l’immigration, et surtout les conditions désastreuses d’un accueil inexistant qui consiste à se débarrasser de migrants que l’on ne veut pas voir et à « mettre ceux que l’on accueille dans les cités », transformant ainsi de « sérieux problèmes » en « situation ingérable ».
On est bien loin des « enfants perdus de la République » ou même des « sauvageons » qui avaient tant fait couler d’encre. On est très, très loin du vivre ensemble.
On sent la frustration d’un ministre qui s’est cassé le nez des centaines de fois à vouloir attirer l’attention du chef de l’État sur la situation dans les cités, et qui a reçu en retour un discours grandiloquent et un « changement de méthode » : des mots, des idées, des principes, mais absolument rien de concret, aucune vision, aucune volonté, aucun engagement, juste une agence nationale de cohésion des territoires et 30 000 stages de troisième pour les jeunes des quartiers…
On est également très loin des discussions philosophiques sur les migrants, sur le danger potentiel qu’ils représentent, sur la laïcité, etc. On est dans un constat tout simple : si on jette des déracinés dans la cuisine de l’enfer, on récupérera exactement ce qui alimente les peurs : des délinquants désespérés et prêts à tout.
L’Intérieur : un ministère mal géré
Passons sur le court passage introductif qui suit sur l’importance des territoires où il se déclare girondin et en profite pour embarquer Édouard Philippe avec lui dans un reproche à peine voilé envers le centralisme urbain d’Emmanuel Macron. Gérard Collomb enchaîne aussitôt sur un deuxième constat, à peine moins désastreux que celui qu’il vient de faire sur les banlieues : celui de l’incapacité de l’État.
Et l’on apprend ainsi que le budget du ministère de l’Intérieur, qui représente quand même plus de 19 milliards d’euros, n’est absolument pas géré. Que personne n’est capable d’avoir une quelconque vision sur ce qu’il en est de l’évolution de la masse salariale, qu’il n’y aucune comptabilité de tenue.
Qu’il n’y avait pas une, pas deux, mais au moins cinq directions informatiques différentes.  Que les systèmes ne communiquent pas les uns avec les autres. Ce n’est pas de doublons, ni même d’un mille-feuille dont on parle, c’est juste un fouillis où tout le monde fait son truc dans son coin sans s’occuper de ce que fait son voisin.
Bref, que le pays n’est absolument pas géré, qu’il n’y a de toute évidence aucun pilote dans l’avion.
Les tableaux de bord les plus basiques qui permettraient de prendre des décisions n’existent même pas. Selon les mots même de Gérard Collomb, l’État n’existe que par le dévouement des fonctionnaires qui s’échinent dans des conditions déplorables à remplir leurs tâches sur le terrain.
Les politiques ne font rien, ne servent à rien, ne dirigent rien. Et cela fait de toute évidence un sacré bout de temps que ça dure.
Les gens ont tout à fait raison de se plaindre de l’État et des politiques : que penser de personnages qui tiennent de grands discours sur la Révolution, sur la grandeur de la France… et qui une fois arrivés au pouvoir sont bien incapables de diriger leur petite affaire et laissent le mammouth se débrouiller tout seul ?
Constat accablant sur l’amateurisme et l’incompétence qui président les lambris des ministères et sur l’héritage de décennies d’inaction, de beaux discours et de brassage de vent.
Constat féroce. Et si Gérard Collomb ne l’a pas dit aussi directement, c’est bien cette terrible conclusion qui sous-tend son discours : ce pays est foutu.
On peut être d’accord avec tout ce l’article dit, avec tout ce que Gérard Collomb a dit en partant. Néanmoins, en face de constats aussi gravissimes, on attendrait d’un ministre de l’intérieur qu’il fît ce constat pendant ses fonctions quoiqu’il en coûte, et éventuellement agisse ou engage une épreuve de force pour agir. Ce n’est pas très responsable de tirer des constats aussi graves en se retirant sur son aventin… Si le courage et l’action étaient l’apanage des politiciens (politiciennes… ne soyons pas sexiste), ça se saurait…
Oui, mais au moins il a eu ce courage (petit je vous le concède) de dire ce qu’il pense… en partant.
@RB il y a eu un précédent avec l’armée et on a vu ce qui s’est passé pour Villiers ….
Vous voulez dire qu’il engage l’épreuve de force plus tôt… Je n’apprécie guère Collomb, mais dans cette affaire, il me semble qu’il a eu la moins mauvaise des attitudes, compte-tenu des circonstances, et qu’un éclat plus tôt ou plus tard n’aurait pas eu autant d’effet. Ensuite, c’est aux citoyens et aux électeurs, voire aux débatteurs dans les médias, d’en tirer les enseignements.
C’est souvent quand on s’efface qu’on est le plus écouté
« Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Cette déclaration de Chevènement est toujours d’actualité, surtout avec Macron.
Je pense qu’il l’a dit a Macron, a Philippe, répété aux conseils des ministres, son rôle n’étant pas comme bien des pseudo ministres, de s’épandre dans les médias auprès de gens qui n’ont aucun pouvoir décisionnel.
Ce n’est qu’après avoir constaté l’absence d’écoute de ceux ‘qui pourraient’ qu’il a pris sa décision et révélé le pourquoi au peuple qui comme par hasard n’a guère été surpris…
ben au moins , comme ça , on a une vision de notre avenir ; à charge pour nous , citoyens , d’apprendre à nous défendre vu qu’il ne faut pas compter sur le gouvernement , celui là ou un autre , ;
Son désaccord public a commencé avec le 80 km/h. Où l’on voit bien que seul compte les recettes d’amendes sans discernement et donc pour 90% injustes. De plus bien d’autres sujets évoqués dans cette article devraient ou hélas auraient dû être traités dès le début de la mandature. Je crains l
Absolument. Collomb n’était pas maître à bord. Il s’est fait imposer le 80 km/h par Philippe. Faut dire que depuis la création de la direction de la sécurité routière, celle-ci est en prise directe avec le PM.
D’autre part, si ce ministère est mal géré, c’est parce qu’un ministre, même chevronné, n’y a que peu de poids. S’il a le malheur de ne pas « convenir » aux policiers, il n’arrivera à rien. Et s’il leur « convient », c’est que son seul rôle se bornera à les couvrir en toutes circonstances. La police est un Etat dans l’Etat. Encore plus que Bercy.
En même temps dès qu’on fait ou propose quelque chose de potentiellement utile ou nécessaire, le bon peuple, abruti par un demi-siècle de carence éducative, se révolte.
Le peuple a bon dos. Avec du recul, on se rend compte qu’il est souvent manipulé par des agitateurs professionnels relayés par les médias
C’est bien ce que je dis: s’il avait été instruit pour acquérir un minimum d’esprit critique le peuple ne se révolterait pas bêtement dès qu’on touche à un epsilon de ses petites habitudes.
quand c’est trop gros, c’est ingérable !
On ne quitte pas le navire de peur de chaviré,
pour un sois disant homme d’expérience, je peux en douter , quand on trahit celui qui vous met à l’etrier, il ne faut pas s’attendre aux miracles .. il ne peut avoir de dialogue et d’échange lorsque vous avez en face de vous un mur qui ne vous écoute pas : je sais ,je décide c’est perdre son temps … quand vous faite de la politique la trahison ,l’arrogance est vitale pour obtenir le pouvoir … un jour ou l’autre ,cela se retourne contre vous ..
pour le moment c’est le peuple et nos finances qui trinquent … le seul remède aux prochains vote est de les virer …. il n’y a pas d’autre solution …
Ben ceux qui restent à bord en sachant que le chavirement est probable et qu’ils ne peuvent rien y faire sont des imbéciles. Idem pour le capitaine qui coule avec le navire, si c’est parce qu’il est responsable et qu’il ne veut pas aller devant la justice, ça peut se comprendre, mais sinon c’est une stupidité.
Donnez moi ces 19 millards je vous promets d’en faire un bon usage. Oh que oui !!!
C’est exactement ce que disent les ministres successifs…
Il faut qu’on parle…
Et ça coûte un « pognon de dingue »!
Bonjour.
Petite correction: Lyon est la 3é ville de France, la seconde c’est les rastaquouères sous perfusion perpétuelle de Marseillais.
Quand à Gérard Collomb je ne suis pas un fan de quelqu’un qui a 71 ans croit encore qu’il est incontournable dans la vie politique des Lyonnais.
Cependant il a eu le courage de mettre dans les dents d’Édouard Philippe et sur la place publique ce qu’il avait sur le cÅ“ur.
La presse aux ordres s’est offusquée de ces déclarations mais dans ce milieu on préfère la langue de bois et la petite phrase qui permet à cette même presse de broder une semaine sur ce que sous entend le petit mot.
Là il n’y a pas à inventer vous prenez la déclaration comme elle vient et tout est dit.
Écoutez la langue de bois du grand Édouard qui dit que l’état va assurer la sécurité des Français alors que « Collombo » vient de lui dire que tout va péter et que l’état n’a aucune réponse à mettre en face.
Qui à votre avis est le plus honnête? Qui pensez vous être le plus proche de la vérité?
Le Grand Lyon dont Colomb est le président est la seconde agglomération de France – désolé pour le raccourcit dans l’article.
C’est le théâtre de guignol.
Et certains y croient encore. Aucun mépris de ma part. J’ai des croyances également.
ça sonnerait mieux si il ne retournait pas au chaud avec des ambitions électorales..
il quitte l’intérieur , n’avait pas la capacité de rassembler les service de police dans une même direction , faire des remarques que tous savent depuis des années ,la lutte entre les services de police , gendarmerie , crs et de rajouter une police municipale créé pour compenser l’insuffisance de la police et gendarmerie dans les villes et campagne !!
S’ajoute des entreprise de sécurité , voir des police parallèle. L’ÉTAT n’étant plus capable d’assurer la sécurité du citoyen …c’est encore plus dramatique l’insécurité s’installe à la campagne …c’est un constat , le rôle de l’ensemble de nos représentants de SÉCURITÉ , sont devenus des collecteurs d’impôts, attention ce n’est pas une insulte
c’est à celui qui fera le chiffre des amendes.
la FRANCE est à l’image de ces CHEFS ..et en plus la justice qui s’invite à faire défaire, avec des rendus de parodie de justice incompréhensible !!! quand à Collomb pas à la hauteur du sujet puisque c’est le pouvoir qui décide et qui freine d’avoir une action juste en rapport de son temps , la faute principales les Élections pour garder ses privilèges, que ne font-ils pas !!!!
Et en terminant , je ne sais pas comment ces gens qui bossent pour notre sécurité , et les contraintes de rivalité peuvent supporter cela !! quel BORDEL !!!
@Mc2 , L’ÉTAT inverse les problémes , ils ne s’attaquent pas au vrai problème de la délinquance ! ils punient les conducteurs pour 5 kilomètres / heures , là cela rapporte de l’argent …quand à la délinquance, drogue ,
prostitution féminine ou masculine , l’insécurité dans les banlieues surtout pas ,
pas de vague …. les zones de non droit ,on était créer par la lacheter des politiques !!
et en plus la justice y joue de sa particule , avec des jugements incompréhensible …
quand un chef d’État , gouvernement n’ont aucun respect du peuple Français…je peux affirmer que ces politiques sont en train de tuer nos traditions et cultures !!! jusqu’à quand devons nous baissé la tête…
La drogue aussi rapporte à l’Etat, c’est pourquoi on ne s’attaque pas au trafic…
à part faire de la Com , d’utiliser les médias pour annoncer une reprise du pouvoir d’achat fictif ? et ensuite ce ramasser des hausses d’électricité, gaz ,carburants qui génèrent des hausses de taxes au détriment du pouvoir d’achat !..des augmentations de primeurs etc…d’avoir augmente la Csg pour les retraites qui du coup certains ne pourrons plus se financer seul leur maison de retraite ..je te donne 5 je t’en récupère 10 …
la connerie à ces limites … faire de la politique au coup par coup , comme pour la prime d’activité 20 euros et en fin de résultat 8 euros …Ça promet pour l’avenir !!!
Le remaniement s’annonce d’importance.
Laurent Ruquier deviendrait premier Ministre et Louis georges TIN, qui a du Cran serait nommé a l’intérieur.
Bruno Julliard et Hapsatou Sy qui auront prochainement un peu de temps libre auront probablement des places aussi.
ça sent encore l’enfumage ce remaniement, ça ne changera absolument rien….et pour Collomb l’article est quand même assez gentil pour le bonhomme, c’est pas comme si la situation du pays nétait aps connue et il a quand même mis du temps à comprendre