Et si on s’inspirait de la « solidarité exigeante » allemande ?

L’adoption de l’idée de solidarité exigeante a fait chuter le chômage. Elle a permis d’améliorer les comptes publics, car la différence entre un chômage à 5 % et un chômage à 10 % est une somme largement supérieure à 50 milliards d’euros.

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Et si on s’inspirait de la « solidarité exigeante » allemande ?

Publié le 23 juin 2018
- A +

Par Xavier Fontanet.

Au début des années 2000, la situation économique en Allemagne était aussi difficile que la nôtre aujourd’hui, à cause des dépenses et de l’endettement publics entraînés par le rapprochement avec l’Est. Les employeurs et les syndicats allemands, conscients de la difficulté, se sont mis d’accord sur un double changement de paradigme.

D’abord, ils ont appuyé l’idée que le déficit budgétaire était insupportable et l’endettement dangereux (il était à environ 70 % du PIB, c’est-à-dire bien moins élevé que le nôtre !). On ne peut dépenser durablement plus que l’on gagne ! Ils ont annoncé que le modèle social allemand était en danger, car financièrement insoutenable.

La solidarité comme fondement de la société

Fut alors inventé le concept de solidarité exigeante : la solidarité est le fondement de la société, il n’est pas question de l’abandonner, mais, dans les moments difficiles, chaque droit crée un devoir en retour. Ceux qui avaient la chance d’avoir un travail ont accepté plus de flexibilité quand cela était demandé ; ceux qui étaient en situation d’assistance ont accepté de modifier leur comportement en faisant le maximum pour éviter de peser sur les finances publiques.

Cela voulait dire, en termes pratiques, accepter pour leur nouvel emploi des positions éventuellement inférieures à ce qu’ils pouvaient normalement espérer. Cela voulait aussi dire accepter des emplois à temps partiel. C’est la raison de l’extraordinaire succès de ce que l’on a appelé les « minijobs » : rappelons qu’il y en a aujourd’hui 9 millions et que 3 millions de personnes ont deux emplois.

L’adoption de l’idée de solidarité exigeante a fait chuter le chômage. Elle a permis d’améliorer les comptes publics, car la différence entre un chômage à 5 % et un chômage à 10 % (auquel viennent s’ajouter 2,5 millions de personnes au RSA) est une somme largement supérieure à 50 milliards d’euros. La crise n’est-elle pas une occasion unique de remettre en cause certaines dispositions de notre marché du travail, qui freine l’économie et met, à terme, toute notre collectivité en danger ?

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  • minijobs , CDD , temps partiel…..difficile d’aller voir son banquier pour obtenir un crédit ne serait ce que pour acheter un vélo…..difficile de construire son avenir pas plus qu’on ne peut le construire en touchant le RSA….

    • Pour celui qui paie, les relations sont lancées sur de meilleures bases si c’est pour un minijob que si c’est pour que l’Etat verse un RSA. La richesse collective augmente, et même si la théorie du ruissellement est en elle-même peu crédible, l’enrichissement des uns est plus favorable à l’emploi et à la construction de vie des autres que l’absence d’enrichissement de la somme des uns et des autres. Car c’est hélas le seul choix que nous ayons…

    • @ véra
      J’avais sans doute 14 ans quand j’ai acheté mon vélo, d’occasion, évidemment, pour moins de 15 € actuels (c’était dans les années ’60).
      Je n’avais pas de banquier ni d’argent de poche!
      Alors non, on ne construit pas un avenir sur le RSA, c’est fait pour survivre, si j’ai bien compris, mais on peut aussi se débrouiller!
      L’article vous explique qu’en Allemagne, ils ont gagné moins ou fait d’autres concessions pour s’en tirer ensemble, nationalement! Ce que ne sont ni l’état ni la population française prêts à faire!
      C’est la différence entre ce qui fonctionne et ce qui dysfonctionne!

    • de toutes facons il se fait que les entreprises n’ont pas besoin de main d’œuvre. A partir de là, rien ne pourra résoudre le problème.

      Alors on troque des temps pleins contre des temps partiels mais le résultat est le même : les hommes sont de moins en moins nécessaire pour produire des biens ou des services.

    • @Vera
      1) pourquoi vouloir a tout prix faire un credit et vivre au dessus de ses moyens ? Vous savez qu un credit doit etre remboursé ?
      2) pour un Velo d occasion (j ai paye le miens 50 €), vous avez pas besoin d un credit

  • C’est trop efficace pour que les Français adoptent cette solidarité exigeante. De plus, il faudrait commencer par ceux qui nous gouvernent et, là, ce n’est pas gagné!

    • @ Mariah
      Non, il ne faut pas commencer par …!
      La solidarité est, par définition, collective (pas collectiviste!).

    • Il faudrait surtout commencer par la fin des régimes spéciaux : la solidarité exigeante, c’est d’abord que ceux qui bénéficient d’un privilège aux dépens de la collectivité acceptent de l’abandonner.

      • Et ce n’est pas près d’arriver vu la réaction des cheminots même pas concernés par la réforme du statu.

        • @ Virgile
          Mais vous savez bien que même la fiscalité avec ses nombreuses niches fiscales, est anti-républicaine ou anti-démocratique! Chaque contribuable français s’accroche à ses privilèges comme une moule à son bouchot!

  • Un peu de rigueur quand on fait tomber des chiffres : « car la différence entre un chômage à 5 % et un chômage à 10 % (auquel viennent s’ajouter 2,5 millions de personnes au RSA) »
    Les 2/3 des bénéficiaires du RSA pointent à pôle emploi, ce n’est pas une addition. Vous confondez statut et indemnisation. Vous avez de jeunes entrepreneurs et agriculteurs au RSA comme vous avez des RSA au chômage.
    Ensuite le faible chômage allemand s’explique plus par sa démographie que par les minijobs, qui ont quelques défauts : les minijober ne cotisent pas pour leur retraite et déséquilibrent la concurrence avec les salariés normaux.

    • @tigrou666

      On pourrait aussi s inspirer des allemand pour eviter le lapinisme (bon la leur natalite va remonter, ils ont recupere 1.1 millions de migrants)

      Ayant vecu en RFA, les mini job ne sont en effet pas la panacee, car ca permet a certaines entreprises de sous payer les gens, qui doivent ensuite demander a l Etat le complement pour vivre (donc Systeme perdant/perdant)
      Par contre, les mini jobs sont quand meme circonscrit a des secteurs bien definit comme la restauration, le commerce, le nettoyage.
      Le reussite de la RFA n est pas tant sur les mini job que sur le secteur exportateur, qui lui n offre quasiment pas ce type de contrat.
      A la limite, on peut dire que l exportation est facilite car le cout de la vie est inferieur en RFA a celui de la France. Grace aux mini job (un peu car aller au resto est moins cher) mais surtout grace au logement moins cher (pas de PTZ, Pinel pour faire gonfler la bulle)

      Pour l argument sur la retraite, il est certes exact, mais etre au RSA ne vous fait pas cotiser non plus. ET si vous avez 25 ans, c est de toute facon secondaire. Surtout si on considere que le system par Repartition aura explosé quand vous serez vieux

  • Minijobs, CDD, temps partiels, c’est comme le RSA, ce n’est pas fait pour durer. Vous débutez ou rebondissez avec ça, mais vous continuez à chercher autre chose. Et c’est avec cet autre chose que vous construirez, mais au moins vous êtes lancé.

  • Ils ne sont pas concernés par la réforme, mais comme ils sont cheminots de père en fils, cousins etc, ils « luttent » pour leurs proches.

  • Les commentaires sont fermés.

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