Nouveaux Velib, nouveau boulet pour Anne Hidalgo ?

La migration vers le nouveau Velib est un échec. Et si le prestataire Smoovengo est le principal responsable, la mairie de Paris (menée par Anne Hidalgo) et le syndicat Autolib/Velib ne sont pas en reste. Analyse à redécouvrir…

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Nouveaux Velib, nouveau boulet pour Anne Hidalgo ?

Publié le 29 avril 2018
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Par Alexis Vintray.

Nouveau Velib, nouveau boulet au pied pour Anne Hidalgo, déjà étrillée pour son éloge discutable de Che Guevara ? Alors que les élections municipales de 2020 se rapprochent, le changement de prestataire du Velib à Paris est en train de tourner au cauchemar pour le maire de Paris qui a lancé le nouveau vélo avec fanfares et trompettes le 25 octobre 2017. Il y a encore peu, le syndicat Autolib/Velib et la mairie de Paris annonçaient une migration progressive, avec 600 stations ouvertes au 1er janvier (puis 300 après une première revue à la baisse).

Dans les mots de France Bleu en mai 2017 :

Les 300 000 abonnés de Vélib’ peuvent être rassurés : il n’y aura pas d’interruption du service en fin d’année lors du changement d’exploitant. Le 1er janvier 2018, le basculement sera quasiment sans conséquence pour les usagers

Ce genre d’article fait aujourd’hui rire (jaune) les Parisiens : au 1er janvier, à peine 10 % de l’objectif était atteint, et l’amélioration rapide promise ne semble pas de mise. Une semaine plus tard, le nombre de stations accessibles était toujours de 64, soit le même que celui du 1er janvier. Le 19 janvier, à peine une centaine de stations étaient ouvertes, soit moins de 20 % de l’objectif initial du 1er janvier, et moins de 10 % de la totalité des stations…

Une chose est sûre, les utilisateurs désertent le système : interrogé par téléphone par Contrepoints, le syndicat Autolib et Velib Métropole n’annonçaient que 10 000 trajets par jour fin janvier, contre une moyenne de 60 000 par jour auparavant. Mais, plein d’optimisme, le Syndicat nous assurait que ces chiffres ne remettaient pas en cause l’amour des Parisiens pour Velib.

 

Échec du nouveau Velib, la faute de qui ?

Le premier responsable, le plus évident, serait bien sur Smoovengo, le nouveau prestataire à qui a été attribué le contrat : c’est lui qui installe les stations, fait les travaux, et ne livre pas de réalisation à la hauteur de ses engagements. Pourtant, le consortium est emmené par le géant Vinci (nouvel-Indigo) entre autres acteurs de taille.

Le nouveau prestataire se distingue aussi par un service commercial loin d’être à la hauteur selon les témoignages de Parisiens : « après avoir cliqué comme il fallait pour recevoir ma nouvelle carte Vélib metropole… J’en ai reçu… une par jour depuis samedi ! » selon un Parisien sur Atlantico.

Pour l’auteur de cet article, c’est pire : un mois après la première demande et malgré trois appels, toujours pas de carte en vue. Un scénario fréquemment répété sur Twitter également :

Le service est d’une qualité telle que c’en est un « cauchemar, un accident industriel », selon Charles Manguin, président de l’association cycliste Paris en Selle. Contacté par Contrepoints, Smoovengo n’avait pas répondu à nos sollicitations à l’heure de la publication de cet article.

 

Une gestion amateur d’un chantier de grande ampleur

Côté donneur d’ordre (le syndicat Autolib/Velib Métropole), on reconnait le caractère « très problématique » de la situation et on annonce « travailler avec Smoovengo pour les accompagner à régler le problème au plus vite ». Tout en rappelant que les pénalités, de un million d’euros, rien que pour janvier, seront appliquées telles que prévues au contrat.

On joue donc à fond la carte de la responsabilité exclusive de Smoovengo, le prestataire. Une carte qui permet il est vrai d’exonérer les pouvoirs publics de leur responsabilité…

Pourtant, force est de constater que le syndicat, comme la mairie de Paris, ont été loin des attentes. De manière révélatrice, la mairie de Paris, contactée par téléphone et e-mail, était aux abonnés absents sur le sujet.

Les erreurs ont été nombreuses pourtant :

  • Fallait-il prendre pour argent comptant les promesses d’une société qui n’avait jamais fait de telle migration inédite ?
  • Les pénalités ont-elles été bien négociées ? Le contrat prévoit un maximum de un million d’euros de pénalités par mois (à 200 stations de retard). On sera bien au delà des 200 stations de retard au 1er janvier…
  • Alors que le service n’a que faiblement été assuré en novembre et décembre 2017, aucune indemnisation ne sera accordée aux clients à part… trois heures pour tester le vélo électrique.
  • Seul le mois de janvier sera remboursé, alors qu’à peine 10 % des stations ont été ouvertes sur le mois. À ce rythme, il faudrait rembourser au moins les trois premiers mois aux clients, ce à quoi la majorité municipale s’est opposée initialement, avant de faire partiellement machine arrière devant la colère des Parisiens…
  • Le Velib est à 60 % déficitaire, le trou étant comblé par les contribuables franciliens. Pourquoi ne pas avoir augmenté les prix autrement que à la marge ?

 

Et Anne Hidalgo dans tout ça ?

Après avoir communiqué abondamment (les taquins diront « comme à son habitude ») pour le lancement du nouveau Velib, Anne Hidalgo s’est plutôt démarquée récemment par des propos rejetant sur Smoovengo la responsabilité de l’échec du nouveau Velib.

Et certes, formellement, ce n’est pas la mairie de Paris qui est en charge du dossier Velib puisque, au vu des difficultés financières d’Autolib et de Velib, la responsabilité a été opportunément transférée au Syndicat Autolib et Vélib Métropole.

Mais le mythe qui ferait du Syndicat Autolib et Vélib’ Métropole une créature sans rapport avec la mairie de Paris, ne tient qu’un bref instant : Paris y tient les manettes, avec l’élue parisienne socialiste Marie-Pierre de la Gontrie en présidente jusqu’à récemment, remplacée par la maire… socialiste du XIIe arrondissement de… Paris, Catherine Baratti-Elbaz.

Le nouveau Velib s’annonce déjà comme un nouveau caillou dans le pied d’Anne Hidalgo, qui n’avait vraiment pas besoin de ça…

Article initialement publié en janvier 2018.

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  • Cette ville est à l’image du pays : rien ne marche vraiment …ah si …les prélèvements obligatoires et les « arrangements entre amis du même réseau »

  • pourtant je pensais que cela fonctionnait bien. rien ne marche pour Mme Hidalgo.

  • La responsabilité de la VDP est totale au moins sur un point : c’était à elle d’inclure dans le cahier des charges de depart l’obligation d’interoperabilité des systèmes de bicyclettes.
    Le lecteur, s’il n’a pas le malheur de vivre à Paris doit se rendre compte du foutoir dans lequel nous sommes. Jusqu’ici y a quelques mois, il y avait des centaines de stations de Velib. A chaque vélo son poteau planté dans le sol. 600 stations. Des dizaines de velo par station. Environ 30 en bas de chez moi, mais c’est une grosses station. Pour changer d’opérateur, il a fallu deplanter tous les poteaux pour en replanter de nouveaux, compatibles avec le nouvel opérateur. Et évidemment ça prend des mois. Des mois avec des travaux partout dans la ville. Des travaux sans ouvriers qui travaillent. Des travaux pharaoniques, dispendieux. Le poteau open source est bien loin. Pourtant prévoir au départ un protocole inter opérable, ce n’est pas très compliqué. Mais c’était de l’unique ressort de la VDP. Des nuls. En barre. Ils ne valent pas la corde pour les pendre.

  • Vélib et autres fadaises en « libre-service » ? Du green-washing pour les villes qui veulent se payer une image cool avec l’argent du contribuable !
    Avec le pognon dépensé dans ces services, qu’on nous vend « d’avenir », on aurait pu en offrir des vélos aux citadins. Et des vrais, pas des engins de la Panzerdivision.

  • Les grèves organisés par les anciens employés de velib y sont pour beaucoup !
    Ce sont EUX qui ont dézingué le nouveau prestataire de location de vélo, c’est vers eux qu’il faut se retourner pour les réclamations ; les fait qu’il y ait plusieurs prestataires au lieu d’un seul du temps de Decaux n’est pas à oublier, si Paris n’avait plus de location de vélos dans quelques mois ce ne serait pas surprenant, c’est déjà le cas dans d’autres villes en France où des prestataires ont abandonné la location à cause des dégradations et vols ! (souvenons-nous que lorsque les premiers vélib’s ont été en locations, des vacanciers en vue au Maghreb ! )

  • La vraie question…
    Appartient-il a une commune de louer des vélos ?
    Gabegie financière à tous les étages, et pas qu’à Paris !

  • Tous ces écolos sont une belle bande d’irresponsables et sans limites alors que la grande majorité de la population ne respecte pas la nature.
    Parti comme d’habitude vers 5h30 du matin voilà une fois de plus le constat :
    circulation de vélos à gros pneus sur tous les petits chemins pétons forestiers, circulation de motos et de quads dans les prés et chemins forestiers de plus toute cette génération imbécile a besoin d’eau, et de barres énergétiques tout cela se retrouve dans la nature. Toujours sur les petits chemins forestiers en pleine nature on ne compte pas les crottes de chien au milieu des chemins ni et c’est pire celles de animaux à deux pattes qui plus intelligents laissent simplement un bout de papier sur les excréments, celui même qui leur a servi pour se torcher. Les mêmes ont besoin de bonbons, chocolat voir de gros fumeurs le tout jeté simplement sur ces petits chemins, et j’en passe.
    Ce n’est pas un problème d’éducation mais de culture les Français sont majoritairement devenus des dégueu bien assistés mais quelle sale bande de prétentieux.
    Les raisons on les connais, c’est l’exemple venu d’en haut venu de cette misérable classe politiques qui ne cesse d’assister tout le monde et d’émettre contraintes et taxes alors, la population fait l’inverse. On ne peut pas demander à la population d’être respectueuse quand la sale classe politique ne l’est pas.
    Mais hélas la situation s’empire dans cette société administrative et avec un gouvernement imposé que personne ne veut et qui ne peut pas être respecté d’autant que l’important c’est toujours les contraintes, les prélèvements et l’image prétentieuse d’un petit crétin de Président qui dilapide l’argent public à longueur de journée et qui ne cesse de vouloir nettoyer le monde alors qu’il y a tant à faire dans son propre pays.

    • Les écolos ne respectent pas plus la nature. Le seul que l’on pouvait lâcher dans la montagne en sécurité, c’était Alain Lipietz, bon randonneur… Pour les autres avertissez les secours…

      • Je paralis des politiques. Les quaders que je connais ne se réclament pas de l’écologie.

      • Très vrai. Je respecte la nature que j’apprécie et que j’aime, pourtant je ne me revendique pas écolo. Et surtout je méprise les écolos qui sont en fait des gauchistes recyclés, qui n’y connaissent absolument rien, et racontent des imbécillités à ce propos.

    • @Laurent
      Les villes françaises sont parsemées de crottes de chiens et de papiers que les gens ne ramassent pas et jettent. C’est une caractéristique nationale!

  • Les socialites attribuent toujours les contrats à des copains membres du parti. Il faut donc chercher qui est chez Smoovengo! Et c’est Laurent Mercat, patron de Smoove, frère de Nicolas Mercat qui a participé à l’élaboration de l’appel d’offres par le syndicat francilien! Toujours le népotisme et le copinage.

    • Donc si je comprend bien, les parkings parisiens c’est Vinci, les stés privées qui contrôlent les places de stationnement, c’est une filiale de Vinci, la sté qui s’occupe des vélib, c’est une filiale Vinci…. La mairie de Paris serait elle une filiale Vinci ?

  • Juste une remarque sur la « forme »: que vient faire l’éloge du Che dans l’introduction d’un article sur le vélib ?
    Cela me rappelle les méthodes Médiapart avec les questions « plaidoyers » du moustachu ?

  • La cata totale . De plus les nouveaux Velib n’ont pas l’air tres solides.
    Comment vont ils vieillir ?
    Le problème est politique . On a évincé Decaux car il est de droite et pour cela on a pris n’importe quel concurrent sur parole : fiasco total ! ! ! J’ai renoncé au Vélib
    IL y a eu aussi les nouveaux abribus dans Paris qui ont provoqué la colère des Parisiens ( ouvert aux 4 vents et ne protégeant absolument pas de la pluie et du vent abribus concoctés par des gens qui ne prennent jamais le bus : lamentable là aussi

    • Vous croyez à la théorie d’un complot ourdi ? Comment se passe les appels d’offre ? Ce n’est pas un mécanisme qui doit magiquement désigner, tout le temps, le meilleur candidat ?

      Non parce que les appels d’offre c’est comme cela qu’on va faire une mise en concurrence du rail (du même acabit sur les autoroutes). Idem pour les ports Bolloré en Afrique.

  • « Paris en selles. »

    Ca pourrait faire le titre d’une belle exposition de toutes les crottes qu’Hidalgo et son équipe de baltringues ont pondues.

  • quand on désir faire du vélo à Paris investisser dans l’achat d’un vélo. .combien à coûte aux contribuables Parisiens les dégradations et vol de vélo ?

  • C’est privée avec un appel d’offre qui a subit la concurrence du moins-disant économique (et aussi le moins disant technique du coup), contrepoints devrait aimer.

  • elle est elle même un boulet !!!

  • Les commentaires sont fermés.

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