L’humanité crée davantage de richesses qu’elle ne consomme de ressources

On prétend souvent que la croissance démographique entraînera l’épuisement des ressources naturelles, la famine et la pauvreté. À tort.

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L’humanité crée davantage de richesses qu’elle ne consomme de ressources

Publié le 16 avril 2018
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Par Marian L. Tupy.

Beaucoup de gens sont convaincus que la croissance de la population mondiale entraîne davantage de pauvreté et de famines. Pourtant les faits prouvent le contraire. Entre 1960 et 2016, la population mondiale a augmenté de 145 %. Au cours de la même période, le revenu annuel réel moyen par habitant dans le monde a augmenté de 183 %.

 

Davantage de populations, davantage de richesses, davantage de progrès !

Au lieu d’une augmentation des taux de pauvreté, le monde a connu la plus grande réduction de la pauvreté de l’histoire de l’humanité.

En 1981, la Banque mondiale estimait que 42,2 % de l’humanité vivait avec moins de 1,90 dollar par personne et par jour (chiffre ajusté pour tenir compte de l’évolution du pouvoir d’achat). En 2013, ce chiffre s’élevait à 10,7 %. Cela représente une réduction de 75 %. Selon les estimations les plus récentes de la Banque mondiale, la pauvreté absolue est tombée à moins de 10 % en 2015.

L’augmentation des revenus a permis de réduire le taux de mortalité infantile de 64,8 pour 1000 naissances vivantes en 1990 à 30,5 ‰ en 2016. C’est une réduction de 53 %. Au cours de la même période, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est passé de 93,4 ‰ à 40,8 ‰. C’est une réduction de 56 %. Le nombre de décès maternels est passé de 532 000 en 1990 à 303 000 en 2015, soit une baisse de 43 %.

La famine a quasiment disparu en dehors des zones de guerre.

En 1961, les apports nutritionnels dans 54 des 183 pays étaient inférieurs à 2000 calories par personne et par jour. Cela n’était plus le cas que pour deux pays en 2013. En 1960, l’espérance de vie moyenne dans le monde était de 52,6 ans. En 2015, elle était de 71,9 ans, soit une augmentation de 37 %.

En 1960, les Américains travaillaient en moyenne 1930 heures par an. En 2017, ils ont travaillé 1758 heures en moyenne, soit une réduction de 9 %. Les données pour le monde sont disparates. Cela étant, un calcul personnel basé sur les données disponibles pour 31 pays riches et pays à revenu intermédiaire suggère une baisse de 14 % du nombre d’heures travaillées par travailleur et par an1.

Les effectifs à tous les niveaux de scolarité sont en hausse. Par exemple, le taux de réussite dans le primaire est passé de 74 % en 1970 à 90 % en 2015, soit une augmentation de 20 %. Le taux de réussite dans le premier cycle du secondaire est passé de 53 % en 1986 à 77 % en 2015, soit une augmentation de 45 %. Le taux de scolarisation dans l’enseignement supérieur est passé de 10 % en 1970 à 36 % en 2015, soit une augmentation de 260 %.

Même notre air est de plus en plus pur. Aux États-Unis, par exemple, les émissions globales de six polluants courants (monoxyde de carbone, plomb, dioxyde d’azote, ozone, particules fines et grossières et dioxyde de soufre) ont diminué de 67 % entre 1980 et 2016.

Et malgré l’augmentation récente du nombre de victimes du terrorisme et du nombre de guerres civiles, le monde est beaucoup plus sûr qu’il ne l’était au plus fort de la guerre froide. Enfin et surtout, une personne ordinaire a un meilleur accès à l’information que jamais auparavant.

Dans l’ensemble, nous vivons sur une planète plus sûre, plus propre et plus prospère qu’en 1960.

 

L’heureuse convergence de la croissance démographique et de l’accroissement des richesses

Comment expliquer cette amélioration sans précédent du bien-être mondial ?

Une part doit être attribuée aux progrès technologiques et scientifiques. En outre, la spécialisation et le commerce ont joué un rôle vital dans l’amélioration de l’état du monde. La mondialisation a fait en sorte qu’une augmentation de la population mondiale se traduise par une augmentation de la productivité mondiale.

Bien sûr, la croissance a nécessité l’utilisation de quantités massives de ressources naturelles. Quelle part de notre richesse naturelle reste-t-il ? Bien que nous ne connaissions pas la taille de la plupart des réserves de ressources naturelles, nous pouvons déterminer leur rareté ou leur abondance en regardant les prix. Comme nous le montrons dans ce qui suit, après 56 ans d’utilisation et d’exploration par l’Homme, la grande majorité des matières premières suivies par la Banque mondiale sont moins chers qu’elles ne l’étaient auparavant – soit en termes absolus, soit en termes relatifs par rapport au revenu.

Ces résultats ne surprendraient pas le regretté Julian Simon (1932-1998) qui, il y a quelques années, expliquait et prédisait l’heureuse convergence de la croissance démographique, de l’accroissement de la richesse et de la chute des prix des matières premières. Dans The Ultimate Resource2, son ouvrage de 1981, Simon soulignait que les humains sont une espèce intelligente qui innove pour s’extraire de la rareté au moyen d’une plus grande efficience ou grâce à un meilleur approvisionnement ou à la découverte de substituts. En d’autres termes, l’ingéniosité humaine est la ressource ultime qui rend les autres ressources plus abondantes.

Une canette en aluminium, par exemple, pesait environ 90 g en 1959. Aujourd’hui, elle pèse moins de 15 g. Dans d’autres cas, nous avons remplacé des ressources rares par des ressources plus abondantes. Au lieu de tuer des baleines pour le pétrole lampant, par exemple, nous brûlons du charbon, du fioul et du gaz. En fait, l’humanité n’a pas encore épuisé une seule ressource non renouvelable.

Bien que les performances passées ne garantissent pas les résultats futurs, les incessantes prédictions pessimistes et moroses doivent être relativisées. L’humanité a résolu de nombreux défis dans le passé et il n’y a aucune raison de croire que nous ne serons pas en mesure de résoudre les problèmes à l’avenir.

En d’autres termes, il n’y a pas de preuves convaincantes à l’appui des appels en faveur d’une réduction obligatoire de la reproduction et de la consommation humaine.

 

Les données de la Banque mondiale

Pour apprécier l’évolution des prix mondiaux des matières premières, j’ai réalisé une analyse des données fournies par la Banque mondiale3.

Entre 1960 et 2016, la population mondiale a augmenté de 145 % et le revenu moyen par habitant a augmenté de 183 %, chiffre corrigé des effets de l’inflation.

Sur les 42 prix distincts de matières premières mesurés par la Banque mondiale, 19 ont baissé en termes absolus. En d’autres termes, corrigées des effets de l’inflation, ces matières premières étaient moins chères en 2016 qu’en 1960. 23 matières premières ont vu leur prix augmenter au cours des 56 dernières années.

Toutefois, sur ces 23 matières premières, seulement trois (pétrole brut, or et argent) se sont appréciées plus que le revenu. Dans la grande majorité des cas, les matières premières sont donc devenues moins chères, soit en valeur absolue soit en valeur relative (cf. le tableau 1 et la figure 1).

Tableau 1 : Prix des « commodités », 1960-2016 (en dollars américains de 2010)

Note : bbl = baril ; cfr = coût et fret ; dmtu = unité de tonne métrique sèche ; HRW = Hard Red Winter ; kg = kilogramme ; mmbtu = million d’unités thermiques britanniques ; mt = tonne métrique ; MYS = Malaisie ; oz = once ; SGP = Singapour ; troy oz = troy once.

Figure 1 : Évolution en pourcentage des prix des « commodités », de la population et du revenu, 1960-2016

Source : Calculs personnels fondés sur les données de la Banque mondiale concernant les prix des « commodités » et les estimations du revenu et de la population. Voir : http://www.worldbank.org/en/research/commodity-markets ; http://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.KD ; http://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.KD ; https://data.worldbank.org/indicator/SP.POP.TOTL.

Note : cfr = coût et fret ; HRW = Hard Red Winter ; kg = kilogramme ; MYS = Malaisie ; SGP = Singapour.

 

La sagesse de Simon dans une perspective historique

On prétend souvent que la croissance démographique doit inévitablement entraîner l’épuisement des ressources naturelles, la destruction de l’environnement et même la famine. Prenons par exemple le rapport The Limits to Growth (littéralement « Les limites à la croissance »), publié par le Club de Rome en 1972. Fondé sur les projections informatiques du Massachusetts Institute of Technology, le rapport examinait les liens entre le développement industriel, la croissance démographique, la malnutrition, la disponibilité des ressources non renouvelables et la qualité de l’environnement. Sa conclusion était la suivante :

Si les tendances actuelles de croissance de la population mondiale, de l’industrialisation, de la pollution, de la production alimentaire et de l’épuisement des ressources ne changent pas, les limites de la croissance sur cette planète seront atteintes au cours des cent prochaines années. […] Le résultat le plus probable sera un déclin plutôt soudain et incontrôlable de la population et des capacités industrielles. […] Compte tenu des taux actuels de consommation des ressources et de l’augmentation prévue de ces taux, la grande majorité des ressources actuellement non renouvelables sera extrêmement coûteuse dans 100 ans.

Ce genre d’alarmisme n’est pas que de l’histoire ancienne. Dans un article récent de la revue Nature Sustainability, on peut lire ce qui suit :

Le défi de l’humanité est de parvenir à une qualité de vie élevée pour plus de 7 milliards de personnes sans déstabiliser les processus planétaires critiques. En utilisant des indicateurs conçus pour mesurer un espace de développement « sûr et équitable », nous quantifions l’utilisation des ressources associées à la satisfaction des besoins humains de base, et nous la comparons aux limites planétaires pour plus de 150 pays. Nous constatons qu’aucun pays ne répond aux besoins fondamentaux de ses citoyens à un niveau d’utilisation des ressources soutenable pour la planète. Les besoins matériels tels que la nutrition, l’assainissement, l’accès à l’électricité et l’élimination de l’extrême pauvreté pourraient probablement être satisfaits pour tous sans transgresser les limites planétaires. Cependant, la réalisation universelle d’objectifs plus qualitatifs (par exemple, une satisfaction de vie élevée) exigerait un niveau d’utilisation des ressources qui est 2 à 6 fois plus élevé que le niveau soutenable, fondé sur les relations actuelles. […] Nos résultats suggèrent que la poursuite du développement humain universel […] peut potentiellement miner les processus du système terrestre dont dépend en fin de compte le développement. […] Si tout le monde veut mener une bonne vie dans les limites planétaires, alors le niveau d’utilisation des ressources associé à la satisfaction des besoins de base doit être considérablement réduit.

Les arguments ci-dessus sont étonnamment similaires à ceux présentés dans The Limits to Growth il y a 46 ans. Pourtant, aucune des sombres prédictions faites par les auteurs de ce rapport ne s’est réalisée. Au contraire, nous avons assisté à une baisse générale des prix des matières premières par rapport au revenu – malgré la croissance de la population mondiale. Cette tendance heureuse peut-elle se poursuivre ? Pour avoir un aperçu de l’avenir, il faut d’abord comprendre le concept de rareté.

La meilleure façon d’apprécier la rareté, ou « l’écart entre des ressources limitées – c’est-à-dire rares – et des besoins théoriquement illimités », est d’examiner les prix. Une denrée rare voit son prix augmenter, alors qu’une denrée abondante devient moins chère. C’était la prémisse d’un célèbre pari entre le professeur Paul Ehrlich de l’Université de Stanford et le professeur Julian Simon de l’Université du Maryland. Ehrlich partageait les sombres prédictions du Club de Rome.

Dans son livre à succès de 1968, The Population Bomb, Ehrlich pensait que la surpopulation conduirait à l’épuisement des ressources naturelles et à des méga-famines4 :

La lutte pour nourrir toute l’humanité est perdue. Dans les années 1970, des centaines de millions de personnes mourront de faim, malgré tous les programmes d’urgence lancés aujourd’hui. Il est trop tard pour empêcher une augmentation substantielle du taux de mortalité dans le monde.

Simon, en revanche, était beaucoup plus optimiste. Dans son livre The Ultimate Resource de 1981, Simon a mobilisé des données empiriques pour montrer que l’humanité a toujours contourné le problème de rareté en augmentant l’offre de ressources naturelles ou en développant des substituts aux ressources sur-utilisées. Selon lui, l’ingéniosité humaine est « la ressource ultime » qui rend toutes les autres ressources plus abondantes. En 1980, les deux penseurs ont accepté de mettre leurs idées à l’épreuve.

Comme l’a raconté Ronald Bailey dans son livre The End of Doom : Environmental Renewal in the 21st Century5 :

En octobre 1980, Ehrlich et Simon ont conclu un contrat à terme obligeant Simon à vendre à Ehrlich les mêmes quantités qui pouvaient être achetées en 1980 pour 1000 dollars de cinq métaux (cuivre, chrome, nickel, étain et tungstène) dix ans plus tard à des prix corrigés de l’inflation. Si les prix combinés dépassaient 1 000 dollars, Simon paierait la différence. S’ils tombaient en dessous de 1000 dollars, Ehrlich paierait la différence à Simon. Ehrlich a envoyé un chèque de 576,07 dollars à Simon en octobre 1990. Il n’y avait aucun commentaire dans la lettre. Le prix du panier de métaux choisis par Ehrlich et ses collègues avait chuté de plus de 50 %. Le cornucopien Simon a gagné.

Les critiques de Simon, y compris Ehrlich, ont depuis lors soutenu que Simon avait eu de la chance.

Si son pari avec Ehrlich s’était déroulé sur une autre décennie, le résultat aurait pu être différent. Entre 2001 et 2008, par exemple, le monde a connu une expansion économique sans précédent qui a fait monter en flèche le prix des matières premières.

Mais le point le plus important de Simon concernant la baisse à long terme du prix des matières premières est toujours valable. Selon Simon, lorsqu’une ressource particulière devient plus rare, son prix augmente, et ce changement incite les gens à découvrir davantage de cette ressource, à la rationner, à la recycler ou à en développer un substitut. Ainsi, la croissance démographique et l’utilisation des ressources n’entraînent pas automatiquement une hausse des prix des matières premières à long terme.

 

Des prédictions sur l’épuisement des ressources inutilement alarmistes

Prenons un exemple concret.

Les recherches suggèrent que les prix des matières premières évoluent dans des super-cycles qui durent entre 30 et 40 ans. Pendant les périodes de forte croissance économique, la demande de matières premières augmente. Quand cela arrive, le prix des matières premières augmente. C’est pendant cette période que les prix élevés des matières premières encouragent la découverte de nouveaux approvisionnements et l’invention de nouvelles technologies. Une fois les nouvelles fournitures mises sur le marché, les prix des « matières désormais abondamment fournies »6 chutent.

Par conséquent, le cycle actuel des matières premières semble avoir culminé en 2008.

En juin 2008, par exemple, le prix au comptant du pétrole brut West Texas Intermediate atteignait 154 dollars le baril (en dollars américains de 2016). En janvier 2016, il s’établissait à 29 dollars. Toutefois, le prix élevé du pétrole a conduit au fracking (la fracturation hydraulique), qui a révolutionné l’industrie pétrolière.

Fin 2017, alors que l’économie mondiale se redressait, le prix du pétrole se situait autour de 60 dollars le baril. Le fracking, qui permet d’accéder à des réserves de pétrole jusqu’alors inaccessibles dans des volumes records, semble freiner les hausses massives des prix.

Ce que l’on nomme bande de schiste désigne le « niveau de prix auquel la plupart des gisements nord-américains […] peuvent être exploités grâce à la technologie de fracturation hydraulique et devenir rentables ».

Actuellement, la bande de schiste se situe dans une fourchette de 40 dollars à 60 dollars. Quand le prix du pétrole descend bien en dessous des 40 dollars, les plateformes pétrolières américaines ferment leurs portes. Quand il s’approche des 60 dollars, les plateformes pétrolières américaines se remettent au travail, ce qui fait baisser le prix du pétrole.

En fait, l’humanité n’a pas encore épuisé une seule ressource non renouvelable. Malheureusement, beaucoup croient encore que la réponse à la rareté est de limiter la consommation des ressources naturelles.

Ce groupe comprend Paul Ehrlich et son épouse Anne, qui revisitent les sombres avertissements du professeur de l’Université de Stanford dans un article de la Royal Society intitulé « Can a Collapse of Global Civilization Be Avoided? » (« Peut-on éviter un effondrement de la civilisation mondiale ? »).

Sans se laisser décourager par un demi-siècle de preuves contraires, ils parviennent à des conclusions similaires à celles que Paul Ehrlich avait déjà proposées dans les années 1960. Le Club de Rome est toujours là et publie. En 2017, est publié un nouveau rapport intitulé Come On! Capitalism, Short-termism, Population and the Destruction of the Planet7, qui insiste sur le fait que « les avertissements du Club de Rome publiés dans le livre Limits to Growth sont toujours valables » et avertit que « les perspectives mondiales actuelles ne sont pas soutenables ».

À ces avertissements sur l’avenir de l’humanité on peut ajouter tout une panoplie de publications similaires. Il y a notamment le livre de Naomi Klein, This Changes Everything: Capitalism vs. The Climate, dans lequel l’essayiste canadienne soutient8 que :

Notre économie est en guerre contre de nombreuses formes de vie sur Terre, y compris la vie humaine. Ce dont le climat a besoin pour éviter l’effondrement, c’est d’une contraction de l’utilisation des ressources par l’humanité.

Il y a également l’ouvrage de 2013 de Rob Dietz et Dan O’Neill, Enough Is Enough: Building a Sustainable Economy in a World of Finite Resources. Selon les économistes américain et canadien9 :

Nous surexploitons les ressources limitées de la Terre, et pourtant la consommation excessive ne parvient pas à améliorer nos vies.

Mais limiter la consommation est impopulaire et difficile à faire respecter.

Le plus souvent, ce sont les plus vulnérables qui sont frappés les plus durement par de telles mesures. Par exemple, le passage des combustibles fossiles aux sources d’énergie dites renouvelables a fait augmenter le prix du gaz et de l’électricité dans de nombreux pays européens à tel point qu’un nouveau terme, pauvreté énergétique, a été inventé.

Selon le magazine allemand Der Spiegel, « l’expansion agressive et imprudente de l’énergie éolienne et solaire en Allemagne s’est soldée par des prix élevés pour les consommateurs et les coûts frappent souvent de manière disproportionnée les pauvres ». Dans les démocraties, de telles politiques ne sont pas viables à long terme. Plus important encore, elles sont inutiles car les vraies solutions à la pénurie future ont davantage de chance de provenir de l’innovation et du changement technologique.

 

Huile, or et argent

Comme indiqué précédemment, trois matières premières ont affiché des valeurs aberrantes et ont augmenté plus que les revenus. Entre 1960 et 2016, l’or a augmenté de 530 %, l’argent de 234 % et le pétrole de 367 %. Est-ce que cela réfute la thèse de Simon ? Loin de là.

Pendant de nombreuses décennies, le marché pétrolier a été partiellement protégé des forces concurrentielles par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), un cartel de pays producteurs de pétrole. Les pays de l’OPEP se sont souvent entendus pour restreindre la production de pétrole afin de maintenir son prix artificiellement élevé.

La raison pour laquelle l’OPEP a pu parvenir à ses fins dans le passé fait l’objet de nombreux débats, mais plusieurs experts considèrent que la capacité de l’OPEP d’influer sur le prix futur du pétrole est en déclin. Cela s’explique en partie par le fracking des réserves de pétrole auparavant inaccessibles dans les pays non membres de l’OPEP, comme les États-Unis, et en partie par les progrès technologiques, comme l’abandon accéléré des véhicules à moteur à combustion.

Dans l’attente d’une baisse permanente des prix du pétrole, les compagnies pétrolières, comme Shell, et les pays producteurs de pétrole, comme l’Arabie saoudite, se diversifient lentement pour réduire leur dépendance à l’égard de la production pétrolière. En d’autres termes, les gens qui ont un intérêt dans le pétrole supposent maintenant que les prix du pétrole suivront la prévision de Simon dans l’avenir.

L’or et l’argent ont des caractéristiques plus inhabituelles.

En plus de leurs utilisations commerciales, comme servir de conducteurs d’électricité dans les commutateurs et les téléphones portables, l’or et l’argent sont aussi des réserves de valeur ou des actifs qui peuvent être sauvegardés, récupérés et échangés ultérieurement. Historiquement, les gens de tous niveaux de revenu ont utilisé l’or et l’argent pour soustraire leurs richesses à l’avidité des fonctionnaires et en temps de guerre.

Plus récemment, les prix des deux métaux ont augmenté au cours de la période inflationniste des années 1970, alors qu’une bonne partie des monnaies les plus importantes du monde, y compris le dollar américain, perdaient rapidement de leur valeur en raison d’une mauvaise gestion monétaire. Ils ont de nouveau atteint des sommets après la flambée de la Grande Récession et l’incertitude qui s’en est suivie quant à la solidité du système financier.

 

Il y a des raisons de faire confiance en l’ingéniosité humaine

Le propos de ce billet n’est pas de banaliser les défis auxquels l’humanité est confrontée ou d’insinuer que nous serons capables de résoudre tous les problèmes à venir. Il s’agit plutôt de montrer que le cerveau humain, la ressource ultime, est capable de résoudre des défis complexes. Nous l’avons fait avec la maladie, la faim et l’extrême pauvreté, et nous pouvons le faire en ce qui concerne l’utilisation des ressources naturelles.

Thomas Babington Macaulay, historien et homme politique britannique du XIXe siècle, a un jour posé la question suivante :

Selon quel principe, alors qu’on ne voit que progrès derrière soi, ne peut-on espérer que déclin devant soi ?

Lorsque Macaulay a écrit ces mots en 1830, le monde commençait tout juste à s’industrialiser. 188 ans plus tard, non seulement l’humanité est encore là, mais elle est florissante comme jamais auparavant. Peu de gens aujourd’hui renonceraient à l’espérance de vie, à la nutrition, aux soins de santé et à l’éducation dont ils jouissent maintenant en échange du train de vie que connaissaient les contemporains de Macaulay.


Sur le web. Traduction : Raphaël Marfaux pour Contrepoints.

  1. Mon calcul est basé sur les pays suivants, qui étaient les seuls pour lesquels des données étaient disponibles : Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hong Kong, Irlande, Italie, Japon, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Pérou, Pérou, Portugal, Singapour, Corée du Sud, Royaume-Uni, Suède, Suisse, Taïwan, et Venezuela.
  2. Julian Simon, The Ultimate Resource, Princeton, NJ: Princeton University Press, 1981.
  3. Les lecteurs intéressés pourront consulter la méthodologie employée pour cette analyse dans l’article original, en vision anglaise.
  4.  Paul Ehrlich, The Population Bomb, New York: Ballantine Books, 1968, p. 11.
  5. Ronald Bailey, The End of Doom, New York: St. Martin’s Press, 2015, p. 45.
  6.  Bailey, The End of Doom, p. 37.
  7. Ernst von Weizsaecker and Anders Wijkman, Come On! Capitalism, Short-termism, Population and the Destruction of the Planet, Zurich, Switzerland: Club of Rome, 2017.
  8.  Naomi Klein, This Changes Everything: Capitalism vs. The Climate, New York: Simon & Schuster, 2015, p. 21.
  9.  Rob Dietz and Dan O’Neill, Enough Is Enough: Building a Sustainable Economy in a World of Finite Resources, Oakland, California: Berrett-Koehler Publishers, 2013.
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  • encore un illusionniste qui croit « au meilleur des Mondes ». Il a partiellement raison, puisque c’est le seul que nous connaissons.
    Par contre, l’auteur devrait faire un sondage auprès des habitants des océans , des forêts pour leur demander si eux voient l’avenir plein de bonne choses : tels abondance, suppression de la misère, suppression de la famine par accroissement des ressources alimentaires palliant la croissance démographique.
    Si j’avais les moyens et le temps j’inviterai ce monsieur à faire un tout de la planète avec moi.

    • Ha, ha ! Parce que vous pensez qu’un « sondage » a plus de valeur que des données objectives sur l’état du monde ?…

    • Vous ne sortez pas beaucoup de chez vous, et surtout il semble que vous ne lisiez ni regardiez la télévision. Car si vous faisiez le tour de la planète, vous constateriez que la misère et la faim ont été remplacées par des grattes ciels et des autoroutes bondées de voitures en Chine et en Inde.
      Il serait temps d’ouvrir les yeux!

    • Encore un fanatique qui confond le meilleur des mondes fantasmé par son idéologie avec la réalité d’un monde tout simplement meilleur, objectivement et malgré ceux qui prétendaient (socialisme) et prétendent encore (écologisme), parce qu’ils sont décidément indécrottables, changer le monde.

      Avant de changer le monde (les autres), commencez par vous changer vous-même. Vous verrez, le challenge est autrement plus difficile.

  • Article d’une totale ineptie c’est la première fois qu’on essaie de nous démontrer que les parts d’un gâteux sont plus grandes quand on est à 10 dessus plutôt qu’à 5.

    • Article documenté et sourcé.
      Visiblement, les FAITS n’ont pas l’air de vous plaire…

      En même temps, quand on pense que la Terre est un gâteau à se partager, il n’est pas étonnant de préférer s’enfermer dans le déni, quand la réalité n’est pas conforme à ses préjugés idéologiques.

      • @Raphaël
        OUF ME VOILA RASSURE ! Plus nous serons nombreux, plus nous serons riches ! Excellente nouvelle, on va pouvoir déforester l’Amazonie encore plus vite, racler le fond des océans de plus en plus fort, monter des élevages d’un million de vaches en batterie, etc. Vite, vite , la richesse de l’humanité n’attend pas !

    • Considérer les richesses comme un gâteau à partager par différents acteur, est typique de la conception de l’économie par les gens de gauche.
      Si c’était le cas, ce gâteau devrait être le même depuis le XIXè siècle, le XVè, l’Antiquité voire même la préhistoire. Si on considère votre conception des richesses, la quantité possédée par chaque habitant devrait aller en diminuant au fil des siècles. Or c’est l’inverse. Pour mémoire, la part de l’Humanité vivant sous le seuil de pauvreté absolue est passée sous le seuil des 10% en 2015.

    • Vous ne savez pas lire? Ou bien vous ne comprenez pas ce que vous lisez? L’article vous donne les prix des différents produits en 1960 et de nos jours!
      Il vous explique aussi que lorsqu’une ressource se raréfie elle est remplacée par un substitut grâce au progrès scientifique.
      Les richesses ne sont pas un gâteau d’une taille déterminée, elles sont en augmentation croissante. Et cela depuis la révolution industrielle.
      Votre problème à vous écologistes est votre inconscience, car au lieu de regardez ce qui se passe, d’essayer de comprendre, vous vous confinez dans votre idéologie, comme le prouve votre réaction face aux chiffres fournis. Ce sont des FAITS, pas des données aléatoires.

  • L’avantage de lire Contrepoints est dans cet article de qualité et ses informations impossible à trouver dans l’Immonde et Incarcération.

  • Je ferai bien plus confiance à Malthus qu’à tous les cornucopiens de tous poils qui ont une vision me semble t’il trop à court terme et n’intègrent pas dans leur vision ( je ne dit pas calculs car c’est le péché mignon des économistes que de vouloir tout réduire à de simples équations ) des paramètres comme la gestion de l’eau , de probables dérèglements climatiques,crises en tous genre ( celle à la mode est appelée crise migratoire )pollutions et j’en passe « des pires et des meilleures ».
    il ne faut pas oublier non plus les effets pervers du « progrès » dont on se demande vraiment s’il rend la vie vraiment plus sûre et agréable !

    • OK, aux preuves chiffrées des bienfaits des progrès de l’humanité, vous préférez une « vision »… et on comprend bien ce que vous entendez par-là : « l’idéologie » plutôt que les faits. Dit autrement, vous préférez vous enfermer dans vos préjugés et fermer les yeux devant toutes les preuves contraires à votre idéologie.

    • « Quand les faits ne concorde pas avec la théorie, tant pis pour les faits. » Phrase attribuée à Hegel
      Principe indispensable à toute idéologie un tant soit peu coercitive.

      • C’est la devise des écolos et de la gauche. En fait c’est pour manipuler le petit peuple des sans dents qu’ils mentent effrontément. Pour les autres ce sont des paranoïaques et des ignorants, comme Voltarousse! Se faire peur semble leur apporter des frissons, comme les films d’horreur!

    • Malthus c’est complètement planté, comme Marx d’ailleurs, car ils avaient une conception statique. Or le monde évolue, le progrès scientifique et technique, l’ingéniosité humaine, rendent caduques leurs prévisions!
      Il y a PAS de dérèglements climatiques! Lisez les stats de la MOA, c’est un serpent de mer des média et des écolos.
      Quand au progrès pervers qui ne rend pas votre vie plus sûre et agréable? Là il faut être débile pour avancer une telle incongruité. En 1960 l’espérance de vie était de 65 ans, elle est passé à 85 pour les femmes et 80 pour les hommes, le niveau de vie a considérablement augmenté, la pollution réduite, et surtout le Tiers-monde sort de la misère!

  • Ce qui est remarquable c’est de constater que Paul Erhlich et le club de Rome s’obstinent toujours dans leur certitude, alors que la réalité démontre le contraire. Comme quoi on peut être un intellectuel et un scientifique et complètement débile, refusant de voir la réalité!

    • Un entomologiste spécialiste des papillons n’a pas de qualification spéciale pour théoriser l’avenir de la population et de la richesse mondiales. C’est à ceux qui le lisent de juger de la validité de ses thèses, et manifestement beaucoup d’entre eux ont oublié leur devoir de lecteurs critiques. Cela dit, scientifique ou pas, reconnaître ses erreurs et perdre ainsi ses supporters demanderait une force de caractère peu commune.

      • Un scientifique digne de ce nom ne devrait pas déblatérer sur des sujets hors de ses compétences.

        • Bah, il a bien le droit aux discussions de café du Commerce comme tout le monde. C’est surtout que sa « qualité » de scientifique ne devrait lui donner aucune autorité morale en elle-même, et qu’il devrait toujours avoir à faire ses preuves dès qu’on sort de son domaine de compétence reconnue. Laurent Schwartz était un entomologiste réputé, ça ne le disqualifiait pas pour déblatérer sur les mathématiques 🙂

  • Superbe article émaillé de rappels salutaires ! Toutes les « ressources naturelles » connues et inconnues existent en quantité illimitée dans la nature. La seule ressource rare, c’est le travail humain. Pour découvrir et exploiter les ressources infinies, terrestres ou non, il faut du travail et des ressources constituées par du travail passé, donc encore et toujours du travail humain. Le seul danger pour « l’humanité » a toujours été et sera toujours le socialisme, c’est à dire l’idée selob laquelle certains auraient « le droit » d’imposer aux autres leurs volontés par la force.

    • C’est plutôt l’inverse. Les ressources considérées indépendamment les unes après les autres sont effectivement limitées mais le potentiel humain est proprement infini, notamment celui qui consiste à transformer ce qui semble aujourd’hui inutile en ressource indispensable demain. Par exemple, le pétrole fossile sera remplacé par du pétrole synthétique bien avant qu’on en manque.

      Dans le même ordre d’idées, le travail, démultiplié par le capital, existe en quantité infinie, mais pas les emplois, ce que les collectivistes de toutes les époques se sont attachés à démontrer sans le vouloir, en ruinant les pays où ils ont sévi. L’erreur de Malthus, de Marx et désormais de leurs héritiers écologistes, consiste à voir le monde sous l’angle des ressources disponibles à l’instant t dont il faudrait gérer une hypothétique pénurie, en négligeant la capacité humaine à créer indéfiniment de nouvelles ressources à partir d’un existant limité. A cet égard, une ressource, c’est d’abord du travail humain, bien avant d’être une matière première extraite du sol. Les pays producteurs de matières premières qui négligent l’apport humain essentiel dans la création des ressources sont généralement pauvres et faibles, émaillés de dictatures rapaces. Ce n’est pas un hasard.

      Les désespérés adeptes du collectivisme voient la photo instantanée (stock à partager) et se lamentent à son observation parce qu’ils sont incapables de comprendre qu’elle fait partie d’un film (flux). Pour les plus malins d’entre eux, il s’agit d’intérêt personnel, parce qu’il est plus simple de piller son prochain plutôt que devoir produire les richesses soi-même.

      • Bonsoir Cavaignac
        Décidément, vous avez vraiment l’esprit de contradiction ! Car, sur le premier point, nous disons exactement la même chose, de manières différentes. Si le « potentiel humain pour transformer ce qui semble inutile aujourd’hui en ressource indispensable demain » est infini, il faut bien que les « ressources » considérées, au sens large (c’est à dire y compris leurs substituts potentiels), préexistent en quantités infinies aussi. D’ailleurs, plus loin, vous affirmez « une ressource, c’est d’abord du travail humain, bien avant d’être une matière première extraite du sol ».
        Pas d’accord sur le travail qui, « démultiplié par le capital », existerait « en quantité infinie ». Tout capital est lui-même le fruit de travail humain, l’homme a une durée de vie limitée, il met en permanence en balance l’utilité de son travail (ce qu’il espère en tirer) avec son besoin et son goût pour le repos et les loisirs. Je ne comprends pas votre remarque sur « les emplois » qui existeraient en quantité limitée.
        Entièrement d’accord avec tout ce qui suit.

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