Ce qu’on oublie de vous dire sur le modèle scandinave

Les pays scandinaves proposent un modèle où l’État occupe une place très spécifique pour ce qui est de garantir l’accès à différents programmes sociaux mais, surtout, où le capitalisme et le libre marché jouent un rôle primordial.

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Ce qu’on oublie de vous dire sur le modèle scandinave

Publié le 21 décembre 2017
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Par Michel Kelly-Gagnon, depuis le Québec.
Un article de l’Institut économique de Montréal

Le taux marginal de l’impôt sur le revenu des particuliers et le taux de syndicalisation sont significativement plus élevés au sein des pays scandinaves que ce que l’on retrouve chez la plupart des autres pays économiquement développés. Mais ceci n’empêche pas les pays scandinaves d’être malgré tout parmi les plus prospères au monde.

À partir de ces faits, certains en concluent que ces pays prouvent qu’il existe une alternative viable au capitalisme, et que le secret des impôts des particuliers élevés est donc, en soi, un ticket vers la prospérité.

Mais ces lieux communs ne présentent, probablement volontairement, qu’un côté de la médaille.

Pour commencer, on « oublie » que ces pays ont un parti pris sans équivoque pour la livraison concurrentielle des services publics.

Mythes et réalités

Un court documentaire, très intéressant et disponible en podcast, a recensé certains de ces mythes et réalités des pays scandinaves. Les auteurs, Steve Davies et Kate Andrews, de l’Institute for Economic Affairs (IEA), examinent jusqu’à quel point on peut qualifier ces pays de « socialistes », ou même simplement d’être « à gauche ».

Davies et Andrews soulignent notamment que, bien que ces pays ont effectivement connu une phase plus interventionniste dans les années 1970, alors que la taille de l’État a fortement augmenté, des réformes importantes ont eu lieu depuis, de sorte que le portrait est fort différent aujourd’hui.

On pourrait dire que les pays nordiques utilisent le capitalisme et le libre marché afin de financer les services sociaux et l’État-providence, mais ce ne serait qu’une partie de la réponse.

Plus capitalistes que les USA et le Canada

En fait, à certains égards, ces pays sont encore plus favorables au libre marché et plus capitalistes que les États-Unis et que le Canada ! Par exemple, ils se classent tous devant le Canada en ce qui a trait à la facilité d’y mener des affaires, selon l’indice de La Banque mondiale.

De plus, leur marché du travail est également plus libre. Par exemple, aucun des pays scandinaves n’a de salaire minimum, tandis qu’au Danemark, il est particulièrement facile de mettre un employé à pied. L’État protège les travailleurs contre les aléas économiques en les aidant à acquérir de nouvelles compétences, mais il ne protège pas les postes. D’ailleurs, chaque année, environ un Danois sur quatre travaillant dans le secteur privé change d’emploi !

La Suède, le pays sans doute le plus fréquemment cité en exemple, a elle aussi une économie de marché très libre et efficace. Elle y est en outre moins réglementée qu’aux États-Unis et au Canada. La raison est que la Suède, comme la Norvège et la Finlande, tend à réglementer en termes généraux, sur des principes, plutôt qu’en cherchant à prévoir chacune des éventualités de façon très détaillée.

Il est donc relativement facile pour les entreprises suédoises de se conformer aux objectifs sans s’empêtrer dans les détails bureaucratiques, notent les auteurs du documentaire. Sans qu’il n’y ait évidemment une liberté totale, l’environnement d’affaires y est largement favorable à l’entrepreneuriat. Et l’impôt sur le revenu des entreprises y est fort compétitif.

Produire plutôt que redistribuer

Cependant, il est vrai que les niveaux de taxation sont très élevés et que les programmes sociaux sont généralement universels. Cette approche, différente de celle « en fonction des moyens » (means-tested) qui prévaut dans la plupart des pays anglo-saxons, ne signifie pas nécessairement que l’État dépense plus. Elle produit par contre moins d’effets pervers. On évite ainsi les pièges à chômage ou à pauvreté, qui surviennent lorsqu’il y a peu ou pas d’avantages à travailler plus, ou même simplement à travailler.

Également, bien que les pays scandinaves soient plus égalitaires, ils tendent à moins redistribuer par la fiscalité. Contrairement à une certaine gauche très bruyante au Québec et en Amérique du Nord, on a compris là-bas que des politiques de redistribution ne feraient que ralentir la croissance économique et appauvrir tout le monde. Les résultats intéressants obtenus par les pays scandinaves ne sont donc pas le fruit d’un État très interventionniste, mais plutôt ceux d’une économie très productive.

On retrouve cette valorisation de l’innovation et de la concurrence jusque dans les services que l’État fournit aux citoyens. Le système de santé suédois est par exemple fortement décentralisé et fait une large place à des fournisseurs privés tout en maintenant son caractère universel, ce qui permet à certains hôpitaux de surclasser des établissements comparables au Québec.

En somme, les pays scandinaves proposent un modèle différent du nôtre, où l’État occupe une place très spécifique pour ce qui est de garantir l’accès à différents programmes sociaux mais, surtout, où le capitalisme et le libre marché jouent un rôle primordial. Comme quoi si on veut invoquer un modèle, on doit le copier jusqu’au bout, et non seulement la partie qui nous arrange !

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  • Ce que l’on passe également trop sous silence, ou bien que l’on diffuse comme une anecdote, est qu’un élu nordique, fut-il ministre, qui utilise à des fins personnelle les fonds publics versés pour l’exercice de sa fonction n’a plus qu’à démissionner, à la moindre révélation de ce genre de faits.
    Toute transposition de cette pratique de lutte contre la corruption à la France donnerait des résultats inespérés : il ne resterait plus grand chose de cette oligarchie politicienne aux propos plus vertueux les uns que les autres, mais aux actes si souvent incompatibles avec l’État de droit !
    Un seul exemple, non anecdotique, lui :
    Toute personne dépositaire de l’autorité publique est tenue de faire état au procureur de sa connaissance d’un délit, ce, dans les plus brefs délais. Disposent de cette faculté les parlementaires français, ce qui est confirmé par l’article 433-3 du code pénal.
    La plupart d’entre eux sont instruits des délits commis par les notaires employant des généalogistes. Cela par les nombreuses questions écrites déposées sur ce cas depuis 1993. Sinon par leurs profession, magistrats, notaires… Ou bien et dans tous les cas par les discussions publiques sur ce problème ou en réunion législative, telle celle récente sur l’évolution du statut notarial.
    Or, aucune conséquence judiciaire n’a jamais été menée contre les officiers ministériels impliqués !
    Il est à conclure que ces distingués parlementaires vivent très bien leur propre délit de receleurs, malgré l’article 321-1 du Code pénal qui le vise…

    J’en viens à l’article : La France, où vous publiez, ce n’est donc pas le Québec, où d’ailleurs le notariat a un comportement tout autre ; ainsi que les principes juridiques anglo-saxons une efficience plus positive, dirons-nous.

    Mais alors, comment pouvez-vous espérer valoriser et implanter des règles libérales non viciées en France, pour que le marché libre soit favorisé et ses principes rendus inattaquables au fond, si vous ignorez délibérément et ostensiblement la corruption institutionnelle qui y sévit ? En ce cas, ce sera vraisemblablement à l’entier détriment de vos principes !

  • La spécialité de la gauche est toujours la falsification des faits dans des buts de propagande. Elle n’a toujours pas compris, ce qui explique le nombre de chômeurs et la faillite économique française, que ce sont les entreprises qui créent les richesses et les emplois, donc le capitalisme, ainsi que l’a par ailleurs décrit marx lui-même. Mais ils ne sont pas non plus capables de comprendre ce qu’à écrit ce dernier!

    • À la fois, un marxiste de base vous dira que ce sont les salariés qui font tourner les entreprises, dixit pierre gattaz ce matin rien ne sert de leur cogner dessus par plaisir idéologique.
      Une économie ne fonctionne que si l’équilibre entre actionnaires, entrepreneurs, salariés, est acceptable, équilibré. Un pays où l’entrepreneur et l’état est enchaîné par le dictat des actionnaires et marchés financiers, faisant tout pour écraser les salariés ne vaudra pas mieux que la dictature du proletariat. heureusement, il y a des alternatives, le monde n’est pas si binaire, aentre ce qui est « libéral », et ce qui ne l’est pas.
      Ça dépend des pays, des périodes de l’histoire, ce n’est pas une histoire de gauche ou de droite, de marxisme de libéralisme, de poids de l’état, ou meme de fiscalité.

  • @virgile, oui enfin, j’ajouterai que la droite n’est pas mieux que la gauche, ce sont les mêmes en France

  • « La raison est que la Suède, comme la Norvège et la Finlande, tend à réglementer en termes généraux, sur des principes, plutôt qu’en cherchant à prévoir chacune des éventualités de façon très détaillée. »

    La clé est là.
    un principe général, simple à édicter, simple à lire et à comprendre, est donc simple à appliquer, et peut donc s’imposer à tous sans exception possible.

    Efficacité.

    Au lieu de ça nous nous enfonçons dans le contrôle de plus en plus absolu – et inefficace – des moindres détails. Avec la réussite que nous connaissons tous…

  • On pourrait compléter l’article en disant que le modèle scandinave est plus libéral que la France pour trois raisons :
    – Il n’y a jamais eu de planification, fut-elle indicative, ni de politique industrielle, on laisse le marché allouer les ressources et réguler les activités, quitte à intervenir après le marché, par l’impôt, pour réduire les inégalités. Au lieu de la vieille habitude française, inefficace et contre-productive, d’essayer d’intervenir sur le marché, de façon brouillonne, avec des résultats désastreux.
    – Il n’y a jamais eu de secteur public productif, toute la production est laissée aux entreprises privées, alors qu’en France, on n’arrête pas de nationaliser, pour ensuite privatiser quand on voit que ça foire dans tous les sens, pour re-nationaliser quand les lumières de gauche arrivent aux affaires.
    – Les pays scandinaves enfin ont toujours été ouverts, pratiquant le libre-échange, ce qui était pour eux une question de vie ou de mort (économique), étant donnée leur faible taille et population, alors qu’en France, on a traîné pendant des siècles des protectionnistes obtus (pléonasme), qui sont encore nombreux à vociférer à la moindre occasion, sans rien comprendre des effets catastrophiques de leurs idées, si elles étaient appliquées, et lorsqu’elles ont été appliquées.

  • La gauche prends ce qui lui plait dans le modèle scandinave (dépenses publiques élevées, taux d’imposition important) en oubliant tous les autres aspects (états gérés comme des entreprises privées (il y a peu de bureaucratie, état très peu interventionniste dans l’économie, libre échange,…).
    On voit que le programme de la gauche citant comme exemple les pays scandinaves comme modèle est très différent de leur modèle.
    Soit ils sont de mauvaise foi soit ils sont ignorants (c’est le plus souvent, ils adorent le modèle scandinave sans le connaitre vraiment)

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