Par Erwan Le Noan.
Un article de Trop Libre
La semaine dernière, L’Opinion a révélé que le groupe d’experts sur le smic recommandait au gouvernement de mettre un terme à sa revalorisation automatique. Aussitôt, la controverse s’est animée. D’un point de vue économique, les conclusions sont pourtant établies depuis longtemps.
D’abord, une augmentation du smic nuit à l’emploi. Francis Kramarz, qui a produit des travaux de référence sur le sujet, rappelait en 2012 qu’« une augmentation de 1% du SMIC détruirait de 15 000 à 25 000 postes ».
Les emplois peu qualifiés sont les plus menacés : le smic aurait motivé l’automatisation de nombreuses activités en France (en 2013, le Wall Street Journal avait publié une enquête liant la diminution de l’emploi, l’augmentation du recours au micro-ondes et le smic dans les restaurants parisiens).
Le smic mauvais pour l’emploi
À ce titre, les entreprises locales sont les plus concernées : le groupe d’experts relevait en 2015 que « l’effet négatif sur l’emploi dans les entreprises fortement exposées au smic – et généralement abritées de la concurrence étrangère – peut être substantiel ».
Ensuite, le smic n’est pas un instrument efficace de lutte contre la pauvreté. Certes, il « améliore les conditions de vie des ménages pauvres, mais aussi de ménages plutôt à l’aise » : ainsi, il « redistribue de façon peu efficace », notaient les experts en 2015. D’ailleurs, il n’augmente pas réellement le pouvoir d’achat.
En 2013, le groupe notait « qu’une hausse de 1% du smic se traduit par une augmentation d’un ou deux euros seulement du niveau de vie de certains ménages ». Conclusion, « la pauvreté comme l’inégalité diminuent plus fortement sous l’effet d’une revalorisation de la prime d’activité » (rapport de 2016).
Un problème politique, pas économique
La difficulté est donc politique : il n’est pas facile pour l’exécutif d’assumer une modération (voire une baisse) du salaire minimum. C’est pour cela que la loi du 3 décembre 2008 a créé le groupe d’experts.
L’intention du gouvernement Fillon était de dépolitiser le sujet de la revalorisation du smic : la décision s’appuierait désormais sur une rationalité technique incontestée. La solution, qui avait le mérite de dépassionner un débat souvent virulent, a eu deux conséquences non assumées.
La première est économique : le smic a décroché par rapport aux « principales références salariales », notait le rapport de 2016. Dans un pays où les salaires progressent plus vite que la productivité, c’est une réforme importante… mais non dite.
La seconde est politique. La création du groupe a été un indice parmi d’autres des difficultés des dirigeants à porter certains choix difficiles : en transférant de fait la responsabilité du devenir du smic sur les techniciens, ils ont préparé le gouvernement des experts.
Une demande de protection sociale
En 2015, un sondage Ifop-Atlantico montrait que près de 70% des Français étaient favorables à ce que la direction du pays soit confiée à des experts non élus mais déterminés à réformer. D’une certaine façon, nous y sommes.
Le smic correspond à une demande de protection sociale. Le défi qu’Emmanuel Macron tente de relever est de montrer qu’à la protection statutaire et à la redistribution uniforme d’un salaire minimum, qui prétend soutenir les plus fragiles en figeant leur situation, il faut préférer la protection dynamique de la croissance et des interventions publiques ciblées pour favoriser la mobilité des plus démunis. C’est un renversement politique profond, auquel doit s’atteler notre gouvernement d’experts !
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Cela veut surtout dire qu’en France, le pouvoir d’achat des salariés s’effrite et que personne ne veut regarder cette réalité en face.
La revalorisation automatique du SMIC permet de l’ajuster au pouvoir d’achat, mais il va se heurter au mur de la réalité.
Pendant ce temps là , tous les politiques ferment les yeux pour caresser les électeurs dans le sens du poil.
La bonne question est: pourquoi y a-t-il en France autant de gens non qualifiés qui ne savent souvent ni lire ni écrire et encore moins compter (ou si peu), sans parler de qualification technique?
résultat des décrocheurs créés par une « réforme » aussi géniale qu’incontournable pondue par chaque ministre qui passe même s’il n’est ministre de l’éducation que quelques mois …..
Résultat du niveau des enseignants payés au lance pierre ….
Résultat d’une vraie et réelle carence de ce qui nous sert de « gouvernement » depuis des décennies un peu palliée par l’enseignement privé …
Et pourtant pour une dépende colossale…
Excellent petit dessin en fin de journal. Il résume tout …
je suis pour que nos élus députés,sénateurs haut fonctionnaires que leurs salaires maximum: le SMIG..