Funérailles de Johnny : j’y étais…

Je m’étais juré de n’aller, si je le pouvais, qu’aux funérailles de Johnny. Il faut rester fidèle à ses enthousiasmes, à ses passions, et ne pas oublier qu’on est vivant.

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Cérémonie Johnny Hallyday-Capture d'écran TF1 sur YouTube

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Funérailles de Johnny : j’y étais…

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 10 décembre 2017
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Par Philippe Bilger.

Immense. Phénoménal.

J’imaginais bien la multitude, l’hommage populaire, les larmes et la nostalgie.

Mais pas à ce point.

J’entends les questions des journalistes de terrain sur France 2 et, aussi banales qu’elles soient, elles ne parviennent pas à dissiper l’émotion de ceux qui répondent.

Il y a trop de monde. Je regarde la télévision et je me sens bien.

Je songe par exemple à François Reynaert qui sur Radio Classique développait brillamment la thèse que la France officiellement n’aurait pas dû être engagée dans le chagrin singulier et collectif de tous ceux, nombreux, pour qui Johnny était une idole. Et il me semblait pertinent.

Le président de la République l’a qualifié de « héros » et il me semble que c’est une dérive de la pensée et du vocabulaire.

En même temps, à la réflexion, on est bien obligé de se dire que Johnny incarnait d’une certaine manière la France.

Il a constitué une passerelle entre toutes les générations et pour chacune il a été une référence. Chaque Français avait la capacité d’avoir et de cultiver dans sa mémoire une chanson de Johnny et, à entendre cette foule, elle avait envie de le remercier parce que dans les moments difficiles, douloureux ou festifs de l’existence de chacun, Johnny avait été présent, les avait aidés, consolés. Un ami invisible mais solidaire.

Ce que je ne mesurais pas était la richesse intime que Johnny avait été pour beaucoup et que ce fabuleux émoi populaire, cette effervescence multiple, composite et hétérogène constituaient la manifestation d’une reconnaissance éperdue. Chaque Français va aujourd’hui vers Johnny bien plus qu’il n’allait vers eux. Sa mort a fait beaucoup d’orphelins.

Johnny
Philippe Bilger-Tous droits réservés

J’ai conscience aussi que la plénitude de cet hommage populaire signifie plus que la consécration d’un chanteur exceptionnel et d’une personnalité familière. Comme la politique est caractérisée par la mort de l’unité, l’unité de la mort, engendrée par la disparition de rares personnalités emblématiques – et Johnny plus que toute autre – démontre à quel point il y a une attente. Le besoin d’un lien, aussi funèbre qu’il soit.

Je n’ai que trop tendance à fuir le collectif parce qu’il me met mal à l’aise. Cette multitude au-delà du raisonnable me fait peur. Pourtant depuis toujours je m’étais juré de n’aller, si je le pouvais, qu’aux funérailles de Johnny. Mais cette immensité est si tendrement, si chaleureusement, si sincèrement populaire.

Je renâcle, j’ai mauvaise conscience. Mais mon épouse me stimule et me rappelle ma promesse.

Et j’y vais avec elle.

Il faut rester fidèle à ses enthousiasmes, à ses passions, et ne pas oublier qu’on est vivant.

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  • Je ne suis pas toujours d’accord avec vous, Monsieur Bilger, mais cette fois, oui, d’une certaine manière je partage votre étonnement devant tant de tendresse et de chaleur humaine, et aussi votre émotion.

    • Je crois aussi que cela doit nous conduire à nous interroger sur la vraie nature, plutôt rebelle libérale et néanmoins empathique, du peuple français dont on nous répète qu’il demande toujours plus d’Etat et qu’il faut lui imposer de la solidarité forcée.

  • Plutôt que de récupérer éhontément JH comme le font certains, le personnel politique ferait mieux d’essayer de comprendre ceux qui l’aimaient et pourquoi il plaisait à beaucoup, age et milieu confondus.
    Avec JH et Jean d’O, pour une fois et depuis longtemps, la France réelle était mise en avant. Pas celle que l’on montre avec le devoir de la voir, alors qu’elle est largement minoritaire.
    Ce que les mêmes politiques et les médias refusent d’admettre.

    • @ montesquieu
      Je crois que ni J.Hallyday, ni J.d’Ormesson n’étaient « clients » de la sinistrose ambiante!
      C’est de ce côté là qu’il faudrait chercher quand c’est l’heure (tardive!) de se retrousser les manches!

  • Les commentaires sont fermés.

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