Pourquoi l’Afrique est-elle restée à la traîne ?

L’Afrique reste le continent le moins économiquement libre et le plus protectionniste du monde. C’est là – et non dans le libre-échange – que réside le problème.

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Pourquoi l’Afrique est-elle restée à la traîne ?

Publié le 21 novembre 2017
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Par Marian Tupy.
Un article de Libre Afrique

La pauvreté africaine n’a pas été causée par le colonialisme, le capitalisme ou le libre-échange. Bon nombre des anciennes colonies de l’Europe sont devenues riches précisément parce qu’elles ont maintenu et adapté certaines bonnes institutions coloniales et ont participé au commerce mondial.

La pauvreté africaine a précédé la colonisation du continent par l’Europe et persiste encore aujourd’hui. Elle est le résultat de mauvaises politiques, dont la plupart ont été choisies librement par les dirigeants africains après l’indépendance.

Quelques chiffres

Comme l’Europe, l’Afrique a commencé désespérément pauvre. Le regretté Professeur Angus Maddison de l’Université de Groningue a estimé qu’au début de l’ère commune, le revenu moyen par habitant en Afrique était de 470 dollars par an (en dollars de 1990).

La moyenne mondiale était à peu près égale à celle de l’Afrique. L’Europe occidentale et l’Afrique du Nord, qui faisaient partie de l’Empire romain, étaient légèrement mieux loties (600 dollars). En revanche, l’Amérique du Nord était à la traîne par rapport à l’Afrique (400 dollars). Dans l’ensemble, le monde était à la fois très pauvre et peu inégalitaire.

Les origines des inégalités mondiales, qui ont vu l’Europe occidentale et, plus tard, l’Amérique du Nord, devancer le reste du monde, peuvent être attribuées à la montée des Cités-États du nord de l’Italie au XIVe siècle et à la Renaissance au XVe siècle.

En 1500, l’Européen moyen était environ deux fois plus riche qu’un Africain moyen. Mais le véritable écart de niveau de vie ne s’est creusé qu’après la révolution industrielle qui a débuté en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle et s’est étendue à l’Europe et à l’Amérique du Nord au XIXe siècle.

En 1870, alors que les Européens ne contrôlaient pas plus de 10 % du continent africain (principalement l’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud), les revenus de l’Europe occidentale étaient déjà quatre fois plus élevés que ceux de l’Afrique. En d’autres termes, l’Europe n’avait pas besoin de l’Afrique pour être riche.

L’Europe a colonisé l’Afrique parce que l’Europe était justement prospère et, par conséquent, plus puissante. Ici l’analyse de la chronologie des événements ne justifie ni ne défend le colonialisme ; mais elle nous aide à expliquer ce phénomène.

L’impact de la colonisation

Les fortunes de l’Afrique sous la domination coloniale ont varié. Beaucoup de progrès ont été réalisés en termes de santé et d’éducation. Maddison estime qu’en 1870, il y avait 91 millions d’Africains.

Dans les années soixante, période des indépendances, la population africaine a plus que triplé pour atteindre 285 millions. L’OCDE estime qu’au cours de la même période, la part de la population africaine scolarisée est passée de moins de 5 % à plus de 20 %. En revanche, les Européens ont traité les Africains avec mépris et les ont soumis à l’esclavage, la discrimination et à la violence.

Cette violence s’est intensifiée pendant la lutte pour l’indépendance de l’Afrique, alors que les puissances coloniales essayaient de repousser les nationalistes africains. En conséquence, les dirigeants africains ont pris le contrôle de pays où la répression de la dissidence politique était déjà fermement établie. Au lieu d’abroger les lois sur la censure et la détention arbitraire, les dirigeants africains les ont conservées et les ont développées.

La tentation soviétique

C’est précisément parce que la domination coloniale était si dégradante sur le plan psychologique envers les Africains en général, et les dirigeants nationalistes en particulier, que les gouvernements africains post-indépendance étaient si déterminés à éliminer de nombreuses institutions coloniales.

Puisque l’état de droit, le gouvernement responsable, les droits de propriété et le libre-échange étaient des transplants européens, ils devaient être abandonnés. Parallèlement, de nombreux dirigeants africains ont choisi d’imiter les institutions et les politiques économiques d’une puissance montante qui représentait l’exact opposé du libre marché occidental et de la démocratie libérale, à savoir l’Union soviétique.

Imiter l’URSS dans les années 1960 n’était pas totalement irrationnel. Au cours des années 1930, le pays a connu une industrialisation rapide, transformant une nation de paysans en une puissance redoutable.

L’industrialisation a coûté la vie à quelque 20 millions de personnes, mais elle a permis à l’URSS de triompher de l’Allemagne hitlérienne (au prix de 27 millions de vies supplémentaires).

Au début des années 1960, le pays produisait non seulement des quantités massives d’acier et d’armement, mais semblait également prêt à remporter la course scientifique l’opposant à l’Occident, lorsque Youri Gagarine devint le premier homme à atterrir dans l’espace le 12 avril 1961.

Le gaspillage et le retard étonnant de l’économie soviétique ne sont pas apparus avant les années 1970. À ce moment-là, malheureusement, le virus socialiste a infecté une grande partie de l’Afrique, qui a adopté un gouvernement à parti unique, qui a détruit la responsabilité et la primauté du droit, bafoué les droits de propriété et, par conséquent, la croissance. Des contrôles des prix et des salaires ont été imposés et le libre-échange a cédé la place à la substitution des importations et à l’autarcie.

L’histoire d’amour de l’Afrique avec le socialisme a persisté jusqu’aux années 1990, quand, enfin, l’Afrique a commencé à réintégrer l’économie mondiale. Les relations commerciales avec le reste du monde ont été quelque peu libéralisées et les pays africains ont commencé à déréglementer leurs économies, gravissant ainsi les échelons dans le rapport du Doing Business de la Banque mondiale, mesurant la qualité du climat des affaires.

Cela dit, même aujourd’hui, l’Afrique reste le continent le moins économiquement libre et le plus protectionniste du monde. C’est là – et non dans le libre-échange – que réside le problème.

Sur le web

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  • Le passage sur la montée de l’industrialisation de l’URSS se base sur des quantités officielles sans compter des problème de qualité de la production…. Quand à induire que cette industrialisation à permis de vaincre Hitler, ce serait risible si le sujet le permettait. Sans l’aide massive des « Allies » vaincre Hitler aurait demandé des sacrifices encore plus énormes ou aurait échoué.

    • Certes, mais vous exagérez. Ce qui a grandement accéléré la reconquête des soviétiques c’est surtout la livraison de 150.000 camions qui leur ont permis de ravitailler leur troupes. Car sans vivres et munitions impossible de poursuivre une offensive. Ils auraient mis beaucoup plus longtemps sans cet apport et ce seraient les alliés qui auraient pris Berlin.

  • Ah, les royaumes (démocratiques) d’Afrique.

  • Atterrir dans l’espace faut le faire?

  • Beaucoup de choses justes dans cet article, mais aussi beaucoup de méconnaissance historique. La raison du retard de l’Afrique n’est pas comprise et donc pas évoquée. L’Afrique sub-saharienne a été coupée du reste du monde, notamment de l’Eurasie, où la plupart des grands progrès initiaux de l’humanité ont été réalisés, coupée par des océans tout autour, et par un autre océan, le Sahara, au nord. De ce fait l’Afrique noire est restée dans des modes de vie néolithiques, pour la plus grande partie (les royaumes du Sahel au nord sont une exception, mais ils ne connaissaient ni l’écriture, ni de monnaie évoluée, ni la roue, ils étaient au stade des grandes civilisations de l’Antiquité à leurs débuts). Cette coupure géographique, cet isolement relatif, est la cause essentielle du retard, comme d’ailleurs pour l’ensemble de l’Amérique précolombienne ou l’Australie. Depuis le XIXe siècle, l’Afrique rattrape ce retard, et elle l’a fait très vite : aucun autre peuple dans le monde et l’histoire n’a progressé aussi rapidement, réalisant en deux siècles ce que les autres ont mis dix millénaires à parcourir, depuis la sortie du néolithique, l’invention de l’agriculture, vers -8000.

      • C’est vrai, mais ce rattrapage a été déclenché et accéléré par la colonisation, qu’elle ait été bonne ou mauvaise par ailleurs, ce qui dépend des périodes et des pays : https://yvesmontenay.fr/2017/03/09/la-colonisation-ca-suffit-passons-a-lepoque-coloniale/

        • Bien sûr, sans le choc de la colonisation l’Afrique serait toujours là où elle était avant l’arrivée des Européens au XVe siècle. C’est la ruse de la raison de Hegel, Napoléon n’avait pas l’intention d’exporter les idéaux de la révolution, mais c’est ce qui s’est passé dans toute l’Europe. De même avec la colonisation, les motifs n’étaient pas toujours bons, ils étaient parfois sordides, elle s’est accompagnée de massacres épouvantables, mais le résultat a été de propulser l’Afrique noire dans la modernité. Les analyses de Deirdre McCloskey, citée dans un autre article ici, sur l’Afrique, sont très intéressantes. D’après elle, le plus grand pool génétique se trouve en Afrique, du fait que le groupe d’homo sapiens qui est sorti d’Afrique il y a 70 000 ans était très réduit, et donc, toute l’humanité hors d’Afrique a une moins grande diversité génétique que ceux qui sont restés et leurs descendants. Ce qui veut dire que d’ici quelques décennies ou siècles, les Africains (dont on voit déjà les performances exceptionnelles en matière sportive) sont amenés à être à la pointe des sciences, de l’innovation, de la création dans tous les domaines. Ce n’est pas le cas maintenant, évidemment, mais l’histoire est longue, et elle réserve parfois des surprises… Voir son livre : https://www.amazon.fr/dp/022633399X/ref=as_sl_pc_qf_sp_asin_til?tag=contrepoints04-21&linkCode=w00&linkId=d22da6f750438b27aa481e4f4fd3d776&creativeASIN=022633399X

    • Mort de rire !
      Les Africains ont fait en 200 ans ce que les autres on fait en 10.000 ans .
      Si on se résume : les occidentaux ont créé beaucoup de choses en 10.000 ans et ils en font profiter des gens qui n’ont pas réussi à sortir tous seuls du néolithique.
      Même si les Africains utilisent les technologies modernes, sur le plan politique et philosophique ils en sont encore à une organisation tribale ( voir Mugabe en ce moment ).

      • Bien sûr, les choses ne se font pas en claquant des doigts, mais imaginez ce qu’était l’Afrique noire vers 1850 et ce qu’elle est maintenant. Le chemin parcouru est du jamais vu. Les Européens n’ont pas fait « profiter » l’Afrique de leurs inventions, ils les ont déportés dans la traite et mis en esclavage aux Amériques pendant trois à quatre siècles, ensuite ils ont annexé le continent, comme s’ils étaient chez eux, tout ça accompagné de massacres abominables, voir la Namibie au temps du Kaiser ou le Congo de Léopold. Mais ça n’empêche en rien que le choc de la rencontre a fait entrer l’Afrique dans la modernité.

        • lisez l’Histoire des traites négrières de l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau, spécialiste de l’histoire de l’esclavage. il y a eu 11 millions d’Africains victimes du trafic occidental, 14 millions pour la traite inter-africaine, 17 millions pour la traite orientale. on ne peut pas accuser celui ci de vouloir faire de la repentance. l’esclavage, jusqu’à une période récente à l’échelle de l’Histoire, constitua l’une des pratiques les plus universelles pratiquées par l’humanité, sur les cinq continents et probablement depuis que cette humanité existe. Les paléontologues mirent récemment en évidence des traces d’esclavage à l’ère paléolithique, c’est-à-dire 6000 ans avant JC. toutes les civilisations ont pratiqué l’esclavage, la première a l’avoir abloi c’est la civilisation occdentale. l’esclavage fut aboli dans les royaumes chrétiens d’Europe occidentale dès le XIII ème siècle. Ainsi Louis XIV déclarait-il « tout esclave posant les pieds en mon royaume sera immédiatement un homme libre ». L’Occident chrétien fut, pendant plusieurs siècles, la seule civilisation à avoir banni l’esclavage sur son sol. La quasi-totalité de l’humanité le pratiquait alors.

        • Les soi disants massacres au Congo belge sont un mythe inventé par la propagande anglaise (et allemande).
          Un bon livre: « Congo, Mythes et réalités » de l’historien Jean Stengers (qui démonte la propagande sur le Congo Belge).
          Un autre bon livre sur le sujet(qui est plus porté sur Léopold II): « Léopold II, entre génie et gêne : politique étrangère et colonisation » de l’historien Vincent Dujardin.
          Deux bons articles sur le sujet: http://www.levif.be/actualite/belgique/congo-leopold-ii-n-etait-pas-un-genocidaire/article-normal-404049.html
          http://www.lalibre.be/debats/opinions/non-leopold-ii-n-est-pas-un-genocidaire-567922033570ed3894b6608a

          Est ce que pour expliquer l’histoire des juifs vous allez vous baser sur les manuels propagande des nazis ??? Bien sûr que non. Et bien ici c’est la même chose. Ceux qui parlent d’un génocide au Congo belge ont comme sources la propagande anglaise qui a mené une campagne de diffamation contre la Belgique et Léopold II. Et leur autre argument c’est le recensement de population. Sauf que les premiers recensements fiables ont eu lieu après la seconde guerre mondiale.

          « ls les ont déportés dans la traite et mis en esclavage aux Amériques » Les africains ont été les premiers à pratiquer l’esclavage contre les autres africains. Quand à la traite des esclaves noirs par les européens, elle n’est que peu de chose en comparaison à la traite arabo musulmane.
          Vous avez une vision très simpliste de l’histoire (mais très répandue aujourd’hui à cause de la propagande gauchiste).

          • Bien sûr que les massacres en Namibie ont servi à la propagande anglaise, mais ils ont bel et bien eu lieu, renseignez-vous. Même chose au Congo belge. Dédouaner la colonisation est absurde, il y a eu des massacres, ce n’est plus à démontrer. Tous les historiens sérieux vous le confirmeront, les archives et les témoignages existent. Le négationnisme en la matière ne sert à rien.

            • Quant à l’esclavage, vous enfoncez des portes ouvertes. Evidemment que l’esclavage était pratiqué à l’intérieur de l’Afrique, évidemment que les royaumes africains ont fourni les Européens en esclaves, qu’ils allaient chercher dans des razzias, évidemment que l’esclavage arabe et musulman a été plus long (13 siècles) et porté sur plus de gens (environ 17 millions), et qu’il était en plus abominable, avec les castrations où les neuf dixièmes des garçons et hommes soumis à cette horreur mouraient dans l’opération (mais le prix des survivants était si élevé que ça compensait la perte pour les négriers). Il faut ajouter à ça la traite orientale à travers l’océan Indien, sur des navires allant vers l’Arabie, les Indes, la Perse et le golfe, dans des conditions épouvantables.

          • « Vous avez une vision très simpliste de l’histoire (mais très répandue aujourd’hui à cause de la propagande gauchiste). »

            Grotesque. Tout ce que j’ai écrit et dit va à l’encontre de la vision gauchiste et tiers-mondiste sur l’Afrique.

          • « elle n’est que peu de chose en comparaison à la traite arabo musulmane. »

            C’est parfaitement idiot. Elle n’est nullement « peu de chose », même en comparaison de la traite orientale, elle a porté sur environ 11 millions d’Africains, entre le XVIe et le XIXe, alors que la seconde a porté sur 17 millions de personnes du VIIIe au XXe siècle. Elle a été plus courte, mais plus intense. Et bien sûr, les Européens y ont mis fin d’eux-mêmes (à partir de 1807), ce que les Arabes n’ont fait que contraints et forcés, beaucoup plus tard.

  • peut être parce que leurs dirigeants sont corrompus jusqu’ à l’ os ? what else ?????

    • Certes, mais cette corruption envahissante n’est qu’un élément, un symptôme, un signe du sous-développement. Il faut chercher l’explication à ce sous-développement, et à la corruption endémique, qui n’en est qu’un des aspects. La corruption est par exemple plus répandue au Nigéria qu’en France, elle est plus répandue en France qu’en Norvège ou en Suède, la question est : pourquoi ?

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