3 mythes sur les droits sociaux des salariés

Il est temps de démystifier les croyances à propos du salaire et des « droits sociaux » des salariés : chaque avancée sociale se paye, de manière invisible et indolore, par une baisse de salaire.

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Tickets restaurants by Thomas Widmann(CC BY-SA 2.0)

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3 mythes sur les droits sociaux des salariés

Publié le 30 octobre 2017
- A +

Par Nicolas Pantel.

Un certain nombre d’idées reçues, de mythes et de fantasmes évoquent la capacité pour les employés d’une entreprise de soutirer des « droits sociaux » à leur employeur, contre sa volonté et sans conséquence.

Il est temps de démystifier ces croyances et de passer, enfin, à l’âge adulte.

Les congés payés

Les congés payés n’existent pas. L’oxymore aurait du nous mettre la puce à l’oreille : personne ne nous paye pour partir en vacances.

La plupart des salariés sont convaincus d’être rémunérés pour 52 semaines de travail, dont cinq de congés payés. Il ne s’agit en réalité pas de congés payés, mais de congés contraints avec baisse de salaire.

Soit un individu A employé par l’employeur B.
B est capable de vendre à ses clients la production de A pour un montant de 1100 euros hebdomadaire. Une fois ses charges déduites, B peut rémunérer A à hauteur de 1000 euros par semaine.
Dans l’absolu, A est donc rémunéré 52 x 1000 = 52 000 euros par an.
Mais la loi impose à B de « payer » 5 semaines de congés à A, qui ne produira plus qu’à hauteur de 47 x 1100 = 51 700 euros. Impossible pour B de payer les 52 000 euros normalement dus. Il va donc continuer à rémunérer A au même tarif, soit 47  x 1000 = 47 000 euros par an, mais simplement lisser ce salaire sur l’année entière.
A est donc rémunéré 47 000 euros par an, soit environ 900 euros par semaine, avec cinq semaines de congés « payés ». A est content, il a acquis un droit social aux dépens du patron … en échange d’une perte de salaire de 10 %.

Les congés payés ne sont donc que des congés forcés s’accompagnant d’une baisse de salaire. Il en va bien sûr de même pour les 35 heures payées 39, les tickets restaurant « payés par l’employeur » et autres mutuelles santé « payées par l’entreprise ».

Les cotisations patronales

Les cotisations patronales n’existent pas. De la même façon, si A est payé 1500 euros nets mensuel pour son travail, sa rémunération est décomposée comme suit :

  • 1500 euros nets de cotisations sociales (mais pas d’impôt, TVA, TIPP, etc.)
  • 2601 euros de salaire complet, dont 456 euros de cotisations « salariales » et 645 euros de cotisations « patronales ».

Dit autrement, B est prêt à débourser la somme de 2601 euros par mois en échange du travail de A. Ce que celui-ci fait ensuite de son salaire complet ne le regarde pas. Qu’il décide de l’encaisser en entier ou de le découper en « salaire direct » de 1500 euros et « salaire différé » de 1101 euros, ne change rien pour l’employeur.

En revanche, le salaire différé est important pour ceux qui le collectent et le gèrent à la place de A.

L’impôt sur les sociétés

L’impôt sur les sociétés n’existe pas. En réalité, ce sont les sociétés elles-mêmes qui n’existent pas. Elles ne sont que des abstractions juridiques qui permettent de cloisonner la comptabilité personnelle et professionnelle des propriétaires de cette société.

Une société, c’est la représentation abstraite des inter-actions entre cinq types d’acteurs, tous des individus, sauf le dernier :

  • Les propriétaires
  • Les fournisseurs
  • Les clients
  • Les employés
  • L’État

Quand l’un des acteurs s’arroge une part des bénéfices plus importante, par exemple lorsqu’une taxe ou un impôt doit être « payée par l’entreprise », elle est en réalité payée par un ou plusieurs des autres acteurs. Dans un contexte de concurrence, les prix demandés aux fournisseurs sont déjà négociés au plus bas, et ceux demandés aux clients au plus haut. Ne restent que les salariés qui, à court ou à long terme, par des baisses ou des gels de salaire, seront ceux qui règlent la note.

Les entreprises ne font pas du social : les entreprises sont des structures dont la finalité est de fournir des produits ou des services ayant une utilité pour un nombre suffisant de consommateurs. Elles ne sont pas le lieu où « faire du social », et toute contrainte en ce sens finira toujours par se rééquilibrer par un coût pour les salariés qui en profitent. Chaque avancée sociale se paye, de manière invisible et indolore, par une baisse de salaire.

Voir les commentaires (8)

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  • j’ai déjà lu ça me semble t il…

  • Oui, déjà lu. Mais bis repetita placet.

    • @ Traderidera
      L’article est « mathématique ».

      Une entreprise n’a pas un but social!… Quoique… il semble bien prouvé, maintenant, qu’un salarié qui « se sent bien » dans l’entreprise devienne plus productif et même parfois plus « créatif ».

      C’est au bas de l’échelle qu’on se rend compte de « ce qui va et ce qui ne va pas »: on peut donc découvrir et, si le contact est bon, proposer des solutions à son supérieur hiérarchique (éventuel « patron »).

      Le bien de l’entreprise peut donc passer par le bien des salariés, ce qui peut éviter des accidents mais aussi des congés de « maladie », donc améliorer la productivité.

      Dès qu’un facteur humain entre en scène, les mathématiques ne sont plus le seul critère!

      • « Une entreprise n’a pas un but social! »

        Demandez-donc aux gens de travailler uniquement pour la gloire et on en reparle.

      • @mikylux

        Pas dans une société où le mérite est remplacé par l’assistanat. C’est la différence entre le nivellement par le haut et le nivellement par le bas. Le niveau de salaire dépend de l’économie en place, de la motivation des entrepreneurs en somme. Plus ils seront enthousiastes et plus ils feront de chiffres d’affaires, et donc tireront les salaires vers le haut. Ensuite certains pourront élaborer des politiques d’entreprises pour choyer leur salariés, cela fera parti de leurs stratégies. Mais tant que du social leur sera imposer, ça sera comme la « solidarité » forcée en France : elle fera disparaître les initiatives de ces entités dans ce domaine. Et par conséquent, on boucle le cercle vicieux en les traitant de salauds de patrons et de pourris de capitalistes.

  • mikilus la richesse d’une entreprise c’est son ensemble quel que soit sont niveau et de participer à la réussite dune aventure humaine..

  • A la Sécu, il est clair que les charges patronales n’existent pas. Quand un salarié est malade, son employeur ne touche rien.

    J’ai des collègues qui jouissent de croire que leur employeur se fait enfler l’arrière train.

  • Les commentaires sont fermés.

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