Cinq idées sur l’entreprise que vos enfants n’apprennent pas à l’école

Chaque fois qu’un chef d’entreprise étudie, crayon en main, le contenu du cours d’économie dispensé à nos enfants en première et en terminale, il est partagé entre colère et déprime.

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Cinq idées sur l’entreprise que vos enfants n’apprennent pas à l’école

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 octobre 2017
- A +

Par Xavier Fontanet.

Un contenu pédagogique pauvre

Il découvre en effet un mélange hétéroclite : on y parle de l’entreprise dans moins d’une page sur huit, 75 % du livre étant consacrés aux sciences sociales, aux « imperfections du marché » et à l’intervention de l’État sur l’économie.

La théorie sous-jacente à l’édifice est celle de l’offre et de la demande, qui a 250 ans, ne parle que d’équilibre statique et est incapable d’expliquer la dynamique des prix dans des marchés en croissance.

Cinq idées simples à faire comprendre à propos de l’entreprise

Osons le dire, ce cours ne prépare pas nos enfants à la vie en entreprise (où 85 % pourtant vont travailler), alors que les idées essentielles à faire comprendre ne sont pas très compliquées et se comptent sur les doigts d’une seule main.

1. Qu’y a-t-il au démarrage d’une entreprise et qu’est-ce que le cycle de vie d’un produit ?

2. Comment se forme le résultat dans un système concurrentiel, et comment expliquer que, dans un même métier, les résultats et la croissance des concurrents diffèrent ?

3. Comment organise-t-on le financement de l’entreprise et quel est son effet sur la croissance ?

4. Pourquoi les entreprises s’étendent-elles géographiquement ?

5. Pourquoi tous ces rapprochements d’entreprises ? Est-ce positif, ou cela peut-il représenter un danger ?

Comment enseigner ce savoir ?

Il est très difficile pour quelqu’un qui n’a pas travaillé en entreprise d’expliquer son fonctionnement ; c’est tout aussi difficile que d’enseigner le ski quand on ne l’a jamais pratiqué, il faut donc aider les enseignants – qui, soit dit en passant, ne sont pas responsables des programmes !

Symétriquement, en devenant plus participatif, le management moderne incite les chefs d’entreprise à devenir pédagogues. Dans ces conditions, la solution ne consisterait-elle pas tout simplement à faire passer ces cinq idées simples, dans chacune de nos classes, par un couple enseignant/chef d’entreprise ?


Sur le web-Article initialement publié sur Les Echos.

Voir les commentaires (17)

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Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • Je suis bien d’accord avec vous, Monsieur Fontanet (j’ai beaucoup aimé votre livre « Pourquoi pas nous? »). Ayant eu l’occasion de donner des cours particuliers à un élève de 1ère ES, je n’ai cessé de démontrer à ce dernier les âneries, voire les contrevérités flagrantes de son manuel, tout en lui parlant de la vraie vie économique, totalement absente.
    En fait, ce manuel a du être écrit par un groupe comprenant Jacques Généreux, Christian Chavagneux et Benjamin Coriat, dont nous plaignons tous ici les étudiants.

  • Bien d’accord. Cette ignorance soigneusement entretenue est un scandale absolu;
    Je me permets de citer le résumé du ch 3 de mon « B. A. BA d’économie, qui pourrait (devrait ?) être au programme des lycées et collèges :

    A de rares exceptions près, les êtres humains ne peuvent consommer que ce qu’ils ont d’abord produit. La production est l’activité centrale de l’économie.
    Dans une société où les échanges sont possibles, chaque individu et chaque groupe a intérêt à se spécialiser dans ce qu’il sait le mieux faire et à se procurer le reste par des échanges.
    Toute production consiste en l’exécution d’un processus qui utilise des compétences humaines et des outils. On appelle entreprise un assemblage particulier de ressources particulières en vue d’une production particulière, et entrepreneur la personne qui crée et fait fonctionner un tel assemblage. On appelle capital l’ensemble de ces ressources. Investir consiste à produire ou acquérir le capital nécessaire à l’activité de l’entreprise.
    Les investissements et les autres dépenses précèdent nécessairement la production, donc la formation du revenu. De ce fait, toute production présente un risque. L’entreprise ne peut survivre que si d’autres acceptent de lui donner, en échange de ses produits, une quantité de monnaie suffisante pour que l’entreprise puisse acquérir ce qui est nécessaire à la prochaine exécution de son cycle.
    Au moment où les produits arrivent à l’existence, ils sont la propriété de l’entreprise. Il n’y a aucun instant où les produits n’appartiendraient à personne et seraient en attente de « répartition ». La distribution des produits entre les consommateurs se fait par échanges.
    Le revenu d’une entreprise est un indicateur de l’utilité que le marché accorde à sa production. Le profit est un indicateur de l’utilité de l’entreprise en tant qu’arrangement particulier de facteurs pour une production particulière.
    L’entreprise est le moyen pour les individus de s’insérer dans le processus de production et de trouver une utilité sociale. En plus de la production des biens et des services utiles à la collectivité, l’entreprise a pour fonction de répartir les revenus tirés de ces biens et services entre les personnes qui ont participé à la production.
    La contribution à la production peut prendre deux formes principales : un apport en capital ou un apport en travail. Sa rémunération peut être soit fixée à l’avance par contrat indépendamment des résultats de l’entreprise, soit déterminée après coup par le partage des profits, et donc aléatoire.
    Les différents facteurs de production sont complémentaires. La contribution de chacun à la production, qu’on appelle sa productivité, dépend de tous les autres facteurs. En particulier, la productivité de chaque forme de travail, et donc la rémunération à laquelle elle peut prétendre, est d’autant plus élevé que les outils dont elle dispose sont plus perfectionnés, c’est à dire que le capital est plus abondant.

    https://www.amazon.fr/B-BA-d%C3%A9conomie-G%C3%A9rard-Dr%C3%A9an/dp/2954259833

  • Bon, 2 situations sont possibles :
    – cas idéal : l’économie est enseignée par un prof non indécrottablement inféodé au keynésianisme version marxisante (la vulgate de base) ET l’évaluation se fait en Contrôle en Cours de Formation par ce même enseignant; alors l’étudiant peut espérer entrevoir les choses correctement;
    – dans tous les autres cas il est foutu : soit l’enseignant est naze, soit le fait d’être évalué par un naze est un risque trop grand et il vaut mieux rester dans la vulgate plutôt que de se ramasser à m’examen.
    CQFD

    • C’est hélas vrai. Pour que l’EN donne la parole aux entreprises (les horribles représentantes du maudit capitalisme), il faudrait une véritable révolution. Un chantier auquel Jean-Michel Blanquer devrait bien s’attaquer.

      • « donner la parole aux entreprises »…
        L’école n’est pas un plateau de télé. Ce n’est pas non plus l’Assemblée nationale. ce n’est pas un lieu « démocratique » d’expression des opinions…
        C’est un lieu où on transmet des connaissances et des compétences.

        • Presque. C’est un lieu où on transmet des connaissances et des savoir-faire choisis. Ca devrait être un lieu où on prépare les jeunes à la suite de leur existence en leur donnant les atouts adaptés.

        • @Raphaël

          L’école en France est un lieu où on conditionne les gamins et les jeunes à être de futurs moutons bien dociles avec des connaissances choisis dans le bagage socialiste. Vous en ressortez fier de travailler sous le drapeau, prêt à devenir « vous-même », enthousiaste à l’idée de colporter les vérités médiatiques contradictoires du pays, à brailler dans le vide pour lutter contre tout rationalisme. A aucun moment, on leur donne les atouts nécessaires pour s’affirmer en tant qu’individu au milieu des autres.

  • Ce qui montre bien que l’Etat n’a pas à se mêler de l’instruction. Laissons cela au marché, avec un chèque éducation pour les familles.

  • Aller lire le programme d’éco de la filière ES pour conclure qu’on n’enseigne pas la gestion et le management d’entreprise à l’Éducation nationale est à côté de la plaque.

    C’est un peu comme si on allait détailler les programmes des facs de sociologie pour conclure qu’il n’y a pas la possibilité d’apprendre la gestion dans les établissements d’enseignement supérieur français.

    Si M. Fontanet était allé consulter les programmes d’économie et de gestion dans la filière STMG, il aurait pu constater qu’on ne parle que d’entreprise et de gestion.

    De même l’EN n’a pas attendu les chefs d’entreprise pour enseigner la gestion et le management. On ne compte plus les filières de BTS dans ce domaine. Et, à en juger la bonne insertion des diplômés de ces BTS sur le marché du travail, on peut penser qu’ils n’ont pas été si mal « préparés à la vie de l’entreprise ».

    Bref, il y a plein de soucis dans le système éducatif français. Mais M. Fontanet se trompe totalement de diagnostic. Il existe bien un enseignement de la gestion à l’école, qui n’a rien à voir avec l’endoctrinement idéologique que l’on trouve effectivement dans la filière SES.

    • il ne s’agit pas d’enseigner la gestion et le management (ce qui à mon avis ne s’enseigne pas) mais de donner à tous les jeunes une information minimale sur ce qu’est une entreprise. Une simple leçon de choses.

      • De toute façon, l’immense majorité n’exerceront jamais de fonctions de gestion ou de management, donc essayer de leur enseigner ça est une perte de temps.
        Alors que presque tous passeront le reste de leur vie dans une entreprise.

        • Pas du tout d’accord. Vous souhaitez une école qui « éduque » là où sa seule utilité est d’instruire.

          Endoctriner les gens est nuisible : les gens n’ont pas besoin de l’école pour leur dire ce qu’elle est, ils le découvriront par eux-mêmes.

          En revanche, développer des compétences qui leur permettraient d’éviter de se retrouver en surendettement, de monter un business plan pour un projet, ou de comprendre pourquoi les déficits et les dettes publics sont une catastrophe, voilà de vraies compétences utiles dans le quotidien des gens.

      • Les jeunes n’ont certainement pas besoin de l’école pour savoir ce qu’ils peuvent penser de l’entreprise. L’école ne doit pas être un lieu d’endoctrinement (faire des « leçons de choses ») mais un lieu où on développe des compétences utiles à l’entreprise et à leurs entreprises.

        • Vous me comprenez mal : je ne propose nullement d’endoctriner sur quoi que ce soit, ni de dire aux gens « ce qu’ils peuvent penser de l’entreprise », simplement de leur dire objectivement CE QUE C’EST.

          Les compétences viendront plus tard, pour ceux qui en auront besoin. Quant aux opinions, ils se les feront tout seuls bien assez tôt.

          • La gestion est enseignée, je suis bien placé pour le savoir, mais pas partout, seulement dans les filières « professionnalisantes », STMG, Bac Pro et autres IUT. Mais pour les autres, les cohortes de Bac généraux par exemple, c’est une autre affaire. C’est assurément à eux que pensait l’auteur du billet de mauvaise humeur qui nous occupe et avec raison.

        • En CM1, on enseigne comment est fait et comment marche le système digestif, sans porter de jugement de valeur (bien ou mal) et sans essayer de faire de tous les élèves des gastro-entérologues.
          On devrait faire la même chose pour l’entreprise : dire ce que c’est et comment ça marche, point barre : pas d’idéologie ni de « gestion » ni de « management ».
          Et en attendant que les enseignants le sachent eux-mêmes, il n’y a pas d’autre moyen que de faire appel aux responsables d’entreprise.

  • Les commentaires sont fermés.

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