Canada : l’Ontario victime du populisme fiscal ?

La hausse du salaire minimum en Ontario ne touchera pas seulement la ville de Toronto, mais toute la province ! Les marchands et restaurateurs de Toronto seront capables d’absorber ce choc en haussant les prix, mais que dire de ceux des régions rurales ?

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Canada : l’Ontario victime du populisme fiscal ?

Publié le 6 octobre 2017
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Par le Minarchiste, depuis le Canada.

En juin dernier, le gouvernement de l’Ontario a annoncé une hausse drastique du salaire minimum au niveau mythique de $15 à partir du seuil actuel de $11.40. Il augmentera de +23% le 1er janvier 2018 et de 7% l’année suivante. Cette manoeuvre politique pourrait constituer un choc économique grave pour la province.

La ville de Seattle a aussi augmenté le salaire minimum à $15 en 2015. Les économistes sont en désaccord à l’égard des impacts sur le marché du travail. Une étude de Berkeley ne démontre pas d’impact négatif, mais elle ne couvre que l’industrie de la restauration, alors qu’une étude de l’Université de Washington démontre un effet négatif et significatif sur l’emploi, mais comporte certaines lacunes dans sa méthodologie. (Voir ceci pour une description de ces études.)

Deux facteurs importants sur Seattle

À mon avis, il faut considérer deux facteurs importants en ce qui concerne l’expérience de Seattle : 1) la hausse des salaires est menée durant une période où le marché de l’emploi est très fort aux États-Unis et 2) l’économie de Seattle fait particulièrement bien présentement comparativement au reste du pays. Ces deux facteurs ont sans doute amorti le choc causé par ces hausses du salaire minimum.

Cependant, la hausse du salaire minimum en Ontario ne touchera pas seulement la ville de Toronto, mais bien la province en entier ! Les marchands et restaurateurs de Toronto seront sans doute capables d’absorber ce choc en haussant les prix, mais que dire de ceux de Windsor ou des régions rurales ?

On constatera certainement une hausse des prix à la consommation qui viendra gruger ce pouvoir d’achat nouvellement acquis, mais on verra aussi des entrepreneurs remplacer la main d’oeuvre par des machines automatisées (ou du moins une accélération de cette tendance), tandis que d’autres mettront la clé sous la porte, affectant négativement le marché de l’emploi.

L’immigration va-t-elle se maintenir ?

Presque toute la croissance de la population Ontarienne provient de l’immigration ; celle-ci va-t-elle se maintenir, si les immigrés ne peuvent trouver d’emploi à faible compétence ?

On peut aussi prendre pour acquis que cette mesure affectera négativement les flux d’investissements étrangers dans la province. Si vous dirigiez une multi-nationale présentement, choisiriez-vous l’Ontario pour établir une nouvelle filiale ? Cela est moins probable qu’avant le mois de mai dernier !

Hausse des coûts de la main d’oeuvre

La proportion de travailleurs au salaire minimum de la province passera de 11% de la main d’oeuvre à 24%, ce qui poussera les travailleurs gagnant entre $11.40 et $15 à demander de grandes augmentations au-delà de $15.

On observera donc une forte hausse des coûts de main d’oeuvre affectant plus du tiers des travailleurs. Cela diminuera la compétitivité de l’Ontario, tant au sein du Canada qu’au niveau international (la province sera comparable à la France, une position peu avantageuse…).

Ce salaire minimum de $15 équivaudra à 57% du salaire horaire moyen dans la province. À Seattle, ce ratio est de 50% (tout comme pour l’Alberta) car le salaire moyen de cette ville est supérieur à celui de l’Ontario. En Alberta, le niveau de $15 sera atteint dès 2018, alors qu’en Colombie Britannique ce sera en 2021.

Le seul événement comparable au Canada fut la forte hausse du salaire minimum au Québec en 1975, laquelle fut contre-productive. Deux ans plus tard, le taux de chômage des 15-24 ans avait augmenté de 6 points de pourcentage à 19.5% alors qu’il a diminué dans le reste du Canada.

Un pari politique de Kathleen Wynne

Cette mesure completement irrationnelle n’est en fait qu’un pari politique de la part de la Première ministre Kathleen Wynne. L’économiste Stéphane Marion estime que cette mesure causera la perte de 124 000 emplois, dont plus de la moitié chez les 15-24 ans. Cette mesure populiste et irréfléchie lui fera peut-être gagner quelques votes à court terme, mais fera beaucoup de tort à ceux qu’elle prétend vouloir aider…

Il n’en fallait pas moins pour que des représentants du parti Québec Solidaire ne réitèrent leur désir d’avoir un salaire minimum à $15 au Québec aussi. Cela serait encore pire que pour l’Ontario, car le revenu moyen est plus bas au Québec et la compétitivité est aussi moindre. Le ratio salaire minimum/salaire moyen serait supérieur à 61% et vu la précarité des régions éloignées du Québec, ce serait un véritable désastre.

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