Dépenses publiques : l’Europe n’est pas coupable

En Europe, la France brille essentiellement dans un domaine, l’importance des prélèvements obligatoires et celui des dépenses publiques.

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Dépenses publiques : l’Europe n’est pas coupable

Publié le 7 septembre 2017
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Par Patrick Aulnas. 

Les populistes de droite (Le Front national) et de gauche (La France insoumise) rendent l’Union européenne responsable de nos piètres performances économiques. Nous serions soumis aux diktats de Bruxelles et contraints de vouer un culte au plafond des 3% de déficits publics. Le peuple français serait victime des technocrates.

Mais les chiffres sont cruels pour notre pays si on les compare à ceux de nos partenaires européens. Nous avons privilégié la politique politicienne, c’est-à-dire les promesses factices. La bonne gestion publique a été abandonnée depuis 1981. Le peuple français est en vérité victime de ses politiciens et de leurs mensonges.

En Europe, la France brille essentiellement dans un domaine, l’importance des prélèvements obligatoires et celui des dépenses publiques. Deux éléments saillants apparaissent : le poids des prélèvements sociaux et l’obstination à augmenter depuis des décennies impôts et cotisations sociales.

Toutes les données chiffrées proviennent d’Eurostat.

L’extrême lourdeur des prélèvements en France

La France se situe en deuxième position, après le Danemark, qui dépasse 50% de prélèvements obligatoires. Le calcul européen, homogène pour tous les pays, place la France à 47,8% de prélèvements obligatoires pour 2014 et 47,9% pour 2015. La moyenne de l’UE se situe à 40%.

Le peuple français n’a jamais explicitement choisi cette orientation du tout-État, mais les syndicats, associations et relais politiques divers ont fait pression sur les partis politiques pour obtenir de petits avantages particuliers payés sur fonds publics. Ils les ont obtenus du fait de la démagogie politicienne. Un choix de société a été fait implicitement. Il a conduit à une soviétisation rampante et à la sclérose. Il faudra désormais ouvrir les yeux sur cette réalité.

La France, championne des prélèvements sociaux

La répartition ci-dessus est réalisée par niveau politique : gouvernement central, gouvernement des États fédérés pour les fédérations (state government), collectivités locales (régions, départements, communes), prélèvements sociaux, prélèvements versés à l’UE.

Deux remarques s’imposent :

  • La France se caractérise par l’importance considérable de ses cotisations sociales obligatoires (en bleu clair). Elle arrive largement en tête de tous les pays. Cela ne signifie pas nécessairement que les dépenses sociales sont moindres dans les autres pays riches de l’Union. Mais le degré de liberté est en général plus grand pour choisir sa protection sociale puisque le financement dépend partiellement de choix individuels. La France, au contraire, a fait le choix du tout collectif et du monopole public (santé, retraite en particulier).
  • Le coût de fonctionnement de l’Union européenne (en vert) est absolument dérisoire. Les objurgations de l’extrême-droite sur les dépenses des institutions européennes ne sont que de grossiers mensonges.

La hausse des prélèvements : une histoire ancienne

Sur 20 ans, le poids des prélèvements obligatoires augmente ou diminue selon les pays de l’UE. La France se situe parmi les pays ayant le plus augmenté la ponction fiscale et sociale depuis 1995. Passant de 43,4% du PIB à 47,9%, elle arrive en cinquième position (+ 4,5 points de PIB en 20 ans) et côtoie des pays qui ont connu de graves difficultés financières comme la Grèce, Chypre ou le Portugal. Le Royaume-Uni arrive en sixième position mais avec des prélèvements beaucoup plus faibles : 31,5% en 1995 et 34,9% en 2015.

Ce qui est grave, dans le cas français, c’est que l’on part d’un niveau très élevé sans être capable de maîtriser la fuite en avant. La Belgique, qui a également des prélèvements excessivement élevés, n’a augmenté les siens que de 2,5 points sur la période. Quant au Danemark, champion toutes catégories des impôts, il les a diminués de 0,6 point de PIB.

Liberté rime avec efficacité

Il reste beaucoup à faire en France. Mais deux domaines devront être privilégiés : le social et le local. C’est là que se situent les principales dérives des dépenses publiques.

  • En donnant une certaine liberté de choix aux Français dans le domaine de la protection sociale, les cotisations obligatoires diminueraient sans pour autant précariser les plus défavorisés (la CMU existe déjà pour la santé).
  • En s’attaquant au millefeuille administratif local, les dépenses publiques qui ont le plus augmenté pourraient être maîtrisées. La clause générale de compétence devrait être supprimée pour les communes au profit d’une définition limitative de leur champ d’intervention.
  • Dans un second temps, les communes seraient placées face à leurs responsabilités financières. Si elles sont trop petites pour faire face, elles seront contraintes de disparaître par regroupement. Tous les autres pays européens ont réalisé cette réforme depuis bien longtemps. La classe politique française a préservé un nombre pléthorique d’élus locaux par pur clientélisme.

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  • Article qui rappelle cet adage: « nemo auditur propriam suam turpitudinem allegans », expression latine qu’on peut traduire par : « nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ».
    On peut ajouter au passage que ces 2 records du monde qui caractérisent d’ailleurs la nature socialiste de l’Etat français, taux de prélèvements obligatoires et taux de dépenses publiques, ne seraient pas critiquables si la performance qui en découlent sur le logement, la santé, l’enseignement, les transports, l’emploi, le commerce extèrieur.. étaient au rendez-vous. Or c’est exactement l’inverse qui se produit, l’Etat français qui veut tout gérer n’est factuellement pas efficient et les français n’en n’ont pas pour notre argent.
    Mettre en concurrence l’ensemble des activités hormis l’armée, la police et la justice n’est pas une démarche idéologique, c’est juste du bon sens.

  • C’est le passage d’un système sovietoïde vers une démocratie libérale qui va poser un problème.
    Une partie croissante de la population est dépendante de fonds publics et n’envisage pas avec sérénité un retour vers la liberté.

  • Le fameux modèle social nous coûte plus cher que pour nos voisins, pour des prestations de moindre qualité!

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