Crédit des États : l’abus de confiance monétaire

Une nouvelle crise du crédit couve et l’endettement mondial est bien supérieur au niveau de 2008. Cette crise dégénèrera en crise monétaire.

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Quantitative easing by The Lakelander (CC BY 2.0)

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Crédit des États : l’abus de confiance monétaire

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 septembre 2017
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Par Simone Wapler.

Pour le moment, il semble que le temps soit suspendu. Mais la remontée des taux de la Fed produit déjà de petits craquements comme nous l’avons vu, notamment du côté du crédit automobile subprime américain.

Quel est le plus gros risque pesant sur les marchés financiers à l’heure actuelle ? La plupart des professionnels lucides vous répondront « le marché obligataire ».

Si les anges gardiens du marché obligataire, les bond vigilantes, comme disent les Anglo-Saxons, se réveillaient, vendaient leurs portefeuilles et que les banques centrales perdaient le contrôle de la situation, nous aurions droit au plus gros krach de tous les temps.

Des taux anormalement bas depuis dix ans

Cela fait 10 ans que les taux sont « anormalement » bas et la dette américaine pèse quelques 20 000 milliards d’euros. La dette totale des pays développés atteint des niveaux tels que son remboursement sera impossible.

Les économistes keynésiens estiment que ce n’est pas un problème. Il suffit de « rouler » cette dette, d’emprunter pour rembourser le principal, comme on le fait depuis plus de 40 ans. Opération facile, puisque depuis 40 ans la direction des taux d’intérêt – manipulés par des banquiers centraux écoutant ces mêmes conseillers keynésiens – est à la baisse.

Si vous avez 100 d’emprunt à 10% d’intérêt et qu’arrivé à échéance, pour rembourser les 100, vous empruntez à nouveau 100 à 5% d’intérêt, vous n’avez pas de problème de fins de mois. Lorsque les taux sont à zéro, votre dette peut même devenir infinie ! Tant que vous trouvez quelqu’un pour vous faire crédit à 0%, tout va bien…

Le problème est que si les taux restent indéfiniment à zéro, toute la pyramide des fonds de pension et retraite par capitalisation finira par s’écrouler, sapant les assises des États-providence et de la sociale-démocratie.

Restent comme autres portes de sortie le défaut ou l’inflation.

Le défaut – renoncer à honorer certaines dettes – conduirait aussi à la banqueroute les systèmes de retraite et le système bancaire.

L’inflation est la méthode préférée de défaut des gouvernements. Hélas, malgré les efforts désespérés des banquiers centraux pour la faire naître, celle-ci ne se décide pas à faire surface.

Abus de confiance des élites

Les États nous ont imposé des monnaies dites fiduciaires qui ne sont rien d’autre que du crédit. Les élites dirigeantes ont prétendu savoir contrôler la masse de crédit. Nous les avons crues et beaucoup les croient encore. En réalité, pour préserver leurs intérêts, elles ont créé du crédit en quantité qui dépasse nos capacités humaines de remboursement.

Les autorités politiques et monétaires ont abusé de notre confiance.

Bientôt, cette évidence transparaîtra, soit en raison de défauts vis-à-vis des engagements de retraite, soit en raison de défauts dans les crédits subprime.

La Parasitocratie a rejeté un système de monnaie-marchandise, prétendument trop rigide, pour le remplacer par un système de monnaie-crédit qui l’avantage.

Petit à petit, en confisquant ou en taxant les monnaies-marchandises classiques qu’étaient l’or et l’argent, la Parasitocratie a contraint les gens à avoir confiance en des « monnaies » sans valeur intrinsèque, faciles à créer à volonté. Ces monnaies n’ont pas d’autres garanties que la capacité de travail ou d’épargne des gens. Ces capacités sont désormais largement dépassées.

Pourquoi l’abus de confiance se paiera très cher

Que se passera-t-il lorsque les gens découvriront l’ampleur de l’escroquerie et qu’ils sont les véritables garants du crédit émis en trop grandes quantités ? Que se passera-t-il lorsqu’ils réaliseront que tout cela a été rendu possible à cause de la monnaie-crédit ?

L’argent – sous forme de monnaie-marchandise – a souvent mauvaise presse dans les pays à tradition catholique.

Quand tout est convertible, quand la confiance dépend de pièces anonymes et d’or, elle corrode les traditions locales, les relations intimes et les valeurs humaines, pour les remplacer par les lois froides de l’offre et de la demande.

Les communautés humaines et les familles ont toujours été fondées sur la croyance en des choses ‘sans prix’ telles que l’honneur, la loyauté, la morale, l’amour. Ces choses échappent au marché et elles ne sauraient s’acheter ni se vendre. Même si le marché offre un bon prix, il est des choses qui ne se font pas. Les parents ne doivent pas vendre leurs enfants en esclavage ; un bon chrétien ne doit pas commettre un péché mortel ; un chevalier loyal ne trahit pas son seigneur ; et les terres tribales ancestrales ne seront jamais vendues à des étrangers.

La monnaie a toujours essayé de franchir ces barrières comme l’eau suinte à travers les fissures d’un barrage.[…]

Si elle instaure la confiance universelle entre étrangers, cette confiance est investie non pas dans les hommes, les communautés ou les valeurs sacrées, mais dans la monnaie elle-même et les valeurs impersonnelles qui la soutiennent.[…]

Les gens comptent sur la monnaie pour faciliter la coopération avec des inconnus, mais ils ont peur qu’elle ne corrompe les valeurs humaines et les relations intimes. (Sapiens, Une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari).

Lorsque les gens découvriront l’escroquerie dont ils ont été les victimes, ce ne sera pas seulement le système financier et monétaire actuel qui volera en éclats, ce seront aussi les institutions politiques qui l’ont imposé, soutenu et les forcent à cautionner leurs mauvaises dettes.

Déjà, en Europe, les Catalans demandent à se détacher de l’Espagne dont ils estiment qu’ils sont les vaches à lait. Ils ne veulent plus servir de caution au reste de l’Espagne.

Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici.

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