Par Gabrielle Dubois.
« Ah, bientôt la rentrée ! »
J’ai cherché la définition du mot rentrée dans le Larousse, il en donne tout plein. Première de ses définitions :
Action de rentrer quelque chose dans un local, à l’abri : Participer à la rentrée des foins.
Mais qui peut, de nos jours, en France, dire qu’il se met à l’abri quand il rentre au travail ? Je laisse à chacun la responsabilité de sa propre réponse.
Rentrée ? Mais il faut d’abord une « sortie » !
Je vous ferai grâce des statistiques et autres sondages qui ne reflètent que ce qu’ils veulent bien refléter. Nous savons bien qu’il est un certain nombre d’indépendants, de petits entrepreneurs, de travailleurs consciencieux, d’étudiants dont les parents ne sont pas assez pauvres pour recevoir des bourses, mais pas assez riches pour leur offrir chambre en ville et argent de poche ; ou encore des Français qui ont un rêve et qui se donnent tous les moyens pour le réaliser, et tous leurs enfants qui ont pris le soleil sous leurs casquettes auréolées de transpiration dans la cour goudronnée du centre-aéré qui est souvent leur école-même.
Bref, certains Français n’ont pas ou quasiment pas quitté le boulot cet été. Et donc, pour participer à cette grande affaire qu’est la rentrée et qui semble préoccuper nombre de Français, encore faudrait-il qu’il y eût sortie !
La rentrée du député
Mais revenons à l’une des multiples définitions du mot rentrée du Larousse :
Pour un acteur, un homme public, fait de reparaître, après une absence, dans son activité : Député qui prépare sa rentrée politique.
Après un mois (ou deux ?) d’absence, va reparaître le député, cette créature dont Théophile Gautier ne pensait pas grand bien :
Je ne comprends guère l’utilité qu’il y a à parquer deux ou trois cents provinciaux dans une baraque de bois avec un plafond peint par M. Fragonard pour leur faire tripoter et gâcher je ne sais combien de petites lois absurdes ou atroces.
Le député, donc, reparaît… Peut-être faudrait-il que le dictionnaire ait spécifié qu’il doive se mettre au travail et non pas seulement « reparaître » ?
Ah, député, quand tu feras ta rentrée, souviens-toi que certains de tes électeurs qui ont cru travailler pour eux cet été, ont en fait travaillé pour toi, alors, s’il te plaît, travaille pour eux !
Sans chef et sans ministres, la France se porterait tout aussi bien.
confiait un jour Napoléon III à Arsène Houssaye. Mais ça, c’est une autre histoire…
Rentrée d’argent ?
Le mot rentrée a décidément beaucoup inspiré notre gros Larousse, qui en donne une autre définition :
Action de recouvrer des fonds ; somme recouvrée : Attendre des rentrées importantes.
Ah ! Si seulement retrouver les commandes de sa petite entreprise ou de son boulot voulait effectivement dire recouvrer des rentrées importantes ! Peut-être serait-ce vrai si la petite entreprise était un « Groupe occulte de personnes qui se soutiennent dans leurs intérêts par toutes sortes de moyens » (définition du mot mafia dans le même livre).
Les personnes de ce « groupe occulte » ne seraient-elles pas au nombre de 577 ? En ce cas, il serait normal que ce soient elles, « qui se soutiennent dans leurs intérêts par toutes sortes de moyens », qui « recouvrent les fonds », non ?
Grèves de rentrée ?
Mais haut les cœurs et finissons en beauté, en clin d’œil, ou en sourire ironique, voici la dernière définition laroussienne du mot rentrée :
Période qui succède aux congés annuels au début de l’automne : Des grèves qui annoncent une rentrée difficile.
Auteurs du Larousse, seriez-vous plein d’humour ?
Il y a fort à parier que cette définition-là ne se trouve dans aucun autre dictionnaire au monde : voilà une chose que seuls les Français possèdent… mais qui nous l’envie ?
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