EDF et renouvelables : pour qui sonne le glas ?

La dérive suicidaire de la politique industrielle d’EDF n’est pas prête d’être enrayée.

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Olivier Durand-EDF(CC BY-NC-ND 2.0)

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EDF et renouvelables : pour qui sonne le glas ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 août 2017
- A +

Par Michel Gay.

L’entreprise EDF est censée se comporter aujourd’hui comme toutes les autres entreprises. Mais, étrangement, la loi1 ne lui attribue pas les mêmes devoirs, notamment vis-à-vis des énergies renouvelables.

Ainsi, contrairement à ses concurrents, la loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité (dite loi NOME2) oblige EDF à :

– céder un quart de sa production de base (nucléaire et hydraulique), soit 100 térawattheures (TWh) à un prix « d’ami » (42 €/MWh)… à ses concurrents3, parfois parés de la couleur « verte ». Serait-il envisageable de demander à Renault de céder un quart de sa production à ses concurrents, à un tarif fixé par l’État ?

– céder 5% de sa production, soit 20 TWh environ, aux “entreprises locales de distribution” à un tarif voisin de 35 €/MWh,

– acheter la production électrique des énergies renouvelables en France à des tarifs fixés par l’État eux aussi,

– accepter l’obligation morale d’investir outre-mer, y compris Corse, St Pierre et Miquelon, île de Sein, toutes zones commerciales où ses concurrents ne se bousculent pas…

Les objectifs de l’UE

L’Union européenne a décidé de réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre, d’accroître son efficacité énergétique de 20 % et sa part des énergies renouvelable de 20 % dans le mix énergétique d’ici 2020. Cet objectif « 20-20-20 » sacralisé rend caduque les problèmes de tarifs, et donc toute réflexion sur ce thème.

Quelques législateurs  sont convaincus que la poursuite d’un tel objectif réduit à néant les chances pour EDF de maîtriser le coût de l’électricité et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais jamais ils n’en conviendront officiellement. Ils préfèrent se faire les complices de cette manipulation plutôt que de la dénoncer.

Presque tous les postes  de responsabilité  au ministère de l’Écologie sont aujourd’hui entre les mains d’écologistes idéologues qui souhaitent suivent le scénario de l’ADEME 100% d’énergies renouvelables. Greenpeace, le parti écologiste, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et l’association France énergie éolienne (FEE) paraissent y avoir le pouvoir absolu.

Impasse technico-financière

Ce scénario ADEME de fermeture du nucléaire conduit à une impasse technico-financière et prévoit la construction 174 GW d’éoliennes, soit plus de 60.000 machines de 2,5 MW. Pour mémoire la puissance totale installée est aujourd’hui de 11 GW pour 7.000 éoliennes.

EDF, à travers sa filiale Énergies Nouvelles, est devenue le fer de lance de cette politique  en prenant actuellement le contrôle du maximum de sociétés qui sont dans les énergies renouvelables, et notamment l’éolien. EDF EN a annoncée le 20 juillet avoir acheté 87,5% du spécialiste de l’éolien Futuren.

La dérive suicidaire de la politique industrielle d’EDF n’est pas prête d’être enrayée. Que survienne, un peu partout dans le monde, le prévisible tarissement des subventions et EDF se retrouvera au bord de la faillite, ou sera obligé de doubler ou de tripler la facture des Français.

Imposture des énergies renouvelables

En effet, lorsque l’imposture des énergies du vent et du soleil sera démystifiée une bonne fois pour toutes (une telle échéance est peut-être proche), l’éclatement de la bulle financière donnera le signal de la déroute de la plupart des systèmes électriques dans le monde.

Comment se fait-il qu’aucune voix de premier plan ne s’élève contre le sabotage méthodique d’une industrie nationale de premier plan ?

Qui donnera un coup d’arrêt à ce spectacle lamentable joué par des conjurés dont tout le monde peut vérifier que l’entreprise qu’ils sont en train de concocter, sur instructions du pouvoir politique, conduit à la faillite ?

Naufrage industriel titanesque

Un naufrage industriel titanesque se prépare avec le barde acclamé par 75% des Français, Nicolas Hulot, à la proue du navire France. Il ne reste plus qu’à créer un tribunal d’exception pour punir les hérétiques qui oseront s’opposer à ce programme et nous serons proches du retour à l’inquisition.

Cette hypocrisie ambiante d’une loi inique sur la transition énergétique ourdie contre l’industrie française amène aujourd’hui EDF et AREVA à entrer dans une zone de turbulences.

Où sont les coupables ?

Et pour qui sonne le glas ?

  1. Loi n° 2000-108 du 10 février 2000 relative à la modernisation et au développement du service public de l’électricité.
  2. La loi NOME du 7 décembre 2010 a fixé un nouveau cadre pour le marché de l’électricité en France.
  3.  Au prix de 42 €/mégawatheure (= mille kilowattheures)
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  • EDF est une entreprise publique, maintenue de force dans le statut fixé en 1945, et dont l’ouverture au capital privé a fait boire un bouillon aux couillons qui y ont cru. EDF fait toujours où on lui dit de faire, et les ordres de l’État feront toujours l’essentiel de ses actions.
    Sa faillite sera fictive, comme l’est sa supposée indépendance.

  • Si il y a un problème c’est sans doute celui ci:
    Le rendement des taxes sur l’énergie.augmenter les taxes tout en augmentant les coûts ne permet pas d’imaginer un avenir à notre filière énergétique. Au final ,le prix de l’électricité sera le même qu’en Allemagne sauf qu’en France on se chauffe à l’électricité et en Allemagne au gaz , gaz que nous serons obligé d’importer car plus personne ne pourra se chauffer à l’électricité…et ce gaz sera américain à un coût astronomique ou russe via ..l’allemagne.
    Moins de taxes donc plus d’impôt conjugué a des importations toujours plus importantes…on est foutu et c’est volontairement que nos gvt suicident notre économie.
    En 2030 nos voitures serons électriques mais qui pourra s’en louer une , l’acheter sera alors impossible !

  • La France devrait observer attentivement ce qui se passe outre-Rhin avec le démantèlement programmé de la production électrique nucléaire (de même qu’en Suisse). Depuis 2O11 le prix du KWh a plus que doublé. Et outre-Pyrénées la situation est maintenant clarifiée puisque toute subvention aux énergies renouvelables a été supprimée en raison de la situation financière critique des compagnies d’électricité. Enfin, je signalerai au Sieur Hulot que l’expérience « tout renouvelable » de l’île d’El Hierro dans l’archipel des Canaries montrée en exemple par les écologistes est un fiasco total. Depuis l’inauguration en fanfare du système éoliennes-pompage-turbinage la consommation de fuel pour les groupes électrogènes a augmenté alors qu’elle était prévue pour devenir nulle ! Belle illustration des rêveries des écologistes

    • Vous êtes vraiment mauvaise langue : en 2 ans l’île a réussi à se passer de fuel une fois pendant 24 heures… d’affilée Monsieur !

    • Oh mais c’est pas gentil de briser les rêves humides des écolos-bobos-socialos …
      Attention, ils vont se venger, par des mesures plus dures ❗

      • Vous vous fourvoyez complètement. Vous croyez tout ce que vous lisez sans vérifier. Tout ce que vous dites est faux et donc non transposable à notre pays.

      • Le secteur des transports, entre autre, vous a échappé, ainsi que toutes les subventions et le prix du kwh électrique très élevé.

      • Ah ah ah 100% autonome, Nibor faudrait apprendre à au moins utiliser les mots qui vont bien pour fourvoyer votre auditoire.

        On dit 100% renouvelable (on peut même dire sérieusement 125%) ou 100% neutre mais surtout pas 100% autonome, ni 100% verte et ce pour plusieurs raisons :

        1- l’île est interconnectée au réseau danois : la balance import-export est positive pour l’île mais comme dit Soren Hermansen. (Directeur de l’Energy Academy : « Nous sommes reliés au continent et pouvons faire appel au réseau national pour nous alimenter. Cela arrive, mais c’est marginal »

        2- Le projet n’a pu être financé que parce qu’il y a un tarif de rachat minimum de l’électricité et que l’électricité éolienne et photovoltaïque a la priorité sur les autres.
        Pire : ceux qui produisent de l’électricité éolienne à prix garanti dispose du tarif d’achat du marché alors qu’en fait ce sont eux qui le déséquilibrent avec des prix négatifs !

        – L’île brûle des déchets de bois, donc produit du CO2, mais dit qu’elle compense avec l’exportation d’électricité éolienne : le calcul est ainsi fait que l’électricité éolienne vous permet de vendre des quotas de CO2 sous prétexte que vous n’en avez pas produit alors que vous auriez dû.
        L’île arrive donc à être en négatif en CO2, mais c’est une vue de l’esprit : elle ne stocke pas le CO2 dans le sol.

        D’autre part, le Danemark importe 55% de ses besoins en bois, ce qui n’est pas neutre.

        – L’île a une densité de 35 habitants au km2 : la france c’est 100 habitants par km2

        – Le Danemark est un des rares endroits au monde où l’éolien a un sens et ce sont des pionniers dans cette industrie.

        Ce qu’il faut bien comprendre c’est que quand vous êtes presque autonome mais pas complètement, vous devriez dans une économie de marché payer le kwh importé par exemple de l’ordre de 1000€/kwh pour une 1ère tranche de 100kW puis 5000€/kwh pour les 1000 suivant etc (je vous rappelle que le kwh coûte actuellement 3-4 centimes sur le marché).

        Il ne faut donc pas être bien malin pour comprendre que ce type de fonctionnement n’est pas soutenable à 100% : vous pouvez brûler à bas coûts des déchets de bois quand c’est rare mais pas si ça devient une pratique courante car à ce moment là ce n’est plus un déchet. Idem pour les agro-carburants : vous les paierez par la hausse du prix de la nourriture au supermarché.

        • vous les paierez par la hausse du prix de la nourriture au supermarché.

          Bah, il bouffera plus rien, rien que des racines le long des routes. Et il s’imagine pouvoir vivre de son jardin… Sauf qu’il oublie les putains de taxes qui exploseront sur tout ce qui est utile.

          Au final, il l’aura la ou il faut et comme il faut 🙂

        • Vous n’aimez pas mon accroche journalistique ? 🙂
          Peu importe que Samso ou El Hierro soit 100% renouvelable, ou 95%, ou 50%.
          C’est toujours ça de moins de dépendance aux fossiles.
          Ce qui compte est de montrer la voie des possibles, d’entamer le chemin, d’initier un marché.
          .
          Content de voir dany qui insiste sur la difficulté à remplacer les fossiles dans les transports et surtout de fournir les volumes en équivalent renouvelable ou même nucléaire convertit.
          Voilà qui révèle l’ampleur de la tache qui nous attend pour aller vers un monde sain et durable.
          Ce n’est pas finger in the nose les gars, mieux vaut s’y préparer dès maintenant.

          • Reste à définir ce qu’est un monde sain et durable et le moyens d’y parvenir. Ce n’est pas en disant que quelque chose est sain et durable que c’est sain et durable. C’est une tautologie. De même pour les renouvelables. Qui peut prouver qu’elles sont saines et durables et lesquelles (du début à la fin du process).

  • Une question, d’un point de vue juridique, EDF étant une entreprise côtée, est-ce qu’il n’y a pas une possibilité de recours pour les actionnaires ?

    • S’il y a désinvestissement forcé de centrales qui pourrait encore tourner pendant 10 ans, alors c’est l’état qui indemnisera EDF et donc par effet de vases communicants les actionnaires.
      Mais pour ne pas payer, l’état pourrait faire pression sur l’ASN pour l’empêcher de délivrer l’autorisation d’exploitation, ou mieux encore pondre une réglementation du genre résistance des centrales à l’impact d’un vaisseau cargo intergalactique Klingon de classe 8…

  • Vivement que l’état taxe, surtaxe et retaxe sur la taxe de la taxe l’électricité produite par les particuliers et les entreprises…

  • encore un tissu d’âneries…..
    il suffit de se renseigner pour comprendre la politique d’EDF et voir en particulier les habitants de l’île de Sein ont dû se battre pour qu’EDF passe de groupes électrogènes Fioul à des énergies renouvelables

    • Ce n’est pas encore une réalité. On attend pour voir.

      • « Le 16 mai 2017, l’électricité de l’île a, durant trente minutes, été produite uniquement par le photovoltaïque et les batteries. Une première dans ce « projet pilote » que représente Sein aux yeux d’EDF. » en attendant « EDF souhaite y installer une éolienne de 100 ou 200 kW. La demande de permis de construire sera déposée à la rentrée, annonce l’entreprise. »

        • Si c’est pendant les heures creuses et en pleine production, c’est assez simple. Dans le cas inverse, c’est autrement plus problématique.

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