Les jeunes diplômés ont-ils un problème d’ego ?

Verrions-nous plus d’employeurs satisfaits et plus de salariés hautement qualifiés si le système éducatif commençait par prendre ses distances avec son fonctionnement essentiellement basé sur le pré-formatage des élèves et le culte des egos ?

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Les jeunes diplômés ont-ils un problème d’ego ?

Publié le 27 juillet 2017
- A +

Par Annie Holmquist.
Un article de la Foundation for economic education

Les jeunes d’aujourd’hui le savent car on le leur répète du matin au soir : le passage par les études supérieures est l’élément le plus important pour décrocher un emploi. De ce fait, beaucoup d’entre eux se dirigent vers la meilleure université qui rentre (ou pas) dans leurs moyens financiers.

Un diplôme ne prépare pas au monde du travail

Mais si l’on en croit une étude récente venue du Royaume-Uni, un diplôme de l’enseignement supérieur ne fait pas pour autant un bon professionnel. Ainsi que le montre le graphique ci-dessous, de nombreux employeurs se déclarent de moins en moins satisfaits de leurs nouvelles recrues, notamment en ce qui concerne l’attitude à l’égard du travail, les capacités de communication et de résolution de problèmes, ainsi que l’aptitude à développer de bonnes relations avec les clients.

Le quotidien britannique The Telegraph a apporté de l’eau au moulin de cette étude en relatant les expériences de plusieurs employeurs. Parmi eux, Crescens George :

Crescens George est Directeur de l’exploitation dans l’entreprise d’assurances Be Wiser Insurance Group. Il a expliqué au Telegraph que les jeunes diplômés ne sont pas préparés au « vrai monde du travail » et qu’il est souvent nécessaire de flatter leur ego.

En tant qu’employeur, vous attendez d’un diplômé qu’il maîtrise un tant soit peu les règles de base de l’entreprise et qu’il dispose de quelques compétences en communication. »

 

Une expérience vécue avec un jeune diplômé qu’il avait préalablement recruté, lui rappelle de mauvais souvenirs :

 

« Il ne voulait pas passer par l’apprentissage de terrain. J’attribue cela au stress d’avoir à rembourser 50 000 dollars d’emprunt étudiant, et à la découverte déconcertante que le « vrai monde du travail » est très différent de ce qui en est dit dans les amphis.

 

SI nous n’avions pas perdu 12 à 14 mois à flatter son statut de diplômé, je suis certain que ce jeune professionnel aurait rencontré le succès bien plus tôt et qu’aujourd’hui il serait en mesure d’obtenir des postes d’encadrement.

Des employeurs tels que Crescens George attribuent les problèmes des jeunes diplômés à certaines caractéristiques propres aux grandes universités, mais on ne peut s’empêcher de se demander si le mal ne serait pas plus profond.

Des lacunes qui viennent de l’enseignement

Serait-il possible que les lacunes pointées par les employeurs – manque des connaissances entrepreneuriales de base, faibles compétences en communication et attitude négative face au travail – provinssent directement de l’enseignement reçu dès les premières années scolaires ?

Regardez par exemple ce qui est enseigné sur l’individu. Selon les mots de C. S. Lewis, le système scolaire encourage une attitude du style «  tout le monde vaut tout le monde » sans se préoccuper des aptitudes ou des capacités des uns et des autres.

Eduqués dans cette idée, les étudiants ont facilement tendance à se croire sortis de la cuisse de Jupiter. Si ce travers n’est pas corrigé, ils ne seront que trop enclins à exiger de plus de plus de louanges et d’avantages à mesure qu’ils grandissent et accèdent au marché du travail.

Le problème de la socialisation au travail

Ou regardez la façon dont l’école développe la socialisation des élèves. C’est depuis longtemps l’un des objectifs les plus importants du système scolaire, mais force est de constater que cette socialisation ne se fait qu’à l’intérieur d’une seule classe d’âge.

Les élèves ont alors du mal à interagir avec des individus n’appartenant pas à leur cercle immédiat. Cela devient problématique lorsqu’ils entrent dans la vie active et doivent coexister pacifiquement avec des personnes, clients ou collègues, ayant 10, 20 ou même parfois 50 ans de plus qu’eux.

Se familiariser avec le monde de l’entreprise

De plus, le système éducatif a éliminé bon nombre d’expériences qui permettaient de se familiariser avec le monde de l’entreprise – les classes-ateliers par exemple – tout en dénigrant le concept d’apprentissage. Sans ces expériences précoces, il n’est guère étonnant de constater que les jeunes salariés n’ont aucune idée du monde de l’entreprise dans lequel ils entrent.

Verrions-nous plus d’employeurs satisfaits et plus de salariés hautement qualifiés si le système éducatif commençait par prendre ses distances avec son fonctionnement essentiellement basé sur le pré-formatage des élèves et le culte des égos ?

Traduction de Nathalie MP pour Contrepoints.

Sur le web

 

 

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  • Ce phénomène existe-t-il en France, avec les diplômés de nos grandes écoles ou de nos universités?

  • Je n’ai pas l’impression que ce soit le phénomène du « tout le monde vaut tout le monde » qui pose problème puisque cela ne dit ce que tout le monde vaut… Si effectivement le monde de l’éducation ressasse aux étudiants qu’ils sont des demi-dieux alors ils seront des problèmes dans le monde du travail même ceux brillantissimes.
    Les autres points remontés sont plus pertinents, déconnexion de la période d’éducation et du monde du travail, manque de liens entre classe d’âge.

  • Les universités doivent s’adapter aux besoins des entreprises et non le contraire. Combien d’universitaires sont près à faire cela, à « s’abaisser » à faire cela?

    • Pourquoi ? Des étudiants, qui en fin d’études, seraient capables de travailler dans une entreprise c’est inadmissible ?

      • Ils n’en sont pas capables, vous ne comprenez pas? Pour une entreprise ils ne sont pas opérationnels, et ce n’est pas une université pour leur apprendre les bases!

        • « Ils n’en sont pas capables »… Si les Étudiants en sont incapables, ce sont les formateurs qui sont nuls !
          Aucune notion de la vrai vie, ils sont dans leur bulle du fonctionnariat (avec comme Dieu la CGT).
          Il est vrai que les super-diplômés ont une tête bien faite mais ils ne savent absolument pas travailler en équipe ils ne font que bachoter. Je pense qu’il faudrait les faire travailler en binômes et « en projets » de 4 et de 8 dès la 5ème. Et peut-être aussi que les profs devraient également enseigner en binôme l’un enseignant l’autre en tant qu’assistant en fonction de leur matière de prédilection (mais dans des classes de 30 ou 40).
          Apprendre au minimum la manipulation d’un Traitement de Texte et à manipuler le clavier sans le regarder… Et pour les fadas de tablettes leur faire rédiger un texte d’une vingtaine de pages avec 2 ou 3 schémas sur leur merveille !

  • Je demeure consterné devant la nullité des candidats se présentant aux entretiens dans mon entreprise, ne maîtrisant pas les compétences de base pourtant sanctionnées par leur diplômes et effectivement dotés d’un ego hypertrophié conduisant à des troubles de la relation au travail. J’ai désormais décidé de renoncer et sous traite en Asie… Un constat désastreux pour l’éducation et les familles. Cette décadence aura des conséquences societale graves très bientôt.

  • Ils sont par ailleurs aussi mauvais en orthographe et en grammaire que mon « smart » phone!

  • ben dis donc ,entre les non ou pas assez diplomés qui ne trouvent pas de travail et les hypers diplomés qui ne valent pas un pet de vache , ou va t’on je vous le demande…..

    • Il y a quand même des trucs étonnants en France, pour postuler à un poste de caisse de super-marché il faut être Bac+2 dans les années 60 le certificat d’étude suffisait ! Ceux qui en était titulaire f

      • (j’ai été coupé) Ceux qui en était titulaire faisait très peu de fautes d’orthographe et arrivait à rendre la monnaie sans l’assistance de la caisse-enregistreuse.
        Que vaut le Bac aujourd’hui, à l’époque citée il ne représentaient que 15 à 20% des jeunes ! La France marchait pas plus mal que maintenant, il me semble.

  • Non seulement ils ne sont pas préparés au monde du travail, mais se prennent pour des Dieux et méprisent les anciens! Difficile dans ses conditions de leur apprendre le métier sur le tas. Ils devraient au moins posséder les bases pour pouvoir le faire, mais c’est rarement le cas.

  • Et je pense qu’il n’y a pas que l’eduction, la société elle meme tire vers l’ego : les reseaux sociaux sont le chantre de l’ego centrisme de masse.

    like+like+like

  • Encore une fois c’est la société entière et y comprit les entreprises qui, en abandonnant toutes leur prérogative d’éducation et de formation aux seules écoles, ont conduit à ce désastre qu’est la « diplomite ». Tout absolument tout est jugé à l’aune du diplome, l’exéprience professionnelle, les motivations réelles n’entre pour ainsi dire pas en ligne de compte. La société française, comme dans bine d’autre domaine à troqué une pseudo sécurité confortable contre sa liberté et comme à chaque fois cela conduit à inefficacité, au gâchis de ressources et à l’injustice.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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