Par Simone Wapler.
Le déficit sera plus important que prévu et probablement au-dessus de la limite fatidique des 3% en 2017. La Banque de France l’estime déjà à 3,1%.
Le régime des retraites coule lentement mais sûrement : l’équilibre est « retardé » de 2020 à « pas avant 2040 », voire la Saint Glinglin selon les scénarios projetés. Je vous laisse savourer le sérieux d’une telle communication.
La CSG sera relevée dès l’automne.
L’audit des finances publiques doit être remis début juillet par la Cour des comptes.
Il y a fort à parier qu’Emmanuel Macron et son gouvernement feindront alors la surprise sur le délabrement des finances de l’État et se plaindront de devoir assumer l’héritage du précédent gouvernement.
Faux.
La médiocrité en héritage
Ce n’est pas seulement le précédent gouvernement, c’est l’héritage de 43 ans d’impérities. Durant plus de quatre décennies, les gouvernements de tous bords ont financé leurs largesses non pas par l’impôt mais par la dette publique, c’est-à-dire l’impôt différé. La droite et la gauche possèdent un programme commun : l’étatisme.
Toujours plus d’État-providence, toujours plus d’interventionnisme, toujours plus de dettes.
Ce cercle vicieux ne sera pas brisé de sitôt : plus de 100 économistes, issus du monde universitaire et pas seulement français, ont plébiscité le programme économique de Jean-Luc Mélenchon. Ce programme prévoyait 100 milliards de dépenses supplémentaires dans des secteurs « pas ou peu soumis à la concurrence internationale » et prône la politique de l’État comme « employeur en dernier ressort ».
La dette n’est plus un problème car avec des taux à zéro, elle peut, en théorie, devenir infinie.
Le rôle de l’épargne
Si les taux restent indéfiniment à zéro, l’épargne est tuée. Il se trouve qu’en dehors de notre douce France, dans certains pays peuplés de buveurs de bière pratiquant une austérité démoniaque, l’épargne finance non seulement les investissements privés mais aussi les systèmes de retraite.
En France même, l’assurance-vie est en réalité le plus souvent une épargne retraite par capitalisation. Tuer l’épargne avec des taux zéro, c’est pousser le curseur encore plus loin vers le collectivisme. Tout le monde n’y est pas encore prêt en Zone euro.
Les buveurs de vin ont tendance à croire que plus on boit le vin de la cave, plus on s’enrichit. C’est ce que nos doctes économistes appellent la « politique de la demande ».
La politique de l’offre
Ces universitaires, esprits purs planant très au-dessus des viles contingences matérielles, ne se demandent jamais comment la cave s’est remplie ou comment faire pour qu’elle soit le plus remplie possible.
Chez les buveurs de bière, on pense qu’il vaut mieux entasser les fûts avant d’ouvrir la Gasthaus. C’est ce qu’on appelle la « politique de l’offre ». On surveille le stock. On évite d’estourbir les brasseurs ou de leur mettre des bâtons dans les roues.
Les élections fédérales allemandes se dérouleront le 24 septembre 2017 et seront cruciales pour l’Union monétaire.
En l’état, cette union est contre nature. Les critères de convergence ramenés au PIB sont idiots et ne recouvrent rien. Mettre à l’amende un pays déjà dépensier est inepte. Il empruntera pour payer l’amende !
Collectivisation de l’économie
La signification du mot « PIB » dans un pays comme la France où l’État contrôle directement ou indirectement plus de 56% de l’économie n’est pas la même que dans les pays où le secteur privé est resté majoritaire. Cette collectivisation de l’économie explique qu’en France on crée beaucoup d’emplois mais peu de richesse. Le secteur privé, celui qui remplit la cave, a perdu la main depuis trop longtemps.
Le seul critère qui vaille est l’inscription de la « règle d’or » budgétaire : toute dépense publique doit être financée par l’impôt.
En France, la pression fiscale étant déjà infernale, la « règle d’or » signifierait un retour immédiat à la sobriété. Il y a fort à parier que l’abstention baisserait et que les consciences politiques civiques se réveilleraient.
Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore en faillite car les intérêts de la dette – qui grossit toujours – ne cessent de diminuer. Imaginez une seconde que la vapeur se renverse et que les intérêts de la dette se remettent à augmenter…
Le gouvernement agitera gadgets et hochets, promettra que la cave sera à nouveau remplie. Mais il sera trop tard. Nous boirons la coupe jusqu’à la lie.
Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici
Merci à Simone Wapler et à Contrepoints pour cet article qui reflète la réalité économique de notre pays et, ceci, dans le contexte « pro-Macronien » d’une presse devenue soudain, majoritairement et outrageusement le support d’une puissance française supposée qui ne repose sur aucun critère objectif….
Je suis étonné que MM. Macron et Philippe n’aient pas pensé à recruter Mme. Wapler, experte, comme ministre de l’économie, des finances ou du budget, à tout le moins comme secrétaire d’Etat compétent auprès d’un ministre « politique ».
Nous serions sauvés de la faillite, car elle aurait certainement le courage politique et la détermination nécessaires à une politique nécessaire et très difficile à mener dans notre société !
Qu’attend-elle pour expliquer enfin à tous ces politiciens comment il faut faire ?
Pourquoi n’a-t-elle pas été candidate aux élections pour porter haut et fort sa parole salvatrice dans les centres de décision ad hoc ?
Il est plus facile de crier au loup, à tort ou à raison.
« Notre PIB prend en compte dans ses calculs, la pollution de l’air, la publicité pour le tabac et les courses d’ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production de napalm, des armes nucléaires, et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre les jouets correspondants à nos enfants.
En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaîté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie, ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en compte notre courage, notre sagesse, ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la compassion, ou du dévouement envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. » (Robert Kennedy le 18 mars 1968 à l’université du Kansas)
Il est totalement faux de dire que, les taux d’intérêt étant à 0%, la dette peut en théorie devenir infinie.
Le service de la dette n’inclut pas seulement les intérêt mais aussi le principal. Par ailleurs, dans le système légal actuel, le service de la dette (intérêt + principal) est prioritaire par rapport à toutes autres dépenses. Il s’ensuit donc que si la dette est trop importante par rapport au revenu, le service de la dette finit donc par absorber une part trop importante du revenu même avec des taux à 0% et compriment donc les autres dépenses, déclenchant une contraction économique du type 2008. Par exemple, si la dette représente 4x le revenu et est remboursable linéairement en 10 ans, même si les taux sont à 0%, le service de la dette absorbe toujours 40% du revenu initial. Il ne reste donc que 60% pour les autres dépenses.
Globalement, le total maximum de l’ensemble des dettes publiques et privées (ménages, entreprises) compatible avec des taux à 0% est environ 400% du PIB. Pas infini.
Vous n’avez absoluemnt rien compris au fonctionnement d’un état. La France, comme tous les états, ne rembourse que les intérêts, jamais le capital. Chque fois qu’une obligation d’état arrive à échéance, on émet un nouvel emprunt pour le rembourser. De sorte qu’avec des taux à zéro, la dette pourrait, en principe devenir infinie, tant qu’il y a des gens pour acheter notre dette. C’est là la limite relle.
Le système explose en vol le jour où l’on ne trouve plus personne pour acheter la nouvelle dette destinée à rembourser la précédente. On se trouve alors à devoir trouver en l’espace de quelques jours des sommes de l’ordre de 300 milliards. Que se passer-t-il, à votre avis? On ira piocher dans vos poches, mes amis.
Protégez-vous!
@Gerald555
Oui c’est vrai ,nos n’avons rien compris!
Puisque ce n’est pas votre cas ,faites nous un petit historique précis de l’origine de cette dette menaçante dont on parle tant, et surtout indiquez nous les raisons de son caractère avant tout financier, ce qui pose un problème certain.
Un petit zest d’exhaustivité serait le bienvenu dans ces échanges…
Caractère avant tout financier ? Vous allez nous ressortir la fumeuse loi Pompidou ?
La dette est avant tout le résultat de là propension sans limite des gouvernants de dépenser du pognon pour acheter leurs électeurs.
Certains mettent en cause « la finance », mais elle n’est que l’instrument utilisé par les irresponsables élus pour assouvir leur faim illimitée.
@Pukuratane
il semble que la notion même d’élus fasse partie d’un système démocratique ne croyez vous pas?
Les choses ne sont hélas pas si simples et je ne serais pas aussi certain que vous l’êtes…
Nos politiciens ont déjà prévu la chose en pondant une loi permettant de spolier les épargnants!
Le fait que les dettes jugées recouvrables sont perpétuellement refinancées n’implique nullement que le ratio dette / revenu tende vers l’infini quand les taux d’intérêt tendent vers 0%.
Quand les taux d’intérêt convergent vers 0%, le ratio dette / revenu maximum augmente et converge vers une limite finie, proche de 400%.
Il ne saurait d’ailleurs en être autrement car, à tout moment, le stock de capital total est une quantité finie correspondant à un multiple fini de la production totale. Pour une population totale et un niveau de production totale donnée correspond ainsi un volume bien déterminé d’usines, d’équipements, de bureaux, d’appartements et de maisons, de routes, d’autoroutes, de ports, de ponts, de voitures, d’écoles, d’hôpitaux, de navires, d’avions, de centrales électriques, de réseaux de communications, de stocks de produits, etc. Ce stock de capital immense mais il est fini. Même s’il était possible de financer intégralement ce stock de capital par dette sans aucun fonds propres, le ratio dette totale / production totale serait donc fini.
Que cette dette physiquement finie puisse être exprimée en un nombre toujours plus grand et éventuellement convergeant vers l’infini d’unités monétaires par dilution monétaire, cela est certes possible, en cas d’hyperinflation.
Si Gerald555 pense que la dette peut converger vers un multiple infini du revenu, qu’il le démontre. Sinon, qu’il admette que c’est finalement lui qui n’a rien compris.
@ DVD
Merci pour cette démonstration concrète qui démontre qu’une dette implique forcément « un passage en caisse »à un moment ou à un autre.
Prôner un effacement pur et simple de cette dette abyssale comme proposition de certains, n’est donc pas sans conséquences.
Quant à une possible hyperinflation,la méthode est radicale mais également risquée.
Ne pas perdre de vue in fine que nous ne sommes plus au 20ème siècle si l’on aborde le problème de l’inflation.
Oui, toutes les dettes ont une contrepartie réelle et, que ce soit par mutualisation sur le bilan public des dettes privées problématiques, par défaut des dettes irrécouvrables ou par érosion de dettes fixes par inflation, la question est toujours la même : qui absorbent les pertes liées à l’excès de dette ? Naturellement, c’est une question éminemment politique.
Avec des dettes totales (publiques + privées) qui, dans un nombre croissant de pays de par le monde, continuent de croître relativement au revenu total pour converger vers le niveau maximum compatible avec des taux durablement à 0%, cette question risque de dominer la politique nationale, régionale (en particulier européenne) et internationale dans les années à venir.
Le problème c’est que le pays est déjà à plus 5X le PIB en dette réelle.
Avec une duration de l’ordre de 7 ans.
71 % PIB
PIB ❓ BIP BIP BIP en anglais, ce qui fait BOUM à la fin ❗
71% + 57% > 100 %
PIB BIP BIP BIP BOUM
Ce n’est pas un chiffre facile à trouver ou facile à reconstituer. Pouvez vous donc s’il vous plaît expliciter ce chiffre de 500% du PIB en donnant la répartition dettes des administrations publiques, dettes des entreprises, dettes des ménages et autres (en précisant pour « autres » de quoi il s’agit, par ex. dettes des institutions financières ou engagements hors bilan pour les retraites des fonctionnaires, etc) en indiquant vos sources. Merci
Chercher Gokhale, chercheur indien. Googler « Gokhale NCPA-319 » par exemple.
Et excellent lecture 🙂
PIB BIP BIP BIP BOUM 🙂
D’ailleurs, il me semble que Gokhale a été cité 2 fois sur ce site.
5.49 fois le BIP de 2005. depuis, cela ne s’est pas arrangé, sinon expliquez nous comment
On demande à comprendre ❗
PIB BIP BIP BIP BOUM
Le chiffre auquel vous faites référence inclut la valeur actualisée des engagements de retraites futurs non couverts. Et nous entrons là dans le brouillard qui enveloppe cette question de la dette. C’est pourtant la question économique majeure du moment : pourquoi et comment la dette globale relative au PIB mondial qui n’avait cessé de baisser de 1945 au milieu des années 1970 s’est-elle retournée à partir de ce moment là pour enfler sans arrêt depuis jusqu’aux niveaux actuels très problématiques, la boule de neige continuant sans aucune interruption après la sévère alerte de 2008-2009 grâce à l’abaissement généralisé des taux d’intérêts ? On s’attendrait donc à ce que les instituts de statistiques et l’ensemble des économistes officiels et privés soient entièrement mobilisés pour trouver la réponse à cette question cruciale. Et bien, pas du tout. Trouver le chiffre de la dette totale (publique + privée) d’un pays est très difficile. Quand on trouve des chiffres, on s’aperçoit qu’aucun n’est calculé selon la même métrologie. On s’aperçoit qu’il n’y a même aucun accord sur la méthodologie. Doit-on inclure les engagements de retraite non couverts ou non ? Doit-on inclure la dette du secteur financier ou non ? Et ainsi de suite. On arrive ainsi souvent à des estimations qui varient pour un même pays de plusieurs centaines de points de PIB. Sans données cohérentes, pas facile de cerner l’ampleur du problème, de poser un diagnostic fondé et de trouver les remèdes. Le brouillard persiste. Il en effet probable qu’on n’aperçoive l’iceberg que trop tard.
Exactement, BIP BIP BIP, iceberg en vue mon Capitaine
Sauf que là, le Capitaine sera le premier à descendre dans la chaloupe, les autres se démerderont, tel est le scénario probable.
Il est vrai que comparer la France à un autre pays, c’est délicat avec son état métapropriétaire de tout. mais il faut bien des chiffres pour avoir des ordres de grandeurs.
Ben le taux d’épargne des français est assez proche de celui des allemands. Les américains épargnent peu et on ne fait pas d’eux un pays du collectivisme. L’épargne dépend également de facteurs culturels variable selon les pays. Alors oui la France doit réduire sa dépense publique parce qu’elle n’est pas efficace.
La France socialiste est en faillite….formidable et normal non?
Cela ne posera de problème qu’aux français dépendant de l’aumône publique…pour tous les autres , bof ,un peu plus d’impôts et taxes que l’on compensera par un peu plus de fraudes.
lemaire à l’intention de prendre des décisions difficiles en ce qui concerne les fameux 3% à ne pas dépasser…..mais il y en a que ça n’a pas l’air de géner ……quand on apprend que le maire d’orléans , olivier carré ( LR ) vient de s’occtroyer une augmentation de salaire de 300% , ça fait rager car cet argent c’est celui des contribuables ;
N’oublions pas qu’une politique de l' »offre » est en réalité aussi indirectement une politique de la « demande » . Des entreprises prospères et en développement ayant tendance à consommer, en particulier des services (transports, services financiers, etc.). En revanche une politique de la « demande » n’est pas forcément une politique de l' »offre » en creux, car dans une économie non compétitive, les consommateurs vont essentiellement se tourner vers des produits et même des services en provenance de l’étranger.
43 d’imperities mais à cause d’un « modèle sociale » datant de 72 ans , qui aurait du disparaître il y a 40 ans. Malheureusement au lieu de Tatcher nous avons eu Giscard, Mitterrand, Chirac…que des rad socs.
Eh oui 1942 ou 1945-2017 on fête les 72 ou 75 du communisme en France
75 ans pour faire faillite en URSS mais le répit n’a été que de courte durée
De quoi être franchement pessimiste
Preuve plus qu’évidente que le monde universitaire comporte un nombre important d’abrutis et de crétins. Incapables de se rendre compte que leur salaires et leurs budgets sont payés par les richesses produites par les entreprises. Comme quoi intelligent et universitaire ne vont pas ensemble.
Gerald555 a raison au niveau du constat : les États (et les soi-disant économistes qui les soutiennent) pensent qu’ils peuvent s’endetter indéfiniment parce qu’ils pensent qu’ils trouveront toujours quelqu’un pour leur prêter, et qu’à défaut ils pourront toujours faire les poches des citoyens.
La vraie différence, c’est entre ceux qui professent que c’est très bien comme ça (puisque l’État a par définition tous les droits) et ceux qui pensent que c’est scandaleux et irresponsable, et qu’il faut encadrer sévèrement le pouvoir de nuisance de l’État.
Mais ces derniers ne seront jamais au gouvernement, et pour cause !
Retarder l’équilibre du système de retraite par répartition de 2020 à 2040 revient simplement à attendre que la démographie se charge d’elle-même de régler le problème.
En clair, cela revient à dire qu’il n’est nullement besoin de gouvernement ni d’aucun appareillage étatique pour gérer le système de retraite.
De l’audace réformatrice, que diable ; du profond renouvellement, voyons ; en marche vers ces solutions « qui dépassent les vieux clivages et qui marchent »…