Les 5 vices de la politique monétaire qui étouffent la croissance

L’objectif officiel des banquiers centraux est de faire en sorte que notre économie fonctionne sans anicroche. Mais si les politiques des banques centrales étaient la cause même de nos problèmes et non leur solution ?

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Les 5 vices de la politique monétaire qui étouffent la croissance

Publié le 3 juin 2017
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Par Nick Hubble.

La Grande-Bretagne avait autrefois le National Coal Board, la British Gas Corporation et bon nombre d’autres agences et institutions au travers desquelles l’État contrôlait l’économie. Elles ont depuis été privatisées ou fermées parce qu’on a fini par se rendre compte que l’économie de marché fait un bien meilleur boulot que l’État.

Les banques centrales ne sont pas différentes, simplement nous ne nous en sommes pas encore rendu compte.

Regardons de plus près les imperfections du système des banques centrales et en quoi cela peut représenter pour vous des opportunités d’investissement…

Des taux trop faibles pendant trop longtemps

On peut imaginer pourquoi les banquiers centraux étant aux manettes de l’économie, ils la sur-stimulent et la soutiennent artificiellement : ils veulent garder leur poste et satisfaire ainsi les politiciens qui les ont nommés. Pour ce faire, ils ont maintenu les taux d’intérêt artificiellement bas pendant trop longtemps.

Des taux d’intérêt artificiellement bas encouragent les emprunts. L’investissement le plus lié à l’emprunt est bien sûr la propriété immobilière puisque les ménages contractent un crédit pour acheter un bien immobilier. Sans surprise donc, on peut affirmer que les bulles immobilières sont une conséquence des pratiques des banques centrales.

En Europe, c’est encore plus facile à constater parce que des pays différents partagent la même politique monétaire. Avant 2007, le taux d’intérêt commun fixé par la Banque centrale européenne était élevé pour l’Allemagne et bas pour l’Irlande. Le résultat a été un boom immobilier en Irlande et une économie languissante en Allemagne.

Après la crise financière le vent a tourné. Le taux d’intérêt est aujourd’hui trop faible pour l’Allemagne, qui a été moins touchée par la crise, et les Allemands connaissent à leur tour un boom immobilier. La Grèce est encore dans le marasme.

Le Royaume-Uni possède sa propre monnaie et sa propre politique monétaire. Mais le même effet s’applique. Si le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney maintient les taux d’intérêt faibles pour stimuler la croissance économique, il y aura à nouveau une bulle immobilière. Il est peu probable qu’il maintienne les taux élevés même s’il existe un précédent avec la politique de répression contre l’inflation à l’époque de Margaret Thatcher.

La peur irrationnelle de la déflation

Les banquiers centraux ont pour tâche de satisfaire leurs objectifs d’inflation – environ 2%. La politique de taux d’intérêt du gouverneur Mark Carney est conçue pour atteindre cette cible. Mais il existe de nombreux types d’inflation qui ont diverses causes.

Prenons l’exemple d’une pénurie de pétrole. Cela entraîne une importante inflation. Mais le meilleur moyen de résoudre cette pénurie de pétrole est d’autoriser cette inflation. Elle incite à une plus grande production de pétrole et alloue le pétrole au meilleur usage économique.

Si on empêche l’inflation d’avoir lieu, les motivations pour résoudre le problème sont cachées. Comme le disent les traders sur matières premières, le meilleur remède contre les prix élevés sont les prix élevés. Cela encourage une plus grande offre.

Le revers de la médaille est l’émergence de la Chine du régime communiste. Au cours de ces dernières décennies, cela a signifié que toutes sortes de biens sont devenus moins chers pour les consommateurs.

Mais les banques centrales compensent cela en alimentant l’inflation pour lutter contre la baisse des prix. C’est pour cela qu’elles ont laissé les taux trop bas pendant trop longtemps, comme expliqué plus haut.

Comme l’a un jour observé le célèbre économiste Milton Friedman, « l’inflation est partout et toujours un phénomène monétaire ». Il voulait dire par là que la véritable inflation est provoquée par le fait que les banques centrales jouent avec la masse monétaire.

En régime normal, avec les prix, l’économie s’envoie à elle-même des signaux sur ce qu’il faut produire, comment le produire et en quelles quantités. Une hausse des prix dans un secteur donné s’autocorrige. Si l’on élimine ces signaux, on obtient un désordre économique.

Une autre raison à l’objectif d’inflation est que les banquiers centraux craignent la déflation. La chute des prix rend la dette plus chère à rembourser. C’est le pire cauchemar d’un banquier central car il utilise l’emprunt pour stimuler l’économie. Dans une déflation de la dette, l’économie est en chute libre car la chute des prix déclenche les défauts, ce qui entraîne une chute encore plus forte des prix.

Une déflation simplement modérée n’est pas une mauvaise chose au regard de l’Histoire. La Révolution industrielle en est un bon exemple : la technologie a fait baisser fortement les prix pour le bénéfice des consommateurs.

La stabilité imposée est une fausse stabilité

L’économiste russe Hyman Minsky a expliqué comment la stabilité alimente l’instabilité. Nous devenons trop satisfaits de nous au fil du temps si nous ne faisons jamais face à l’adversité. L’économie étant réellement un reflet de l’action humaine, elle présente donc la même dynamique.

Avant la crise financière mondiale, nous vivions ce qu’on appelait la Grande Modération, tenue par la main ferme d’Alan Greenspan à la Fed. L’inflation, l’emploi et le PIB étaient solides et stables… jusqu’à ce que la catastrophe éclate en 2008.

Lorsque les banques centrales imposent la stabilité à l’économie, cela incite à emprunter de plus en plus. Les gens n’ont pas peur des périodes économiques difficiles parce qu’ils ne les ont pas connues. Dans cet environnement, ceux qui sont prêts à emprunter le plus ont le niveau de vie le plus élevé.

Mais la dette a un résultat binaire. Si vous n’en avez pas les moyens, la situation peut virer à la catastrophe très vite. C’est généralement le cas lorsque les taux d’intérêt sont relevés par la banque centrale dans le but de repousser l’inflation qu’elle a créée avec sa politique molle des taux d’intérêt.

Les krachs boursiers sont interdits

De nos jours, les marchés boursiers ne sont plus autorisés à connaître des krachs. C’est un cauchemar politique insupportable pour les patrons des banquiers centraux – c’est-à-dire les responsables politiques. Outre les plans de sauvetage des gouvernements, les banquiers centraux se tiennent prêts à soutenir les banques et les marchés financiers en périodes de stress. C’est ce pour quoi elles ont été conçues à l’origine.

Mais ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est que les banques centrales interviennent sur les marchés financiers de façon beaucoup plus directe qu’avant. Historiquement, les banques centrales avaient pour habitude de n’acheter que des obligations d’État pour gérer leur politique de taux d’intérêt. Les raisons à cela sont multiples et seraient trop longues à détailler ici.

Mais à présent certaines d’entre elles achètent d’autres produits de placement pour augmenter la masse monétaire et pour faire monter les investissements. La Banque du Japon est si désireuse de gaver les marchés boursiers qu’elle achète de grandes quantités d’actions. Elle fait à présent partie des 10 plus gros actionnaires pour environ 90% des entreprises qui constituent l’indice Nikkei 225 !

Si les banques centrales ont un budget infini et considèrent qu’il est approprié de doper le marché, alors un krach boursier est quasi-impossible.

La limite à la bulle de la dette

Les banquiers centraux utilisent les taux d’intérêt comme principal outil pour contrôler l’économie. De ce fait, ils influencent les montants que nous empruntons. Pour augmenter l’activité économique, ils abaissent les taux d’intérêt. Nous empruntons plus et l’économie flambe. Si elle s’échauffe trop et que l’inflation augmente, les banquiers centraux augmentent les taux et nous ne pouvons plus nous permettre d’emprunter autant.

C’est là le numéro d’équilibriste du banquier central. Il jongle constamment entre l’inflation d’un côté et la déflation de l’autre. Mais personne n’a jamais pensé à se demander où mène le fil du funambule.

La réponse : vers une montagne de dettes. Il n’est pas surprenant que les banquiers centraux nous aient fait avaler de plus en plus de dettes au fil du temps. Ils veulent la croissance économique car c’est elle qui permet à leurs patrons et à ceux qui les nomment d’être élus. La manière la plus facile pour les banquiers centraux de générer de la croissance est d’accroître encore plus l’emprunt via des taux d’intérêt moins chers.

L’Institute of International Finance a estimé la dette mondiale à 217 000 Mds$ US, soit 325% du PIB mondial. Elle n’a fait qu’augmenter régulièrement dans cette ère de politique monétaire des banques centrales.

Mais il y a une limite. La dette doit être remboursée, plus les intérêts. Avec des taux d’intérêt nuls, comment les banques centrales peuvent-elles continuer à obliger les gens à emprunter plus ?

Sans jamais augmenter les niveaux de dette et les emprunts, quelle peut être dorénavant la nouvelle source de croissance économique ? Serons-nous capables de rembourser nos dettes ?

Je ne le sais pas. Nous n’avons jamais connu ce cas de figure auparavant. Mais ce n’est certainement pas de bon augure pour une croissance du PIB à l’avenir.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici

 

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  • J’y connais rien en économie politique mais si le PIB n’augmente plus, comment va tourner le futur ?
    Qu’est-ce que cela va donner pour les générations à venir ?

  • Le Président Français vient de chez Rotschild………………

  • Les Francais ont encore voté pour celui qui présentait le mieux….. légèrement entraînés par leurs chers médias.

    Le droit de vote devrait être supprimé en France pour ce qu’il en font !!!

  • Les commentaires sont fermés.

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