Donald Trump critique l’Allemagne aussi sévèrement que Barack Obama

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Donald Trump critique l’Allemagne aussi sévèrement que Barack Obama

Publié le 1 juin 2017
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Par Daniel Girard, depuis les États-Unis.

Donald Trump ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il exprime ses idées. Il les martèle dans des Tweets où il n’hésite pas à utiliser les majuscules pour muscler son propos.

La chancelière allemande Angela Merkel a pu le voir le 30 mai quand le président américain a lancé cette salve contre l’Allemagne dans la twittosphère. «Nous avons un ÉNORME déficit commercial avec l’Allemagne, en plus elle paye BIEN MOINS qu’elle ne le devrait pour l’OTAN et le secteur militaire. Très mauvais pour les É.-U. Ça va changer», a-t-il écrit dans son Tweet.

L’irritant dans ce déficit commercial pour les Américains c’est qu’il leur est difficile de contrer aux États-Unis la popularité des biens allemands comme les véhicules Mercedes Benz mais ils déplorent que l’Allemagne ne crée pas les conditions pour réduire l’épargne et inciter les ménages à acheter des produits américains.

La faiblesse des dépenses militaires de l’Allemagne est un autre sujet contentieux. Alors que l’OTAN a demandé en 2006 aux pays membres de l’Alliance une contribution à la hauteur de 2% de leur Produit Intérieur Brut, l’Allemagne maintient sa contribution à un taux anémique de 1,2% même si elle continue d’enregistrer des excédents commerciaux records. En 2016, l’excédent commercial a atteint un nouveau sommet à 252,9 milliards d’euros.

Le vilain Donald Trump ? Barack Obama disait la même chose

Si l’on fait abstraction du style abrasif du président Donald Trump et que l’on analyse de près ses positions, on voit que dans ces deux dossiers, le milliardaire dit exactement la même chose que son prédécesseur, Barack Obama !

En 2009, lors d’un voyage en Allemagne Barack Obama avait fait ce commentaire en parlant de la nécessité de réduire l’écart du déficit commercial des États-Unis avec l’Allemagne :

Ce n’est pas la faute des Allemands s’ils fabriquent d’excellents produits que les Américains achètent. Mais nous voulons aussi nous assurer que nous fabriquons de bons produits que les Allemands achètent. Nous allons devoir rééquilibrer nos relations commerciales.

Les passagers clandestins de l’OTAN

Sur la question de la part des Européens dans les dépenses militaires de l’OTAN, le président Obama a été à peine plus gentil que Donald Trump. En avril 2016 à Hanovre, en Allemagne, Barack Obama a reproché aux chefs d’État européens qui ne contribuent pas assez d’être complaisants et d’être devenus des passagers clandestins de l’OTAN. Il a réclamé qu’ils paient 2% du PIB de leurs pays en dépenses militaires, tel que réclamé par l’OTAN.

La reine Angela Merkel

« La France sera dirigée par une femme, ce sera moi ou Madame Merkel » avait lancé Marine Le Pen à Emmanuel Macron lors du débat avant le second tour de l’élection présidentielle, le 3 mai. Un survol stratégique du paysage politique européen donne du poids à cette analyse.

Lorsque la réunification de l’Allemagne a eu lieu en 1990, l’Angleterre paraissait l’État désigné pour contrebalancer cette nouvelle Allemagne. Mais le Brexit a signifié la fin de cet équilibre.

L’arrivée d’Emmanuel Macron comme président de la France donne des ailes à Angela Merkel car elle pourra compter sur un partenaire inexpérimenté qui ne sera pas réfractaire à ses idées. En tout cas, pas initialement.

Une Allemagne en plein essor économique

Forte de l’euro, l’Allemagne a poursuivi sa domination régionale. 70% du commerce extérieur de l’Allemagne est dirigé vers l’Europe. Les deux tiers de la balance commerciale de l’Allemagne et ses excédents sont tirés de ses voisins directs. L’Allemagne est devenue une superpuissance dans un univers économique où il est difficile de la concurrencer.

Angela Merkel se dirige allègrement vers un quatrième mandat consécutif et il est peu probable que le SPD puisse l’arrêter. Qu’à cela ne tienne, avec un scrutin qui se déroulera en septembre le moment était idéal, lors du G7, de confronter le président américain Donald Trump plombé par une popularité anémique en Allemagne qui fait de lui une cible facile.

Le vent dans les voiles

Angela Merkel a le vent dans les voiles.
Donald Trump sera désormais le cadet de ses soucis.

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  • Les Allemands se sont habitués à faire payer leur protection par l’OTAN, interdits qu’ils ont été d’avoir une vraie armée pendant longtemps.
    La présence de troupes d’occupation américaines ne les dérange pas plus que ça …

  • Je me souviens des commentaires délirants de certains partis dénonçant le renouveau du militarisme allemand, qui mettait de nouveau en danger la paix mondiale et rappelant les Heures les Plus Sombres de Notre Histoire. Maintenant, il est demandé aux mêmes Allemands de remilitariser fissa alors qu’ils n’ont aucune ambition mondiale et que l’ennemi à l’est n’est pas avéré.

  • Trump aussi bien que le Bexit sont en train de rendre un bon service à l’Europe: ils l’invitent à se passer de la tutelle des anglo-saxons.

  • L’invitation à monter les dépenses militaires à 2% du PIB est purement incantatoire. Tous les pays européens l’ignorent superbement. Leur analyse est que depuis l’effondrement de l’URSS aucune menace existentielle ne s’exerce contre eux. La menace terroriste ne se combat pas avec des porte-avions et des chars, elle se combat avec du renseignement et des forces spéciales, ce qui coûte beaucoup moins cher ! Dès lors un socle minimum de 1,2 à 1,7% suffit pour entretenir une armée minimaliste, capable de monter en puissance un jour si besoin. Il n’y a que les USA perdus dans leur délire militariste pour croire que la Russie menace la paix dans le monde et qu’il est de leur devoir d’apporter la démocratie par les armes partout dans le monde (avec le succès que l’on sait ).
    Le cas de la France et de la Grande-Bretagne est un peu différent. Puissances nucléaires, membres du conseil de sécurité des Nations Unies, attachés à ce que leur voix porte sur la scène internationale, ces deux pays font le choix d’entretenir un appareil militaire complet pour pouvoir intervenir efficacement dans la plupart des conflits classiques. Mais dans le cas de l’Allemagne, il n’y a aucune raison de gaspiller de l’argent en dépenses militaires.

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