Par Daniel Girard, depuis les États-Unis.
Il y eut, au XXème siècle des poignées de main entre chefs d’État qui ont couronné un travail de concertation remarquable et ont changé l’histoire. Les accords de Camp David entre Israël et l’Égypte en 1978 et l’entente de désarmement nucléaire entre les USA et l’URSS en 1986 en font partie.
Camp David.Dur de trouver une poignée de mains plus riche symboliquement que celle de Anouar el-Sadate et Menahem Begin le 17 septembre 1978 pic.twitter.com/V713RiQxAe
— Daniel Girard (@DanielGGirard) May 30, 2017
Voilà une poignée de mains qui méritait de faire la manchette. Ronald Reagan serrant la main de Mikhail Gorbatchev, Reykjavik, octobre 1986 pic.twitter.com/q6887BEcRx
— Daniel Girard (@DanielGGirard) May 30, 2017
Mais, en 2017, on ne peut de toute évidence pas juger de l’importance historique d’une poignée de mains entre chefs d’État en se fiant juste sur la rapidité et l’intensité de sa propagation sur internet et dans les réseaux sociaux. Ainsi, la poignée de main du 25 mai entre le président américain Donald Trump et le président français Emmanuel Macron a fait le tour du monde… même si elle ne signifiait… rien.
https://twitter.com/RadioTeleSuisse/status/868768859817377792
https://twitter.com/erveza/status/869037102796685312
Une poignée de mains lourde de sens ? Lequel ?
L’événement a non seulement été largement diffusé mais il a été décortiqué, analysé et infusé de sens par des analystes sérieux œuvrant dans des quotidiens réputés, comme le New York times et le Washington Post.
Frank Bruni, du New York Times, a vu dans la poignée de main du président Trump un geste de domination d’un mâle alpha qui a incité Emmanuel Macron à répondre avec la même intensité pour contrer l’agression.
La poignée de mains est décrite comme un combat. Frank Bruni souligne que les deux hommes avaient les mâchoires serrées, que leurs visages alternaient entre sourires et grimaces, qu’ils se sont serrés la main jusqu’à ce que les jointures de Donald Trump pâlissent. Pour Frank Bruni, un tel geste de Donald Trump vaut un millier de mots.
Opinion: In the post-truth presidency, a gesture is worth a thousand words, @frankbruni writes https://t.co/kewBCI2RTv
— The New York Times (@nytimes) May 26, 2017
On se sent comme une poupée de chiffon…
Jonathan Capehart du Washington Post attribue la vigueur équivalente de la poignée de main de Macron à celle de Trump à un avertissement qui aurait été donné au président français par Gérard Araud, l’ambassadeur de la France à Washington.
Lors d’un dîner à la somptueuse résidence de l’ambassadeur à Washington, Jonathan Capehart et un autre invité avaient signifié à leur hôte que la poignée de mains de Donald Trump était si vigoureuse qu’elle vous faisait sentir comme une poupée de chiffon. Et c’est à ce moment là que l’ambassadeur Araud a décidé d’en aviser Emmanuel Macron. Ce qu’il a confirmé aux deux hommes avoir fait, avec un large sourire.
How Macron thwarted Trump’s alpha male, grab-and-pull, power pump. https://t.co/k49lUq10Kq
— Jonathan Capehart (@CapehartJ) May 29, 2017
Bien au fait de cette couverture médiatique, le président Macron en a profité pour souligner qu’il n’y avait rien d’aléatoire dans sa poignée de main vigoureuse avec Donald Trump ; il a bel et bien voulu, dit-il, lancer le message qu’il n’avait pas l’intention de faire des concessions, aussi petites soient-elles. Mais il n’a pas convaincu tout le monde…
On en est à commenter les poignées de main pour ne pas parler du fond..
désespérant.
https://t.co/lq1o2ado6D— Laurence Gougeon (@lazgougeon) May 28, 2017
https://twitter.com/fandetv/status/869393680775380992
Il faudra plus que des poignées de mains viriles pour convaincre Donald Trump de maintenir l’adhésion américaine à l’accord de Paris sur le climat.
De plus, si Donald Trump ne reniera pas l’engagement de l’Amérique envers l’OTAN, il n’hésitera pas à continuer à critiquer les membres de l’organisation dont la contribution financière est jugée insuffisante.
À cet égard, l’amertume de la chancelière allemande Angela Merkel est compréhensible. Elle a moins d’atomes crochus avec Donald Trump qu’avec son prédécesseur Barack Obama.
https://twitter.com/Munsterma/status/867822454806327296
Il s’agit aussi d’une année électorale pour Angela Merkel. Exprimer ses réserves envers les politiques de Donald Trump et prôner une plus grande indépendance de l’Europe est probablement la carte à jouer.
VIDEO – Merkel sur l'Europe: “L’époque où nous pouvions entièrement compter les uns sur les autres est révolue” https://t.co/qtcWK9lYtr pic.twitter.com/bFunh90rbR
— BFMTV (@BFMTV) May 29, 2017
et aprés , les médias focaliseront sur ” celui qui a la plus grosse “?
Comme si le chef de la première puissance mondiale, avec 325 millions d’habitants, avait besoin de rivaliser et craignait un rigolo d’un petit pays en plein déclin!
Regardez bien. Trump est assis au fond de son fauteuil, Macron au bord. La main gauche de Trump est détendue, celle de Macron est crispée. Pour moi celui qui a la plus grosse est bien Trump !
Aux yeux de Trump Macron n’est rien. Merkel représente quelque chose, pas lui !
Le grotesque des journalistes n’a pas l’air de les préoccuper? Pourtant se ridiculiser en écrivant des âneries pareilles devraient les inquiéter!
je suis contente que Contrepoint est vu cela! ce n’est plus du journalisme qu’on a eu devant nous, mais du people magazine, la main forte de M. Macron versus M. Trump! j’ai eteint la TELE! je me suis que c’est bas , que c’est vide, je ne m’y attendais pas! et Nous avons eu aussi le commentaire de M. Macron sur sa poignee de main..M. Trump intimide beaucoup, ce n’est pas un homme politique et il ne sera jamais admis. il s’y connait en business.. c’est une de ses qualites que je note.
La poignée de mains qui fout en l’air l’avenir de nos enfants !!