Par Fabio Rafael Fiallo.
Forte d’un début de campagne de l’entre-deux tours plutôt réussi (avec notamment sa visite surprise devant l’usine Whirlpool d’Amiens), Marine Le Pen pouvait espérer remporter le débat télévisé face à Emmanuel Macron et ainsi essayer de convaincre les indécis et faire mentir les sondages qui la donnaient perdante au second tour.
Pour gagner un tel pari, sa prestation aurait dû viser à rallier le soutien du plus vaste public possible, poursuivant ses efforts de dédiabolisation et montrant la compétence nécessaire pour devenir chef d’État.
Elle a cependant préféré utiliser tout son temps de parole pour cogner sans relâche sur son adversaire.
Le verdict sur le débat fut implacable. Sondages, analystes politiques et même certains membres de l’univers lepéniste allaient tous dans le même sens : Marine Le Pen avait raté l’occasion, montrant au passage une étonnante impréparation.
Erreur d’aiguillage
Le caractère du personnage a sans doute joué un rôle dans cette erreur d’aiguillage. Marine Le Pen ne pouvait faire que ce qu’elle aime : vilipender, narguer, avancer des propositions simplistes, voire incohérentes. Chasser le naturel, il revient au galop.
On est tout de même en droit de se poser une question : et si elle avait été induite sciemment par l’équipe de son rival à prendre cette fausse route politiquement mortifère ? Voici le pourquoi de cette question.
La veille du débat, la chaîne de télévision BFM diffuse un scoop : « Macron menace : s’il sert de punching-ball à Marine Le Pen, il quittera le plateau au bout d’une demi-heure. »
L’occasion de piéger Macron ?
De quoi ravir Marine Le Pen et son équipe, qui sautèrent sur l’occasion pour tourner Macron en dérision.
En effet, la nouvelle a pu être interprétée comme le signe que Macron était, pour ainsi dire, au bord de la crise de nerfs. « Macron, on le tient », en un mot.
Certes, l’information a ensuite été démentie ou tout au moins nuancée par l’équipe de Macron. Il n’empêche, le scoop paraissait d’autant plus plausible que le candidat d’En Marche ! ne s’était jamais frotté aux affres d’une campagne électorale. Face à une politicienne rodée aux joutes verbales, Macron aurait pu douter de sa capacité à faire face au déluge de diatribes qui l’attendaient.
De là à croire dur comme fer à la véracité de l’information de BFM TV, il n’y avait qu’un pas que (à en juger par les tweets sarcastiques qui s’ensuivirent) l’équipe de Marine Le Pen franchit allègrement.
Concentrer le feu sur Macron
Il y avait donc matière à réajuster la stratégie que Marine Le Pen adopterait lors du débat du lendemain. Désormais, il lui fallait tout simplement concentrer le feu sur Macron jusqu’à le faire craquer et l’amener à quitter le plateau. Les Français verraient ainsi, devant leurs écrans de télé, lequel des deux candidats avait vraiment l’étoffe d’un Président de la République.
Mais voilà que, tout au long du débat, le novice en politique politicienne s’est avéré plus coriace que prévu, répondant du tac au tac aux assauts de sa rivale, montrant en même temps une maîtrise des dossiers qui, chez Marine Le Pen, faisait défaut.
Puis, comme le temps s’écoulait autour des invectives de Marine Le Pen – auxquelles, répétons-le, Macron sut bien riposter – le candidat d’En Marche ! n’eut pas à aborder (sauf superficiellement) les éléments les plus épineux et controversés de son programme, telle sa réforme du Code du travail, qui a vocation à mettre les syndicats dans la rue.
Le message de Macron
De par les attaques de Marine Le Pen, Macron put passer au public un message subliminal : n’étudiez pas trop mon programme mais le danger que représente celle que j’ai en face. Une aubaine pour lui.
Ainsi, contrairement aux espoirs de Marine Le Pen, le débat télévisé aura servi, non pas à réduire l’écart qui la séparait de son adversaire dans les sondages, mais, au contraire, à le creuser.
Macron aurait-il souhaité installer le scénario du corps-à-corps dont il a finalement su tirer profit, qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Ce qui conduit à se demander si le scoop au sujet de sa supposée nervosité, et de son possible départ du plateau de télévision, ne fut qu’un stratagème pour inciter Marine Le Pen à tirer à boulets rouges sur lui, la détournant ainsi de toute tentative d’utiliser le débat pour montrer une quelconque capacité à gérer le destin de la France.
La « gaffe » de Macron
Autrement, quel intérêt Macron aurait-il eu à faire connaître sa prétendue crainte de servir de souffre-douleur de Marine Le Pen ? Le bon sens lui aurait plutôt conseillé de cacher sa peur.
La fameuse « gaffe » de Macron, déclarant être prêt à quitter le débat, était trop grosse, trop lourde de conséquences, pour ne pas obéir à des arrière-pensées machiavéliques.
Tout cela, cher lecteur, faut-il l’admettre, n’est qu’une simple hypothèse. Une hypothèse, tout de même plus solide que celle qui ferait attribuer le scoop de BFM TV à une bourde maladroite de Macron.
Face à un tel cas de figure, on ne peut que dire : bien joué !
Et qui est l’ancien patron de bravo francois Macron TV? Mourad, le conseiller de Macron…
Pas de doute, bien joué.
Une n’amuse qui tient la route, en effet. Mais je ne suis pas d’accord avec la conclusion « bien joué ». Je dirait plutôt que nous sommes tombés bien bas pour en arriver à de tels procédés…
Ah ? Historiquement c’est plutôt très soft au contraire.
On passe rapidement sur les assassinats et empoisonnements divers qui composaient la politique pendant des siècles en faisant un petit détour sur les duels qui ont émaillé la vie politique française, le dernier en 1967 entre Deffere et Ribiere parce qu’il lui avait dit « Taisez-vous, abruti! » en pleine assemblée.
Mais au niveau coup de p*** des politiciens, la IV et la V république en sont remplis aussi et des autrement plus diaboliques.
Je me suis fait exactement la même réflexion, d’autant que Macron avait préparé sa propre stratégie de contre attaque incessante, pour montrer qu’il savait tenir tête ( ce dont personne n’avait été témoin jusqu’à lors)
Et je pense aussi que c’est astucieux…
Je ne pense pas que Macron a gagné grand chose au court de ce debat, devant un si pitoyable adversaire. ( sauf savoir garder son calme qui est une qualité indispensable : je me souviens de la colère de Segolène, piègée par Sarkozy en 2007)
Mais MLP a elle perdu bien plus que cette élection… elle a étalée ses incompétences au grand jour, explosant en vol au cours de ce long débat, y compris sur ses sujets de prédilection…
Même sans cela il aurait gagné. Entre le borgne et l’aveugle, le choix était fait à l’avance.
Bof, ce débat n’aurait pas dû avoir lieu ,il n’y a rien à débattre avec le front national , on ne parle pas à un épouvantail .
Macron : Compétent, connait ses dossiers, a des arguments pour les défendre. ( NB: Je n’ai pas de préférence particulière pour Macron que je ne considère pas comme un libéral, mais bon entre deux maux il faut choisir -par défaut- le moindre).
Le Pen: incompétente en économie, pas préparée, méconnaissance des dossiers importants, agressive, toujours dans l’émotionnel. Aucune rationalité ni cohérence! Resasse indéfiniment la même rengaine populiste.
Petite remarque sur la supposée « dé diabolisation » de MLP.
Quand on connaît son « numéro » à l’Assemblée Européenne, c’est à dire « 606 », il suffirait d’y rajouter 60 pour être fixé sur sa véritable nature… diabolique (copyright Apocalypse de St Jean).
Diabolique stagiaire alors parce qu’elle s’est bien brulée les ailes dans l’aventure!
Macron a été élu avec 66,6 % ,diabolique ?
Quand on présente Macron comme un naïf, une marionnette de Hollande ou d’autres, je pense qu’on se trompe sur le personnage. Il est aussi machiavélique que Hollande et a fait preuve au cours de sa vie d’une extrême volonté. Dans sa vie privée, il est tombé amoureux à quinze ans et a réussi à obtenir et épouser celle qu’il voulait absolument. Il est obstiné et tenace, il ne « lâche pas le morceau ». Quand il a décidé, il va jusqu’au bout et tous les moyens, toutes les compromissions, sont bons… Un de ses condisciples le décrit comme le « caméléon », et d’autres disent qu’il était difficile à cerner… Je pense qu’il a bien caché son jeu pendant cette campagne, avec la complicité des médias qui ont toujours évité les questions risquant de le mettre en porte à faux, tout en massacrant ses adversaires. Son dernier tour en date : nommer un premier ministre LR pour semer la zizanie à droite une fois de plus. Français de droite, surtout ne vous laissez pas prendre à ce piège !
@ Odidole
Peut-être faudra-t-il d’abord trouver un politicien L.R. pour refuser le poste de premier ministre! Bonne chance!
C’est amusant de voir le portait fait de Sarko
@ Cap2006
N.Sarkozy, « bling-bling », à l’écran télé tous les 2 jours, au moins, avec des ministres obligés de faire référence à « Nicolas Sarkozy » à tous leurs propos à la presse, (à l’exception, à 2 reprises, de Fr.Fillon, entre autres sur la « France en faillite »: un vrai clown, qui n’a, vraiment rien réformé!
Du show, only, rejeté 2 fois! (Un petit à complexes, comme Napo, aussi lamentable!)
Si telle était l’intention alors félicitations.
Maintenant est-ce que la démocratie est gagnante par l’utilisation d’un tel procédé ?
Dans le cas présent, peut-être …. même certainement d’ailleurs vu la personnalité qui en a été victime.
L’avenir nous le dira.
Joli éclairage . Clairvoyant ? si oui les perdants ne l’ avoueront pas . « Bien connaitre et utiliser les faiblesses de l’ ennemi . »
Hé oui @Michel C de toute façon il aurait gagné comme je l’avais prédit le 30 12 2015 sur ce site . Hé oui ! Clairvoyant Mr Morille Alain.