Macron déclare la guerre aux retraités

Si le nouveau Président ne veut pas laisser sur le bord de la route les 17 millions de retraités, il va falloir sans nul doute et vite qu’il s’emploie non seulement à trouver les mots, mais à proposer des mesures concrètes pour leur rouvrir un chemin d’espoir.

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Emmanuel Macron et Federica Mogherini (Crédits : World Economic Forum, licence CC-BY-NC 2.0), via Flickr.

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Macron déclare la guerre aux retraités

Publié le 11 mai 2017
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Par Thierry Benne.
Un article de l’Iref-Europe

Souvenez-vous, voici cinq ans, son élection à peine acquise, et alors qu’Emmanuel Macron était déjà secrétaire général adjoint de l’Élysée, le Président Hollande s’en était immédiatement pris aux retraités avec un rapport lourdement à charge, partiellement erroné et particulièrement injuste de la Cour des comptes (comme par hasard !), suivi immédiatement après de la création d’une taxe dépendance de 0,30 % sur les pensions, laquelle fut d’ailleurs immédiatement détournée de son objet.

En réalité, ce nouvel impôt qui ciblait uniquement les retraités ne faisait que marquer pour ces derniers le début d’un éprouvant chemin de croix fiscal, qui allait s’accentuer tout au long du quinquennat.

Force est de reconnaître que le programme du nouveau Président ne démarre guère sous de meilleurs auspices, puisque d’entrée de jeu et selon ses propres chiffres, 60 % des retraités – soit quand même quelque 10 millions de Français – vont prendre de plein fouet et sans compensation aucune l’augmentation de 1,70 % de la CSG, alors que toutes les autres catégories sociales, tous les actifs notamment, se voient offrir en compensation une diminution de 3,10 % de leurs cotisations sociales.

Déclassement des retraités

Manifestement, le déclassement résultant des retraités est patent puisque (en simplifiant les calculs, notamment parce qu’on ne sait pas encore si ce supplément de CSG sera ou non déductible) pour un même revenu annuel de référence de 60 000 euros le retraité va acquitter 1020 euros (= 60 000*1,70 %) supplémentaires d’impôt, là où un actif gagnant le même revenu va économiser 840 euros (= 60 000*1,40 %) de charges sociales et fiscales.

L’écart de 3,10 % entre les deux, soit 1860 euros (= 1 020+840), en même temps qu’il creuse injustement un déclassement sensible du retraité, alourdira dans la majorité des cas de 5 à 10 % le montant des prélèvements directs obligatoires auxquels il se trouve soumis.

En clair, il n’échappera pas aux retraités qu’ils sont invités à financer sans broncher les cadeaux électoraux généreusement faits aux actifs sur leur dos ! Pire, issue de la volonté du prince, cette discrimination-transfert n’a donné lieu de sa part à aucune justification, ni à la moindre tentative d’explication, les quelques allusions avancées ici ou là se bornant à sous-entendre que de toute manière les retraités visés ont bien assez d’argent. Nul doute qu’ils apprécieront !

Une tendance inquiétante

C’est ainsi qu’en pratiquement cinq ans et sous deux présidences de gauche successives, 10 millions de retraités se sont vus ou se verront spécifiquement imposer des impôts ou des suppléments d’impôts dont la charge nette ne pèse que sur eux : en 2012, 0,30 % de contribution dépendance + en 2017, 1,70 % pour la prochaine augmentation de CSG.

Évidemment pour eux le principe républicain d’égalité devant l’impôt vole en éclats et il n’est pas sûr du tout d’ailleurs que cette discrimination scélérate qui s’opère à la fois en fonction de l’âge et du statut social du contribuable passe les fourches caudines du Conseil constitutionnel.

Le cumul actuel de ces deux mesures – qui représente quand même 2 % des pensions – signifie tout simplement pour ces retraités que là où au printemps 2012 leur pension leur permettait de couvrir 52 semaines de dépenses, fin 2017 elle n’en couvrira plus guère que 51 (52*0,98 = 50,96), les retraités visés étant ainsi privés de ressources pour la dernière semaine de l’année – qui n’est normalement pourtant pas de jeûne, ni d’abstinence – entre Noël et le jour de l’An.

Le faux argument de la taxe d’habitation

Quant à l’argument que lesdits retraités pourraient en contrepartie bénéficier eux aussi de l’exonération de la taxe d’habitation, il ne vaut guère, d’une part parce qu’il n’est pas exclu que certains retraités se retrouvent parmi les 20 % les plus riches demeurant assujettis et aussi quant aux autres, parce qu’à l’inverse de l’augmentation de la CSG qui les frappe exclusivement, l’exonération annoncée qui ne leur serait nullement réservée ne pourrait évidemment pas tenir lieu de dommages-intérêts.

Mais me direz-vous, 2 % on n’en meurt pas et la plupart des Français ont subi ces dernières années des majorations d’impôts de toute sorte et de toute origine (État ou collectivités territoriales) souvent bien supérieures.

Grave erreur, parce que comme les autres Français, les retraités ont bien entendu eux-aussi supporté ces hausses largement excessives, mais avec les 2 % de prélèvements supplémentaires, la gauche leur réserve un matraquage spécial qui amène tout naturellement à s’interroger sur les projets du pouvoir pour les années à venir.

Contre les pensions de retraites

En effet, on sait que pour des cercles de réflexion stratégique comme Terra Nova, ou même des organismes officiels comme France Stratégie (dont le directeur M. Pisani-Ferry n’était autre que le proche conseiller de monsieur Macron lors de sa campagne électorale), les pensions de retraite absorbent indûment une part trop grande du PIB national (environ de 14 à 15 % selon les sources, qui bien entendu ne se soucient jamais de rappeler en face le produit revalorisé des cotisations d’hier, bien qu’elles fondent pourtant les pensions d’aujourd’hui !) et qu’il importe de réduire cette part en faveur des jeunes au profit desquels, après avoir saccagé l’enseignement officiel (près de 15 % d’une classe d’âge en échec scolaire + classement Pisa en chute libre !), on veut accroître entre autres l’assistanat préexistant.

Or – et nous reviendrons bientôt sur ce sujet important – c’est oublier que la plupart des retraités ont été et restent des parents avant d’être des retraités et que, dès qu’ils l’ont pu, ils n’ont pas attendu l’État pour aider financièrement et autrement leurs enfants, même si les statistiques officielles ont le plus grand mal à cerner l’importance de toutes ces aides souvent non déclarées et dont une bonne partie n’est pas monétaire.

Le temps et l’expérience

Mais le double avantage des retraités, à savoir le temps et l’expérience, leur permet de réfléchir plus avant. Malgré qu’on leur ait garanti, – croix de bois, croix de fer-, le maintien intégral de leur pouvoir d’achat, avec l’engagement solennel que leurs pensions ne seront jamais réduites, ils ne peuvent donc s’empêcher d’observer et de déplorer que :

  •  cela fait plusieurs années que sous des prétextes divers – tous plus pertinents les uns que les autres – leurs pensions sont bloquées ou revalorisées de manière indigne au regard de la montée rapide des charges de toute nature qui les assaillent ;
  •  et notamment avec entre autres la croissance inconsidérée des impôts aussi bien d’État que locaux, les déremboursements médicaux ou pharmaceutiques de toute nature dont la liste ne cesse de s’allonger, l’alourdissement continu des coûts de journée des établissements d’accueil, l’indice des prix à la consommation entièrement sous le contrôle du gouvernement ne peut plus être considéré comme représentatif des charges qui pèsent sur les retraités ;
  • les derniers prélèvements ou majorations de prélèvements qui les ciblent spécifiquement et exclusivement sont non seulement contraires au principe d’égalité devant l’impôt, mais ils constituent aussi un germe préoccupant de division de la Nation en suscitant sournoisement une opposition larvée entre actifs et retraités, en déclassant ouvertement ces derniers et en creusant au risque du grief d’ingratitude le fossé entre les seniors et leurs descendants.

Vers l’euthanasie financière des retraités ?

Et si le nouveau Président, qui prétend rassembler les Français, ne veut pas laisser sur le bord de la route la majorité des 17 millions de retraités qui en font partie, il va falloir sans nul doute et vite qu’il s’emploie non seulement à trouver les mots, mais à proposer des mesures concrètes pour leur rouvrir un chemin d’espoir.

Notamment, en cessant de les considérer abusivement comme une catégorie taillable et corvéable à merci à raison de leur docilité supposée et du poids des ans, en rappelant fermement aussi les engagements de la Nation envers ses aînés et en leur accordant enfin dans les institutions et les caisses de retraite les représentations officielles que la République, au mépris de toutes ses valeurs, leur dénie indignement depuis plus d’un demi-siècle.

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  • On peut toutefois noter qu’à la différence de la majorité de la population active dont les revenus sont liés à leur présence effective sur le territoire, les retraités ont toujours la possibilité de faire jouer la concurrence fiscale entre les pays.

    • Faire un incitation fiscale à l’émigration des anciens ne me parait pas une bonne chose.

      • Bah, cette concurrence fiscale ne vient que s’ajouter pour certains pays à la concurrence climatique du soleil, qui, associée à celle des circuits courts pour les fruits et légumes, permet aux retraités d’économiser ces précieuses heures consacrées à assurer leur propre production, et donc de libérer du temps pour vaquer à des occupations plus agréables (lecture, bridge, visites, plage, ou même golf bien que cette dernière activité se rapproche sous certains aspects du jardinage).

  • bof le système de retraite est essentiellement arbitraire, il ne repose sur aucune logique économique clairement énoncée sinon que ce soit à peu près « payable » alors certes la situation des retraités se détériore mais comme on a aucun moyen de savoir si leur situation était « juste » on doit se contenter du constat.

  • De toute façon ce concept débile consistant à se retirer de la vie active alors qu’on en a pas les moyens finira par disparaitre de gré ou de force

    • Libéral, ma retraite ne sera, environ, égale qu’au quart de mes revenus actuels. Donc l’incitation à ne pas la prendre est déjà suffisante.
      Par ailleurs mes cotisations « retraite » sont énormes et bien en dessous de ce que j’aurais cotisé pendant ma vie active (pour une retraite à 65 ans).
      Les doubles ou triples sanctions ne sont pas légitimes…

  • Un article qui illustre son propos par un revenu de reference de 60k€/an perd beaucoup de sa credibilité…

  • Mr Benne, Je pense que les retraités qui gagnent 60 000 € par an, peuvent payer cette CSG supplémentaire, sans rechigner. Et il serait bien que vous repreniez objectivement le projet d’EM : »Nous le financerons par une augmentation de la CSG, de l’ordre de 1,7 points, qui ne touchera pas les retraités modestes (ceux exonérés de CSG ou soumis à la CSG à taux réduit, c’est-à-dire 40% environ des retraités) ni les indemnités chômage, mais concernera en revanche les revenus du capital. » Merci pour votre objectivité lors de vos prochains articles!!!!

    • On peut admirer votre soutien à la spoliation des gens qui ont travaillé toute leur vie pour votre éducation! Ils vous remercient et espère de tout coeur que, lorsque votre tour viendra, il n’y aura plus d’argent dans les caisses pour payer la vôtre, comme les grecs le constatent à leurs dépens! Avec la hausse des taux de la Fed US et celle du nombre de sans emploi en France qui ne cotisent pas vous allez être bientôt dans cette situation!

  • un retraité de ma famille a perdu 740 euros sur sa retraite entre les revenus de 2015 et ceux de 2016 ; cette personne a bossé jusqu’à 65 ans , surement plus de 40 heures par semaine , avec 3 enfants à élever seule . cette année elle perdra encore 25 euros par mois ; quand je pense que hollande va se palper 15000 euros par mois pour 5 années de mauvais service , un pays divisé , en faillite , j’en ai des hauts le coeur ;

  • Je suis contre toute taxation hors du cadre régalien. Or en France, nous pouvons toujours rêver pour que cela arrive. En l’état, étant donnée l’impossibilité d’assouplir le carcan réglementaire, il ne m’apparait pas sot de reporter sur les vieilles générations une partie de l’effort fiscal. Gardons à l’esprit que les retraités d’aujourd’hui ont connu le plein emploi toute leur vie, ainsi qu’une croissance pétant le baromètre plusieurs années, la valeur de l’immobilier ayant été aisément multiplié par 4/5, une taxation plus légère, etc. Bref, le rève pour se constituer un capital sans réel difficulté.

    Encore une fois, ce raisonnement se place dans le cadre existant, non celui rêvé. L’effort fiscal allant définitivement être croissant au vu de la croissance de l’ogre dette, il n’y a rien de choquant que les retraités mid/aisés le supportent principalement.

    Point final, cette génération a élevé nos parents qui n’a pas fait mieux qu’elle, et a participé activement à l’effondrement de la France au travers des differentes tristes personnalités élues aux postes clefs du pays. Qui sème le vent…

    http://www.journaldunet.com/economie/immobilier/1110050-prix-immobilier/
    https://philippewaechter.nam.natixis.com/2014/08/14/la-france-stagne-pour-le-deuxieme-trimestre-consecutif

    • @Zod
      Bonjour,

      « Gardons à l’esprit que les retraités d’aujourd’hui ont connu le plein emploi toute leur vie, ainsi qu’une croissance pétant le baromètre plusieurs années, la valeur de l’immobilier ayant été aisément multiplié par 4/5, une taxation plus légère, etc. Bref, le rève pour se constituer un capital sans réel difficulté. »
      Mon propre père, retraité depuis 2 ans, a été licencié dans les années 90, alors le plein emploi… Le plein emploi c’était avant 1974. Depuis, les retraités se sont tapés toutes les taxes directes de redistribution de richesses. Des retraités de 1974, il ne doit plus y en avoir des masses, de plus ceux-là ont connu la Guerre.
      « La croissance pétant le baromètre » , la France en déficit, voire ruinée, dès 1983, et foison de taxes et impôts pour compenser.
      Mes parents, n’ont aucun capital, et je ne connais que très peu de retraités ayant un capital. Chacun atteint à peu près 1000€/mois. Mon père a commencé de travailler à 14 ans. A moins que vous ne condidériez qu’une maison payée à crédit pendant 25 ou 30 ans, avec impôts, soit le rêve « Kapitaliste » ?
      Le SMiC au début des années 80 était de 1000F, aujourd’hui il est de 1150€ net. Je trouve qu’on en est au même point, sauf que le taux d’imposition n’était pas encore à 54%.

  • Tout « schéma de Ponzi » -et la retraite par répartition en est un parfait exemple- est appelé à s’effondrer. On ne peut reprocher à personne d’avoir le courage politique d’organiser un atterrissage en douceur, forcément impopulaire.
    Ce que nous y perdrons n’est rien à côté de ce que la génération prochaine a déjà perdu compte tenu de notre manie de voter alternativement pour des socialistes puis des crypto-socialistes qui prétendent résoudre les problèmes en aggravant les causes de ces problèmes.

    • Dans un récent livre, Xavier Fontanet, écrivait qu’avec son père, dès 1975, avec un Commodore venu des USA, il avait calculé que la retraite par répartition s’écroulerait mathématiquement une quarantaine d’années plus tard.
      Nous y sommes.

  • Les retraités sont la cible ? pas très original: Ils n’ont pas le moyen de pression de la grève …
    Pour autant, nous ne sommes pas désarmés: Nous avons du temps libre, nous sommes en retraite. Profitant de ce temps pour rentrer dans les associations et renforcer les range de ceux qui se battent, politiquement comme sur le terrain.

  • De « l’euh » jeunisme à l’eugénisme, le pas est petit 🙁
    Signe d’un état fort avec les faibles et faible avec les forts 🙁

  • fallait pas voter MACRON : il avait prévenu …..16 millions de retraités en france , et 70% qui auraient voté pour lui : au lieu de regarder  » les feux de l’ amour  » , ils auraient mieux fait de lire son programme …..

  • Quand on voit les commentaires c’est a croire que tous les retraités ont des revenus de 60000€ an. C’est faire fi des millions de retraités qui survivent avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté et qui malgré cela ont vu leurs retraites baisser depuis 2010.
    Une société qui ne protège pas ses anciens est destinée a disparaître, alors bientôt soleil vert pour les anciens mais après tout ils n’avaient qu’à voter autrement que pour un banquier qui va faire une politique financiaro-Mondialiste qui continuera d’écraser les plus faibles. Si payer un peu avec 60000€ de revenu est naturellement possible, taxer ceux qui n’ont que 9000€ par an pour survivre est dégueulasse , mais peut-on attendre autre chose d’une bande de voyous qui se sucrent sur les plus faibles. En tout cas le Macron n’est pas et ne sera jamais mon président. Cela est sûr.
    C.F. 75 ANS

  • Les retraites vont baisser a cause de la CSG ( 1.7 % ) a partir 1197 euros pour une personne et 1837 euros par mois pour un couple … Même les petites retraites car la CGS est calculée sur le revenu fiscal de référence exemple la retraite de mon épouse 315 euros CSG 7.4 % passe a 9.1 % a présent….merci Mr Macron de m’appauvrir ( je ne suis pas imposable ) mais au seuil 2 de CSG … Signez svp ma pétition merci https://www.change.org/p/mr-emmanuel-macron-non-a-la-baisse-de-1-7-des-retraites-au-programme-de-monsieur-macron?recruiter=442856886&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=share_for_starters_page&utm_term=des-lg-no_src-no_msg

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